NOUS, LA MEDITERRANEE
Ethiopiques n°48-49
revue trimestrielle
de culture négro-africaine
Hommage à Léopold Sédar Senghor
Spécial les métiers du livres
1e et 2e trimestre 1988
– volume 5 n°1-2
Courons récupérer notre ivresse aux flots pers
tant que force est en nous pour arracher nos places
il n’y a qu’un tramway pour ce monde d’ondins
et le temps accélère la chute de nos feuilles
Le couffin la radio ton voile et des roseaux
n’oublie pas de garder tes sandales à tes pieds
le sable est capricieux et les scorpions pullulent
reste la bouche close si tu veux rester belle
Nous n’avons plus de titres pour payer la caution
du vocable qui risque de provoquer l’otite
tu rends imprévisible tout ce que tu rencontres
et je ne suis qu’un ver qui bout à ton odeur
Toujours l’astre qui lâche sa bombe de toujours
sur nos têtes gelées de blancheurs insolvables
il fuse entre nos bras de sauvages baigneurs
rends moi mon arme blanche que je t’ouvre un passage
Où tu pourras mûrir tes formes sans danger
tu me colles à la peau et ma peau n’est que hardes
le dogue étant nombreux à rassasier sa rage
j’ai relu l’étranger pour te rendre l’eau fiable
C’est là t’en souvient-il notre lieu de rencontre
trop de vent cette année la crique est archi-comble
ton foulard ma ceinture maintiendront-ils ton voile
sur nos têtes drapeau dévoilant tes aisselles… ?
Mostaganem, Dimanche 24 mai 1987