Notes de lecture

LES PORTES ÉTROITES DE ABDOU KARIM GUEYE NEAS-DAKAR 1997

Ethiopiques n°60 revue négro-africaine

de littérature et de philosohpie

1er semestre 1998

Il est toujours très difficile de porter une appréciation positive ou négative sur l’oeuvre d’un auteur que l’on a vu grandir, dont on connaît tous les membres de la famille et plus particulièrement le père, un directeur d’école émérite qui taquinait également la muse.

Le hasard a voulu que la Fondation Léopold Sédar Senghor me demande de produire une note de lecture sur cette oeuvre poétique.

Les poèmes d’une rare beauté mais d’inégale valeur, entraînent le lecteur sur des chemins insoupçonnés parsemés de thèmes variés. L’Administrateur Civil amoureux de l’ordre, « contre le progrès qui peut être illustré et nos amères passions, goût de cidre, s’entament sur la fortune d’héritage et piétinent le sublime legs » et « l’ordre éclos, souffles denses, sur les cendres du temps attisera la braise pour qu’au sommet du mont brûle l’éternelle flamme olympique ». L’espoir est donc permis pour un meilleur destin de l’homme.

Car la « boussole qui guide nos pas n’est pas l’oeil pensant du charlatan mais la foi et la miséricorde ». L’auteur pétri dans des valeurs morales et républicaines sûres, est homme de foi et de conviction. « La communauté de foi est le ciment de notre avenir ».

L’optimisme et la foi proclamés, ne résistent pas cependant à l’appel de l’amour. « Ton sourire, dents lunaires et écarlates entre les lèvres voraces ton corps, argile brûlée, peuple mon sommeil impossible et les cendres de son amour, mon amour blesse mon coeur encore fragile ».

L’auteur profondément croyant, croit à la Rédemption et au repentir du pécheur. « Viendra peut-être la danse au soir d’amers souvenirs, enterrés pour que les racistes d’Afrique du sud se repentent devant Dieu et les hommes. La rigueur de la foi peut faire place à la joie, au bonheur « dansent mes soirs de rire… J’aime cette île de Joie aux soirs de mes joies et à l’aube de mes plaisirs ».

L’auteur est à la fois homme de la passion fasciné en Dieu et de passion pour la femme qu’il aime. « Ta raison est homme notre passion la passion des autres comme la Passion ».

Abdou Karim Guèye, se révèle ainsi le chantre de l’esprit, de Dieu, de la femme, de l’amitié, de l’île de Ndar. Dans des envolées d’une grande beauté, avec des mots justes et qui touchent le coeur, il s’est pleinement acquitté de sa mission de résident du Parnasse. A ce titre, son recueil de poèmes qui ne laisse personne indifférent, mérite d’être lu, commenté et porté à l’appréciation du grand public.