Notes de lecture

LE CHANT DES TENEBRES DE FAMA DIAGNE SENE NEAS – DAKAR 1997

Ethiopiques n°60 revue négro-africaine

de littérature et de philosohpie

1er semestre 1998

Madjigeen, héroïne du roman, en proie à la folie, vit dans la solitude totale, enfermée dans un réduit où l’on stockait autrefois la paille destinée au bétail. Elle se trouve ainsi à l’écart de sa famille, et sa chambre constitue son seul univers.

Tanti, la soeur du père de Madjigeen, ne se montre pas tendre à l’égard de celle-ci et le fait que le père se dérobe à ses responsabilités, face au comportement de sa soeur, n’est pas pour améliorer la situation.

Ainsi la lâcheté du père, ajoutée à la désertion de la mère du domicile conjugal, fait que l’absence de cette dernière est fortement ressentie par Madjigeen, car, selon notre héroïne, cela irait mieux si elle était là – Madjigeen ne connaît que frustrations, et pourtant elle a besoin de réconfort, de tendresse, d’amour, de contact.

Son mal demeure un mystère à ses yeux. Pourquoi le destin s’est-il acharné de cette manière contre elle ? De plus en plus seule, renforcée et humiliée, Madjigeen connaît cependant quelques moments de lucidité :« Si tout le monde était resté comme avant, reconnaît-elle, je ne serais pas devenue celle que je suis » En effet, avec le retour de la mère et une certaine tendresse maternelle retrouvée, Madjigeen semble « revenir à la normale » mais hélas ! pas pour longtemps, car une nouvelle crise de folie la conduit à tuer sa tante.

C’est ainsi qu’elle se retrouve pensionnaire chez Baay, le tradipraticien, seule, là encore, au milieu d’autres fous. Fort heureusement, avec le temps, Madjigeen commence à posséder sa raison, malgré quelques comportements anormaux de temps à autre. Vient alors le temps de la réflexion philosophique sur la vie et ses vicissitudes, sur l’homme, la justice humaine différente de la justice divine, etc.

L’épilogue du roman est une invite pathétique que l’héroïne adresse au lecteur, en vue de l’amener à méditer sur la destinée de l’être humain :« Demain si tu me rencontres dans la rue, n’aie pas peur de moi, malgré mes haillons et ma puanteur, arrête-toi pour lire dans mon regard la voix interne de mes souffrances ». Il s’agit là d’un véritable appel à la conscience des hommes. Nul ne peut aller à rencontre du destin et ce n’est qu’en acceptant son sort que l’on fait montre de foi et de dignité.

Le roman de Farna Diagne SENE, écrit dans un style clair et simple, se lit agréablement.

Les descriptions y sont réalistes : c’est ainsi, par exemple, que l’auteur dresse, dans les moindres détails, le portrait du guérisseur. On peut toutefois regretter, à l’intention du profane, l’absence de traduction de certains mots ou expressions en ouoloff.

-LES PORTES ÉTROITES DE ABDOU KARIM GUEYE NEAS-DAKAR 1997

-L’OMBRE EN FEU de Mame Younousse DIENG NEAS-DAKAR 1997

-COSMOPOLITES DE TOUS LES PAYS ENCORE UN EFFORT ! DE JACQUES DERRIDA EDITIONS GALILEE – PARIS 1997