IL N’Y A PLUS DE NÈGRE- MARRON
Ethiopiques n°15
Revue socialiste
de culture négro-africaine
Il n’ y a plus de nègre-marron
Quand ploie le cou des nuages vers la merquand l’espoir perd sa corde souterraineau puits de cendre.
Quand oubliés les gestes s’éparpillent en détresse d’aube.
Le village dénoué, le village qui ne hume son crépuscule au goût de café
Le village oublieux de la saveur des plantes à feuillage devenues depuis sans usage, sans message et sans nom…
Toutes les lianes raidies convulsées au-dessus de la boue et la balise des arbres-mahaut balata-bel-bois, mahogany, acomat menant jusqu’au point de vue où le ras veuvage des mornes s’assèche… Deuil des mornes sans touffeur, quand le jacassement du toucan remue la folie des lianes resserrant en vain leur enchevêtrement sur l’absence…
Oublié au bas des ravines, le rire à son plus haut quand les porteuses d’eau raidissaient leurs jarrets sur l’escarpement ; à l’allongée du cou la grenade d’un sourire éclatait… sourire maintenant de veuves et d’orphelines.