Poèmes

GOREE

Ethiopiques n°15

Revue socialiste

de culture négro-africaine

 

Gorée… plutôt Bëer

Non, j’ai dit Gorée

Quelle résonnance…

Etincelles sur mon cœur

Cendre sur mon âme.

Gorée !

Est-il vrai que le passé est mort oublié enterré ?

Et pourquoi donc assise

Au miroir d’un ciel triste

Sur cette mer d’angoisse ?

O mère feu de nuit sur la plaine des siècles,

Où renaît l’Afrique multiple et Une,

Je me souviens de toi

ton cœur

tes fils

ton âme

 

Je me souviens mère

 

Gorée lit de roches

Dans la forêt bleue des vagues,

Combien de caravelles ont jeté l’ancre sur ton cœur ?

Combien de tes fils ont gémi, l’adieu

Dans le silence des angoisses ?

Réponds mère…

Les siècles sont encore

Tout proches dans ma mémoire !

Et la force du cœur

M’imprime les idées…

J’ai longtemps erré sous ma plume

Traînant non esprit dans l’océan où s’exile ton cœur

Mère que je dévoile

Cette douceur qui contraint mon souffle…

Est-il vrai que ta peine

Fut celle de tous ces hommes

Est-il vrai que les débris de chaînes

Qui jonchent mon cœur ont endeuillé ton âme !

O mère, témoigne de mon cœur :

J’ai trop longtemps crié et gémi.

Je revis de toi qui meurs

Tu revis de moi qui meurs.

Reposent les fers des siècles sur moi !

Qu’on enchaîne mon cou

Mes poignets mes chevilles

Je saurai bien chanter

Je saurai battre le tam-tam

Et rencontrer le passé.

 

Gorée

Au plus profond de mon être.

Je te rallume du tison de ma voix

Des mille feux de l’Afrique.

Je te revis mère dans mes rêves

Et mêle mon rythme aux vagues qui te baignent

J’ouvre la cellule et souffle

Sur la braise de l’amour

Le feu de la LIBERTE

 

Je te remets mère le NGALAM de l’Afrique :

Le collier du monde

Et chante ton message

Du sorong des ANCETRES.