C’ETAIT UN FILS DU PAYS
Ethiopiques numéros 37-38
revue trimestrielle de culture négro-africaine
nouvelle série 2eme et 3ème trimestres 1984
volume II n° 2-3
C’était un fils du pays
A Philippe Maguilen SENGHOR
Chez nous ton fils
Est aussi mon fils
C’est le fils du voisin
Et ce jour-là
L’âme du fils
S’est noyée dans un rayon de soleil
Cette nouvelle a secoué
Les racines de la filiation
Que Dieu a voulu profondes
Tissées de Chair et de Sang
Depuis le fond insondable de l’Eternité
Comme sa mère
Ce jour-là
Mes reins ont battu
Le rythme de l’enfantement
Ces reins rebelles qui
Malgré la douleur
Recommencent toujours la vie
Et mon cœur a gelé ses battements
Dans l’ignorance navrée
du mystère des destinées
Et mon cœur a entassé
Les séquelles de ses espoirs déçus
De ses projets enrobés d’impuissance
Que les lois de l’évolution
N’ont pas soumis au temps
Dans ce puits en l’être
Que l’on appelle le doute
Mais du haut du Minaret
A la Akbar tonna
Avant Père et Mère
Dieu était d’abord
C’est Dieu ce jour-là
Qui rappela son fils
Mais chez nous
Ton fils, c’est aussi mon fils
C’est le fils du voisin
Le voisin et moi
Nous avons pleuré
Puis prié
Pour que le fils
Dans l’éternité
Soit enfin Immortel