Développement et sociétés

UNE SOCIETE METISSE ORIGINALE SAINT-LOUIS DU SENEGAL AUX 18 EME ET 19 èmes SIECLES

Ethiopiques n° 64-65 revue négro-africaine

de littérature et de philosophie

1er et 2e semestres 2000

« L’île Saint-Louis est un amas de sable qui ne produit rien de bon. Il n’y vient ni arbres, ni plantes, ni herbes, ni légumes d’aucune espèce. Ce lieu, quoique brûlant et d’un climat malsain, est regardé dans toute l’Afrique comme un lieu de délices. Ses habitants l’aiment avec fureur, n’imaginant pas d’autre bonheur que d’y vivre, quoiqu’ils soient bien rares de n’y point mourir jeune. Tous les trésors de l’Europe ne les détermineraient pas à y passer.  » [1]

Lieu de convergence, comme intemporel et en constante extra-territortalité, issue des hasards heureux de la rencontre du fleuve, de la mer et du sable, cette ville, en déroulant les anneaux de son histoire, a, longtemps, intrigué les uns, et beaucoup agacé les autres, laissant rarement indifférent.

Il est d’usage, à propos de Saint-Louis et des différentes composantes de sa société, de s’en tenir à quelques clichés mêlant exotisme et courtisanes, collaboration et complexe, grandeur et décadence, qui ne permettent pas de mettre en lumière les subtilités de cette alchimie. Et les Saint-Louisiens semblent eux-mêmes les premiers à entretenir une sorte de brouillard autour de leur propre histoire comme pour en gommer les contours, et en voiler les spécificités dans un vaste désir de « normalisation ».

Pourtant, il nous semble que l’étude de la société saint-Louisienne la rend d’autant plus intéressante qu’un simple examen, sans a priori réducteur, permet d’en percevoir et l’originalité et les fondements, plus subtils que les apparences vaines pourraient le laisser croire.

L’histoire « coloniale » du Sénégal s’articule autour d’un axe fondateur qui est la personne du Gouverneur FAIDHERBE. Il y a le Sénégal d’avant FAIDHERBE et le Sénégal d’après FAIDHERBE.

Lorsque Louis FAIDHERBE est nommé Gouverneur du Sénégal, en 1854, sur la pression des commerçants bordelais dont il était devenu l’homme-lige, il met fin à deux décennies d’agonie de ce que l’on a appelé la « période des comptoirs » pour s’engager résolument dans la période purement coloniale d’occupation militaire et d’exploitation économique.

Dans le souci d’une perspective qui mette en avant le personnage de FAIDHERBE, la période dite « des comptoirs » a souvent été négligée et laissée en arrière plan alors qu’elle se caractérise surtout, au Sénégal, et de façon à peu près unique au monde, par une coexistence à peu près pacifique des deux sociétés, sénégalaise et européenne.

La donnée fondamentale de cette époque, allant de la « découverte » en 1944 à l’arrivée de FAIDHERBE en 1854, est qu’elle ne se fonde pas sur un rapport de domination militaire ou territoriale.

En résulte une société particulièrement riche parce que formée des alluvions intimement mêlées de tous les courants économiques, historiques, linguistiques, raciaux, culturels… et juridiques.

Ce creuset se constitue dès les origines et atteint son apogée à la fin du XVIIIème siècle et dans les premières années du XIXème avant de connaître une décadence progressive avant que FAIDHERBE ne lui donne le coup de grâce.

Cette période particulièrement tumultueuse de l’histoire de France allait, à des degrés divers, agir directement ou indirectement sur le flux et le reflux des idées et des actes politiques dans ces infimes satellites de la France qu’étaient les minuscules comptoirs de la Côte Occidentale d’Afrique.

Si, à partir de FAIDHERBE, le Sénégal entre dans la « routine » d’une domination coloniale classique, avec son cortège de grandeur et de petitesse, la période qui lui précède, et singulièrement avant son entrée en décadence, est riche d’un foisonnement historique, économique, social, politique et juridique qui ne peut qu’attirer l’attention.

Or c’est cette période que l’on connaît le moins. Doit-on y voir l’expression d’un refus, conscient ou non, que l’Histoire « officielle » a préféré opposer à une période sans grand éclat militaire et sans héroïsme collectif ?

C’est précisément à cette même époque que se crée la véritable identité de la société saint-louisienne, et que son originalité se perçoit le plus aisément.

Après FAIDHERBE qu’exaspère la puissance politique et économique des Saint-louisiens, et donc leur indépendance, la société saint-louisienne, progressivement détachée des leviers véritables de son propre destin, s’enfonce dans une décadence sans fin achevée par la boucherie de la première Guerre Mondiale qui vit mourir la plus grande partie de ses fils.

Les quelques filles demeurées célibataires, parce qu’incapables de se situer dans une société qui se passait désormais d’elles, rêvant encore d’une grandeur passée et largement dépassée, ont alors patiemment brodé au point de croix la tapisserie d’un temps révolu dont seules les plus âgées d’entre elles n’avaient connu que les derniers feux, et la plupart seulement l’écho assourdi et feutré, à l’ombre des vérandas décrépies.

Le vingtième siècle vit donc fleurir des fresques nostalgiques où l’imagination venait au secours d’une mémoire souvent défaillante, volontairement ou non.

Dans une société que le racisme ordinaire des « petits blancs » n’épargnait pas, il convenait de se rapprocher le plus possible des normes dominantes, au prix de toutes les inconfortables contorsions. Jusque là, le Saint-Louisien, quelle que soit sa couleur est avant tout, et souvent seulement, Saint-Louisien.

Au tournant de notre siècle, la société métisse, dont le nombre n’a jamais dépassé 6% de l’ensemble de la population de la ville, commence, pressée par les circonstances économiques et politiques, à tenter de se démarquer, non sans peine, de ses origines noires.

La Troisième République triomphante porteuse de cette idéologie de la « mission civilisatrice » qui allait de pair avec une conception de plus en plus ouvertement eugéniste sera de plus en plus ouvertement opposée à « ce dégoûtant mélange des races », comme l’écrira un de ses acteurs.

Le Roman d’un Spahi, de Pierre Loti, oppose la mulâtresse Cora (originaire de l’île bourbon, il est vrai), femme vénale et vénéneuse à la pure, simple (et fruste) petite Fatou GAYE. Plus tard, la pourtant très caricaturale « Nini », héroïne en chair et en os du romancier sénégalais Abdoulaye SADJI, prétendra représenter l’archétype de la femme métisse, et, plus généralement, de la population saint-louisienne.

Mais commençons par le commencement et, empruntant au Cinéma certaines de ses techniques, commençons par planter le décor de notre histoire.

La presqu’île du Cap-vert est la pointe extrême de l’Afrique dans l’Océan Atlantique et son nom se justifie par l’abondance de sa végétation après des milliers de kilomètres de plages arides et sablonneuses depuis les côtes du Maroc.

Officiellement sa « découverte » est attribuée au Portugais Dinis Dias qui en 1444, devait accoster sur l’île qui deviendra plus tard Gorée.

Certains historiens soutiennent la thèse d’une découverte par les marins dieppois depuis 1364 sans jamais avoir pu faire accréditer cette version. [2]

Compte tenu de sa configuration particulière, l’embouchure de ce qui deviendra le Fleuve Sénégal ne sera découverte que beaucoup plus tard et ce n’est qu’en 1659 que remontant le fleuve, le normand Louis CAUILIER, d’ordre et pour le compte de « la Compagnie du Cap-Vert » posera les fondations d’un petit fortin sur l’île déserte de Ndar, qu’il baptisera Saint-Louis, en l’honneur de son souverain Louis XIV.

Le grand COLBERT règne quant à lui sur les finances et la marine du Royaume de France et l’on sait l’impulsion qu’il donnera à cette obsession qui taraude encore nos actuels gouvernants, le commerce extérieur.

Sous son influence, les « Compagnies à Privilège » sont créées dont, plus tard, la toute puissante « Compagnie des Indes » dirigée notamment par le Chevalier Lelie-Antoine DAVID, parent du célèbre Directeur André BRUE, et dont le fils Pierre et deux neveux Pierre ESTOUPAN LA BRUE et Blaise ESTOUPAN de SAINT-JEAN seront Directeurs au Sénégal dans la première moitié du XVIIIe siècle, et où ils laisseront une nombreuse descendance.

L’objet de ce commerce ? Les esclaves, bien sûr, mais aussi la gomme arabique, l’or, l’ivoire et d’autres richesses naturelles.

Organisation à caractère commercial, il ne s’agit en aucune manière de colonies de peuplement.

Des comptoirs sont donc créés sur l’embouchure des fleuves pour en contrôler l’accès, excellente voie de pénétration et de débouchés pour le commerce, et dans les rades pouvant servir d’escale abritées pour les navires.

Il n’y a donc aucune stabilité de la population étrangère, aucun développement de l’agriculture, aucun développement urbain, et aucune conquête territoriale.

Pour ce qui est du Sénégal, les îles de Gorée et de Saint-Louis n’avaient, semble-t-il jamais été habitées de façon stable par la population autochtone et c’est sur la base de contrats et de redevances annuelles payées au suzerain coutumier de la région (le sieur Jean BARRE des récits anciens, en fait le Djambar, chef local) que cette occupation ponctuelle et précaire se faisait.

Enfin, il convient de préciser que jusqu’au dernier quart du XVIIIème siècle, sauf quelques années suivant immédiatement la reprise de Saint-Louis aux Anglais en 1779, aucune autorité étatique directe ne s’y exerçait, tous pouvoirs d’administration et de direction étant concédés aux représentants des compagnies qui successivement gèreront ces points.

Quelques hommes résidaient, pour un séjour qui pouvaient durer plusieurs années, dans ces comptoirs, assurant leur office d’agent de liaison entre les commerçants et les représentants des gouvernants autochtones, se chargeant du ravitaillement des navires aux escales et assurant le maintien du drapeau français sur ces petits points insignifiants bien éloignés de la métropole.

Michel ADANSON, le célèbre botaniste aixois, « auteur » du baobab qui porte depuis lors son nom « Adansonia Digitata », qui arriva au Sénégal en 1749 pour un séjour d’un peu plus de quatre ans, nous explique alors que

« … Les François établis sur cette île pour le commerce n’aiant pas la permission de se marier et d’i amener des femmes de France, i ont atiré des négresses qu’ils i ont domicilié avec les mêmes avantajes qu’eussent pu exijer des Européennes. On pense bien que dans un pais très chaud les homes ne sont pas insensibles, moins encore des François qui ont toujours eu des égards pour un sexe aussi danjereux qu’aimable, et ils fui avouer qu’il i a au Sénégal des négresses qui, malgré leur couleur noire méritent d’être aimées.  » [3]

Tout fut pourtant fait pour réprimer ce dangereux penchant.

C’est ainsi que le Sieur LA COURBE, Directeur par intérim de l’Habitation du Sénégal écrivait en 1685 :

« Je donnay tous mes soins à régler l’habitation. Je ne me contentay pas d’en bannir toutes les femmes du dehors ; mais pour empescher que nos blancs n’eussent aussy commerce avec les nouvelles chrétiennes, ny pareillement avec plusieurs marchandes qu’on est obligé de laisser coucher dans l’isle parce qu’elles viennent de loin, je fis fermer la cour de l’habitation avec des palissades et comme il n’y avait pas assez de chambres pour coucher les habitants j’y fis apporter leurs cases faites de roseaus et leur deffendis sous peine d’une amende d’aller à celles des négresses ; j’y fis faire aussy exactement la garde pendant le jour et la nuit, tant pour notre seureté que pour empescher que personne ne couche dehors ; je vis faire une cuisine pour tous les habitants et les separay par plats, afin qu’ils n’eussent point besoin du secours des femmes, et afin qu’ils ne prissent pas prétexte de donner leur linge à blanchir pour aller aux cases des négresses, ny pour les faire venir dans les leurs, je fis faire la lessive qui ne s’estait point faite jusqu’alors, chacun faisant blanchir son linge séparément par les femmes qui les servaient.  » [4]

Ces mesures ne furent pas du goût des intéressés qui se plaignirent de ce « qu’on les voulait faire vivre comme des religieux ».

Et l’Ordonnance Royale du 17 Janvier 1682 portant création de la Compagnie du Sénégal dut expressément disposer en son article premier, III° :

« Faisons défenses à toutes personnes de jurer ny blasphémer le Saint Nom de Dieu, à peine de quarante sols d’amende pour chaque fois. Leur défendons d’entretenir aucunes Négresses, d’aller dans leurs Cazes, ny de souffrir qu’elles entrent dans la leur, pour quelque sujet que ce puisse estre à peine de six livres d’amende pour chaque fois, et faire la garde deux jours de suite », [5]

Toutes ces mesures furent vaines et ADANSON devait conclure :

« Les enfants nés du commerce illégitime des François avec ces concubines, tenant plus de la couleur blanche de leur père que de la couleur noire de leur mère ont formé une race d’home mitoiene, inconnue. Jusqu’alors, que l’on appela Mulâtre, ou mixtive ou Métisse ». [6]

Si l’on ne peut établir, faute d’un état-civil cohérent à l’époque, l’apparition des premiers métis au Sénégal, celle-ci fut très propice puisque les récits des voyageurs portugais, anglais et hollandais en font état de façon constante dès le XIIème siècle, essentiellement pour Gorée et la petite-Côte, toutefois.

Dans un : Estat des appointemans qui sont deus aux Employés de la Compagnie des Indes rédigée le 30 Avril 1720, le Directeur de SAINT-ROBERT mentionne :

« En Galam : François AUBIN Mulâtre Charpentier

« A Gorée : Signare Paula, de Rufisk, veuve du Sieur Charles CAULLIER. « Montants de l’autre part :

 » – Marie CHARRON – Mulâtresse fille bastarde de Pierre CHARRON en son vivant matelot

Marie-Thereze Yaram Semaine, négresse, veuve de Joseph de GOÜES en son vivant maître de Barques

– Michel de GOÜES, fils unique de Joseph de GOÜES et de Marie- Thereze Yaram Semaine, mineur ». [7]

On peut constater que la différence est déjà soulignée entre les enfants « bâtards » et les enfants « légitimes ». Il est déjà fait mention d’épouse et de veuve.

On découvre un mot qui fera la fortune de toute la littérature exotique, le mot « signare » dérivé du mot portugais « senhora ».

ADANSON de son côté écrira :

« Si les choses sont à Gorée dans le même état qu’on les a laissé lorske cete île a été conkise par les Anglois, on i retrouvera 7 mulâtresses fruit malheureux de la corruption des François, 1 mulâtre, 2 négresses et 3 nègres attachés au service ». [8]

« Il i a donc sur l’île Gorée, (…) 65 maîtres principaux habitans, savoir 44 mulâtres dont 25 fames ou filles, et 22 noirs dont 16 Négresses fames ou filles » [9]

Il importe de savoir que toujours selon le même auteur,

« La Compagnie des Indes n’a jamais entretenu plus de 60 maîtres à Gorée en tems de paix, savoir ; 6 à 8 Oficiers, 30 soldats, 15 ouvriers, 4 matelots nègres ou mulâtres. Dans la dernière guere elle a augmenté la garnison jusqu’au nombre de 250 soldats » [10]

De son côté, le Tableau des habitants existant sur l’île Saint-Louis au 1er juillet 1758″ mentionne déjà un nombre respectable de métis et l’on y retrouve certaines familles dont le nom a survécu jusqu’à nos jours au Sénégal comme celui des PELLEGRIN. [11]

Quel était le statut social de cette population « mitoyenne » pour reprendre l’expression d’ADANSON qui est l’un de nos meilleurs informateurs pour cette période ?

« Les garsons mulâtres ont été emploies au service pour ouvriers ou matelots, mais toujours come maîtres, étant nés de François, et non comes esclaves, quand même leur mère eut été esclave ».

« Les filles mulâtresses ont joui des privilejes de leurs mères que leur couleur blanche ou basanée si aprochante de cele de leurs peres, leur a fait étendre au point que, non seulement eles, mais encor leurs esclaves dont le nombre augmentoit tous les jours, étoient à la charje de la compagnie qui a toujours ignoré, qui ignore peut-être encor, ou au moins qui a fait mine d’ignorer les désordres et les abus qu’a entraîné ce comerce illicite »,

Très rapidement les femmes mulâtresses sauront tirer le plus grand profit matériel et social de leur charme et de leur beauté à propos desquels tous les auteurs s’accordent.

Ainsi dans son Mémoire de 1778, Joseph-Alexandre LE BRASSEUR, Commandant de Gorée, écrira à propos des coutumes vestimentaires alors en usage :

« Les Mulâtres de l’isle de Gorée (…) portent deux [pagnes], une à la ceinture qui descend jusqu’à terre et une autre sur les épaules. Elles ont un mouchoir sur la tête, dont elles font avec leurs cheveux une espèce de tour assez élevée, qu’elles garnissent de rubans d’or ou d’argent. Lorsqu’elles vont faire des visites, leurs pagnes sont de la plus belle mousseline ; elles portent des bas de soye blancs et des babouche de maroquin. Cet habillement leur est très avantageux et leur donne un air de volupté qui fait naître quelques fois des passions violentes ». [12]

Un siècle plus tard, décrivant un bal à Saint-Louis le Colonel FREY écrira :

« Là, toutes les variétés du type Signar, avec ses gradations infinies de coloris, se trouvaient réunies, depuis la svelte jeune fille à la carnation adorable, au regard velouté et dont la gorge transparaissait, frissonante, sous un léger voile de dentelle, jusqu’à la beauté couleur d’ocre voluptueusement drapée dans une large écharpe aux éclatantes couleur ». [13]

Voilà moins de cinquante ans, Jean PERQUELIN, après avoir été reçu dans la famille HOLLE, à Saint-Louis, écrivait dans « Le Dauphiné Libéré ».

« Tout simplement, celui qui n’a pas vu une quarteronne dans la prime fleur de sa jeunesse, ah ! bien… il ne peut jurer connaître l’arbre de beauté féminine dans sa cime la plus exquise, la plus délicatement f1eurie ».

« L’édifice imposant des cheveux ondulés un teint chaud de magnolia, des yeux d’une coupe parfaite et fourmillant d’étoiles, une bouche enfantine et pulpeuse, une taille mince et souple, vraiment elles s’avancent dans la vie d’un pas de conquête ». [14]

Cette conquête se fera rapidement puisque, femmes d’affaires avisées, ces signares sauront établir et gérer leurs fortunes avec une maestria stupéfiante.

« Les privilejes acordés à ces fames par l’abus de la mauvaise gestion d’un pais si éloigné de l’œil du maître, ont été très onéreux à l’état, et preske toujours pernicieux aux François qui n’avaient pas le moien d’entretenir les dames de cete espese ; car eles en prenoient les airs et le nom, se faisant, apeler « signares », qui en langaje portugais signifie la même chose. Eles avoient ration double ou triple, ou pour mieux dire à souhait de pain de froment, de viande, poisson, vin, eau de vie, bois de chaufaje, paille et pikets pour batir leurs cases, enfin toutes les choses necesseres à la vie pour eles et pour leurs enfants ; et en général leurs captifs etoient fournis de viande et de mil aux dépens de la Compagnie qui, alors representoient l’Etat. L’abus avoit même été si loin que ces femmes, qui commandoient nombre de nègres, leurs esclaves attachés au service de la Compagnie faisoient, pour le compte des Emploiés aux quels eles etoient unies, un commerce au détriment de celui de la Compagnie et qu’eles obtenoient à cet efet du Directeur comadant, au prix de France, les marchandises fines et les plus précieuses qu’on refusoient aux autres François emploiés d’un ordre inférieur ». [15]

LE BRASSEUR ajoute que :

« L’existence de ces femmes, qu’on nomme Signares, est peut être unique dans l’univers. On a voulu les engager à passer Cayenne avec leurs captifs et elles s’y sont refusées, parce qu’elles sont instruites que les femmes de leur couleur ne jouissent d’aucune considération dans nos colonies et qu’en restant à Gorée, elles y sont des Dames dispensées d’aucun travail. Elles sont d’une douceur qui va jusqu’à l’indolence et se tiennent couchées toute la journée sur un guindin, en attendant qu’un bâtiment leur amène quelqu’homme sensible dont elles puissent faire un mari ». [16]

On conserve un document concernant le conflit qui opposa en 1776-1777 LE BRASSEUR, représentant du Roi de France, et DUBOST -NAGUET, représentant des associés de la Compagnie, intitulé « Note sur la traite illicite faite par le sieur FREMIN, sous le nom de la signora Marie-Thérèse, concubine du Gouverneur ». [17]

On ne possède aucun document officiel datant du XVIIIème siècle permettant de se faire une idée des fortunes ainsi accumulées, mais l’inventaire après décès établi suivant acte notarié en date du 13 Novembre 1818 d’Adélaïde LAFERRIERE, décédée à Saint-Louis le 27 Octobre précédent est saisissant en ce qu’il détaille outre divers biens immobiliers de première importance et quatre vingt dix captifs de case le lot de bijoux suivant :

« 536 gros et 45 grains d’or pendants d’oreille et perles détachées, 82 colliers dont 26 en or, 14 paires de boucles d’oreille en or, 31 bagues en or, argent ou pierreries, 4 croix en or, cornaline et corail, 1 chaîne en or, 5 paires de mailles en or, 53 pièces d’or, 9 médaillons, 1 dé à coudre et 1 paire de ciseaux en or, 1 paire de bracelets façon d’Europe en or, 3 boutons de manche en or, diverses perles, perles d’or, d’argent de verroterie, de corail de cornaline etc., le tout estimé à 18814,55 Francs des colonies  » [18]

Par comparaison on relèvera que l’une des maisons vendues par les héritiers a trouvé acquéreur pour 12 732,50 Francs. [19]

Avec la croissance de leur fortune et de leur statut social, ces Dames ne veulent plus n’être que des concubines de luxe.

Elles prétendent à un statut d’épouse légitime qui se heurte bien évidemment aux circonstances de fait dont en particulier la précarité de l’établissement de l’époux sur le territoire sénégalais et l’impossibilité ou le refus de le suivre dans ses différentes affectations à travers le monde ou à son retour en métropole.

Le BRASSEUR, le premier, nous expose que :

« Le concubinage a pris ici tous les caractères du mariage approuvé par l’Eglise. Une signare ne voudrait point d’un homme, tel riche qu’il fut, s’il ne prenoit pas publiquement le titre de son mari et qu’il n’en faisoit pas auparavant la demande à tous ses parents. Il doit y avoir à cette occasion des fêtes publiques et les draps d’une fille qui prétend n’avoir point encore été déflorée doivent être présentés au public, afin que personne ne doute de sa virginité » [20]

Ce « mariage » tel que nous le décrit LE BRASSEUR qui est le plus ancien auteur à en avoir fait état, portera dès lors le nom de « Mariage à la Mode du Pays ».

Il fallait trouver un compromis entre l’impossibilité d’envisager une union stable et durable et la nécessité de respecter certaines formes qu’exigeait l’honorabilité morale à laquelle les Dames du Sénégal aspiraient tant pour elles-mêmes que pour leurs filles.

Le Gouverneur FAIDHERBE, a posteriori, devait donner une autre explication à cette coutume :

« On sait que la Colonie fut prise plusieurs fois par les Anglais, et occupée par eux pendant un assez grand nombre d’années. Des fonctionnaires anglais furent substitués aux fonctionnaires français mais naturellement le gouvernement anglais n’envoya au Sénégal ni prêtres, ni missionnaires catholiques.

Or, la population chrétienne était catholique ; elle ne pouvait pas renoncer aux mariages, mais il était impossible de les célébrer avec les consécrations légale et religieuse. On fut obligé de s’en passer. C’est à ces unions qu’on a données le nom de « Mariage à la Mode du Pays ». [21]

Cette analyse ne résiste pas aux faits en ce qu’elle fait fi de l’existence de cette coutume antérieurement à la première période anglaise pour Saint-Louis comme nous le rapporte LE BRASSEUR.

D’autre part, il est établi que le retour des Français et donc du culte catholique n’a rien changé à cette coutume.

Ensuite le passage accidentel à Saint-Louis, sous domination anglaise, de quelques représentants du clergé catholique n’a rien changé, d’autant que la population avait pris l’habitude de célébrer les offices chez un notable qui se substituait au prêtre en cas de nécessité. [22]

Bien plus tard, le Général FAIDHERBE, lui-même, alors âgé de trente-huit ans, aura d’une jeune fille de quinze ans, Diokounda SIDIBÉ, un fils, né en 1857 et décédé à l’âge de 24 ans et dont la tombe était visible dans l’ancien cimetière de Saint-Louis. [23]

L’AbbéDavidBOILAT, premier prêtre et écrivain sénégalais, lui-même métis issu en 1814 d’un mariage « à la mode du pays », nous en parle longuement dans ses « Esquisses Sénégalaises » en décrivant tout d’abord les modalités des fiançailles :

« Lorsqu’un jeune homme désirait une fille en mariage, il convoquait en premier lieu ses propres parents, ses amis, ses proches et les habitants notables de la ville, il leur déclarait son intention : ceux-ci se chargeaient de négocier l’affaire auprès des parents de la demoiselle ; alors, sur leur consentement ; il avait l’entrée de la maison pendant le temps fixé pour voir la future et faire sa connaissance, mais toujours en présence des parents de la fille. Ce temps de fréquentation honnête et convenable était fixé pour l’espace d’une de deux, de trois et de quelquefois quatre années, suivant l’espoir qu’on pouvait avoir de part et d’autre, d’acquérir alors une certaine fortune ou une certaine aisance ». « Au bout de ce terme convenu, il fallait que les parents ou les amis du futur envoyassent des habitants notables faire solennellement la demande en mariage ». [24]

FAIDHERBE, pour sa part, a une approche plus expéditive de la question peut-être due à une différence dans les situations évoquées, la procédure relatée par l’Abbé BOIIAT n’étant applicable qu’à des époux résidant pour une longue période au Sénégal.

« Le prétendant envoyait une personne au père pour lui demander sa fille ; celui-ci consultait sa famille, prenait des informations sur les ressources, la conduite, le caractère du futur époux, et si les renseignements étaient bons et que la jeune fille fut consentante, il rassemblait tous ses parents, leur faisait part de sa décision et l’on prenait jour pour célébrer la cérémonie ». [25]

Cette cérémonie devait être aussi fastueuse que possible, d’une part car cela flattait l’orgueil des protagonistes et de leurs familles, d’autre part car cela donnait une publicité au mariage le rendant ainsi opposable à tous.

« Les choses ne se passaient pas avec mystère, mais au contraire avec la plus grande publicité possible ». [26]

Ainsi

« au bout du terme convenu, il fallait que les parents ou les amis du futur envoyassent des habitants notables faire solennellement la demande en mariage. Les parents de la future, ainsi avertis, réunissaient toute leur parenté. Un des plus respectables était chargé de la demande d’un côté, et de l’autre, un notable faisait la réponse. Le demandeur devait porter la somme de mille francs, dont dix du cent devaient être distribués aux compagnies de signares en l’honneur des nouveaux mariés et le reste revenait à l’épouse ». [27]

Telle était la formule de la demande :

« Monsieur untel demande, dans la voix de Dieu, mademoiselle une telle en mariage. On lui répondait par quelques compliments en faveur du futur et l’on accordait, on convenait du jour où l’épouse serait conduite chez son époux et l’on s’occupait immédiatement des invitations de noces qui devaient être aussi solennelles que possibles. On passait ensuite un contrat verbal d’après lequel on reconnaissait ce que chacun des époux apportait ; tous les parents, les proches et les amis, se piquaient d’honneur d’ajouter à la fortune de la fille ». [28]

Et puis la fête pouvait alors commencer :

« Chacun d’eux fournissait sa quote-part au festin des noces ; car outre les nombreux invités, il fallait envoyer des plats aux compagnies des gourmets, des vieilles signares et même des griots, qui devaient avec leurs chants et leurs tam-tams en chanter les louanges pendant huit jours. Ces mariages étaient réellement dispendieux, mais les habitants étaient tous très riches ».

« Le jour des noces étant arrivé, la nouvelle épouse était parée avec toute la pompe africaine, c’est à dire que ses oreilles et son cou étaient chargés d’or ; elle était vêtue de blanc, entourée de ses parents et suivie d’une multitude de domestiques toutes habillées avec luxe et ayant la tête couverte de Louis d’or percés de manière à imiter un vrai casque ; suivaient ensuite tous les invités et tous les chrétiens de l’endroit. Les mahométans eux-mêmes n’y manquaient pas, dans l’espoir de recevoir quelques cadeaux ». [29]

Pourtant, on l’a déjà vu, bien plus sobre dans ses descriptions, FAIDHERBE écrit :

« Toute la noce composée de la famille, des captifs, des amis parcourait la ville, accompagnée de griottes qui chantaient leurs louanges ; puis avait lieu un repas copieux ou l’on faisait de nombreuses libations et la jeune personne était livrée à son mari » [30]

Il serait alors hors de propos d’entrer dans de savantes considérations juridiques autour des différentes qualifications juridiques de ces mariages et leurs diverses formes.

Il importe cependant de relever qu’ils ont constitué la norme généralisée à Saint-Louis et à Gorée sensiblement de 1700 à 1850.

Le Docteur d’ANFREVILLE de LA SALLE nous apporte que de 1816 à 1827 il n’y eut à Saint-Louis qu’un seul mariage régulier et malgré l’application en 1830 du Code Civil français seuls trente deux mariages furent célébrés en conformité avec la loi entre 1830 et 1840… [31]

Et il n’est jusqu’au Conseil d’Etat français qui ne reconnut la validité de ces « mariages à la Mode du Pays » avec toutes les conséquences juridiques que cela implique notamment sur la légitimité des enfants et leur droit à l’héritage. [32]

La population sénégalaise de Saint-Louis connaissait son apogée. Depuis la deuxième période anglaise, au milieu du XIIème siècle, le maire de Saint-Louis et de Gorée était systématiquement un noir ou un métis ; depuis les vrais/faux Cahiers de Doléances de 1789, il n’existait plus de Compagnie à privilège et les tentatives de rétablissement se soldèrent, en 1802, par un soulèvement de la population à l’encontre du Gouverneur LASERRE expulsé manu militari, évènement qui provoqua l’ire, bien vaine, de Napoléon !

La population saint-louisienne avait conscience de son identité propre et n’avait pas plus d’attachement pour le « colonisateur », français ou anglais, laissant les Européens régler leurs querelles et refusant systématiquement de s’en mêler. Ainsi chaque fois qu’une escadre anglaise ou française, selon les époques, se présentait à la barre du fleuve pour reprendre la ville à « l’ennemi », l’ensemble de la population allait se réfugier sur la « grande terre », notamment en royaume du Waalo, en attendant que ces messieurs aient réglé leurs problèmes qui ne les concernaient aucunement, et ce au grand dépit des commandants successifs de la place.

Au plan économique, les Saint-Louisiens dont la principale ressource était directement ou indirectement, depuis le XVIIIème siècle, le commerce de la gomme arabique, jouaient un rôle d’intermédiaire entre les négociants français, agissant souvent pour le compte de sociétés françaises, et les populations maures de la rive droite du fleuve qui leur livraient la précieuse sève tirée de leurs forêts d’acacias.

Chaque année à une date fixée par les autorités administratives, une flottille d’embarcations quittait Saint-Louis et remontait le fleuve pour atteindre les diverses escales où se traitait la gomme. Là se tenaient de véritables marchés qui duraient plusieurs mois et à la fin de la période de traite, toute la flottille, les cales pleines de la précieuse marchandise, revenait à Saint-Louis.

Ces convois, qui payaient des coutumes annuelles à tous les suzerains du fleuve, pouvaient être la cible d’attaques de la part des maures d’une tribu rivale de celle qui avait traité, avec la complicité plus ou moins active des populations noires, cause unique des quelques opérations militaires menées dans ces parages.

Les petits traitants allaient eux-mêmes aux escales, mais les plus importants d’entre eux, qui au début du XIXème siècle sont les ALIN, les CRESPIN, les PELLEGRIN, les VALANTIN et les d’ERNEVILLE, s’y faisaient représenter par des commis, ou même par leurs captifs les plus dégourdis.

En dehors du commerce, l’abolition de la traite des esclaves en 1815 devait pousser les Ministres de Louis XVIII à suggérer une politique de développement agricole, sur des terres louées aux suzerains locaux, qui vit fleurir divers établissements d’agriculture, dont le plus célèbre fut Richard-Toll dû à l’ardeur du Baron ROGER et de son jardinier Jean-Michel Claude RICHARD.

Cette tentative de développement agricole fut un échec et l’on revint dès 1827 à la toute-puissance du commerce de la gomme arabique.

Mais la demande avait baissé, en Europe, l’industrie chimique en plein essor avait permis de trouver des substituts à la gomme arabique ; en revanche, le nombre de traitants indigènes avait augmenté, la concurrence faisait rage, la mésentente entre les traitants, alimentée par les multiples renversements d’alliances des différentes tribus maures, amorcèrent la chute de l’influence économique et politique de la population urbaine du Sénégal.

La situation politique et économique évoluait. La révolution industrielle en Europe nécessitait tout à la fois des matières premières et des débouchés pour les produits manufacturés.

L’arrivée des grandes compagnies commerciales bordelaises contribua, dès le début de la deuxième moitié du XIXeme siècle, à précipiter la société Saint-Louisienne dans une crise économique et sociale sans précédent qui signait son irrémédiable décadence. [33]

Il y eut encore quelques derniers feux ; l’élection à la députation en 1848, au terme d’une campagne électorale épique, d’un enfant du pays, Barthélémy VALANTIN, issu d’une des plus prestigieuses et des plus riches familles de traitants mulâtres de Saint-Louis ; mais il était déjà trop tard, les négociants européens prenaient le dessus irrémédiablement ; acculé à la faillite, VALANTIN lui-même dût démissionner de son mandat.

Une volonté politique se dessinait dans le sens de cette réduction des pouvoirs, FAIDHERBE allant même jusqu’à rapporter  » …qu’on avait jusqu’à présent sacrifié la colonie à la classe des traitants ». [34]

Il convenait de maintenir un idéal de gloire et de grandeur pour une France meurtrie par ses soubresauts sociaux, politiques et militaires.

Il devenait nécessaire de passer du comptoir commercial à la colonie et donc d’une cohabitation à une domination.

La population devait alors non plus adapter les normes et usages français à ses réalités sociologiques, mais s’adapter à ces normes, sous peine de disparaître ou de ne plus bénéficier de son ancien statut.

Hilaire MAUREL pourra alors se réjouir avec le Chef du Service Judiciaire de ce que :

« Les unions à la mode du pays disparaissent de jour en jour ; il n’yen a plus de nouvelles et les anciennes tendent à se régulariser. L’opinion publique autant que la morale réprouvent cet état de chose ; chacun est amené à se placer ou à se mettre dans une position régulière pour ceux qu’il affectionne ; les mariages légitimes qui étaient l’exception étant aujourd’hui la règle, la société fait un devoir impérieux à ceux qui ne sont liés que par les anciens usages de sortir de cette position, sous peine d’être rangés dans une catégorie qui n’est plus tolérée qu’avec réserve…

Les idées de moralité, de stabilité et d’ordre ont fait des progrès rapides ; telle famille qui il y a quelques années se trouvait à son aise à l’abri des usages du pays s’y trouve gênée aujourd’hui, et est forcée d’en sortir pour obéir aux idées qui prévalent et éviter les désagréments sans nombre qui en surgissent ». [35]

Il ne manquait alors plus rien pour permettre au Docteur BERENGERFERAUD d’achever ces Saint-Louisiens issus de tant de « mariages à la mode du pays » :

« Ils sont en équilibre instable et on sent que la nature désireuse d’en finir au plus vite avec de pareils produits, leur a donné des imperfections en assez grand nombre pour condamner la race à une prochaine extinction…  » [36]

[1] In « Mémoires de Monsieur le Duc de Lauzun » – Barrois Aine Paris 1822. 399p.

[2] En ce sens voir Léonard SAINVIlLE « Histoire du Sénégal depuis l’arrivée des Européens jusqu’à 1850 » première partie : 1364-1758 -Etudes Sénégalaises no 9 – CRDS-SENEGAL 1972 – 87 pages.

[3] – in « Mémoires d’ADANSON sur le Sénégal et l’île de Gorée » présentés et publiés par C. BECKER et V. MARTIN -Bulletin de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire Tome 42, série B, N°4, Octobre 1980 – paru le 31 décembre 1983 – p. 736 et sq.

[Il est à relever que le célèbre naturaliste Michel ADANSON rédigeant ces mémoires en 1763 était déjà partisan d’une « ortografe nouvele » que nous avons respectée].

 

[4] in « Premier Voyage du sieur LA COURBE fait à la Coste d’Afrique en 1685 » publié par les soins de Pierre CULTRU Paris, Champion et Larose 1913 p. 43 et 59.

[5] Archives du Ministère des Colonies série CG 13/C. 6 – Michel ADANSON op. cit.

[6] Michel ADANSON op. cit

[7] Archives du ministère des Calames Série C6 6/ A

[8] Michel ADANSON, op. cit

[9] Michel ADANSON. Op.cit

[10] Archives du ministère des Colonies série C6 14/C.

[11] Archives du ministère des colonies série c6 14/C.

[12] in « Détails historiques et politiques », mémoire Inédit (1778) de J. A LE BRASSEUR » présenté et publié par Charles BECKER et Victor Martin – Bulletin de l’institut Fondamental de l’Afrique Noire – Tome 39, série B, no 1. Janvier 1977, paru le 6 Février 1978.

[13] – in « Côte Occidentale d’Afrique » Colonel FREY, Marpon et Flammarion – Paris 1890 – 543 pages.

[14] – in LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ du 3 Mai 1947.

[15] – Michel ADANSON. op. cit.

[16] – J. A LE BRASSEUR, op. cit.

[17] – Archives Nationales de France – Série C6 Carton 17 liasses 1776.

[18] – Archives Nationales du Sénégal- Actes Notariés – Année 1818 n° 18 du 13 Novembre 1818.

[19] – Archives Nationales du Sénégal- Actes notariés – Année 1819 n° 105 des 7 et 8 Juillet 1819.

[20] – J.A LE BRASSEUR. op. cit.

[21] – in Le Sénégal- La France dans l’Afrique Occidentale Paris Hachette et Cie – 1889 – 501 pages (p. 95 et sq.)

[22] – cf. « Voyages du sieur de GLICOURT à la Côte Occidentale d’Afrique pendant les années 1778 et 1779 » – Pierre LINTINGRE Dossiers Africains n° 3 supplément de la Revue Afrique Documents Numéro 84 – 1966 – Dakar.]

Enfin et surtout, les Saint-Louisiennes, avec une bienveillante neutralité ont réservé aux Anglais le même accueil qu’aux Français et il suffit pour s’en convaincre de recenser les descendants de ces unions qui ont pour nom SLEIGHT, PATIERSON, HEDDLE, DODDS voire ceux des Gouverneurs Anglais du Sénégal O’HARA, MAC NAMARA et MAC CARTHY.

L’histoire a retenu la réputation des charmes ravageurs de Ngoné FALL qui fut ainsi l’une des quatre épouses du Gouverneur anglais O’HARA et l’épouse de son successeur français EYRIES.

Et de fait, cette institution du « mariage à la mode du pays » connut une belle fortune depuis l’Ancien Régime jusqu’au Second Empire !

Le bouillant Marquis Stanislas de BOUFFLERS, Gouverneur du Sénégal avant la Révolution, qui fut élu à l’Académie Française à son retour du Sénégal, adressait des missives énamourées à la charmante Comtesse de SABRAN, qui deviendra son épouse, tandis que l’île de Gorée résonnait des échos de ses amours tumultueuses, notamment avec la Signare Anne Pépin. Et il se raconte qu’à son départ, Gorée était pleine de petits Stanislas courant dans les rues !

Moins romantique et moins célèbre, le Colonel BLANCHOT, « Gouverneur » du Sénégal au début du XIXème siècle devait laisser quatre filles de son union « à la mode du pays » avec la Dame Marie Coumba GUEYE.[[Régistre 1 et 2- « Anciens actes de baptêmes, mariages et sépulture » – Evêché de Saint-Louis – Actes des 25 Octobre 1986, 3 Août 1829, 26 octobre 1834 par exemple.

[23] Archives nationales du Sénégal no 40 fol. 10 année 1857.

[24] – Abbé David BOIlAT Esquisses Sénégalaises – P. Bertrand – Paris 1853 – 496 pages (p 223 et suivantes).

[25] Général FAIDHERBE op.cit.

[26] Abbé David Boilat Esquisses Sénégalaises- P. Bernard – Paris 1853- 496 pages (p. 223 et suivantes

[27] Abbé David Boilat Esquisses Sénégalaises- P. Bernard – Paris 1853- 496 pages (p. 223 et suivantes

[28] – Abbé David BOILAT op. cit.

[29] Abbé David Boilat op. cit

[30] Général FAIDHERBE op. cit.

[31] Docteur d’ANFREVIILE de LA SALLE Notre Vieux Sénégal- Chalamel Paris 1909 – 299 p. – (p. 10 1 et suivantes).

[32] Général Faidherbes op. cit

[33] Docteur F. RICARD Le Sénégal, Etude intime Chalamel Parts 1865. 425 pages (p. 256 et suivantes). Roger PASQUIER Les habitants des comptoirs du Sénégal au milieu du XIXe siècle – Paris 1981.

[34] Lettre de FAIDHERBE à son Ministre du 16 Juin 1855.

[35] Présentation du nouveau rapport sur « La révision du Code Civil et son application au Sénégal » – 8 Juin 1847 – Archives Nationales du Sénégal Série 3 E 19.

[36] – L.J. BERENGER-FERAUD – Les peuplades de la Sénégambie- Leroux – Paris 1879 – 420 pages.