Notes

TEXTES DE LA REVOLUTION PALESTINIENNE

Ethiopiques numéro 5 janvier 1976

revue socialiste

de culture négro-africaine

 

Editions SINDBAD Paris 1975 – 350 pages

 

J’aime cette citation de notre ami Jacques Berque en exergue de ces « Textes de la Révolution palestinienne » : « Les Palestiniens, dans cet Orient où se sont usés tant d’hommes, de mouvements et d’idées… libèrent une énergie révolutionnaire qui n’a pas encore besoin d’idéologie ni même de cohérence pour s’imposer. C’est cela : pas encore. Mais déjà, révolutionnaire, la Muqâwama, ou « résistance », c’est par la conjonction de la fin juste, du moyen tragique et de la signification mondiale ».

Or, des Palestiniens, nous ne possédons jusqu’à maintenant aucun ouvrage qui rassemblât les textes, les déclarations importantes, les plateformes politiques. De la Longue Marche de ce Peuple dès la création, en 1900, du « Trust colonial juif » et de la « Commission pour la colonisation », rien qui permît de se référer à coup sûr aux moments-clés, de suivre à travers des écrits, la gestation, la progressive formation d’une conscience nationale révolutionnaire. Cette lacune, deux jeunes chercheurs palestiniens, Bichara et Naïm Khader, le premier politologue, le second juriste, viennent la combler aujourd’hui avec ce livre nécessaire à qui veut connaître les thèses actuelles des Palestiniens, et donc suivre et comprendre un conflit qui, engageant la paix internationale, nous concerne finalement tous.

Point n’est là d’ailleurs travail mécanique où recherche se confondrait avec tout collationnement. Il s’agit aussi, et avant tout, d’un effort d’explication, d’éclaircissement, de mise en perspective. La longue introduction (92 pages) élaborée par les auteurs en témoigne, qui constitue un historique complet du « problème palestinien » depuis qu’en 1896 le journaliste autrichien Théodore Herzl eut solennellement revendiqué « L’Etat Juif » (Der Judenstaat), et contribué à fonder ainsi le mouvement sioniste.

Voici donc réunis, présentés, traduits les textes ou déclarations des principales organisations et de leurs leaders : l’O.L.P. de Yasser Arafat bien sûr, mais aussi le Fath (Abou Ayad), le FPLP (Georges Habache), le FDPLP (Nayef Hawatmeh), voire de mouvements moins connus comme « Al Saïka », (La Foudre), ou même de commandos clandestins tel « Septembre Noir », qui agit aux jeux Olympiques de Munich. Ces pages nous aident en fait à saisir de l’intérieur la démarche palestinienne, et à démêler, dans l’écheveau des divergences et des tendances, le cheminement commun à ces populations démunies mais jamais désespérées.

La floraison de brochures, communiqués, opuscules, notamment ces dernières années, a d’ailleurs imposé un choix, une sélection opérée à partir du besoin de répondre aux interrogations essentielles :

– Quel est le programme politique fondamental de la Résistance palestinienne ?

– Quelles furent les conséquences de la guerre des Six Jours (1967) et des massacres d’Amman (1970) ?

– Quelle politique après la guerre du Kippour, qui transforma profondément la situation ?

– Quels seront enfin les rapports entre Arabes et Juifs dans le futur et inéluctable Etat palestinien démocratique ?

Les déclarations de l’OLP qui regroupe pratiquement tout le mouvement et est devenue l’interlocuteur des gouvernements étrangers ou des organisations internationales, se trouvent, bien entendu, privilégiées, tant il est vrai que d’elles se dégage la voix profonde de la Résistance populaire.

Au cœur de l’actualité, ces textes capitaux, toujours précédés de notes explicatives, de précisions historiques et idéologiques, et accompagnés d’une chronologie étalée sur 78 ans (1896-1974), constituent donc un outil irremplaçable pour qui veut appréhender sérieusement ce qui, hélas, demeure un drame de notre époque.