Notes de lecture

SCRIBE, GRIOT AND NOVELIST de Thomas HALE arrative interpreters of the Songhay empire – University of Florida Press – Gainesville 1990 – USA

Ethiopiques n°56.

revue semestrielle de culture négro-africaine

2ème semestre 1992

Cet ouvrage est le résultat d’une recherche originale que Tom Hale a réalisée durant son séjour d’enseignement au Niger, et avec la collaboration d’universitaires nigériens comme Ousmane Tandina, Fatoumata Mounkaïla, Boube Gado pour ne citer qu’eux.

En effet un travail de cette nature nécessite tout un reseau de « coopérants nationaux » connaissant bien la langue, l’histoire, les usages et les compétences des griots, pour être mené à bien. Ici tout est dans la méthode d’enquête.

C’est donc un document fiable sur l’Askia Mohammed qui dirigea l’empire Songhay de ± 1493 à 1529 ; Thomas Hale l’a constitué à partir des chroniques soudanaises et françaises (Mâhmoud Kali, A. Es Saadi, Houdas et Delafosse, Brévié, Bonnel de Mézières) et des critiques qui leur furent faites par Dramani Issifou et David Robinson.

A tout cela Hale ajoute la vision romancée et mythique tirée de la tradition orale à travers les récits et poèmes récoltés par Boubou Hama, Dramani Issifou et M.A. Zouber. Enfin Hale a fait lui-même une série d’enquêtes sur le terrain jusqu’à trouver le maître griot Nouhou Malio dont il a enregistré la version intégrale de l’épopée d’Askia Mohammed.

Hale nous livre d’ailleurs cette version en bilingue songhay-anglais sur 1602 vers. Ceci constitue bien sûr à nos yeux la valeur principale de ce document.

Pourtant l’auteur ne s’arrête pas là. Il a fait précéder ce précieux texte d’une introduction historique bien étayée, de considérations utiles sur l’art et le rôle des griots dans les sociétés sahéliennes, et de larges commentaires sur le règne de l’Askia Mohammed et les différents aspects que mettent en valeur les auteurs locaux.

Il ajoute enfin à l’interêt de cette fresque la vision démystificatrice de l’empire Songhay que le romancier Yambo Ouologuem a proposée dans son livre Le Devoir de violence.

La seule réserve que nous ferions (s’il fallait vraiment en faire une) porterait sur un point de détail un peu ridicule, la tendance de Hale à se référer à Zumthor pour justifier ses observations sur l’épopée.

Nous rappellerons donc à notre collègue que le savant critique suisse n’est pas une référence (pas plus que R Finnegan) concernant l’épopée africaine.

Et il trouvera sur ce point des indications beaucoup plus pertinentes chez Christiane Seydou, Isidore Okpewho, Ousmane Tandina, ou Bassirou Dieng. Cependant que Etiemble, Madelenat, M. Parry ou Jean Rychner auraient pu lui offrir une caractérisation plus précise de ce genre universel si joliment illustré par l’épopée sonrhay.