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POUR UNE APPROCHE INTERSECTIONNELLE DU RÉCIT LITTÉRAIRE AFRICAIN

Éthiopiques n°99.

Littérature, philosophie, sociologie, anthropologie et art.

2nd semestre 2017

POUR UNE APPROCHE INTERSECTIONNELLE DU RÉCIT LITTÉRAIRE AFRICAIN

Le rôle du critique africain étant de participer au travail de production d’un savoir scientifique sur l’Afrique, la recherche d’outils d’analyse susceptibles de l’aider à atteindre cet objectif fait partie intégrante de son action herméneutique. Il est appelé à inventer des outils, à emprunter et à adapter des méthodes déjà existantes pour révéler les aspects les plus insoupçonnés de son objet d’étude qu’il doit scruter à partir de tous les angles de vue possibles. Le concept d’intersectionnalité nous parait être l’une de ces approches importables dans le champ de la critique littéraire parce qu’elle peut rendre les études des œuvres des écrivains plus complètes et inclusives. Nous en ferons usage dans cette contribution en partant de l’explicitation du sens qu’il recouvre dans son domaine d’origine en vue de prouver sa pertinence dans la lecture de la prose africaine francophone. Quelques récits d’auteurs africains serviront d’illustration à notre hypothèse qui jettera, nous l’espérons, les bases d’une critique se fondant sur la reconsidération des paradigmes catégoriels pour mieux rendre compte des positions des individus dans le champ social mis en fiction par l’écrivain africain.

  1. POUR ESSAYER DE DÉFINIR

L’intersectionalité, terme forgé par Kimberley Crenshaw en 1989 [2] et vulgarisé surtout grâce à un article retentissant [3] traduit en français en 2005 sous le titre « Cartographie des marges… » [4], est une notion, une théorie scientifique issue du black feminism américain pour devenir aujourd’hui l’un des outils les plus privilégiés pour étudier la situation de certaines catégories sociales. Elle désigne une situation très complexe : celle de personnes subissant simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société. Ce concept va très vite déborder du champ du droit et de la sociologie pour gagner d’autres disciplines des sciences humaines qui en font un moyen efficace pour appréhender certaines réalités personnelles très complexes, celles des femmes en premier. Il en appelle à une analyse de toutes les formes de violence subies par la femme et prouve que celles-ci sont dues non seulement à sa féminité, mais aussi à d’autres dimensions telles que la race et la classe. Par conséquent, l’intersectionnalité décrit, dans son acception d’origine, la manière dont certains individus se retrouvent au confluent de plusieurs formes de domination qu’ils subissent concomitamment, et met en avant des questions liées à leur subjectivation et à l’ontologie. Sirma Bilge la définit ainsi comme renvoyant « à une théorie transdisciplinaire visant à appréhender la complexité des identités et des inégalités sociales par une « approche intégrée » [5]. Elle se nourrit donc de travaux provenant de disciplines telles que la sociologie, le droit, l’anthropologie, l’histoire, la pensée féministe et les théories postcoloniales.

L’intersectionnalité trouve, pour ainsi dire, son origine dans la volonté de combler le vide constaté dans les études féministes sur la situation des femmes de couleur. La complexité de cette situation n’était pas considérée par les chercheurs qui ne prenaient pas en compte les relations intrinsèques qui unissent les différentes formes de discrimination de cette catégorie sociale. C’est ce qu’a remarqué Crenshaw qui admet que « les discours féministes et antiracistes contemporains n’ont pas su repérer les points d’intersection du racisme et du patriarcat » [6]. C’est ce vide que comble cette nouvelle épistémè qui en appelle à une approche totalisante remettant en cause les catégories sociales en vigueur qui ne permettent pas de reconnaître le rapport complexe reliant les inégalités de diverses origines. C’est ce qui pousse Crenshaw à dénoncer la marginalisation des intérêts des femmes et personnes de couleur « dans les discours forgés pour répondre à l’une ou l’autre de ces dimensions » [7]. Cela veut dire que les discours ainsi que les combats féministes et antiracistes se déploient en ignorant la situation très singulière de cette catégorie de femmes. De leur côté, ceux qui luttent pour l’émancipation et la libération du sexe dit faible font fi de la question raciale qui creuse un fossé entre personnes féminines de différentes couleurs. Les féministes, essentiellement blanches, engagent leur lutte tout en oubliant que leurs sœurs de couleur souffrent d’une discrimination supplémentaire, celle de la race. Au sein de la communauté noire, la lutte antiraciste, à forte dominante masculine, va jusqu’à reproduire les mêmes violences relevant du genre et s’éloigne ainsi d’une démarche qui puisse véritablement apporter des solutions à la situation intersectionnelle des femmes de couleur.

Cependant, l’intersectionnalité ne s’adonne pas à un travail de hiérarchisation des souffrances humaines ; elle tend à démontrer surtout que les situations de toutes les femmes doivent être analysées différemment, en prenant en compte les contextes particuliers où elles évoluent et les causes des violences exercées sur leurs personnes. C’est pour ne pas perdre de vue ces situations particulières que Crenshaw distingue l’intersectionnalité structurelle de celle dite politique. La première montre que les situations de femmes de couleur exigent des solutions différentes des solutions apportées à celles leurs sœurs blanches. Pour mieux l’expliquer, Xavier Garnier avance que l’intersectionnalité structurelle « examine la prise en charge institutionnelle des violences faites aux femmes et les difficultés qui se posent aux travailleurs sociaux » [8]. Sous cet éclairage, un élargissement des objets susceptibles d’être étudiés à travers cet instrument est donc possible. Il peut s’appliquer à plusieurs couches sociales souffrant de discriminations multiples. Quant à l’intersectionnalité politique, elle permet d’éviter la marginalisation de la question de la violence contre les femmes de couleur sachant que celle-ci n’est pas suffisamment prise en charge par les politiques féministes et antiracistes. L’intersectionnalité vise donc globalement à exposer « comment le racisme et le patriarcat s’influencent réciproquement […] pour décrire la situation de femmes de couleur, placées à la fois dans des systèmes de subordination qui se recoupent et aux marges des mouvements féministes et antiracistes » [9].

À la suite de Crenshaw, d’autres féministes, essentiellement américaines et européennes, vont approfondir et utiliser les outils méthodologiques que leur offre la perspective intersectionnelle pour l’étude de cas très complexes de violences subies simultanément par certains groupes sociaux. Le nombre grandissant de spécialistes de cette discipline et de chercheurs utilisant occasionnellement ses outils a généré une littérature florissante dont les auteurs affichent parfois des différences méthodologiques. Celles-ci ont favorisé la naissance de deux écoles différentes situées de part et d’autre de l’Atlantique qui se différencient, selon Bilge, par l’importance accordée aux aspects structurels, à la tradition néo-marxiste et au postmodernisme. Dans toutes ces tendances, toutefois, la dimension identitaire est très importante car elle est, avec les inégalités sociales, l’objet premier des études intersectionnelles. Ce que reconnaît Xavier Garnier qui pense que c’est « sur le terrain de la politique identitaire que la question de l’approche intersectionnelle doit être posée » [10].

Les deux types d’intersectionnalité cités plus haut correspondent à peu près aux deux niveaux microsocial et macrosocial qui, selon Bilge [11] et d’autres, interrogent les effets des structures d’inégalité et le rôle des systèmes de pouvoir dans la pérennisation des inégalités.

  1. DE LA PERTINENCE SCIENTIFIQUE DE LA PERSPECTIVE INTERSECTIONNELLE DANS LA RECHERCHE LITTÉRAIRE

L’intersectionnalité connaît, depuis quelques années, une grande fortune scientifique tant aux États-Unis qu’en Europe où elle est utilisée pour étudier la situation des femmes issues des classes défavorisées. On n’hésite même pas à l’appliquer à tout un groupe, hommes et femmes inclus, afin de voir les multiples implications de l’identité dans la sphère sociale. C’est cet aspect qui nous autorise à convoquer ce concept dans l’analyse littéraire où il offre de nouvelles perspectives dans l’étude des relations de domination et des processus de construction identitaire dans les sociétés, réelles ou imaginées, mises en scène par les écrivains. L’intersectionnalité nous paraît pertinente, car nous pensons comme Xavier Garnier « qu’elle peut permettre de penser non seulement les processus de subjectivation (comment un individu devient sujet), mais dans le même mouvement les processus d’individuation (la genèse de l’individu) » [12].

L’attitude critique qui en découle doit orienter d’abord les réflexions sur les personnages féminins. Cela, parce que l’image de la femme et l’écriture des auteurs féminins font partie des thèmes les plus usités par les chercheurs en littérature africaine. Cette prédilection pour ces topoï est appelée encore à perdurer si l’on en juge par les nombreux travaux d’étudiants qui en font leurs sujets de recherche. Cependant, dans toutes ces analyses de chercheurs aguerris ou de doctorants, aucune place n’est accordée à la notion d’intersectionnalité. La recherche africaine francophone en sciences humaines et sociales tarde encore à se saisir de cet outil qui, articulé aux théories postcoloniales, peut offrir une grille d’analyse inédite qui faciliterait la compréhension et la prise en charge de situations singulières qui touchent une bonne partie de nos sociétés. Un tel instrument méthodologique pourrait, par exemple, disséquer la spécificité de situations aussi complexes que l’inconfort dont parle Homi Bhabba qui n’hésite d’ailleurs pas à établir un lien entre les théories postcoloniales et ce que les féministes appellent l’intersectionnalité : « En rendant visible l’oubli du moment « inconfortable » dans la société civile, le féminisme spécifie la nature gendrée, patriarcale de la société civile, et perturbe la symétrie entre public et privé, mais leur devient supplémentaire sur un mode perturbateur » [13].

Ce paradigme postmoderne est le bienvenu, étant donné que les chercheurs africains n’ont pas encore pris la pleine mesure des nouvelles réalités générées par des pratiques discriminantes de diverses natures et l’émergence de catégories sociales qu’il faut savoir déconstruire par des méthodes plus inclusives et intégrantes. La critique littéraire, presque essentiellement masculine, rechigne encore à voir l’intersectionnalité comme une méthode pouvant permettre de rendre compte de la situation complexe des personnages féminins victimes de discriminations. Il n’y a que Xavier Garnier qui, dans le texte dont un extrait est cité plus haut, tente non seulement une transposition des outils de l’intersectionnalité dans la critique littéraire, mais aussi une application concrète au roman africain. Pour lui, la littérature est concernée par cette notion parce qu’elle « met en œuvre ce qui est attendu de l’approche intersectionnelle dans le champ social et politique » [14]. Il propose ainsi de penser les personnages de roman comme « des puissances intersectionnelles » car l’intersectionnalité serait le cœur dynamique de certains personnages dont le paradigme serait la figure du sorcier ou de la sorcière. Le chercheur situe donc essentiellement l’intersectionnalité dans le domaine identitaire, car elle dessine, dans les romans d’auteurs féminins comme Werewere Liking et Ken Bugul, un schéma initiatique qui conduit les personnages feminins à se positionner dans la société en faisant bouger les lignes de cloisonnement et en parachevant leur quête identitaire. La situation personnelle de Bessora et son œuvre poussent Garnier à présenter le métissage comme capable de produire un point de vue intersectionnel du fait que le métis est un être en bordure, aux confluents de différentes races.

Ce que nous retenons de la démonstration de Garnier, c’est que l’identité des personnages et des auteurs, surtout féminins, peut être pensée de manière plus complète avec l’approche intersectionnelle qui facilite une meilleure connaissance des rapports de pouvoir entre les différentes catégories sociales. Le sort de la femme et des plus défavorisés devient ainsi la raison d’être de la production scientifique sur la littérature. Cela, d’autant plus que certains chercheurs, comme Abdoulaye Berté, signalent la place marginale de la question féminine dans les politiques étatiques africaines et dans la création littéraire. Pour apporter les preuves de ces allégations, ce critique rapporte que les chefs d’État du continent noir

[…] à l’occasion de la célébration du cinquantenaire des indépendances des pays francophones, ont déclaré de façon péremptoire avoir achevé la lutte de libération nationale alors que dans chacun de leur pays les femmes, qui constituent plus de la moitié de la population, ne se sentent pas encore libres [15].

Les femmes, intellectuelles et écrivaines, sont d’ailleurs conscientes de la minoration de leurs intérêts par la frange masculine de la société, car « elles ont déploré qu’un nombre trop restreint d’hommes soutient leur cause »[ Id., ibid.]]. Même chez les auteurs, on ne note pas toujours une adhésion sans réserves aux thèses féministes par la demande de plus de liberté et de possibilités d’épanouissement pour la femme africaine. Il était donc normal que le sexisme des premières heures laissât, si l’on en croit Berté, la place à une littérature qui, en même temps qu’elle valorise la femme, montre sa posture de victime. Le chercheur donne pour illustration l’exemple d’Un bouquet d’épines pour elle [16] de Cheik Aliou Ndao où il remarque une certaine marginalisation sociale des masses féminines qu’il aborde même en termes de classe. Cela démontre la superposition des violences de toutes natures faites aux femmes et prouve, s’il en est encore besoin, que l’approche intersectionnelle est porteuse de significations inédites dans l’analyse de l’œuvre littéraire africaine, qu’elle soit écrite par une femme ou par un homme. Nous en sommes d’autant plus certain qu’elle aide à configurer les interactions entre les différentes dominations subies par les personnages (surtout féminins) et à mesurer leur impact sur leur évolution individuelle. Elle soutient une meilleure exploration des topiques comme la violence, les rapports de pouvoir et l’identité, et signale les incidences de la complexité intersectionnelle sur la diégèse et la progression du récit. L’intersectionnalité permet la prise en charge, dans sa globalité, de tout l’être féminin ; elle donne à voir si les solutions qui lui sont proposées ne sont pas aussi, vues sous un autre angle, des entraves à sa liberté. C’est donc une notion qui peut aider à trouver des réponses idoines aux problèmes de toutes les personnes dont la situation peut être source de clivage, de marginalisation et de violence. Ces individus susceptibles de vivre de telles expériences sont de plus en plus nombreux, si l’on sait que l’appartenance même à des groupes politiques ou idéologiques différents peut contribuer à l’émergence d’une oppression qui s’ajoute à d’autres. Des fléaux qui s’accentuent dans le monde moderne comme le racisme, la xénophobie, le sexisme et l’exclusion sociale peuvent être expliqués par l’intersectionnalité qui les étudie en considérant leurs relations et leurs effets communs sur ceux qui en sont victimes.

Enfin, nous pensons que cette méthode clarifie comment, dans le roman africain, les catégories de sexe, de classe et de race s’interpénètrent et interagissent afin de structurer des identités féminines (ou masculines) problématiques. Elle fait percevoir la façon dont celles-ci influent sur la place des individus dans la société et leurs relations avec leur environnement immédiat et les structures étatiques.

  1. QUELQUES PISTES D’ANALYSE INTERSECTIONNELLE

Pour aborder le texte littéraire selon la perspective intersectionnelle, les aspects identitaires et situationnels des personnages nous semblent très pertinents parce qu’ils permettent d’interroger l’être de l’individu en tant que sujet, et son être dans le monde de la fiction.

3.1. Le profil identitaire du personnage intersectionnel

L’importance de l’aspect identitaire dans l’analyse intersectionnelle nous amène à proposer, dans ces lignes, un profilage du modèle féminin intersectionnel dans le roman africain à travers des exemples illustratifs qui déterminent une identité plus problématique que les autres. C’est ainsi qu’étant du même avis que Garnier en ce qui concerne l’indiscutable intersectionnalité de la figure de la sorcière (nous n’en sommes pas aussi sûr pour le sorcier), nous pensons qu’il y a des types de personnages dont les identités sont plus intersectionnelles. Ce qui nous pousse à nous demander s’il ne serait pas plus pertinent d’appliquer cette approche aux situations des membres féminins du personnel romanesque (ou de la nouvelle) vivant dans un contexte étranger où la couleur de leur peau ou leur origine rurale les place en marge de la société d’accueil. Les récits cadres de telles histoires se déroulent en Afrique ou en Europe, en tout cas dans une terre d’accueil d’où le personnage n’est pas originaire.

D’abord pour les récits dont l’histoire se déroule en Afrique, cette figue est représentée par la femme rurale qui quitte la campagne pour s’installer en ville. Elle y est confrontée à l’exploitation, à la pauvreté, à la violence physique et même parfois au viol. C’est le cas de Fatou Ngouye de La Folie et la mort [17], de Ken Bugul dans Le Baobab fou et de Faatu, l’héroïne d’Un bouquet d’épines pour elle.

Concernant les récits dits de la migritude, il s’agit essentiellement de personnages féminins ayant immigré en Europe et qui sont soumis au racisme, à la xénophobie, au sexisme et aux problèmes d’intégration. Leur identité y est souvent plus problématique que celle de leurs compatriotes masculins venus d’Afrique comme eux. Si les difficiles conditions du séjour de Massala-Massala à Paris sont exacerbées indéniablement par la couleur de sa peau et ses origines, l’existence de la narratrice de La préférence nationale [18] de Fatou Diome semble plus insupportable à cause de son appartenance sexuelle.

Devant de tels cas de figure, il devient opportun de considérer, dans leur ensemble, toutes les spécificités particulières des personnages pour saisir la complexité de leur posture. Xavier Garnier va même jusqu’à dénoncer « l’absurdité de cloisonner une identité raciale, de genre, de classe, d’âge, d’espèce au sein d’une expérience de vie ». Car nous pensons que c’est la somme de tous les traits identitaires qui sont fournis à l’individu par le travail commun de la nature, de la société et de la géographie qui déterminent son être ainsi que la perception que les autres ont de lui.

C’est cette identité, problématique à plus d’un titre, qui caractérise l’héroïne de Mamadou Samb dans Le Regard de l’aveugle [19]. Oulimata, dans chaque étape de sa vie, subit des violences dues à son statut social. D’abord en tant que femme : dans son village de Tiénfala déjà, elle a vécu la plus pénible des violences avec l’excision et l’infibulation qu’elle y a subies. Au sein du groupe de jeunes filles excisées, elle est la seule à porter un habit différent qui signifie son appartenance à une caste inférieure. Ce traitement, à elle réservé, symbolise toute cette discrimination supportée par certaines femmes au nom de la tradition. Oulimata vit l’excision comme un acte de violence physique, et la marginalisation au sein du groupe des filles excisées comme l’émanation d’une violence psychologique inouïe : « C’est dans ce cercle d’initiation que j’ai pris conscience de mon état de femme d’abord, ensuite, de celui de caste (sic) inférieure à laquelle j’appartenais » [20]. Faisant preuve d’une lucidité précoce, la jeune fille voit dans ses habits un signe certain de marginalisation. Elle compare ce qu’elle portait à la fin de l’initiation et les vêtements des autres filles pour constater avec amertume une mise à l’écart opérée de manière tacite :

Elles avaient toutes comme habit un pagne de coton blanc attaché au niveau de la poitrine et qui descendait jusqu’aux genoux moi, le mien était noir. Elles portaient toutes des chapelets de perles blanches autour des reins, moi, mes perles étaient colorées. Leurs coiffures étaient composées d’une touffe de cheveux au milieu de la tête, la mienne était certes une touffe, mais qui traversait toute ma tête, d’une oreille à l’autre [21].

La symbolique des couleurs présente la narratrice comme l’antithèse de ses camarades d’initiation. La touffe qui coupe sa tête en deux parties symbolise, en fait, le fossé que la tradition a creusé entre elle et les autres filles du village. Cela induit en elle un sentiment d’infériorité qui, la plaçant au bas de la pyramide sociale, fait d’elle une figure marginale dans un groupe dont les membres subissent déjà ensemble des violences à cause de leur sexe. La discrimination, ici intragroupale, fait du personnage la plus à plaindre parmi les filles excisées. Au sein de ces personnes marginalisées, elle est reléguée au dernier plan comme elle le laisse croire en ces termes : « Parce que j’étais d’une caste inférieure, je marchais derrière elles, je mangeais après elles, je devais réagir avec les égards dus à leurs rangs » [22]. La tradition est ici la cause principale de l’intersectionnalité du personnage qui, tant bien que mal, essaye de s’adapter à cet univers villageois basé sur des mutilations physiques (comme l’excision), sociologiques et morales (discrimination des personnes jugées inférieures). C’est par la violence vécue, tacite et sournoise, qu’elle découvre son identité et son caractère problématiques. Plus tard, quittant le giron familial en espérant des lendemains plus enchanteurs, Oulimata verra les discriminations à son égard se multiplier au fur et à mesure que son identité personnelle se modifie et se complexifie. Elle arrive à Bamako avec deux « fardeaux » lourds à porter au village (femme et membre d’un groupe marginalisé) à cause des croyances traditionnelles. Elle sera lestée d’une nouvelle étiquette, celle d’étrangère à Bamako et à Dakar, s’installant ainsi au cœur d’un triangle discriminant qui l’enfonce de plus en plus dans le dénuement matériel et la pauvreté en la poussant à la mendicité. Elle l’avait bien vu venir en se disant ces mots : « Pour une étrangère et de surcroît pauvre comme moi, Dakar représentait un carcan dans lequel il était dangereux de s’enfermer, au risque de perdre sa liberté et son âme » [23]. Elle ne croyait pas si bien dire vu qu’elle va, par la suite, subir un viol collectif avant de sombrer dans la prostitution. Son sort final, celui d’une personne atteinte du sida, peut être donc perçu comme la conséquence ou l’aboutissement naturel de toutes les blessures qu’elle a endurées en tant que fille, membre d’une caste inférieure et étrangère.

Cependant, les personnages de femmes africaines émigrées en Europe nous paraissent les prototypes de l’identité intersectionnelle. Souvent, ces femmes ne découvrent leur identité problématique qu’une fois qu’elles arrivent en Occident. C’est peut-être ce que veut dire Garnier qui affirme que « c’est dans le clair-obscur des appartements parisiens que la dimension intersectionnelle se révèle » [24]. Les aventures de la narratrice de La Préférence nationale de Fatou Diome nous paraissent, à ce sujet, assez édifiantes. Issue d’un village où elle était regardée comme une intruse pour une double raison (née hors mariage et fille d’un homme étranger au village), elle révèle, dans la nouvelle liminaire, son passage dans la ville de Foundiougne où elle a fait ses études. Les violences physiques et la tentative de viol qu’elle subit en font un personnage à l’intersection d’au moins trois sources de discrimination : en tant que fille, étrangère, enfant naturel, etc. Elle se trouve en position de faiblesse dans ses rapports de force avec les autres. Cependant, l’aide de la vendeuse Codou lui sera très utile pour surmonter les épreuves qu’elle va affronter.

Quelques années plus tard, sa vie en France va rendre son identité plus intersectionnelle et plus porteuse de difficultés. Victime de racisme au sein de la famille même de son mari, elle va divorcer tout en continuant ses études. Elle postule à plusieurs emplois qui lui seront toujours refusés par la faute de sa mélanine : « À cause de mes lèvres noires, qui du moins psalmodient la langue de Vaugelas mieux que les siennes, elle me refuse le travail » [25].

Dans une nouvelle intitulée « Le dîner du professeur », elle subira un viol de la part d’un enseignant avec lequel elle sortait qui va la pénétrer sans lui demander son avis. Les efforts qu’elle fait pour se concentrer sur l’image de la jaquette d’un livre (Le Sexe et l’effroi) [26] tandis que le professeur assouvissait sa libido, témoignent de toute la violence psychologique que génère cet instant insupportable. Cette scène est assez symptomatique de ses problèmes d’intégration dans la société d’accueil suscités par son identité.

Les personnages sont donc amenés à adopter des attitudes diverses pour apporter des solutions aux obstacles qui leur sont opposés à cause de leur identité. Leurs histoires respectives deviennent ainsi des moments d’opposition avec des forces dominatrices qui refusent de les considérer comme des égaux. C’est ainsi que pour Crenshaw « l’identité constitue toujours un lieu de résistance pour les membres des différents groupes subordonnés » [27]. Ils peuvent choisir la soumission à leur sort, une réaction violente ou le repli sur soi à l’image d’Amandla dans Tels des astres éteints de Léonora Miano [28]. Cette militante du mouvement kémite choisit le communautarisme et le rejet de ceux qui l’ont marginalisée pour sublimer son identité négro-africaine par le truchement du retour aux sources, à la religion et à la culture de l’Egypte antique. Bien qu’originaire d’une région ultramarine de la métropole, elle rêvait d’un retour au Pays d’Avant (l’Afrique) où elle pensait pouvoir retrouver une pleine liberté dans une terre plus accueillante. À Babylone, sa carnation, sa féminité et ses origines la placent dans le camp des dominés ; ce dont elle est clairement consciente, car elle constate amèrement que « le pouvoir demeurait entre les mêmes mains » [29], celles des « Oppresseurs » blancs. Analysant avec lucidité le peu de place qui est accordé aux membres de sa communauté, elle rejette les solutions qu’elle regarde comme des strapontins concédés au nom de la discrimination positive. Pour elle, la métropole n’a rien donné à ses enfants noirs :

Rien qui lui coûte […]. Il n’y avait pas de Kémites, au conseil d’administration des grandes banques, pas de Kémites, pour diriger les rédactions des grands médias, pas de Kémites à la tête des grands partis, quel que soit leur bord. Pas l’ombre d’un Kémite, pour porter la parole des syndicats importants, pas de Kémites au palmarès des fortunes du monde, pas même les dictateurs qui pillaient Kemet pour s’acheter des maisons à Babylone [30].

Ici le personnage intersectionnel se confond au groupe auquel il appartient. Son identité individuelle n’est que le reflet de celle du groupe qu’elle configure en miniature. Ce qui fait dire à Crenshaw que « l’identité du « groupe » tout entier s’articule autour des identités intersectionnelles de quelques un(e)s de ses membres » [31]. Ce constat nous amène à poser le postulat de l’existence même de communautés intersectionnelles pour désigner ces groupes minoritaires qui, à cause de la pluralité des constituants de leur identité, sont victimes de discriminations. C’est le cas par exemple des Afro-palestiniens vivant dans les territoires occupés. Ils ont trois raisons d’être persécutés par leurs bourreaux : d’abord en tant que Palestiniens, ensuite en tant que musulmans et enfin en tant que noirs. Leur situation de victimes de discriminations internes au sein d’une communauté elle-même persécutée (celle des Palestiniens) en font les exemples types des groupes intersectionnels. Les violences auxquelles ils sont soumis sont, à ce titre, intragoupales et externes.

Un personnage romanesque féminin qui est issu d’un groupe à la situation similaire incarnerait la figure par excellence de l’individu intersectionnel. Pour le moment, les femmes comme Amandla appartenant à la communauté kémite telle que décrite par Miano sont celles qui se rapprochent le plus de cette figure esquissée ci-dessus. Au sein de leur groupe discriminé, elles sont elles-mêmes l’objet de violences que ne connaissent pas les hommes. Ces vies de femmes à la croisée de plusieurs discriminations confirment ces propos de Crenshaw :

Au niveau le plus élémentaire, race, genre et classe sont tous en cause, étant donné la forte corrélation entre « femme de couleur  » et pauvreté. En outre, la disparité de l’accès à l’emploi et au logement — c’est-à-dire la discrimination — est redoublée par leur identité de race et de genre. La race et le genre sont parmi les tout premiers facteurs responsables de cette distribution particulière des ressources sociales qui aboutit aux différences de classe observables [32].

Les inégalités dues à l’origine raciale en génèrent donc naturellement d’autres, ce qui fait des personnages des êtres qui sont constamment à la marge et à la lisière des différentes structures sociales.

3.2. Le triangle discriminant : base de la situation intersectionnelle

Nous appelons triangle discriminant, cette situation singulière mais courante qui place les personnages dans une certaine conjoncture où des circonstances identifiables et quantifiables (2 ou 3 au moins) aggravent leurs conditions d’existence. Les causes de discrimination à leur égard se superposent dès lors pour les enfermer dans une sorte de prison virtuelle à ciel ouvert où ils ne font que tourner en rond. Ne pouvant pas s’épanouir, les personnages des récits vivent alors dans une monotonie inféconde qu’illustre la répétition d’actes et d’idées aussi inefficaces qu’inutiles. Les nombreux rendez-vous manqués de la narratrice de La Préférence nationale avec un emploi décent et les refus successifs qu’elle essuie lui font perdre du temps et empêchent sa réalisation en tant que femme noire immigrée en France. Sa situation, inhérente à son identité complexe, est alors foncièrement différente de celle de ses sœurs blanches européennes. D’ailleurs, le poste qui lui sera refusé à cause de sa couleur de peau sera donné à une de ses amies :

Le soir j’appelai une copine de fac, une blonde aux cheveux argentés, une vraie blanche d’appellation et d’origine contrôlées. Elle était en licence et cherchait un petit boulot. Je lui donnai le numéro de téléphone de la caissière. Le lendemain soir, une voix joyeuse s’échappa de mon répondeur :

-…merci pour le tuyau. J’ai commencé ce matin chez la dame. Mais si ça t’intéresse, elle a une voisine qui cherche une femme de ménage [33].

Si la narratrice et son amie ont en commun le fait d’être sous-employées, le sort de la première est beaucoup moins enviable car, malgré un diplôme de troisième cycle, on ne lui fait pas confiance pour enseigner à des enfants français. L’emploi de femme de ménage qu’elle accepte pour ne pas mourir de faim va encore l’installer dans une précarité durable. Celle-ci est d’autant plus pesante que les inégalités sociales subies par les personnes de couleur noire, et les femmes comme elle en particulier, ne sont pas suffisamment prises en compte par les dirigeants métropolitains. Ce qui les place dans une intersectionnalité structurelle, car elles ne bénéficient pas des mêmes mesures que leurs congénères blancs pour remédier à leurs difficultés.

La narratrice de Diome est ainsi au cœur de ce triangle discriminant qu’on retrouve dans les cas de figure où le personnage est au confluent de trois discriminations au minimum. Si, par exemple, ce dernier subit des mauvais traitements à cause de son sexe, de sa couleur de peau, de sa provenance et/ou de sa situation sociale, il est au cœur de la figure triangulaire (ou même rectangulaire). En plus de son genre ou sexe, d’autres circonstances aggravantes se greffent à la première pour faire de son quotidien un enfer. Ce triangle ne concerne pas uniquement les personnages en situation d’immigration en Europe, mais aussi ceux qui évoluent dans un contexte africain. Dans ce cas, la dimension raciale, composant essentiel du schéma polygonal, pourrait être remplacée par les questions de caste ou d’ethnie qui mettent certains individus dans une position inconfortable où leurs droits en tant qu’êtres humains sont constamment violés.

Ainsi, le principal critère discriminant qui permet d’identifier un individu en situation intersectionnelle c’est son appartenance ou non à un groupe subordonné. Ce qui rend possible une approche globale du roman africain, des origines jusqu’à maintenant, qui puisse rendre compte des heurts et accrochages entre les individus issus des différents groupes ou membres d’une même communauté. Un tel choix méthodologique élargit le corpus aux œuvres qui traitent de l’époque coloniale et fait même sortir du cadre féminin comme l’a fait Garnier. C’est ainsi qu’on peut faire remarquer que, par exemple, les personnages masculins de Les Bouts de bois de Dieu [34] de Sembène Ousmane sont à la croisée de plusieurs discriminations. Noirs, ils sont exploités par le pouvoir colonial blanc. Ouvriers et pauvres, ils se voient soumis au mépris et à la cupidité de leurs patrons européens et de certains de leurs compatriotes privilégiés. C’est ainsi qu’à la lutte raciale s’ajoute une lutte des classes qui place les personnages dans une posture qui les oblige sans cesse à réajuster leur méthode de combat. Pour ne pas mener des combats parallèles, ils insèrent dans leurs doléances des revendications de différents ordres (social, racial, etc.) pour montrer que c’est le croisement des différentes discriminations qui contribue au déni de leur humanité. Leur méthode inclusive les poussera à faire d’une pierre deux coups ; ce qui demeure la seule solution à même de faire disparaître, une bonne fois pour toutes, les exploitations et les discriminations dont les cheminots et leurs familles sont victimes.

Ces personnages subissent tous une « subordination intersectionnelle » qui accentue, selon Crenshaw, la situation de dépossession vécue par les individus [35]. Celle-ci les oblige à cliver leur énergie politique entre deux projets parfois antagonistes (Garnier ou Crenshaw). C’est ce qu’on retrouve chez Aoua Keïta dont l’intersectionnalité a été partiellement remarquée par Bernard Mouralis [36] même si cette expression n’existait pas dans l’analyse du critique littéraire. Ce dernier ne mesure les difficultés vécues par Aoua Keïta et relatées dans son autobiographie [37] qu’à l’aune des obstacles qu’elle rencontre en tant que femme, occultant ainsi les dimensions raciale et coloniale qui rendent la situation de l’héroïne plus complexe, plus insoutenable. Pourtant, Mouralis évoque quelque part les persécutions vécues par Keïta en tant que militante du RDA [38], autrement dit en tant qu’activiste anticoloniale. Une partie, au moins, des difficultés auxquelles elle est confrontée vient de son engagement pour l’indépendance, de son combat syndical et de son appartenance au groupe des persécutés que sont les colonisés. Il est clair que, dans le système colonial, l’homme et la femme ne subissaient pas les mêmes pressions. Les femmes pouvaient, en plus de vivre les mêmes exactions que leurs compatriotes masculins, souffrir de violences particulières (droit de cuissage, harcèlement sexuel, viol, etc.). L’analyse d’œuvres comme celle de Keïta, si elle se voulait intersectionnelle, prendrait en considération « les multiples colonisations subies par les femmes » [39]. Une perspective qui n’est donc pas exploitée par Mouralis qui dissocie les sources de violences (contre la femme et contre la militante) et fait un focus sur la dimension féminine qu’il voit comme la plus déterminante dans le destin du personnage. Pourtant, si on considère l’intersectionnalité de la situation de l’héroïne, on pourrait bien analyser les stratégies de protestation qu’elle utilise comme destinées non seulement à la société patriarcale, mais aussi aux autorités coloniales et au patronat dont les actions se fondent avant tout sur des considérations raciales.

Les itinéraires d’Aoua Keïta, d’Oulimata, de Faatu ou de la narratice de La Préférence nationale dessinent donc tout un processus de subjectivisation qui fait de l’identité intersectionnelle une donnée non statique se complexifiant au gré des aventures des personnages. L’espace et le déplacement font ainsi partie des préalables qui conditionnent l’identité intersectionnelle. Les personnages féminins africains ne sont intersectionnels que dans des lieux précis où leur différence sont signalées par moult procédés. Pour dire vrai, leur degré d’intersectionnalité se différencie selon les milieux où ils se trouvent. Les différentes strates de la situation d’Oulimata se lisent à travers son itinérance. À chaque nouveau lieu correspond un état supplémentaire qui complique et aggrave son cas.

CONCLUSION

Il apparaît clairement que la théorie intersectionnelle met à la disposition de la recherche en littérature une nouvelle grille d’analyse pertinente et efficace parce qu’elle offre un angle de vue globalisant qui ne regarde plus les identités et les situations particulières de manière séparée. Ce qui a le mérite d’exprimer pleinement le vécu des personnages et d’apprécier l’efficacité des solutions qu’ils mettent en œuvre ou celles qu’on leur propose. Ainsi, les récits des écrivains africains nous semblent plus à même de permettre au point de vue intersectionnel de s’exprimer, si l’on en juge par les types sociaux mis en scène et la place particulière qu’ils occupent dans les milieux où ils évoluent. Les œuvres de femmes de lettres comme Fatou Diome, Léonora Miano ou Ken Bugul et d’écrivains tels que Cheik Aliou Ndao, Mamadou Samb ou Ousmane Sembène mettent en scène des personnages hautement intersectionnels sur les têtes desquelles s’amoncelle une multitude de discriminations. Leurs identités sont dès lors définies par une situation individuelle appelée à se complexifier au cours de leur existence. Une telle perception révèle le caractère humaniste et universel d’une œuvre littéraire qui dit toutes les souffrances de l’humain tout en dénonçant, implicitement ou explicitement, leurs causes, d’où qu’elles proviennent.

La critique de la littérature africaine a ainsi la possibilité, avec l’intersectionnalité, de se positionner comme un véritable laboratoire d’analyse des spécificités individuelles pour enfin se présenter en lieu de l’interaction entre les différentes disciplines des sciences humaines.

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[1] Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal

[2] CRESHAW, Kimberlé, « Demarginalizing the Intersection of Race and Sex : a Black Feminist Critique of Discrimination doctrine, Feminist theory and Antiracist Practice », University of Chicago Legal Forum, 1989, p.139-167.

[3] CRESHAW, Kimberlé, « Mapping the Margins : Intersectionality, Identity Politics and Violence against Women of Color », Stanford Law Review, vol.43 n°6, 1991, p. 1241-1299.

[4] CRESHAW, Kimberlé, « Cartographie des marges : Intersectionnalité politiques de l’identité et violences contre les femmes de couleur », in Cahiers du genre, n°39, 2005/2, p. 51-82.

[5] BILGE, Sirma, « Théorisations féministes de l’intersectionnalité » in Diogène n°225, 2009/1, Presses Universitaires de France, Paris, p.70.

[6] BILGE, Sirma, op.cit., p. 54.

[7] Id., ibid.

[8] GARNIER, Xavier, « Propositions pour un usage littéraire de la notion d’intersectionnalité », https://genretautor.hypotheses.org/83, consulté le 06 août 2017.

[9] CRENSHAW, Kimberley, op.cit., p.51.

[10] Id., op. cit.,

[11] Id., op. cit.,

[12] Id., op. cit.

[13] BHABHA, Homi K., Les Lieux de la culture, une théorie postcoloniale, Paris, Payot, 2007, p. 43.

[14] GARNIER, Xavier, « Propositions … », loc. cit.

[15] BERTÉ, Abdoulaye, « Paroles de femme, pour la femme (le féminisme chez les romancières francophones : bilan et perspectives) », in Annales de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, n°40/A, 2010, ARCIV, Dakar, p.190.

[16] NDAO, Cheik Aliou, Un Bouquet d’épines pour elle, Paris, Présence Africaine, 1988.

[17] Ken Bugul, La Folie et la mort, Paris, Présence Africaine, 2000.

[18] DIOME, Fatou, La Préférence nationale, Paris, Présence Africaine, 2001.

[19] SAMB, Mamadou, Le Regard de l’aveugle, Dakar, Édisal, 2012.

[20] Ibid., p. 24.

[21] Id. ibid.

[22] Id. ibid.

[23] Id., p. 129.

[24] Op. cit.

[25] DIOME, Fatou, op. cit., p. 91.

[26] Il s’agit en fait d’un livre de Pascal Quignard publié en 1994 aux éditions Gallimard.

 

[27] Op.cit., p. 76.

[28] MIANO, Léonora, Tels des astres éteints, Paris, Plon, 2008.

[29] Id., p. 90.

[30] Id. ibid., p. 91.

[31] Op. cit., p. 80.

[32] Id. ibid., p. 56.

[33] MIANO, Léonora, op. cit., p. 94.

[34] SEMBÈNE, Ousmane, Les Bouts de bois de Dieu, Paris, Pocket, 1960.

[35] CRENSHAW, op.cit., p. 59.

[36] MOURALIS, Bernard, « Une parole autre : Aoua Keita, Mariama Bâ et Awa Thiam » in Nouvelles écritures féminines, Notre librairie n°117, avril-juin 1994.

[37] KEÏTA, Aoua, Femme d’Afrique : la vie d’Aoua Keïta racontée par elle-même, Paris, Présence Africaine, 1975.

[38] Rassemblement démocratique africain, fédération de partis politiques africains créée à Bamako, en 1946, qui visait l’indépendance des colonies françaises.

[39] ALMEIDA, Irène Assiba d’, « Femme ? Féministe ? Misovire ? », in Nouvelles écritures féminines, Notre Librairie n°117, avril-juin 1994, p.49.