Poésie

PABLO PICASSO

Ethiopiques numéro 30

revue socialiste

de culture négro-africaine

2e trimestre 1982

Des jambes qui épient et des bras qui observent

le lourd front cyclope des visages confondus

dans la beauté nauséeuse de la guerre en peinture

Qui donc boira à la coupe qui ricane

Et cette table de guerre lasse qui cherche

ses pieds sur le dos des statuettes vivantes

Qui animera les quartiers de cuisses hilares

les désirs putrides et les possessions posthumes

Monceaux de chair ivre collés aux nuages

clapotis qui n’est ni sang ni alcool ni eau

formes vigilantes à l’ombre des esprits hantés

patine aux jambes diligentes palette en sueur

peignent à couleur sourde de cimetière

l’œil du Maître fixé par le pinceau de la mort.