Poèmes

NENUPHAR DE CAMANAR

Ethiopiques n°15
Revue socialiste
de culture négro-africaine

Auteur : Kamambakine

Aube transparente étale, éclat de rire
Sanglots poignants des sabaars
Douceur oubliée des joies de décembre
Je te découvre, Ataba de Thionk-Essil
Sourire nénuphar
Des rizières de Camanar !

Evocation des années d’enfance
Sur le sentier des randonnées fugitives
Ode éphémère propice à l’oreille promise
Aux confidences des corps, des coras
Au halètement syncopé
Des balafons, tam-tams, ébombolongs
Je te découvre à la croisée
Des fêtes nubiles des amours premières
Feu follet dernier d’avant la lune
Dans la tourmente des temps qui meurent
Du gouffre qui s’élargit, s’étale
Abîme nocturne des étreintes brisées
Je te découvre, liane parmi
Les rôniers – palmiers – palétuviers !

Je te découvre. Ataba d’Essil
A mi-chemin de Battine-Daaga, Camanar-Naganane
Cristal noir parmi les perles de Thionk
Vêtue de pourpre au cœur des forêts
A l’écoute du vent berceur des moissons
Annonciateur prochain des circoncisions !

Accouchement douloureux des temps jadis
Re-naissance jumelle du Fuyu Bakol – Etinang
Je te nomme Nénuphar de Camanar
Je t’appelle te proclame par le langage
Des balafons tam-tams, ébombolongs !

Ataba ata Camanar Ataba de Camanar
Yoonoor nen mumelamu Déborde comme l’eau
Bare Jakum utey Mais ne te déverse pas !
Foonoor nen yimbirê Comme un lutteur en triomphe,émerveille la foule
Bare jakum ulo ! Mais ne cède pas à la chute !
Yuo nen buuyab Comme le ruisseau,coule
Bare jakum ujum ! Mais ne stagne pas !
KäKimäK dan ukime mi Le chant que tu as entonné
Käkim kata esun olaal Est le chant de notre demeure d’en-çà
Esun yata mof olaal La demeure sous notre terre
Mof mata sindö olaal La terre de chez nous
Sindo olaal Kaasamaas ! Chez nous en Casamance
Ataba ata Esil Camanar Ataba d’Essil Camanar
Ubaal nen jibatak Saute comme un cabri
Kajaama i, éiiab, kulinte Ton pied d’éléphant martèle
Kukengi kuyumukene Vibrante ta hanche berce
Sisigirësu sigillene ! Les cœurs meurtris !
Ataba Esil Camanar Ataba d’Essil Camanar
Ubaal foonoor yoonoor Saute comme un cabri
Yuo nen fal sindö olaal Coule comme le fleuve de chez nous
Sindö olaal Kaasamaas ! Chez nous en Casamance !
Ataba ni saafi ! Ataba, je te salue !