Philosophie, sociologie, anthropologie

LA SYMBOLIQUE DE L’EAU CHEZ GASTON BACHELARD

Éthiopiques n°98.

Littérature, philosophie, sociologie, anthropologie et art.

Nouvelles technologies et articles divers.

1er semestre 2017

 

Paul MIAMBOULA [1]

 

Dans les traditions les plus anciennes, l’eau fait partie des principaux constituants de l’univers. À côté de l’air, du feu et de la terre, elle symbolise la connaissance et la sagesse éternelle. Du latin aqua, l’eau est un composé chimique ubiquitaire sur la terre, essentiel pour tous les organismes vivants. Le corps humain est ainsi composé à 65% d’eau chez l’adulte, 75% chez les nourrissons et 94% chez les embryons de 3 jours. Près de 70% de la surface de la terre sont recouvertes d’eau salée, et 3%, d’eau douce, dans les différents réservoirs, essentiellement sous forme d’océans mais elle est aussi présente sous forme gazeuse ou solide. En tant que composé essentiel à la vie, l’eau joue un rôle important dans la vie des êtres humains, des animaux et des végétaux. Source de vie et objet de culte, depuis les origines de l’homme, l’eau est aussi un élément majeur de l’environnement. Source de vie, de purification et de régénérescence du corps et de l’esprit, l’eau, jusque dans les traditions les plus anciennes, ondule sur ces trois vagues de symboles. De l’eau germinale et fécondante à l’eau baptismale ou lustrale, en passant par l’eau miraculeuse, thérapeutique et régénérante, elle porte en elle la mémoire du monde et le secret des divinités. Aussi est-elle source de fertilité, de pureté, de sagesse, de grâce et de vertu. Multiple et singulière, diverse et unique, informe et protéiforme, l’eau mythique déchaîne l’imaginaire au cœur des croyances humaines et des peurs séculaires.

 

Je suis né dans un pays de ruisseaux et de rivières, dans un coin de la Champagne vallonnée, dans le Vallage, ainsi nommé à cause du grand nombre de ses vallons. La plus belle des demeures serait pour moi au creux d’un vallon, au bord d’une eau vive, dans l’ombre courte des saules et des osières. Et quand octobre viendrait, avec ses brunes sur la rivière… [2].

 

Dans la symbolique occidentale, l’eau symbolise la purification, le renouveau : par exemple, l’eau bénite du baptême, l’eau courante d’un fleuve. Dans le Nouveau Testament, c’est dans les eaux du fleuve Jourdain que Saint Jean le Baptiste administre le baptême au Christ. C’est aussi l’un des cinq éléments chinois avec la terre, le feu, le bois et le métal, associé au nord et à la couleur noire, et l’un des cinq éléments japonais. L’eau a donc longtemps revêtu plusieurs philosophies dans les croyances et les religions des peuples.

Ainsi, de la mythologie gréco-romaine aux religions actuelles, l’eau est toujours présente sous différents aspects : destructive, purificatrice, source de vie, guérisseuse et protectrice. En Afrique, une longue tradition traverse la philosophie de l’eau, qui représente la paix, le centrage, la sagesse et la réconciliation. En Asie, l’eau est la forme substantielle de la manifestation, l’origine de la vie et l’élément de la régénération corporelle et spirituelle, le symbole de la fertilité et celui de la pureté, de la sagesse, de la grâce et de la vertu. On peut souligner que dans toutes les traditions, l’eau symbolise la vie ; elle joue également un rôle primordial qui s’articule autour de trois thèmes bien définis, mais avec une insistance particulière sur les origines. Si la terre représente le pouvoir fécondant de la nature, c’est l’eau qui permet à ce pouvoir de se manifester. En effet, l’on sait que les graines, par exemple, en ont besoin pour germer, et que les plantes ne peuvent croître sans en recevoir régulièrement, que ce soit par l’intermédiaire de la pluie, de la rosée ou de l’humidité ambiante. En pénétrant dans le sol, elle dissout les minéraux et les transforme en substances suffisamment minuscules pour être absorbées et assimilées par les végétaux. Privée d’eau, la terre devient aride et perd rapidement sa fertilité potentielle. Ces deux principes sont donc complémentaires et interagissent constamment le premier en raison de sa nature pénétrante et dissolvante, le second par sa qualité absorbante et fécondante.

Aussi, l’eau symbolise la fécondité, la gestation, c’est donc l’élément qui permet à la terre de produire. C’est pourquoi elle est un élément nourricier maternel. Comme déjà souligné plus haut, dans toutes les traditions, l’eau est un symbole de purification ; elle est à l’origine du baptême dans le christianisme et chez les peuples bantous d’Afrique elle est un symbole de paix, d’amour et de guérison.

Dans sa cosmologie, le Grec Thalès enseigne que l’eau est le principe de toutes choses, que la terre n’est que l’eau condensée, l’air, de l’eau raréfiée, et qu’en dernière analyse, tout se résout en eau, mais en accordant une vitalité à cette matière unique et universelle. Dans ce sens, la philosophie de la nature de Thalès fait de l’eau le principe explicatif de l’univers, d’où procèdent l’air, le feu et la terre. Voilà pourquoi il a prétendu que la terre reposait sur l’eau, amené probablement à cette opinion parce qu’il avait observé que l’humide est l’aliment de tous les êtres, et que la chaleur elle-même vient de l’humide et en vit ; or, ce dont viennent les choses est leur principe. C’est de là qu’il tira sa doctrine, et aussi de ce que les germes de toutes choses sont de leur nature humide, et que l’eau est le principe des choses humides. Depuis la haute Antiquité, bien avant l’époque de Thalès, les premiers théologiens ont eu la même opinion sur la nature. Gaston Bachelard n’est pas resté au bord de toutes ces traditions. Il s’est installé au cœur même de l’universalité des quatre éléments fondamentaux de la nature et a pris le départ à partir de la science.

Dans La Philosophie du non, Bachelard dépasse et complète le savoir antérieur ; la philosophie de la connaissance scientifique doit englober les contradictions. Il établit le profil épistémologique de l’évolution, du réalisme naïf au surrationalisme en passant par le rationalisme classique, et élargit le domaine de l’intuition à ce qu’il appelle une intuition travail s’exerçant dans un espace non analytique. Sur cette ligne, Bachelard a écrit de subtiles variations sur les eaux claires, les eaux printanières, les eaux courantes, les eaux amoureuses, les eaux profondes, dormantes, mortes, composées, douces, violentes, l’eau maîtresse du langage, etc., qui sont autant de facettes de ce symbole miroitant, qui aide l’homme, à l’instar de la science, à imaginer la vie du passé, du présent et surtout du futur, dans une harmonisation existentielle avec l’eau.

 

L’eau est sacrée ! Et tout ce qui est sacré est marqué d’un grand « talon », n’est ni à acheter, ni à vendre. Ce n’est pas une marchandise à notre disposition. L’eau scintillante qui coule dans les rivières et les fleuves n’est pas seulement de l’eau, mais le sang de nos ancêtres. Si nous vous vendons cette terre, vous devez savoir qu’elle est sacrée et enseigner à vos enfants qu’elle est sacrée et que chaque reflet le plus fugitif dans l’eau claire des lacs parle d’événements et de traditions de la vie de mon peuple. Le murmure de l’eau est la voie de mes ancêtres. Les fleuves sont nos frères ; ils étanchent notre soif. Les fleuves portent nos canoës [3].

 

Bachelard systématise cette démarche, car c’est près de l’eau et de ses fleuves qu’il a mieux compris que la rêverie est un univers en émotion, un souffle adorant qui sort des choses par l’intermédiaire d’un rêveur, car :

 

[…] une goutte d’eau suffit pour créer un monde et pour dissoudre la nuit. Pour rêver la puissance, il n’est besoin que d’une goutte imaginée en profondeur. L’eau ainsi dynamisée est un germe ; elle donne à la vie un essor inépuisable [4].

 

Symbole de pureté, l’eau est ainsi chez Bachelard, une substance non seulement physique, mais aussi et surtout une matière à plusieurs vertus. Partant de l’imagination à la morale, elle est à prendre avec beaucoup de précautions. Il n’est pas surprenant que Bachelard soutienne l’exemple d’Hésiode : « N’urinez jamais à l’embouchure des rivières qui s’écoulent dans la mer, ni à leur source : gardez-vous-en bien ». Premier aliment de tous les êtres, l’eau est chez Bachelard une invitation au voyage, un pont à passer d’une rive à l’autre, un lien entre deux mondes : la raison et l’imagination. On retient plusieurs catégories dont les deux principales sont les eaux profondes et les eaux composées.

 

  1. LES VARIATIONS SUBTILES DES EAUX

1.1. Les eaux profondes

Avec les eaux profondes, Bachelard met l’accent sur l’unité de l’imagination à partir de l’œuvre d’Edgar Poe [5] chez qui l’unité d’imagination est quelquefois masquée par des constructions intellectuelles, par l’amour des déductions logiques et par la prétention à une pensée mathématique. C’est donc à partir de la poésie que l’imagination forme avec l’eau une unité qui fait vivre les êtres conscients. Bachelard n’a pas de peine à prouver que chez Poe, l’eau est une matière privilégiée ; une eau spéciale, une eau lourde, plus profonde, plus morte, plus ensommeillée que toutes les eaux dormantes, que toutes les eaux mortes, que toutes les eaux qu’on trouve dans la nature.

 

L’eau, dans l’imagination d’Edgar Poe, est un superlatif, une sorte de substance, une substance mère. La poésie et la rêverie d’Edgar Poe pourront donc nous servir de types pour caractériser un élément important de cette chimie poétique qui croit pouvoir étudier les images en fixant pour chacune leur poids de rêverie interne, leur matière intime [6].

 

Il y a, selon Bachelard, dans la poésie de Poe, une sorte d’universalité qui regarde avec attention les chants des autres poètes qui retient le fait qu’on retient à ce niveau deux eaux : l’une de la joie et l’autre de la peine. Ces deux eaux n’ont qu’un souvenir. Dans ce souvenir, l’eau lourde peut devenir une eau légère ; jamais une eau sombre ne peut changer sa nature ; c’est toujours l’inverse qui s’observe.

 

En suivant la leçon d’Edgar Poe, on s’aperçoit que la rêverie matérialisante – cette rêverie qui rêve la matière – est un au-delà de la rêverie des formes – plus brièvement, on comprend que la matière est l’inconscient de la forme. C’est l’eau même dans sa masse, ce n’est plus la surface qui nous envoie l’insistant message de ses reflets. Seule une matière peut recevoir la charge des impressions et des sentiments multiples. Elle est un bien sentimental [7].

 

Devant l’eau profonde, l’humain choisit sa vision ; il peut voir à son gré le fond immobile ou le courant, la rive ou l’infini ; ici, l’homme, dans une liberté extraordinaire, a le droit ambigu de voir ou de ne pas voir, de penser une vie en commun ou solitaire, selon ses choix. Le premier état de l’imagination de l’eau dans la poétique de Poe est que le passé de l’âme humaine est une eau profonde. Cet état souligne la liquidité et la transparence liées au rêve des couleurs claires et breneuses. Le destin de l’eau est de s’alentir, de s’alourdir, car toute eau vivante est une eau qui est sur le point de mourir. En poésie dynamique, les choses ne sont pas ce qu’elles sont, elles sont ce qu’elles deviennent. Elles deviennent dans les images ce qu’elles deviennent dans notre rêverie, dans nos interminables songeries. « Contempler l’eau, c’est s’écouler, c’est se dissoudre, c’est mourir » [8]. En soulignant les rapports entre la poésie des reflets et la poésie des eaux profondes, Bachelard insiste sur le fait que les images de l’eau n’ont pas toujours la solidité et la constance des images de la terre, ni la vigueur des images du feu. Les reflets que nous renvoient la surface des eaux éclairées par un soleil de printemps ou saison de pluies ne nous rompent pas vraiment. Aussi, Bachelard parle-t-il des « doux fantômes de l’eau », images faciles et fuyantes qui n’éveillent pas une émotion profonde. On n’est pas ensorcelé par les eaux claires et courantes, on peut l’être par les eaux profondes. Lorsque le poète rêve de l’eau dans sa profondeur et dans sa substance, il faut rechercher quelles sortes d’images on peut rencontrer.

Bachelard se réfère à l’œuvre de Poe qui présente, comme toute œuvre de grand auteur, une unité des moyens d’expression qui lui confère son style original. Mais cette unité est elle-même déterminée par une unité d’imagination. L’unité des images se fonde sur un attachement privilégié à une substance, l’eau, plus exactement une eau spéciale, lourde, profonde, morte, plus dormante et morte que toutes les eaux profondes que l’on trouve dans la nature. L’eau est une « substance mère ». La raison de cette unité inconsciente des images réside dans la fidélité à un souvenir impérissable : la mort de la mère. Les images des femmes aimées emportées elles aussi par la mort raniment l’image de la mère mourante. Et c’est un élément matériel, l’eau qui reçoit dans son intimité, comme une essence. La rêverie de l’eau est rêverie de la mort.

Dès lors, on comprend pourquoi la rêverie commençant dans les reflets d’une eau claire et vivante se poursuit et finit au sein d’une eau qui s’assombrit, s’alourdit et meurt. Le destin des images de l’eau est celui de la rêverie de la mort. « L’eau est ainsi une invitation à mourir ; elle est une invitation à une mort spéciale qui nous permet de rejoindre un des refuges matériels élémentaires » [9]. Dans un deuxième temps, l’eau absorbe les ombres qui reviennent mourir et s’envelir en elle. Ces ombres, ce sont tous les chagrins qui, à chaque instant, acheminent les êtres humains vers la mort. L’eau absorbe tout ce qui meurt en nous chaque fois que nous quittent des êtres aimés. Elle est une invitation à une mort spéciale qui nous permet de rejoindre un des refuges matériels élémentaires. L’eau caractéristique de la métapoétique d’Edgar Poe est lourde et lente, chargée d’ombres, de regrets et de souvenirs. Dans l’imaginaire de Poe, l’eau impose son devenir à tout le paysage, à tout l’univers. Les paysages d’Edgar Poe sont lugubres, inhabitables. La beauté est toujours triste car elle se paie par la mort. C’est vrai pour la femme, la vallée et le paysage. Les eaux qui vont mourir sont teintées d’un vert sombre, couleur des ténèbres, couleur fondamentale de la métapoétique d’Edgar Poe. La nature et le visage du cadavre d’une femme montrent que dans ses paysages sinistres, le rêveur rencontre son passé. Les lacs sont nourris de larmes cosmiques, imaginaires, qui donnent au monde le sens du chagrin humain.

En réfléchissant le visage du rêveur, l’eau donne vie et beauté à toutes les ombres de ceux que nous avons aimés et qui dorment en elle. Il est un signe de mort qui donne aux eaux de la poésie de Poe leur caractère étrange, fascinant, inoubliable, c’est le silence.

 

Eau silencieuse, eau sombre, eau dormante, eau inviolable, autant des leçons matérielles pour une médiation de la mort. Mais ce n’est pas la leçon d’une mort héraclitienne, d’une mort qui nous emporte au loin avec le courant, comme un courant. C’est la leçon d’une mort immobile, d’une mort en profondeur, d’une mort qui demeure avec nous, en nous. Il ne faudra qu’un vent du soir pour que l’eau qui s’était tue nous parle encore… Il ne faudra qu’un rayon de lune, bien doux, bien pâle, pour que le fantôme marche à nouveau sur les flots [10].

 

Le complexe de Caron [11] et le complexe d’Ophélie [12] fondent l’attachement du poète aux images d’une eau profonde, dormante, morte. Ces deux complexes se distinguent du complexe originel, du complexe naturel, du complexe de culture et, du même coup, des images issues d’une pure érudition, souvent pédantes, mièvres ou naïves, et des images profondément, inconsciemment enracinées dans le complexe originel.

L’image de l’eau associée aux funérailles porte des valeurs inconscientes qui permettent de mieux comprendre la signification du fleuve des Enfers et des légendes concernant sa funèbre traversée. Quel que soit le genre de funérailles, toutes les âmes doivent emprunter la barque de Caron. Il s’agit là d’un complexe de culture qui unit des traditions acquises et des contenus inconscients plus profonds. En témoignent toutes les légendes où apparaissent des images de Caron indépendantes des images classiques. Ainsi, la légende du bateau des morts, susceptible de mille variations, mais qui possède la plus solide des unités, l’unité onirique. Plus largement, l’image de Caron est présente dans toutes les légendes où il est question d’un passeur. Ne traversant qu’une simple rivière, il porte le symbole d’un au-delà.

Tout ce que la mort a de lourd, de lent, est aussi marqué par la figure de Caron. Les barques chargées d’âmes sont toujours sur le point de sombrer. Si la charge est si lourde, c’est que les âmes sont fautives. La barque de Caron est un symbole attaché au malheur des hommes. Dans les images fondées sur le symbole de Caron, l’eau, dans la mort, est un élément accepté. Il existe des images où elle apparait comme un élément désiré. L’eau, patrie de nymphes vivantes est aussi celle des nymphes mortes. Nombre d’images ont ainsi leur source dans le complexe d’Ophélie. Ophélie meurt dans la rivière, doucement, sans éclat. Accident ou suicide ? Les deux à la fois, semble t-il. Qui joue avec l’eau se noie… Ophélie est le symbole du suicide féminin. Elle est une créature née pour mourir dans l’eau où elle retrouve, selon le mot de Shakespeare, « son propre élément ». L’eau est l’élément de la mort jeune et belle. L’image d’Ophélie est dépourvue de réalisme. Elle appartient à l’univers onirique. Chez nombre de poètes, l’eau rêvée s’ « ophélise », se peuple d’êtres dormants qui meurent doucement.

 

Il y a enfin un signe de mort qui donne aux eaux de la poésie d’Edgar Poe un caractère étrange, inoubliable. C’est leur silence, comme nous croyons que l’imagination, dans sa forme créatrice, impose un devenir à tout ce qu’elle crée » [13]. « La gaieté des eaux chez Poe est si éphémère ! Edgar Poe a-t-il jamais ri ? Après quelques ruisseaux joyeux, tout près de leur source, les rivières bientôt se taisent [14].

 

Finalement, avec Poe, l’eau fermée prend la mort en son sein. Elle rend pourtant la mort élémentaire, car l’eau meurt avec la mort dans sa substance. Elle est toujours un néant substantiel. On ne peut aller plus loin dans le désespoir, même si, pour certaines âmes, l’eau est la matière du désespoir surtout dans la logique d’Edgar Poe.

Par ailleurs, on peut souligner que Bachelard, qui a longtemps accompagné Poe, le quitte surtout dans sa démarche sur les eaux composées. Avant d’y arriver, il reprend :

 

[…] si, à l’eau, sont fortement attachées toutes les rêveries interminables du destin funeste, de la mort, du suicide, on ne devra pas s’étonner que l’eau soit pour tant d’âmes l’élément mélancolique par excellence. Pour mieux dire, en employant une expression de Huysmans, l’eau est l’élément mélancolisant. L’eau mélancolisante commande des œuvres entières comme celles de Rodenbach, de Poe. La mélancolie d’Edgar Poe ne provient pas d’un bonheur envolé, d’une passion ardente que la vie a brûlée. C’est directement du meilleur dissous [15].

 

1.2. Les eaux composées

Par le mariage avec les autres éléments fondamentaux de l’univers, les eaux composées sont loin d’être dans la logique des eaux profondes. « L’imagination matérielle, l’imagination des quatre éléments, même si elle favorise un élément, aime à jouer avec les images de leurs combinaisons » [16]. Ces combinaisons imaginaires ne réunissent que deux éléments, jamais plus. Pour Bachelard, ce caractère dualiste du mélange se justifie ; car, « dans le règne de l’imagination matérielle, toute union est mariage et il n’y a pas de mariage à trois » [17].

Pour cette imagination matérielle, l’eau est l’unique élément liquide, tous les liquides sont donc des eaux. Le premier mariage auquel Bachelard nous invite est celui de l’eau et le feu. Si l’imagination aime à les unir, cela repose sur une rêverie plus profonde, plus essentielle qui est précisément le mariage des contraires : l’eau éteint le feu, l’un appelle l’autre sexuellement, l’un désire l’autre ; en face de la virilité du feu, la féminité de l’eau. Nombre de mythes et de légendes, d’histoires et de réalités évoquent la puissance créatrice de cette union à l’origine de l’existence de toute chose. L’imagination veut garder la variété de l’univers. La notion de combinaison sert à cette fin. Cependant, l’imagination matérielle a besoin de l’idée de compositions et la matérielle a besoin de l’idée de combinaison. Bachelard insiste sur le fait que l’eau est l’élément le plus favorable pour illustrer les thèmes de combinaison des puissances.

 

Elle assimile tant de substance ! Elle tire à elle tant d’essences ! Elle reçoit avec égale facilité les matières contraintes, le sucre et le sel. Elle s’imprègne de toutes les saveurs, de toutes les odeurs. On comprend donc que le phénomène de la dissolution de solides dans l’eau, soit un des principaux phénomènes de cette chimie naïve qui reste la chimie du sens commun et qui, avec peu de rêve, est la chimie des poètes. Aussi, le spectateur qui aime contempler la combinaison des diverses matières est-il toujours émerveillé quand il rencontre des liquides qui ne se mélangent pas. C’est que, pour la rêverie matérialisante, tous les liquides sont des eaux, tout ce qui coule est de l’eau, l’eau est l’unique élément liquide [18].

 

Malouin dit encore au XVIIIe siècle : « L’eau est le liquide le plus parfait, c’est d’elle que les autres liqueurs tiennent leur fluidité » [19].

Dans la Formation de l’esprit scientifique : contribution à une psychanalyse de la connaissance objective, (1938), Bachelard a essayé de séparer les conditions de la rêverie des conditions de la pensée, avant de montrer comment les rêves s’associent aux connaissances. Il veut ainsi montrer le travail de combinaison que l’imagination matérielle réalise entre les quatre éléments fondamentaux :

 

Un trait est tout de suite frappant. Ces combinaisons imaginaires ne réussissent que deux éléments, jamais trois. L’imagination matérielle unit l’eau à la terre ; elle unit l’eau à son contraire le feu ; elle unit la terre et le feu. Elle voit parfois la vapeur et les brumes, l’union de l’air et de l’eau. Mais jamais, dans aucune image naturelle, on ne voit se réaliser la triple union matérielle de l’eau, de la terre et du feu. A fortiori, aucune image ne peut recevoir les quatre éléments [20].

 

Aussi, les véritables images soutenues par la rêverie sont unitaires ou binaires ; quand elles sont liées ou désirent une combinaison, c’est un mariage de deux éléments. Ce mariage des éléments favorise profondément l’intervention de l’eau dans ses unions avec le feu d’une part et d’autre part avec la terre. Dans ce sens, l’eau apparaît comme l’unique élément liquide qui fait que tous les liquides soient des eaux. « Il faut noter ici que l’imagination aime surtout unir le feu et l’eau. Cette union repose particulièrement sur une rêverie plus profonde qui est assise sur le mariage des contraires : l’eau éteint le feu, l’un appelle l’autre sexuellement, l’un désire l’autre ; en face de la virilité du feu, la féminité de l’eau. On sait que nombre de mythes et de légendes évoquent la puissance créatrice de cette union à l’origine de l’existence de toute chose. Pour Balzac, « l’eau est un corps brûlé ». Pour Novalis, elle est « une flamme mouillée » [21]. L’autre union de l’eau se fait avec la terre. Cette union donne la pâte ; expression concentrée d’une expérience première de la matière. Les images qui unissent l’eau à la terre se fondent plus sur une expérience tactile que sur une observation visuelle. « La main aussi a ses rêves, elle a des hypothèses. Elle aide à connaître la matière dans son intimité. Elle aide à donc rêver » [22]. La rêverie qui naît du travail des pâtes exprime d’abord la joie de pénétrer à l’intérieur de la substance, de vaincre la terre, de participer à la force dissolvante de l’eau. Puis, le pétrissage est participation à une action liante, à l’union progressive de l’eau et de la terre qui s’effectue dans le travail d’une main dynamique, organe d’énergie plus sur un organe de formes, une main qui symbolise l’imagination de la force. Un caractère important est présent dans le rêve de Novalis et souvent associé à la féminité et à la maternité de l’eau : l’eau comme élément berçant. Parmi les quatre éléments, l’eau seule peut être un élément berçant. La barque peut susciter le même type de rêveries. La barque romantique, remarque Bachelard, est un « berceau reconquis ». « L’eau nous porte. L’eau nous berce. L’eau nous endort. L’eau nous rend notre mère » [23]. Michelet parle d’un « océan de rêves sur le mâle océan des eaux ». Le rêve sur les flots est aussi une composante importante de la poésie de Lamartine. « Il me semblait nager moi-même dans le pur éther et m’abîmer dans l’universel océan » [24]. L’eau nous invite au voyage imaginaire, à un voyage dans l’infini. « C’est de l’eau, c’est sur l’eau qu’on apprend à voguer sur les nuages, à nager dans le ciel » [25]. La logique bachelardienne renvoie finalement à la cristallisation de l’eau comme substance fondamentale qui structure les autres éléments.

Cependant, le feu et la terre mêlés à l’eau forment les eaux composées :

 

L’eau est de tous les éléments celui qui possède les plus grandes qualités plastiques et absorbantes. Elle n’a pas de forme par elle-même, mais elle prend celle des récipients dans lesquels elle est placée ; elle n’a pas de couleur, mais devient rouge, verte, jaune… suivant les lieux qu’elle traverse. Elle absorbe donc tout, le bon comme le mauvais. Et parce qu’elle est en perpétuelle circulation dans la nature, elle transporte tous les éléments qu’elle a absorbés sur son passage. C’est pourquoi, il faut étudier son itinéraire et ses transformations d’après les conditions qu’elle traverse [26].

 

Il apparaît à l’issue de toutes les combinaisons que nous avons énumérées, que l’imagination prend ses sources profondes dans les eaux composées.

 

  1. LES FONCTIONS DE L’EAU

Dans les croyances les plus anciennes et jusqu’à l’époque moderne, l’eau a toujours revêtu plusieurs fonctions parmi lesquelles : la destruction, la purification, la guérison, la protection, la régénérescence et la source de vie. Dans le Timée, ou sur la nature, qui appartient à la dernière période de l’œuvre de Platon, ce dernier parle de l’Atlantide qui avait été engloutie sous les flots. C’est l’altération de leurs mœurs qui précipite les Atlantes dans les ténèbres de l’ignorance. Cette déchéance morale fut le prélude à une déviation purement matérialiste et a eu pour conséquence logique le déclin de cette civilisation. C’est pourquoi, l’eau revêt l’aspect destructeur, surtout lorsqu’on parle de la fin du monde. L’eau peut ravager et engloutir, elle peut être source de mort et de destruction.

Ainsi, Bachelard souligne que l’eau violente est un des premiers schèmes de la colère universelle. « Aussi, pas d’épopée sans une scène de tempête » [27]. En dehors de ces caractéristiques de l’eau violente qui impliquent la destruction, Bachelard la relie surtout à la dynamique des éléments matériels en insistant sur la pureté et la purification. L’eau nous invite à un voyage imaginaire, à un voyage dans l’infini.

L’imagination matérielle trouve dans l’eau un symbole pour la pureté. Il s’agit, indique Bachelard, d’un symbole naturel relativement indépendant des valeurs culturelles. Examiner comment s’effectue cette valorisation d’une matière élémentaire, telle est la tâche d’une psychologie de l’imagination de l’eau. La pureté de l’eau rêvée par l’imagination ne se réfère pas à la connaissance rationnelle. C’est une valorisation étrangère à l’hygiène et à la chimie, qui repose sur une expérience visuelle et sensuelle. Boire une eau pure et fraîche lorsque l’on a soif est un plaisir. La laideur de la rivière souillée par les hommes soulève notre indignation. Les métaphores diverses désignant une eau impure, amère, mauvaise, s’unifient dans une répugnance indépendante des défauts objectifs que révèleraient une analyse scientifique.

De même que la pureté, la purification ne relève en rien d’un souci d’hygiène et de propreté. Les rituels de purification ne tiennent aucun compte des qualités objectives de l’eau. À l’eau, est demandée une pureté active et substantielle de sorte que, par la purification, on participe à une force rénovatrice. Une simple aspersion peut suffire pour laver moralement l’âme impure. C’est là, chez Bachelard, une loi de l’imagination matérielle : la substance valorisée peut agir en quantité infime. Si une goutte d’eau impure suffit à souiller un univers, tout dépend de l’action rêvée par l’imagination. Elle peut rêver le bien ou le mal.

 

En méditant cette action du pur et de l’impur, on saisira une transformation de l’imagination matérielle en l’imagination dynamique. L’eau pure et l’eau impure ne sont plus seulement pensées comme forces [28].

 

La matière rêvée devient une volonté. Au rêve de purification est lié le rêve de rénovation que suggère une eau fraîche. Bachelard propose une analyse psychologique, sinon une psychanalyse, de la métaphore de la fontaine de Jouvence [29]. Cette métaphore repose toujours sur un ensemble complexe d’impressions sensibles. L’impression que l’eau fraîche réveille peut être éprouvée par chaque homme. Parce qu’elle réveille, elle rajeunit le regard que nous portons sur les choses et sur nous-mêmes.

En réalité, la fraîcheur attribuée au monde est celle que notre regard projette sur les choses. « La fraîcheur d’un paysage est une manière de le regarder » [30]. Au complexe de la Fontaine de Jouvence est associée l’espérance de la guérison. Outre l’aspect de purification, l’eau a une fonction de guérison et de protection. La guérison par l’eau peut être considérée au double point de vue de l’imagination matérielle et de l’imagination dynamique. On attribue donc à l’eau des vertus thérapeutiques.

L’homme projette sur l’eau son désir de guérir et rêve d’une substance dotée de ce pouvoir. Du point de vue de l’imagination dynamique, l’eau guérit parce que l’impression de fraîcheur qu’elle fournit réveille l’énergie. L’eau guérit l’âme malade comme elle guérit le corps. Les rites liturgiques de la bénédiction purifient l’âme en purifiant l’eau. Il s’agit d’une purification consubstantielle où le mal présent dans la nature de l’homme et dans la nature des choses est extirpé. « Tout ce que le cœur désire peut toujours se réduire à la figure de l’eau » [31].

Enfin, l’eau symbolise la vie ; elle est source de vie. Des quatre éléments de l’univers, il n’y a que l’eau qui puisse, selon Bachelard, bercer. « C’est l’élément berçant. C’est un trait de plus de caractère féminin : elle berce comme une mère » [32]. Pour insister sur le caractère vivifiant de l’eau, Bachelard souligne :

 

[…] c’est près de l’eau et de ses fleurs que j’ai le mieux compris que la rêverie est un univers en émanation, un souffle odorant qui sont des choses par l’intermédiaire d’un rêveur. Si je viens étudier la vie des images de l’eau, il me faut donc rendre leur rôle dominant à la rivière et aux sources de mon pays. Je suis né dans un pays de ruisseaux et des rivières, dans un coin de la Champagne vallonnée, dans le Vallage, ainsi nommé à cause du grand nombre de ses vallons. La plus belle des demeures serait pour moi au creux d’un vallon, au bord d’une eau vive, dans l’ombre courte des saules et des osières. Et quand octobre viendrait avec ses brumes sur la rivière…

 

Mon plaisir est encore d’accompagner le ruisseau, de marcher le long des berges, dans le bon sens, dans le sens de l’eau qui coule, de l’eau qui mène la vie ailleurs, au village voisin » [33]. Ainsi, bien que les sciences aient démontré que l’eau était indispensable à la vie, la mythologie avait bien avant établi le rapport entre l’eau et la naissance. Ainsi, plusieurs dieux et déesses romains et grecs sont issus des eaux.

 

CONCLUSION

À l’écoute de l’eau et de ses mystères, Gaston Bachelard remonte vers les archétypes symboliques et caractérise cette dernière comme l’élément universel de la vie des hommes. Elle n’est pas seulement nécessaire à la vie, elle est la vie. À côté de la terre, de l’air et du feu, l’eau est la première substance qui symbolise à la fois la violence et, surtout, la purification, la guérison et la régénérescence. Bachelard, dans son « plaidoyer », donne à l’eau une place privilégiée parmi les matières élémentaires puisque, selon lui, elle constitue l’essence même du langage.

 

L’eau est la maîtresse du langage fluide, du langage sans heurt, du langage continu, continué du langage qui assouplit le rythme, qui donne une matière uniforme à des rythmes différents. Nous n’hésiterons donc pas à donner son plein sens à l’expression qui dit la qualité d’une poésie fluide et animée, d’une poésie qui coule de source [34].

 

Bachelard et Thalès font de l’eau le principe explicatif de l’univers d’où procèdent l’air, le feu et la terre. En prenant l’eau pour principe, les deux philosophes pensent qu’aucune civilisation ne peut vivre sans eau. La raison de ce comportement provient sans doute de l’importance de l’eau dans la croissance et la nutrition des choses vivantes, de son rôle central dans le quotidien de tous les êtres vivants. L’originalité de Bachelard et de Thalès est d’avoir transcendé les explications mythologiques et fait de l’eau un principe physique et métaphysique, car l’unité de l’eau est aussi l’unité du monde. Elle est, en fait, un bien à la fois vital, économique, social et existentiel de l’humanité. Son universalité tient à sa place dans toutes les cultures et les traditions de toutes les nations. Aussi, sa protection, sa valorisation et son développement, dans le respect des équilibres des écosystèmes, sont à capitaliser, et pousser à mutualiser les efforts de tous les hommes pour la survie de tous les êtres. Bachelard a écrit de subtiles variations sur les eaux claires, les eaux printanières, les eaux courantes, les eaux amoureuses, les eaux profondes, dormantes, mortes, composées, douces, violentes, l’eau maîtresse du langage, etc., qui sont autant de facettes de ce symbole miroitant. Les symboles fondamentaux persistent dans le cœur et l’imaginaire humains, dans la mentalité collective. Il est donc clair que le message de Bachelard est un appel à la revalorisation de l’eau comme patrimoine commun de tous les pays, de toute l’humanité, car elle tient une place importante pour l’équilibre de l’humanité. Elle, seule, demeure une urgence tant pour le corps que pour notre environnement et notre planète. À travers la psychanalyse des images, comme dans l’intelligibilité de la science, Bachelard cherche à pénétrer la richesse inépuisable de l’eau dont la profondeur est vécue avant d’être pensée. L’eau est la force même du psychisme. Elle nous apprend à rêver le futur, la nature, le monde. La rêverie de somnolence suppose une discipline. Elle est développement et prise de conscience Bachelard, au bord de l’eau, des rivières et ruisseaux, défend la force du langage qui crée de l’être. L’eau est créatrice de la réalité, et nous ouvre une vie nouvelle empreinte de plusieurs vertus.

 

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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BACHELARD, G. (1943), L’Air et les Songes, Essai sur l’imagination du mouvement, Librairie José Corti, 350p.

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LE MARCHAND, V. (2004), L’eau, source de vie, source de conflits, Éd. Milan 64p.

MASAROU, Emoto (2007), L’eau, mémoire de nos émotions, Éd. Guy Tredaniel, 105p.

OMRAAM, M.A. (1990), Les révélations du Feu et de l’Eau, Éd. Prosveta, 169p.

VASEY, Ch. (2002), L’eau : source vitale de notre santé, Éd. Jouvence, 160p.

 

 

[1] École Normale Supérieure, Université Marien Ngouabi, Congo

 

[2] BACHELARD, G., L’eau et les rêves, Paris, Librairie José Corti, 1942, p. 15.

 

[3] EMOTO, Masaru et FLIEGE, Jirger, Le Pouvoir guérisseur de l’eau, Paris, Guy Trédaniel, 2011, p. 120.

 

[4] BACHELARD, Gaston, L’eau et les rêves, Paris, Librairie José Corti, 1942, p. 17.

 

[5] Écrivain américain (1809-1849), génie tourmenté d’une imagination étrange, il publia des poèmes, des contes et des nouvelles que Bachelard a traduits.

 

[6] BACHELARD, Gaston, L’eau et les rêves, Paris, Librairie José Corti, 1942, p. 58.

 

[7] Id., ibid., p. 63.

 

[8] Id., ibid., p. 59.

 

[9] BACHELARD, Gaston, L’eau et les rêves, Paris, Librairie José Corti, 1942, p. 68.

 

[10] BACHELARD, Gaston, L’eau et les rêves, op. cit., p. 83-84.

 

[11] On écrit également : Charon ou Kharôn. Dans la mythologie grecque, rocher qui fait passer aux âmes des morts les fleuves des Enfers.

 

[12] Personnage de Manlet, Orphélie se noie en voulant orner de fleurs un saule qui se penche au bord d’un ruisseau.

 

[13] Gaston Bachelard, L’eau et les rêves, Paris, Librairie José Corti, 1942, p. 81.

 

[14] Idem, p. 68.

 

[15] BACHELARD, Gaston, L’eau et les rêves, op. cit., p. 106.

 

[16] Id., ibid., p. 109.

 

[17] Id., ibdi., p. 112.

 

[18] Idem, p. 109-110.

 

[19] Malouin, Chimie médicale, 1755, T1, p. 63.

 

[20] Gaston Bachelard, L’eau et les rêves, op., cit., p. 111.

 

[21] Cité dans L’eau et les rêves, p. 132.

 

[22] Id., ibid., p. 145.

 

[23] BACHELARD, Gaston, L’eau et les rêves, op. cit., p. 178.

 

[24] Id., ibid., p. 179.

 

[25] Id., ibid., p. 178.

 

[26] OMRAAM, M., A., Les révélations du feu et de l’eau, Paris, Ed. Prosveta, France, 1990, p. 135.

 

[27] BACHELARD, Gaston, L’eau et les rêves, op., cit., p. 20.

 

[28] BACHELARD, Gaston, L’eau et les rêves, op. cit., p. 164.

 

[29] C’est un symbole d‟immortalité ou de perpétuel rajeunissement. La Fontaine de Jouvence est l‟un des mythes anciens attribuant une importance régénératrice à l‟eau.

 

[30] G. Bachelard, L’eau et les rêves, op. cit., p. 160- 161.

 

[31] CLAUDEL, Paul, Positions et Propositions, T 1, p. 235, cité par Bachelard, L’eau et les rêves, p. 170.

 

[32] BACHELARD, Gaston, L’eau et les rêves, op. cit., p. 150.

 

[33] Id., ibid., p. 15.

 

[34] BACHELARD, Gaston, L’eau et les rêves, op. cit., p. 209.