Philosophie, sociologie, anthropologie

LA QUANTIFICATION EN KABIYÈ : UNE APPROCHE LINGUISTIQUE

Éthiopiques n°97.

Littérature, philosophie, sociologie, anthropologie et art.

2nd semestre 2016

LA QUANTIFICATION EN KABIYÈ : UNE APPROCHE LINGUISTIQUE

Cette étude vise à décrire les moyens d’expression de la quantité en kabiyè, langue du Gurunsi oriental appartenant à la branche voltaïque de la famille Niger-Congo. Point n’est besoin de préciser que le terme quantité /quantification préoccupe particulièrement la logique depuis Aristote jusqu’aux développements les plus récents de la théorie des quantifieurs généralisés (Barwise et Cooper, 1981). Mais la quantification est aussi une notion très ancrée dans les recherches linguistiques, notamment dans la description des mécanismes de sa mise en usage dans les langues. C’est dans cette dernière perspective (linguistique) que nous nous proposons d’identifier et de décrire les unités linguistiques du kabiyè dont l’occurrence dans le discours dénote la quantité en tant que propriété de ce qui est susceptible d’être mesuré.

Pour peu que l’on considère les apports récents des théories sémantiques de la quantification d’inspiration logique pour l’analyse et la typologie des quantifieurs, l’on se rend compte que la quantification n’est pas réservée aux seuls termes qui constituent dans la langue la réponse à une question commençant, comme en français, par combien. Elle peut également s’appliquer aux « quantifieurs prédicatifs » qui constituent une sous-classe des « quantifieurs intentionnels » que la sémantique considère comme des phénomènes hors de sa portée immédiate alors qu’ils sont très typiques des langues naturelles. Ceci nous amène à envisager la description du phénomène de la quantification, non seulement dans le syntagme nominal, mais aussi dans le syntagme verbal.

Nous adoptons une démarche descriptive basée sur l’analyse des données orales recueillies à Kara, auprès de locuteurs natifs du kabiyè. Cette approche synchronique présente l’avantage de focaliser l’étude sur les faits de quantification dans la langue tels qu’ils sont mis en œuvre dans le discours au moment même où la présente étude est menée.

L’étude est structurée en trois axes. Elle part de la notion de classes nominales qui, a priori, exprime la fonction de nombre (singulier vs pluriel) et qui n’incommode pas pour autant l’actualisation des quantifieurs d’un autre ordre dans le syntagme nominal. Il s’agit de porter un regard analytique sur ce double marquage de la quantité en kabiyè. Il s’ensuit une exploration du sens général du nombre dans les marqueurs de classes des substantifs. Pour finir, nous proposons une description des déterminants quantificatifs dans le syntagme nominal : nous proposons une taxinomie des quantifieurs et un examen détaillé de leur fonctionnement dans le syntagme nominal (SN) et dans le syntagme prédicatif (SP).

  1. QUANTIFICATION ET CLASSES NOMINALES : PHÉNOMÈNES ANTINOMIQUES EN KABIYÈ ?

Les classes nominales du kabiyè décrites par Delord (1976) et redéfinies par Lébikaza (1985, 1999) ont été sans cesse rappelées dans les travaux de recherche sur le Kabiyè [2]. Leur évocation dans le présent travail procède de leur fonction de nombre qui oppose, du moins dans les quatre (4) genres binomiques, la classe du singulier à celle du pluriel comme le montre le tableau suivant.

 

Tableau 1 : Oppositions du nombre (singulier vs pluriel) dans les classes binomiques des substantifs kabiyè

Genres Classes Exemples Gloses Genre 1 sg : -ʊ tɔ́ːyʊ́ « mangeur » pl : -aː tɔ́ːyaː « mangeurs » Genre 2 sg : -ku, -kʊ -u, -ʊ Lokú « roseau » pl : -ŋ Lokíŋ « roseaux » Genre 3 sg : -yɛ, -ɖɛ, -ɛ makɪyɛ « épervier » pl : -a Maka « éperviers » Genre 4 sg : -wa, -ka,

– aɣ, -ɣa suːwá « pintadeau » pl : -si sǔːsi « pintadeaux »

Dans les genres monoclasses (constitués d’une seule classe -ʊ (genre 5) ; -m (genre 6)), l’opposition du nombre ne se manifeste n’existe pas. Cela est dû aux propriétés sémantiques de leurs substantifs que Lébikaza (1999 : 365-366) définit comme suit :

Les substantifs du genre 5 […] désignent : a) une masse, ex. : mʊ́tʊ « pâte », cʊ́ndʊ « tourteau », tɛ́tʊ « terre », nándʊ « viande » ; b) un collectif, ex. sɛ́tʊ « filandre », ɲɔ́nɲɔ́tʊ « petits insectes nocturnes, lɪ́nlɪ́tʊ « son de céréales » ; c) un état ou une qualité, ex. : sɔ̌ːndʊ, « peur, crainte », fěːndu « paresse », etc. […] Ce genre [le genre 6] [3] renferme une classe unique de substantifs qui désignent des objets pour lesquels il n’est pas possible d’avoir une opposition unité vs pluralité/collectif, donc des objets non-dénombrables, des masses, des liquides, des objets farineux. Ex. lɪ́m « eau », núm « huile », yóm « bouillon », ɖɔ́m « sel » […] Il faut y ajouter des concepts abstraits non-dénombrables comme toːvením « vérité », ɲɪ́m « propriété, fortune », sasaɣ́m « curiosité », sɔːlɪ́m « amour », cɛtɪ́m « mensonge », etc

Il en résulte que, par principe, le substantif est porteur d’une expression de nombre, même à l’état isolé : singulier ou pluriel quand il relève d’un genre binomique, et uniquement singulier s’il appartient à l’unique classe du genre 5 ou du genre 6. Malgré cette propriété qui est sans doute une manifestation de l’expression de la quantité, le substantif peut être encore déterminé dans le syntagme nominal par des unités linguistiques dont la fonction définitoire est d’évaluer des quantités.

Les déterminants quantificatifs sont variés en termes de catégories grammaticales : numéraux, pronoms (déictiques, indéfinis), adverbes ; mais, quels qu’ils soient, leur distribution est à droite du substantif déterminé. Quelques exemples :

(1a) ɛya-wʊ́ kʊ́ɖʊm-ʊ̂ː bélier-sgG2 un-sgG2 « un bélier »

(1b) ɛyá-ŋ kʊ́ɖʊmɪ́-ŋ bélier-plG1 un-plG1 « les mêmes béliers » (2a) há-sɪ sakɪ́yɛ chien-plG4 beaucoup « beaucoup de chien »

(2b) há-sɪ caŋɖawʊ́ nɛ títíɖé chien-plG4 horde et partie « un nombre inestimable de chien/une horde de chiens »

(3a) mʊ́lʊ́-m ɲɪ́ː farine-G6 peu « peu de farine » (3b) mʊlʊ́-m sakɪyɛ́ farine-G6 beaucoup « beaucoup de farine »

(3c) mʊlʊ́-m sʊː farine-G6 beaucoup^Idéoph « très grande quantité de farine »

(3d) mʊlʊ́-m sɔ́sɔ́-m farine-G6 grand-G6 « grande (quantité de) farine » (3c) mʊlʊ́-m cíkpé-m farine-G6 petit-G6 « petite (quantité de) farine » (4a) sɛ́-tʊ sakɪyɛ kʊ́-ʊ wé salutation-G5 beaucoup tuer-Inacc quoi^Interr « Beaucoup de salutations tuent quoi ?/Mieux vaut plusieurs salutations qu’aucune »

 

(4b) tɛ́-tʊ kpeːkpé sɪb-á terre-G5 tout mourir-Acc « Toute la terre s’est appauvrie »

Notons que de tous les déterminants qui jouent le rôle de quantifieurs par leur expression sémantique, c’est l’adjectif et, dans une moindre mesure, le numéral qui s’accordent syntaxiquement en genre et en classe avec le substantif déterminé. L’accord de l’adjectif avec le substantif est illustré dans les exemples ci-dessus par l’occurrence du marqueur -m du genre monoclasse 6, notamment en (3c) et (3d) dans le syntagme mʊlʊ́-m sɔ́sɔ́-m « grande quantité de farine »/ mʊlʊ́-m cíkpé-m « petite quantité de farine ». C’est que, comme le mentionne Pali (2014 : 31), « En kabiyè, le marqueur du genre se manifeste à la fois dans le nom et dans l’adjectif … ». Quant aux déterminants numéraux, leur accord avec le substantif mérite d’être nuancé car, en principe, comme le fait remarquer Lébikaza (id : 417), seuls les numéraux 1 à 5 prennent la marque d’accord du substantif comme en (1a-1b). En revanche, Roberts (2013 : 130) semble peu convaincu par la systématicité et l’effet tangible de cet accord en synchronie, surtout lorsqu’il indique que

Le numéral un(e) s’accorde en classe avec le substantif qu’il qualifie. […] les chiffres 2 à 5 s’accordent eux aussi, mais les élaborateurs du dictionnaire ont jugé préférable de les laisser invariables, d’une part parce que l’abandon de l’accord est une tendance assez répandue chez les jeunes urbanisés, d’autre part pour éviter de multiples ambiguïtés où, par exemple, si le chiffre 2 s’accorde, on ne saura pas distinguer entre 2 livres et 200 livres. On dirait tákayɪ́sɪ nasɪlɛ dans les deux cas.

Pour notre part, nous n’avons pas eu de données qui dérogent au phénomène d’accord entre le déterminant numéral et le substantif qu’il détermine [4]. Par exemple, pour le substantif kalɪ́máɣ (sgG4)/kalɪ́másɪ (plG4) « poussin » (5a-e), l’accord des numéraux (1-5) est indiqué par les marqueurs de classe –aɣ (sg), -sɪ- (pl).

(5a) kalɪ́m-áɣ kʊ́ɖʊ́m-áɣ poussin-sgG4 un-sgG4 « un poussin »

(5b) kalɪ́má-sɪ kʊ́ɖʊ́m-sɪ poussin-plG4 un-plG4 « les mêmes/seuls poussins »

(5c) kalɪ́má-sɪ na-sɪ-lɛ poussin-plG4 préf-plG4-deux « deux poussins »

(5d) kalɪ́má-sɪ na-sɪ-tozo poussin-plG4 préf-plG4-trois « trois poussins »

(5e) kalɪ́má-sɪ na-sɪ-nʊ́wá poussin-plG4 préf-plG4-cinq « quatre poussins »

(5f) kalɪ́má-sɪ na-sɪ-nʊ́wá poussin-plG4 préf-plG4-cinq « cinq poussins »

Par ailleurs, les autres sous-classes de déterminants du substantif, pour l’essentiel des adverbes (ou des locutions à valeur adverbiale) et des idéophones ne s’actualisent pas dans le SN avec les marqueurs de classes. Cela justifie l’agrammaticalité des SN (6b*), (7b*) et (8b*) ci-dessous en regard des SN (6a), (7a) et (8a) attestés, pour leur part.

(6a) lɪ́-m sakɪyɛ́ eau-G6 beaucoup « beaucoup d’eau »

(6b*) lɪ́-m sakɪyɛ́-m eau-G6 beaucoup-G6 (construction agrammaticale)

(7a) sɔ́ːɟan-ǎː caŋɖawʊ́ nɛ títíɖé soldat-plG1 horde et partie « de nombreux militaires/des militaires en file indienne »

(7b*) sɔ́ːɟan-ǎː caŋɖawʊ́ nɛ títíɖé- ǎː soldat-plG1 horde et partie -plG1 (construction agrammaticale)

(8a) có-tu sʊ́ː moutarde-G5 grande quantité^Idéoph « moutarde en (très) grande quantité » (8b*) có-tu sʊ́ː-tʊ moutarde-G5 grande quantité^Idéoph-G5 (construction agrammaticale).

À ce stade, il y a suffisamment d’éléments pour dire si les affixes de classes nominales sont des quantifieurs intégrés aux substantifs du fait de leur fonction de nombre (singulier/pluriel) et si la coprésence des marqueurs de classe et des quantifieurs (noms, adverbes, numéraux, idéophones, etc.) se présente comme un phénomène asyntaxique en kabiyè. Comment peut-on expliquer ce phénomène sémantique qui s’apparente à une double quantification ?

  1. DU SENS GÉNÉRAL DU NOMBRE DANS LES MARQUEURS DE CLASSES NOMINALES DU KABIYÈ

L’apparition de déterminants d’expression quantitative dans le SN telle qu’illustrée dans la section précédente montre au moins que les propriétés sémantiques de nombre exprimées par les affixes de classe des substantifs n’excluent pas d’autres formes de manifestation explicite ou relative de la quantité, celle-ci pouvant être nombrable ou générale. Quelle signification peut-on donner à la valeur de nombre que l’on trouve dans les affixes des substantifs ?

Le nombre tel qu’exprimé par les dix (10) classes nominales du kabiyè peut être défini par l’opposition sémantico-logique qui existe entre le singulier et le pluriel, selon la théorie méréologique de Link (1983) et Bach (1986). Un élément singulier est un élément atomique, c’est-à-dire constitué par lui-même. La singularité, selon Dubois  al. (2012 : 434), c’est en effet « un trait distinctif de la catégorie sémantique du nombre, indiquant la représentation d’une seule entité isolable ». Un élément pluriel est constitué d’autres éléments, notamment atomiques. Illustrons linguistiquement ce propos.

Soient les SN ɲáwʊ « antilope » et ɲáŋ « antilopes » des énoncés (9a) et (9b) ci-dessous. Le singulier, indiqué dans (9a) par le marqueur de classe –wʊ (sgG3), est sémantiquement révélé par la signification atomique, c’est-à-dire individuelle qu’il induit dans le nom ɲá-wʊ « antilope ». De la même manière, en (9b), le marqueur de classe –ŋ (plG3) représente un pluriel qui se traduit par la référence à un ensemble constitué de plusieurs individus, donc un ensemble non atomique comme indiqué dans le nom ɲá-ŋ « antilopes ».

(9a) ma-ná ɲá-wʊ 1sg-voir^Acc antilope-sgG3 « J’ai vu une [5] antilope. »

(9b) ma-ná ɲá-ŋ 1sg-voir^Acc antilope-plG3 « J’ai vu des [6] antilopes. »

Comme Corbett (2000 : 9), nous nous proposons d’appeler le nombre résultant du contenu sémantique des marqueurs de classes nominales un « nombre général » (anglais, general number). Général, parce que sa signification dans le nom est explicitement collective et non spécifique. En effet, la dénotation réelle du singulier (-wʊ (9a)) comme celle du pluriel (-ŋ (9b)) reste générique. De la notion du nombre général, la description que propose Corbett est la suivante :

[…] there are languages for which number is less dominant, languages in which the meaning of noun can be expressed without reference to number, by which we can mean that it is outside the number system […] The meaning of the noun may be expressed independently of number, as occurs with the general meaning, or it may be expressed within the number system which at its simplest means there will be a choice of singular or plural. (Corbett, 2000 : 9-10).

La valeur numérale des affixes de classe des substantifs kabiyè est donc une valeur générale. On y distingue un singulier général et un pluriel général, c’est-à-dire non spécifié(s). Leur spécification est assurée par l’usage des quantifieurs tels les numéraux kʊ́ɖʊ́m « un » (10a), náálɛ « deux » (10b), mɪ́nɪ́wʊ́ « cent » (10c), kʊ́ɖʊmâː « les mêmes » (10d).

(10a) ɛy-ʊ́ kʊ́ɖʊḿ personne-sgG1 un « une personne »

(10b) ɛy-âː nǎːlɛ personne-plG1 deux « deux personnes »

(10c) ɛy-âː kʊ́ɖʊm-âː personne-plG1 un-plG1 « Les mêmes/seules personnes »

(10d) ɛy-âː mɪ́nɪ́wʊ́ personne-plG1 cent « cent personnes »

La sélection d’une cellule de référence spécifique ou « la référence quantifiée », selon l’expression de De la Fuente Altaba (2007 : 229) comme traduite dans les SN (10a-10d), s’oppose à la référence cumulative, générale et générique qu’impliquent les marqueurs de classes nominales. En kabiyè, cette valeur cumulative ne varie pas, que l’on considère les substantifs dénombrables ou non dénombrables (les masses, les liquides, les référents collectifs, etc.) qui constituent les classes uniques du genre 5 et du genre 6. Le fait que les substantifs des deux genres à classes uniques comportent des affixes qui, parce qu’qu’ils sont uniques, ne font pas la distinction des catégories de nombre, du moins dans leur expression formelle, est une raison supplémentaire parce qu’ils sont que d’admettre les marqueurs de classe n’ont qu’une référence numérale générale. Roberts (id.), en signalant qu’il existe bien des substantifs de classe pluriel dont le sens est singulier, se réfère aussi, entre autres, aux substantifs ayant des marqueurs de classe à valeur cumulative tels que -tʊ -tu (ex. tɔ́-tʊ « vomi(s) », pɪcá-tʊ « enfantillage » (G5)), et –m ŋ (ex. tudú-m « défrichage », mʊzʊ́-ŋ « odeur musquée » (G6)).

  1. LES SOUS-CLASSES DE QUANTIFIEURS

Les quantifieurs forment une catégorie hétéroclite comprenant des noms (pronoms ?), des adjectifs, des adverbes et des idéophones. La présente classification est basée sur les constituants syntaxiques (SN, SV) dans lesquels ils apparaissent. Sur cette base, nous distinguons les quantifieurs nominaux (ou d’arguments) et les quantifieurs prédicatifs. Une telle classification permet de montrer les propriétés distributionnelles des quantifieurs et les unités linguistiques qu’ils déterminent, puisque la détermination quantificative opère non seulement sur le substantif, mais aussi sur le verbe.

Les quantifieurs d’arguments Par quantifieurs d’arguments, nous désignons les déterminants quantificatifs qui interviennent dans les SN arguments sujet ou objet de la phrase. Ils forment, avec le nom, un SN dont le schème est NQ (11a). L’inversion de cet ordre n’est pas attestée (11b*). Dans ce schème, la référence quantifiée de Q peut être massive ou comptable.

(11a) hɛ́-ɛ loɖo ignáme-plG3 six « six ignames »

(11b*) loɖo hɛ́-ɛ six ignáme-plG3 (construction non attesté : NQ ≠ QN).

Dans (11a), la référence quantifiée intoduite par le numéral loɖo « six » est une référence comptable ou dénombrable. Ce type de quantifieurs se distingue d’un autre type constitué de quantifieurs à référence massive.

Les quantifieurs comptables (QC) Leur sous-classe est essentiellement constituée de numéraux cardinaux [7]. Il est important pour nous de signaler que les QC ne sont pas considérés comme tels dans la présente étude pour l’unique motif qu’ils déterminent des noms comptables au sens de Link (1983) c’est-à-dire, des noms dénotant des individus atomiques ((une, dix, cent, etc.) mangue(s)), par opposition aux noms massifs désignant des masses ou des portions de masse. Il s’agit ici de Q dont le trait [+ COMPTABLE] est commun à leur paradigme. De ce fait, la combinaison entre Q et les noms comptables n’est possible que du fait de la compatibilité de trait [+ COMPTABLE] entre eux (12a-12c). La spécification apportée par Q peut être considérée comme une énumération de N ou, plus précisément, une indication du nombre de N.

(12a) kelími-yé kʊ́ɖʊmɪ́-yɛ poule-sgG3 un-sgG3 « une poule » (12a) kelími-yé kʊ́ɖʊmɪ́-yɛ poule-sgG3 un-sgG3 « une poule »

(12b) kpàːkpá-a hiwú noix-plG3 dix « dix noix »

(12c) lúɖá-a na-á-lɛ forgeron-plG1 pfx-plG1-deux « trois forgerons »

Dans la mesure où le trait [+COMPTABLE] n’est pas commun à Q et à N dans l’association Q+N (ce qui revient à dire que N est de trait [-COMPTABLE], la construction NQ devient agrammaticale (13a*-13b*).

(13a*) hal-ʊ́ tɔ́-ɔ mɔ́-wʊ kʊ́ɖʊ́mʊ́-ʊ femme-sgG1 manger-Acc riz-sgG2 un-sgG2 (construction agrammaticale) : Littéralement : « la femme a mangé un riz » (13b*) hal-ʊ́ tɔ́-ɔ mɔ́-wʊ na-á-lɛ femme-sgG1 manger-Acc riz-sgG2 pfx-sgG2-deux (construction agrammaticale)

Dans ces constructions agrammaticales (13a*-13b*), la spécification de Q (kʊ́ɖʊ́mʊ́-ʊ « un », na-á-lɛ « deux »), parce que comptable, ne s’accommode pas avec celle massive de N (mɔ́-wʊ « riz »). Intéressons-nous à présent aux propriétés des quantifieurs massifs.

Les quantifieurs massifs (QM) Les QM sont des quantifieurs qui, dans le SN, dénotent le collectif, la masse (totale) ou la portion de la masse de N. Leur particularité consiste en leur contenu certes quantificatif, mais surtout non numéral. Leur usage ne vise pas à énumérer N, mais à indiquer que N a un référent quantifié estimé en partie, dans son ensemble ou dans sa totalité. Dans le schème NQ, Q s’actualise comme un nominal, un adjectival (marginalement), un adverbial ou un idéophone.

– Quand Q s’actualise comme un nominal, il est représenté soit par le substantif sʊ̌ːtʊ « fardeau » qui exprime une quantité énorme de N (14a), soit par le substantif mbílíḿ « entier » qui indique la totalité de N (14b), soit le substantif hɔːlʊ̌ː « moitié » qui désigne la juste moitié de N (14c), soit enfin le substantif hɔːlaɣ́ « part/quartier » pour mentionner une part ou juste une portion de N (14d).

(14a) me- egbéle há -m saːmɪlá sʊ́ːtʊ Poss1sg- oncle donner^Acc- 1sg maïs quantité « Mon oncle m’a donné une grande quantité de maïs »

(14b) Koːbílé tɔ- ɔ́ héwu mbílíḿ Koːbílé^Anthr manger- Acc mouton entier « Koːbílé a mangé un mouton entier (la totalité mouton) »

(14c) Koːbílé tɔ- ɔ́ héwu hɔːlʊ̂ː Koːbílé^Anthr manger- Acc mouton moitié « Koːbílé a mangé la moitié du mouton. »

(14d) máŋgʊ hɔːlaɣ́ mangue part « une part/morceau de mangue »

– Il existe deux adjectifs à usage marginal comme Q : notamment sɔ́sɔ́- « grand » (15) et cikpe- « petit ». (16). Leurs occurrence en tant que déterminants quantifieurs est très limitée et dépend surtout du contexte.

(15) lɪ́-m sɔ́sɔ́-m pʊ́na-a ń-sɔ́wʊ pɪ́-ɣá na eau-sgG6 grand-sgG6 DEIc3sg-Foc 2sg-laver^Inacc enfant Interr « C’est avec cette grande (quantité) d’eau que tu laves l’enfant ? »

(16) máń-cá-kɪ tɔlɪm-á cikpen-á tǎː 1sg-asseoir-Inacc cendre-plG3 petit-plG3 dans « Je m’assieds dans la petite (quantité de) cendre ».

Comme ci-dessus signalé, l’usage de ces adjectifs comme Q est marginal. Habituellement, ils s’actualisent dans de nombreux syntagmes comme des adjectifs pour dénoter la grandeur ou la mensuration de N (17-18) sans aucune valeur quantificative.

(17) tú-ŋ sɔ́sɔ́-ŋ éléphant-plG2 grand-plG2 « de grands éléphants »

(18) simá-si cíkpé-si oiseau-plG4 petit-plG4 « de petits oiseaux

– Les adverbes constituent le paradigme le plus prolifique des QM.

Ce paradigme comporte les adverbes exprimant les petites quantités (ɲɪ́ː « peu » (19a), pázɪ « tout petit peu » (19b)), l’adverbe sakɪyɛ́ (« beaucoup ») (19c) dénotant la grande quantité. Il peut s’associer dans sa fonction de détermination de N avec la locution adverbiale d’intensité pɪ-dɪːfɛ́yɪ́ « quantité inestimable » (19d) ou avec les idéophones síŋ́ŋ́ « très important » (19e), kúmm « en grande quantité » (19f), sʊ́ʊ « en grande quantité » (19g), etc.

(19a) pɔ́- ɖʊ́ -ḿ sʊlʊ́m ɲɪ́ː nɛ́ man- ɖɪ́kɪ yɔ́ 3pl^Inj- servir -1sg boisson peu et 1sg- goûter^Inacc part^Inj « Qu’on me serve un peu de boisson à gôuter ! »

(19b) pɔ́- ɖʊ́ -ḿ sʊlʊ́m pázɪ́ nɛ́ man- ɖɪ́kɪ yɔ́ 3pl^Inj- servir -1sg boisson tout^petit^peu et 1sg- goûter^Inacc part^Inj « Qu’on me serve un tout petit peu de boisson à goûter ! »

(19c) sɔnɔ́ píy-a sakɪ́yɛ sew-á aujourd’hui enfant-plG4 beaucoup courir-Acc « Aujourd’hui, beaucoup d’enfants ont couru. »

(19d) pa- há- ɖʊ́’ʊ mɪ́lá sakɪyɛ́ pɪ-dɪːfɛ́yɪ́ 3pl^indéf- donner^Acc- 1pl^Foc sorgho beaucoup inestimable^loc « On nous a donné du mil en quantité inestimable. » (19e) pa- há- ɖʊ́’ʊ mɪ́lá sakɪyɛ́ síŋ́ŋ́ 3pl^indéf- donner^Acc- 1pl^Foc sorgho beaucoup très^important^idéoph « On nous a donné du mil en quantité inestimable. »

(19f) pa- há- ɖʊ́’ʊ mɪ́lá sakɪyɛ́ kumm 3pl^indéf- donner^Acc- 1pl^Foc sorgho beaucoup très^beaucoup^Idéoph « On nous a donné du mil en très grande quantité. »

(19g) pa- há -ɖʊ́’ʊ mɪ́lá sakɪyɛ́ sʊʊ 3pl^indéf-donner^Acc-1pl^Foc sorgho beaucoup très^grand^Idéoph « On nous a donné du mil en très grande quantité. »

Il existe aussi des adverbes qui expriment « la quantification totale » [8] de N : kpeːkpé « tout » (20a) tɪ́nɛ/tíŋɛ « totalement/ dans la totalité » (20b), kíyá « entièrement » (20c), páyɪ́ « totalement/dans la totalité » (20d). L’on peut apporter un peu plus d’insistance sur l’expression de totalité de N en associant les adverbes tɪ́nɛ/tíŋɛ et páyɪ́ (20c).

(20a) samaɣ́ kpeːkpé wob-í kedizaɣ ŋ́gá population tout aller-Acc réunion Pron^Déic « Toute la population est allée à cette réunion. »

(20b) samaɣ́ tinɛ wob-í kedizaɣ ŋ́gá population totalement aller-Acc réunion Pron^Déic « La population dans sa totalité est allée à cette réunion. »

(20b) samaɣ́ kíyá wob-í na kedizaɣ ŋ́gá population totalement aller-Acc Foc réunion Pron^Déic « C’est toute une population qui est allée à cette réunion. »

(20b) samaɣ́ tɪ́nɛ kíyá wob-í na kedizaɣ ŋ́gá population tout totalement aller-Acc Foc réunion 3sgG4 « C’est la population dans sa totalité qui est allée à cette réunion. »

 Les idéophones utilisés comme QM sont ceux qui expriment la quantité extrême de N L’on a : kúmm (21a) et sʊʊ (21b).

(21a) kuzorǔː kumm sésame^noir beaucoup « grande quantité de sésame noir »

(21b) sʊ̌ːtʊ sʊʊ fardeau beaucoup « Quantité énorme de fardeaux » Les quantifieurs prédicatifs

Certes, comme il a été démontré (dans la section 3.1., supra) les quantifieurs déterminent les substantifs-arguments avec lesquels ils forment un SN. Mais cette forme de quantification est strictement nominale, car elle n’opère que sur le nom (substantif). Il s’agit à présent d’explorer l’occurrence des quantifieurs dans un syntagme verbal sans autre argument que Q. Pour cette étude, il n’est considéré que le cadre du syntagme prédicatif (SP) au sens strict de Chomsky (1965). Le SP désigne, en effet, le syntagme verbal précédé de son auxiliaire et accompagné de ses éventuels circonstanciels. Le prédicat est considéré comme l’une des deux parties de la phrase qui dit quelque chose de l’autre. C’est l’occurrence de Q comme seul élément à droite du verbe (V) qui sous-tend l’hypothèse des quantifieurs prédicatifs (QP). La différence entre un QP et un quantifieur argumental (QA) réside dans le fait que ce dernier détermine un substantif en fonction d’argument du verbe. Quant au QP, il exprime uniquement la quantité du SN en fonction de sujet. Ce faisant, il assume une fonction prédicative et n’apparaît que dans le SP, précédé du V. Quels quantifieurs assument-ils cette fonction prédicative et quelle relation sémantique entretiennent-ils avec le V ? À travers le corpus analysé dans le cadre de la présente étude, il a été formellement identifié comme QP, d’une part, les adverbes ɲɪ́ː, pází, síŋ́ŋ́, sʊʊ, sakiyɛ́, pɪdɪːfɛ́yɪ́ et l’idéophone kumm, de la sous-classe des QM (Quantifieurs massifs). D’autre part, participe de cette quantification prédicative, tout le paradigme des numéraux considérés dans notre étude (voir (i) sous 3.1., supra) comme participant de la quantification comptable (QC).

Comme on peut le remarquer, la liste des QP est très restreinte, car pour assumer cette fonction, il doit exister une relation sémiosyntaxique entre Q et V telle que la syntaxe VQ soit attestée en kabiyè. En effet, il existe une liste fermée de V attestant l’occurrence de Q en fonction de son sens.

Le V copule wɛ́wʊ́ « être » s’actualise avec les QM ɲɪ́ː, pází dont la particularité est de prédiquer sur les petites quantités de N-sujet. Il fonctionne aussi avec la plupart des QC (22c, 22d), à l’exception de kʊ́ɖʊ́ḿ « un » (22e*)

(22a) kʊdɔndɪná-a wɛ pází malade-plG1 être tout^petit^peu « Les malades sont peu « nombreux »

(22b) kʊdɔndɪná-a wɛ ɲɪ́ : malade-plG1 être peu « Les malades sont peu « nombreux. »

(22c) kʊdɔndɪná-a wɛ nakʊ malade-plG1 être neuf « Les malades sont neuf. »

(22d) sómo-lêː wɛ hiwú papaye-plG3 être dix « Les papayes sont dix. »

(22e*) sómo-ɖé wɛ kʊ́ɖʊ́ḿ papaye-sgG3 être un (construction agrammaticale)

Le V kɛ́wʊ « être » s’actualise avec tous les QC, y compris kʊ́ɖʊ́ḿ « un » qui, comme prédicat, présente les mêmes propriétés morphosyntaxiques (notamment l’accord en genre et en classe) que le SN-argument sujet dont il dénote la quantité. En (23a), par exemple, du fait de l’accord en classe traduit par le marqueur –yɛ de la classe du singulier (voir la similitude de la marque de classe du substantif sɔ̌ːyɛ « mortier »), kʊ́ɖʊ́mɪ́yɛ indique l’harmonie de l’accord dans le SN-argument sujet. Tous les autres QC ne prennent aucune marque d’accord (23b-23c). En cas d’accord entre Q et l’argument (SN-sujet), la phrase devient agrammaticale (23d*).

(23a) sɔ̌ː-yɛ kɛ́ kʊ́́ɖʊmɪ-yɛ mortier-sgG3 un-sgG3 « Le mortier est unique. »

(23b) háɖá-a kɛ́ loɖo cultivateur-plG1 être six « Les cultivateurs sont six. » (23c) há-sɪ kɛ́ lutoːzo chien-plG1 être huit « Les chiens sont huit. »

Par ailleurs, le V ʈɔ́wʊ́ « être beaucoup » se présente, par son intransitivité, comme un QP (24). Néanmoins, il s’actualise certaines fois accompagné de Q adverbiaux (sakɪyɛ́ « beaucoup » (25a), síŋ́ŋ́ « tellement beaucoup » (25b), pɪdɪːfɛ́yɪ́ « quantité inestimable » (25c), etc.) ou d’idéophones tels que kumm (25d) et sʊʊ (25e) qui dénotent l’idée d’une quantité massive.

 

(24) sʊlʊ́m ʈɔ-ɔ́ breuvage être beaucoup-Acc « Le breuvage est beaucoup/Il y a du breuvage en quantité. »

(25a) sʊlʊ́m ʈɔ-ɔ́ síŋ́ŋ́ breuvage être beaucoup-Acc tellement « Le breuvage est tellement beaucoup. » (25c) ɲɔ́yá-a ʈɔ-ɔ́ pɪdɪːfɛ́yɪ́ buveur-plG1 être beaucoup-Acc quantité^inestimable « Les buveurs sont très nombreux. »

(25d) mɔ́-wʊ ʈɔ́ kumm riz-sgG2 être beaucoup-Acc quantité^massive « Le riz est en grande quantité. »

(25e) mɔ́-wʊ ʈɔ́ sʊʊ buveur-sgG2 être beaucoup-Acc quantité^massive « Le riz est en grande quantité. »

Enfin, le V ʈɔ́wʊ́ « être beaucoup » peut être précédé de l’auxiliaire maɣzɪ́ɣ « essayer » qui atténue l’idée de quantité massive.

(26) kpakpá-sɪ maɣzɪ́ ʈɔ́wʊ́ poisson-plG4 essayer^Acc être beaucoup « Le poisson est plus ou moins beaucoup. »

CONCLUSION

Dans cette approche linguistique de la quantification en kabiyè, nous avons tenté de décrire les mécanismes sémiosyntaxiques de la mise en œuvre de l’expression de la quantité. Il s’est agi d’analyser des données synchroniques recueillies auprès de locuteurs natifs du kabiyè à Kara.

L’étude a révélé que les substantifs du kabiyè sont organisés en classes nominales, entre autres, en fonction de leur opposition en nombre (singulier vs pluriel). Malgré cette référence au singulier et/ou au pluriel, a priori quantifiante, la présence des marqueurs de classe n’exclut pas celle d’autres quantifieurs dans le SN. Les uns comme les autres ont des dénotations qui peuvent être complémentaires dans la quantification du SN. Il en résulte que les classes nominales révèlent un nombre général, générique et collectif. Celui-ci diffère, en effet, du nombre spécifique ou à référence quantifiée que dénotent les quantifieurs lexicaux.

Nous avons enfin procédé à une distinction entre les quantifieurs d’arguments et les quantifieurs prédicatifs. Les premiers, comptables (QC) ou massifs (QM), interviennent dans les SN-arguments sujet ou objet de la phrase. Les seconds n’apparaissent que dans le syntagme prédicatif (SP) au sens strict de Chomsky (1965), c’est-à-dire le syntagme verbal précédé de son auxiliaire et accompagné de ses éventuels circonstanciels. C’est l’occurrence de Q comme seul élément à droite du verbe (V) qui sous-tend l’hypothèse des quantifieurs prédicatifs (QP).

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[1] Université de Kara, Togo

[2] Voir, entre autres, Kassan (1996), Péré-Kèwèzima (2004), Pali (2012), Roberts (2013), etc.

[3] C’est nous qui précisons.

[4] Cela peut s’expliquer par l’âge de nos informateurs (52 et 84 ans). C’est le lieu de témoigner notre profonde gratitude à Mme Lessou Tchoou (84 ans), veuve à Tomdè (Kara-Togo), à M. Tom Sama (52 ans), menuisier résidant à Tchintchinda (Kara-Togo). Mais, il est très évident comme le montre ROBERTS (2013), que l’accord est quelquefois à l’origine de grandes ambiguïtés lexicales.

[5] Une n’a pas ici un contenu numéral. Ce n’est pas l’équivalent de l’unité un (1), mais plutôt de singulier. La bonne traduction en français nécesite l’usage de cet article indéfini.

[6] Même remarque qu’en note 4.

[7] Cf. LÉBIKAZA (1999) pour les détails sur le système de numération en kabiyè.

[8] L’expression est empruntée à Lammert (2007 : 209-ss).