GNALEL
Ethiopiques n° 54
Revue semestrielle de culture négro-africaine
Nouvelle série volume7-2ème semestre 1991
Poèmes
Nomades étaient mes ancêtres
nomades étaient mes grands parents
nomades sont mes parents
nomade, nomade je suis
je vole de continent à continent
de pays à pays
de ville à ville
de plaine à savane
je n’ai pas de pays
pas de ville
pas de case
mais le continent m’appartient
tu m’as pris ma jeunesse d’aube
tu m’as pris ma liberté
tu m’as tant meublé le ventre
je n’ai pas de pays
pas de ville
pas de maison
mais les continents sont à moi
je suis leur terre, leurs plantes
tu m’as pris mon pays
tu m’as pris ma ville
ma terre, mes moissons et mes nids d’oiseaux de paix
mais sur les continents mon coeur rira de nouveau
et je chanterai
je danserai
je n’ai pas de pays, je sais
pas de ville, je sais
ah ! mais le savez-vous
le ciel m’appartient
et la promesse des Dieux
dessine mon chemin.
A MON PERE
Quatorze ans et le Baobab foudroyé
et le désert d’une grande affection
et toute la tendresse asséchée
Absence du printemps
Fini le paradis de l’enfance
et les épines de la vie me firent face
et l’égoïsme et l’indifférence
et j’ai si mal de ton absence
si mal d’un monde tant sevré
d’affection, de tendresse
Si mal de toi père
Quels mots pour te dire
Quelles phrases
Quelle langue
Quelle musique
Quel pas de danse
Quel regard
Quel sourire
Pour te dire mon amour
Mes bras seraient-ils assez grands
pour t’envelopper
Mon regard serait-il assez grand
pour t’envelopper
Mon regard serait-il assez parlant
pour te dire ma tendresse
Sur mon dos
je te porterai
le tour du monde
Sur mon dos
je te porterai
Le Kilimandjaro
Sur mon dos
je franchirai
et pour toi ma mère
cela ne sera pas encore assez.
Oumou Hama DIALLO