EN ATTENDANT LA MORT DU TEMPS
Ethiopiques numéro 24
révue socialiste
de culture négro-africaine
octobre 1980
Pour Alioune Diop
C’est le temps des élans d’éther par les amours infestées
rallierons-nous l’étape des vieux compagnons
toi haute terreur des civilisations en Tiers-Monde
moi penser d’hémorragie par les sentes d’avenir
Peut-être à creuser les sillons d’Afrique nous auras-tu condamnés
toi le siglo sage traquant et accolant les bris d’Humanité
combler les tranchées où n’ont chanté nul sang d’encre
mais les visages de terre ferme jetés par dessus cœur
En attendant la mort du Temps une parcelle d’éternité
est ta patrie d’asile buvant les océans
toi conquérant pacifique toi conquis en jouant
toi vainqueur-vaincu dans un combat fini et à livrer
habitué à Naître phénix dans la solennité du Trépas
esquisse d’harmonie sourde ou appât céleste
le nerf guerrier tendu à la rencontre d’avec Dieu
Aime qui peut l’étincelle du Signe en expectative
la mort férule de tatouages et d’estampes
la mémoire qui pleure la dextre d’humilité
le profil latent de la seconde enfance
la saga d’une heure
la minute d’envol des exils de pardon figé
En attendant la mort du Temps
la moiteur de ton repos délicieusement en moi
comme une Afrique qui se grise de toutes ses prédilections
passion de la divinité
dans la paume suicidaire du Temps
Je reviendrai forcer la lisière ignare de la tombe
c’est d’un bain de doute dont est sale ma peur
une faim anorexique de liberté innombrable
qui prendrait sans fureur Dieu à contre-destinée
briserait d’un seul rire l’écho
de la grosse bêtise que l’on appelle mort
fertiliserait larme à alarme
l’étape des pas perdus
exorciserait la voix pressée par les ténèbres
jachère menaçante d’une humeur toujours en fleurs
comme le Monde à la naissance illimitée de ton nom
DIOP