Edouard Maunick
Poésie

CANTATE NEGRE POUR JESUS-FLEUVE

Ethiopiques numéro 9

revue socialiste

de culture négro-africaine, 1977

à Léopold Sédar Senghor

en reconnaissance de Djilor

buvant dans la paix du Sine-Saloum

– Et si Noël était la résurrection de l’EAU

La résurgence : le FLEUVE rendu à la terre !!!

– Je suis mort aux quatre points cardinaux

Je ne traverse plus. Je n’arrose plus.

Je ne suis plus que souvenir dans les livres,

Image parmi les pierres, mémoire jaunie

De ce qui fut racine et savane : je suis mort…

Je suis mort dans les villes et loin des villes

Je ne voyage plus, à jamais arrêté, fusillé sec !

J’ai laissé des noms au hasard des siècles

Quelques-uns me reviennent en guise de blessures

Ils sont tambours pour entonner la SOIF…

Hommes qui n’êtes plus debout

Parce que vous m’avez brisé

Moi : l’épine dorsale !…

Hommes qui ne crachez plus

Parce que vous m’avez brûlé

Moi : l’unique salive !

Hommes aujourd’hui de la SOIF

Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous fait du FLEUVE ?

– En ce temps-là, il fallait que vienne le baptême

Il fallait que l’eau soit versée, reversée

Que dans la nuit naisse une rumeur

Pour qu’une voix au matin nomme enfin la PLUIE !

– J’ouvre le livre à la page où je m’appelle Jourdain…

 

– Me voici Jourdain du souvenir :

Je ne suis plus rivière qui descend

Je ne suis plus Narh al Urdunn

Ni rivière de Dan, ni l’abreuvoir

Selon l’histoire, selon les Peuples…

A quoi sert ma trace parmi les villes parmi les sables ?

A Césarée de Philippe aucun Messie ne se retire

A Bethsaida aucune voix ne parle aux foules

A Bethanie personne ne plonge pour le baptême…

A quoi sert mon tumulte entre Mer de Galilée et Mer Morte ?

Moi-même mort, je suis Jourdain mort vers la Mer Morte !…

J’ai volé à mes collines grises leur âme de caillou

Mes marais de papyrus sont à jamais stériles

Et je n’ouvre plus de sources vers l’ouest ni vers l’est…

Plus de Wadi Naqqa plus de Wadi al Birah

Plus de Wadi al Qilt plus de Wadi al Malih

Plus de Yarmuk ni d’Abu Gharaba

Plus de ruisseaux plus de sources !

Plus de Wadi al Arab plus de Wadi Ziqlab

Plus de Wadi al Yabis plus de Wadi Nimrin

Plus de tributaires plus de branches !

– On a fermé les enclos, le bétail s’est couché

Egarés la douceur betterave et le blanc coton

Le poisson s’est figé, le fruit enseveli

Jericho ! Jéricho ! agenouillé sans voix :

Je me souviens d’Elie, d’Elysée et de Jean le Baptiseur…

– Il disait : je suis la voix qui crie dans le désert !…

– Je dis : je suis Jourdain muet parmi la pierre !

– Je suis mort aux quatre coins de la terre

Je ne bondis plus. Je n’irrigue plus.

Assis dans le poison de l’âge mécanique

Je fouille en vain une mousse défunte

A la recherche de mes trésors translucides…

Je suis mort sur les rives et loin des rives

Je ne baigne plus, à jamais souillé, pollué net !

Les années s’acharnent après mes saisons

Et je me sais pourri de toutes parts, gangrené

Que vienne la houle, que revienne le Mascaret !…

Hommes qui n’avez plus de course

Parce que vous m’avez engourdi

Moi : votre mobilité même !…

Hommes qui n’allez plus

Parce que vous m’avez suspendu

Moi : l’aval moi : l’amont !…

Hommes d’aujourd’hui sans Mascaret

Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous fait du FLEUVE ?

– En ce temps-là il fallait l’eau vive

Il fallait que déferle la houle

Que la terre soit bercée, bouleversée

Pour qu’une voix déborde l’immobile jusqu’à la DANSE !

– Je consulte la fête où je m’appelle Congo…

– Certes il y avait ma course, Congo moi !

De Zambie à Matadi longuement vers la mer

Vers l’estuaire au nom de fruit : Banane

Pour me voir passer des vigiles aux noms-metal

Kinshasa, Bolobo, Kisangani, Kindu… Brazzaville…

Certes il y avait mes chutes, mes rapides, mes cascades

Mes sept cataractes et plus par-dessus l’équateur

Quand je n’étais pas grand lac du côté Isangi,

Roulant sous les mines, sous les montagnes de cristal

Par-dessus le Roc Fétiche sous l’œil gardien du léopard…

Congo moi ! depuis , Zaïre du passé, depuis Rio del Padrao !

Et voici que je ne franchis plus les Portes d’Enfer

Ni ne passe le Chaudron d’Enfer, délaissé d’Oubangui et de Kasai.

Je navigue sans naviguer. Je survis sans folie…

 

– Plus de pilier de marbre à l’entrée du fleuve

Plus de juillet jaillissant au nord, Congo toi !

Plus de janvier bouillonnant au sud, Zaïre toi !

Saccagée ta bruyère arborescente : lobélie ! lobélie !

Plus de forêts, plus de pâturages, plus de bambous

et tes éléphants couchés dans la poussière amère.

A Mbandaka l’équateur attend en vain que tu sautes…

– On a trouvé pire que mes archipels de jacinthes

Pour immobiliser les bateaux et me damner de solitude.

Quelle lance a-t-on forgée qui m’a ainsi tourné le sang ?

Dire que je surgissais visible sous le bleu océan

Comme un corps vert-olive nageant loin, très loin des terres.

– Ici vint Diego Cam pour remonter la Rivière du pilier, Congo O !

Il était une fois une fureur de couler nommée Congo !

– Je ne vis plus d’est en ouest ; du nord au sud

Je n’emporte plus. Je n’ondoie ni ne chante plus.

Ma chair s’est brouillée avec mes nuits

Mes jours ne savent plus réciter un seul jardin

Et dans les sables je fouille en vain le lieu de la terre.

Je n’arme plus les cités de mon couteau fertile

Les uns et les autres sont vaincus parce que moi flétri

Je traîne des lambeaux d’écume sans diamant

Je n’allume plus que des débris de racines

Parmi des paysages aveugles sans risque de SURGIR !…

Hommes qui n’avez plus d’horizon

Parce que vous m’avez frappé de cécité

Moi : votre regard même !

Hommes qui n’avez plus de révolte

Parce que vous m’avez muselé

Moi : votre cri même !…

Hommes aujourd’hui sans force de SURGIR

Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous fait du FLEUVE ?…

 

– En ce temps-là, il fallait rendre à la boue

Ses vertus d’entrailles, sa patience

Que l’homme s’y enfonce pour être debout

Et sente sous ses pieds le feu de la SOURCE !

– Je convoque une saison où je m’appelle Volga…

– Volga de syllabe sourde en syllabe claire

J’étais de tous les fleuves le plus long serpent

A ramper, à bondir, à couler parmi la terre

A jamais altérée d’un très vieux continent

Où les peuples maintenant appellent ma morsure…

Depuis les collines de Valdai

Sous Vselug mon lac, j’ai rampé Volga !

Sous Peno mon lac, j’ai bondi Volga !

Sous Volgo mon lac, j’ai coulé Volga !

Souvent bordé de douces collines de moraine jusqu’à la Mer Caspienne…

Jamais plus je ne porterai les navires jusqu’aux portes de Kalinin !…

J’ai pillé la sécheresse de la steppe comme un voleur

Moi qui me creusais réservoir, moi qui m’étalais bassin

Nourri par les flots du Kama de l’Oural en Sibérie…

– Plus de long trajet vers les monts Zhiguli

Plus de lasso brusquement vers Volvograd

Et le delta qui voit tomber en croûte sa boue heureuse !

Les cités tartares de Sarai et de Kazan

Rient sous cape : Ivan ne sera plus Terrible

Qui lança ses bateaux comme chevaux sur Volga…

Plus de rêve pour Pierre le Grand et Soliman d’unir Volga et Don…

– O le sel désormais fade de mes sols. 0 mes érosions

Les bateliers ont déserté les chemins de halage

L’esturgeon s’est rendu dans la chaleur de juillet

Soufflent les sukhovei grands vents écorcheurs :

Volga je me suicide dans le refus des balalaïkas…

– Elles dansaient la promenade des glaçons sur Volga en avril !

 

Avril est dans mes gorges comme cri de maïs et de millet rauques…

– Je suis mort au Ponant, mort au Jusant

Je ne tumulte plus. Je ne glisse plus.

Mes musiques n’inventent que l’obscur

Je ne sers plus de miroir aux étoiles

Obligées de transhumer vers d’autres ressemblances…

Je pars, je pars sans aller ailleurs

D’étranges oiseaux picorent mon ventre sale

J’ai perdu jusqu’à mes lézards d’hiver

Et c’est moi qui ouvre béante la gueule

En quête de ma respiration d’eau douce…

Hommes qui ne séparez plus

Parce que vous m’avez obstrué

Moi : le tamis même !

Hommes soudain vulnérables

Parce que vous m’avez congédié

Moi : le gardien même !

Hommes aujourd’hui de l’Amer seul

Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous fait du FLEUVE ?

– En ce temps-là, il fallait que vienne le tonnerre

Que le ciel s’arme de couteaux électriques

Que l’ondée lave et relave le fleuve

Pour un printemps d’eau sur le corps de l’homme…

– En Asie immémoriale jumeaux je m’appelle Gange

et Yang-Tseu-Kiang…

– J’étais Gange sur les cartes. Ganga parmi la foule.

Venu des glaces de l’Himalaya d’un pas très lent,

Me soûlant au passage de l’Alakananda et de Bhagirathi

Défiant les cyclones, hissant à bout de flots

Des villages et des huttes et les cités saintes de Varanasi

et d’Allahabad…

– J’étais Yang-Tseu-Kiang ou Chang Chiang ou Ta Chiang

Rivière du village Tseu, longue rivière ou rivière grande…

Fiancée des monts millénaires depuis le Tibet jusqu’à la Mer de Chine,

Route de l’homme sur la terre, de méandres en digues,

De champs en terrasses jusqu’à Changaï à l’estuaire.

– Le riz, le riz nous a mêlés de loin en proche…

– Des mains plongeaient dans mes boues alluviales pour un puits….

– Des bateaux, mille bateaux vivaient de ma vie pour voguer…

– Les rizières, les rizières : notre déchirante nostalgie !

– A l’ouest du Bengal déjà c’était la terre des fleuves moribonds

Mais à Gangotri, les pèlerins se sanctifiaient d’eau

Dans les bassins de Brahma, de Vishnou et de Shiva…

Dans les gorges du Yun-Nan et dans les alpes de Seutch-ouan

Sur les bords du Yang-Tseu, au-dessus des rapides

Les haleurs tiraient sur leurs barques de tout leur corps…

Aujourd’hui les temples et les périples ne sont plus qu’histoire

ancienne…

– C’était le temps de mes noces avec le Brahmaputra pour la naissance

du Padma :

Temps de neige, de pluie et de mousson…

-C’était le temps de mes villes aux portes sans battants

Elles avaient noms Chungking, Wu-han et Nanking…

-Est venu le progrès, et nous voici oublieux de porter…

-Gange et Yang-Tseu-kiang arrêtés dans leur errance !

-En terre indienne, en de Chine : deux interdits !…

– Je suis mort sur tous les continents

Je n’avance plus. Je ne divague plus.

Ma fête est devenue une allumée blessure

Mes danses calcinées au lieu même de mes hanches.

Je suis en exil, en exil de ma cadence…

Je suis mort à la porte de toutes les mers…

Ne charriant plus de cargaisons vivantes

A jamais cloué par des silex vengeurs

Qui me savaient montreur de paysages intérieurs

Plus chantants que le chant, plus riches que richesse !

Hommes qui ne récitez plus

Parce que vous m’avez travesti

Moi : le psaume même !

Hommes qui n’abordez plus

Parce que vous m’avez démantelé

Moi : la destination même !

Hommes aujourd’hui sans Trésor

Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous fait du FLEUVE ?

– En ce temps-là, il fallait un rituel

Pour que l’eau recommence sa magie d’eau

Que les corps remontent vers le geste

Enfin délivrés d’un trop mauvais sommeil…

– Vers le Nouveau Monde, je m’appelle d’abord Mississipi…

-Parce que j’étais grand et parce que j’étais rivière

Les Indiens Ojibwa , peuple du commencement

Me donnèrent le nom de Mississipi et je fus père des fleuves

Moi-même fils du lac Itasca : la vraie source…

Et de sol en sol, je descendis ouvrir le Golfe du Mexique.

A présent ma mémoire est un long et lent chagrin

Elle-même mémoire des bûcherons égrenant Wisconsin,

Mémoire aussi d’une jeunesse de paysage

Brisée par la mécanique d’un monde sans poème…

Chantez si vous pouvez, si vous pouvez le blues de ma défaite !

Ahan après ahan, j’allais vers les Grands Lacs,

Après marécages et plaines alluviales vers l’Atlantique.

Aujourd’hui, je suis Mississipi sans aucune de mes provinces.

– Plus d’errance en terre Canada

Tous les affluents mis sous séquestre : tous :

Ohio, Missouri, Minnesota, Illinois…

Sous la terre plus d’enquête minérale,

Plus d’indien Chippewa pour récolter le riz ou dire le chemin

Vers les villes fantômes de Memphis, de Louisiane, de Saint-Louis.

De Nouvelle-Orléans au pigment créole et de Detroit : silence.

 

-Coupable d’avoir permis le coton du sud et le sang rouge

Coupable de Nat Turner et de son peuple chosifié

Coupable de palaces flottants au gré des roues à aubes

Coupable de tabac de piraterie et de cartes truquées

Je m’étais racheté en donnant le blues au monde…

– Silence… même le blues a perdu sa nostalgie…

– Je dis : mon cœur est une usine, il m’assassine…

– Je suis mort dans l’Ancien et le Nouveau Mondes

Je n’arpente plus les terres roulant mes légendes

Comme choses à entendre pour une nouvelle alliance.

Tout s’embrouille où je fus clarté de jour, clarté de nuit.

Je ne saurais même plus reculer à force d’agonie…

Je suis mort dans les arbres et loin des arbres

Je n’éclabousse plus d’une racine à l’autre

J’ai fait comme un pas de trop dans la violence

De vouloir franchir le territoire de la faune et de la flore

J’ai contredit le mot de passe dont j’avais le SAVOIR…

Hommes qui n’ouvrez plus

Parce que vous m’avez barricadé

Moi : la porte même !

Hommes qui n’entonnez plus

Parce que vous m’avez bâillonné

Moi : le refrain même !

Hommes aujourd’hui sans SAVOIR

Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous fait du FLEUVE ?

-En ce temps-là, il fallait basculer le malheur

Mettre un autre signe sur le front des vivants

Epeler, épeler jusqu’à l’incendie des gorges

Le sésame d’eau pour une présence parmi nous…

– Je ferme le livre à la page où je m’appelle Amazone.

– Quelle parole pourrait me raconter du Peru dans les Andes

Et tracer ma longue route jusqu’à la Mer Atlantique…

Me raconter Parañon au Peru, Solimoës au Brazil,

Puis Rio Santa Maria de la Mar Dulce… Amazone enfin ?…

Quelle parole sinon une longue récitation de mes lieux…

Bolivie – Equateur – Colombie – Vénézuela et mes autres jalons

Tocantins : mes rapides et mes bancs de sable, Xingu : mes cascades…

Tapajos : mes cataractes et Madeira et mes récifs et maëlstroms…

Mato Grosso l’inextricable et Pucallpa d’Oriente…

Et mes volcans, mes falaises barrancas, ma latérite canga

Tout cela pillé, tout cela mis à sac, tout cela sinistré !

Amazone d’enchevêtrements de racines : dynamité !

Amazone musée vert, panorama, royaume : explosé !

Amazone sans terras caidas, sans terres échouées…

– Plus de souffle pour nommer pêle-mêle plantes et bêtes :

Myrte, acacia, bégonia, cécropies nénuphars géants…

Forêts de lichen, fuschia, gentiane, fleurs de soufre…

Tourné, suri le lait de la cassave, défunt le parfum tabac

Les singes guaribas se taisent à tous les angélus !

Tatous, jaguars, pumas, tapirs, cougars : tous des squelettes

Plus d’oiseaux bariolés, plus de lézards furtifs, abattus les toucans.

– 0 mes forêts pluvieuses, mes forêts de chênes et de laurier

Et ce triple silence de moi-même, des écorces et des perruches !

Amazone, Amazone,sans serpent pour me garder

Sans la danse des Indiens plus loin, vers Manaus…

Quel Orénoque reviendra me remplir d’îles, quel Rio Negro ?

– Amazonie : un pan de chair verte déchiquetée…

– Moi, soudain sans palissandre au seuil de ma demeure !…

– Je suis mort sous toutes les latitudes

Je ne colère plus, je ne clame plus.

Ma chair, ma chair d’eau flagellée…

Mon sang, mon doux sang gaspillé…

Et tous ceux que j’ai nourris et guéris m’ont déserté…

Je suis mort de pôle en pôle, de tropique en tropique…

Qu’on éloigne de moi tous les calices menteurs

Qu’on me rende ma simple force d’eau parmi la terre

Que les enfants viennent sur mes rives comme des prophètes

Qu’ils relisent l’oracle où je suis SAUVEUR !…

Hommes désormais à genoux

Parce que vous m’avez ployé

Moi : la verticale même !

Hommes sans envolée

Parce que vous m’avez ancré

Moi : l’essor même !

Homme aujourd’hui de la double SOIF

Qu’avez-vous fait, que ferez-vous sans FLEUVE ?…

– Et voici qu’en pleine nuit, quelque part dans Béthléem

Ou ailleurs, partout où les arbres, les bêtes et les hommes

Etaient penchés sur l’Absence, sur la terre craquelée…

une source jaillit plus forte que le FLEU

Balayant les chagrins, rallumant les yeux…

Soudain, la terre reprit visage de terre

Et la salive fut douce dans toutes les bouches…

A la place de la menace, une grande permission accordée à la PLUIE

Qui lava et relava JOURDAIN,

Boulevarsa CONGO jusqu’à la Danse,

Délivra VOLGA de son mauvais sommeil,

Fit battre les entrailles de GANGA.

Précipita YANG-TSEU-KIANG vers la mer,

Affranchit MISSISSIPI du malheur,

Et rendit à l’AMAZONE sa verte rumeur…

– En ce temps-là, il fallait que le ciel éclate

Que le vent invente un heureux naufrage

Que le crime soit oublié : que le MESSIE vienne !…

– Et voici qu’en pleine nuit de Noël

Aux quatre points cardinaux,

Dans les villes et loin des villes,

Aux quatre coins de la terre

Sur les rives et loin des rives

D’Est en Ouest, du Nord au Sud.

Du ponant au jusant, partout et ailleurs

Sur tous les continents, à la porte de toutes les mers.

Dans l’Ancien et le Nouveau Mondes.

Dans les arbres et loin des arbres,

Sous toutes les latitudes,

De pôle en pôle, de tropique en tropique.

Partout, la soif trouva guérison

Et la gorge entonna le chant de VIVRE !…