CANTATE NEGRE POUR JESUS-FLEUVE
Ethiopiques numéro 9
revue socialiste
de culture négro-africaine, 1977
à Léopold Sédar Senghor
en reconnaissance de Djilor
buvant dans la paix du Sine-Saloum
– Et si Noël était la résurrection de l’EAU
La résurgence : le FLEUVE rendu à la terre !!!
– Je suis mort aux quatre points cardinaux
Je ne traverse plus. Je n’arrose plus.
Je ne suis plus que souvenir dans les livres,
Image parmi les pierres, mémoire jaunie
De ce qui fut racine et savane : je suis mort…
Je suis mort dans les villes et loin des villes
Je ne voyage plus, à jamais arrêté, fusillé sec !
J’ai laissé des noms au hasard des siècles
Quelques-uns me reviennent en guise de blessures
Ils sont tambours pour entonner la SOIF…
Hommes qui n’êtes plus debout
Parce que vous m’avez brisé
Moi : l’épine dorsale !…
Hommes qui ne crachez plus
Parce que vous m’avez brûlé
Moi : l’unique salive !
Hommes aujourd’hui de la SOIF
Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous fait du FLEUVE ?
– En ce temps-là, il fallait que vienne le baptême
Il fallait que l’eau soit versée, reversée
Que dans la nuit naisse une rumeur
Pour qu’une voix au matin nomme enfin la PLUIE !
– J’ouvre le livre à la page où je m’appelle Jourdain…
– Me voici Jourdain du souvenir :
Je ne suis plus rivière qui descend
Je ne suis plus Narh al Urdunn
Ni rivière de Dan, ni l’abreuvoir
Selon l’histoire, selon les Peuples…
A quoi sert ma trace parmi les villes parmi les sables ?
A Césarée de Philippe aucun Messie ne se retire
A Bethsaida aucune voix ne parle aux foules
A Bethanie personne ne plonge pour le baptême…
A quoi sert mon tumulte entre Mer de Galilée et Mer Morte ?
Moi-même mort, je suis Jourdain mort vers la Mer Morte !…
J’ai volé à mes collines grises leur âme de caillou
Mes marais de papyrus sont à jamais stériles
Et je n’ouvre plus de sources vers l’ouest ni vers l’est…
Plus de Wadi Naqqa plus de Wadi al Birah
Plus de Wadi al Qilt plus de Wadi al Malih
Plus de Yarmuk ni d’Abu Gharaba
Plus de ruisseaux plus de sources !
Plus de Wadi al Arab plus de Wadi Ziqlab
Plus de Wadi al Yabis plus de Wadi Nimrin
Plus de tributaires plus de branches !
– On a fermé les enclos, le bétail s’est couché
Egarés la douceur betterave et le blanc coton
Le poisson s’est figé, le fruit enseveli
Jericho ! Jéricho ! agenouillé sans voix :
Je me souviens d’Elie, d’Elysée et de Jean le Baptiseur…
– Il disait : je suis la voix qui crie dans le désert !…
– Je dis : je suis Jourdain muet parmi la pierre !
– Je suis mort aux quatre coins de la terre
Je ne bondis plus. Je n’irrigue plus.
Assis dans le poison de l’âge mécanique
Je fouille en vain une mousse défunte
A la recherche de mes trésors translucides…
Je suis mort sur les rives et loin des rives
Je ne baigne plus, à jamais souillé, pollué net !
Les années s’acharnent après mes saisons
Et je me sais pourri de toutes parts, gangrené
Que vienne la houle, que revienne le Mascaret !…
Hommes qui n’avez plus de course
Parce que vous m’avez engourdi
Moi : votre mobilité même !…
Hommes qui n’allez plus
Parce que vous m’avez suspendu
Moi : l’aval moi : l’amont !…
Hommes d’aujourd’hui sans Mascaret
Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous fait du FLEUVE ?
– En ce temps-là il fallait l’eau vive
Il fallait que déferle la houle
Que la terre soit bercée, bouleversée
Pour qu’une voix déborde l’immobile jusqu’à la DANSE !
– Je consulte la fête où je m’appelle Congo…
– Certes il y avait ma course, Congo moi !
De Zambie à Matadi longuement vers la mer
Vers l’estuaire au nom de fruit : Banane
Pour me voir passer des vigiles aux noms-metal
Kinshasa, Bolobo, Kisangani, Kindu… Brazzaville…
Certes il y avait mes chutes, mes rapides, mes cascades
Mes sept cataractes et plus par-dessus l’équateur
Quand je n’étais pas grand lac du côté Isangi,
Roulant sous les mines, sous les montagnes de cristal
Par-dessus le Roc Fétiche sous l’œil gardien du léopard…
Congo moi ! depuis , Zaïre du passé, depuis Rio del Padrao !
Et voici que je ne franchis plus les Portes d’Enfer
Ni ne passe le Chaudron d’Enfer, délaissé d’Oubangui et de Kasai.
Je navigue sans naviguer. Je survis sans folie…
– Plus de pilier de marbre à l’entrée du fleuve
Plus de juillet jaillissant au nord, Congo toi !
Plus de janvier bouillonnant au sud, Zaïre toi !
Saccagée ta bruyère arborescente : lobélie ! lobélie !
Plus de forêts, plus de pâturages, plus de bambous
et tes éléphants couchés dans la poussière amère.
A Mbandaka l’équateur attend en vain que tu sautes…
– On a trouvé pire que mes archipels de jacinthes
Pour immobiliser les bateaux et me damner de solitude.
Quelle lance a-t-on forgée qui m’a ainsi tourné le sang ?
Dire que je surgissais visible sous le bleu océan
Comme un corps vert-olive nageant loin, très loin des terres.
– Ici vint Diego Cam pour remonter la Rivière du pilier, Congo O !
Il était une fois une fureur de couler nommée Congo !
– Je ne vis plus d’est en ouest ; du nord au sud
Je n’emporte plus. Je n’ondoie ni ne chante plus.
Ma chair s’est brouillée avec mes nuits
Mes jours ne savent plus réciter un seul jardin
Et dans les sables je fouille en vain le lieu de la terre.
Je n’arme plus les cités de mon couteau fertile
Les uns et les autres sont vaincus parce que moi flétri
Je traîne des lambeaux d’écume sans diamant
Je n’allume plus que des débris de racines
Parmi des paysages aveugles sans risque de SURGIR !…
Hommes qui n’avez plus d’horizon
Parce que vous m’avez frappé de cécité
Moi : votre regard même !
Hommes qui n’avez plus de révolte
Parce que vous m’avez muselé
Moi : votre cri même !…
Hommes aujourd’hui sans force de SURGIR
Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous fait du FLEUVE ?…
– En ce temps-là, il fallait rendre à la boue
Ses vertus d’entrailles, sa patience
Que l’homme s’y enfonce pour être debout
Et sente sous ses pieds le feu de la SOURCE !
– Je convoque une saison où je m’appelle Volga…
– Volga de syllabe sourde en syllabe claire
J’étais de tous les fleuves le plus long serpent
A ramper, à bondir, à couler parmi la terre
A jamais altérée d’un très vieux continent
Où les peuples maintenant appellent ma morsure…
Depuis les collines de Valdai
Sous Vselug mon lac, j’ai rampé Volga !
Sous Peno mon lac, j’ai bondi Volga !
Sous Volgo mon lac, j’ai coulé Volga !
Souvent bordé de douces collines de moraine jusqu’à la Mer Caspienne…
Jamais plus je ne porterai les navires jusqu’aux portes de Kalinin !…
J’ai pillé la sécheresse de la steppe comme un voleur
Moi qui me creusais réservoir, moi qui m’étalais bassin
Nourri par les flots du Kama de l’Oural en Sibérie…
– Plus de long trajet vers les monts Zhiguli
Plus de lasso brusquement vers Volvograd
Et le delta qui voit tomber en croûte sa boue heureuse !
Les cités tartares de Sarai et de Kazan
Rient sous cape : Ivan ne sera plus Terrible
Qui lança ses bateaux comme chevaux sur Volga…
Plus de rêve pour Pierre le Grand et Soliman d’unir Volga et Don…
– O le sel désormais fade de mes sols. 0 mes érosions
Les bateliers ont déserté les chemins de halage
L’esturgeon s’est rendu dans la chaleur de juillet
Soufflent les sukhovei grands vents écorcheurs :
Volga je me suicide dans le refus des balalaïkas…
– Elles dansaient la promenade des glaçons sur Volga en avril !
Avril est dans mes gorges comme cri de maïs et de millet rauques…
– Je suis mort au Ponant, mort au Jusant
Je ne tumulte plus. Je ne glisse plus.
Mes musiques n’inventent que l’obscur
Je ne sers plus de miroir aux étoiles
Obligées de transhumer vers d’autres ressemblances…
Je pars, je pars sans aller ailleurs
D’étranges oiseaux picorent mon ventre sale
J’ai perdu jusqu’à mes lézards d’hiver
Et c’est moi qui ouvre béante la gueule
En quête de ma respiration d’eau douce…
Hommes qui ne séparez plus
Parce que vous m’avez obstrué
Moi : le tamis même !
Hommes soudain vulnérables
Parce que vous m’avez congédié
Moi : le gardien même !
Hommes aujourd’hui de l’Amer seul
Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous fait du FLEUVE ?
– En ce temps-là, il fallait que vienne le tonnerre
Que le ciel s’arme de couteaux électriques
Que l’ondée lave et relave le fleuve
Pour un printemps d’eau sur le corps de l’homme…
– En Asie immémoriale jumeaux je m’appelle Gange
et Yang-Tseu-Kiang…
– J’étais Gange sur les cartes. Ganga parmi la foule.
Venu des glaces de l’Himalaya d’un pas très lent,
Me soûlant au passage de l’Alakananda et de Bhagirathi
Défiant les cyclones, hissant à bout de flots
Des villages et des huttes et les cités saintes de Varanasi
et d’Allahabad…
– J’étais Yang-Tseu-Kiang ou Chang Chiang ou Ta Chiang
Rivière du village Tseu, longue rivière ou rivière grande…
Fiancée des monts millénaires depuis le Tibet jusqu’à la Mer de Chine,
Route de l’homme sur la terre, de méandres en digues,
De champs en terrasses jusqu’à Changaï à l’estuaire.
– Le riz, le riz nous a mêlés de loin en proche…
– Des mains plongeaient dans mes boues alluviales pour un puits….
– Des bateaux, mille bateaux vivaient de ma vie pour voguer…
– Les rizières, les rizières : notre déchirante nostalgie !
– A l’ouest du Bengal déjà c’était la terre des fleuves moribonds
Mais à Gangotri, les pèlerins se sanctifiaient d’eau
Dans les bassins de Brahma, de Vishnou et de Shiva…
Dans les gorges du Yun-Nan et dans les alpes de Seutch-ouan
Sur les bords du Yang-Tseu, au-dessus des rapides
Les haleurs tiraient sur leurs barques de tout leur corps…
Aujourd’hui les temples et les périples ne sont plus qu’histoire
ancienne…
– C’était le temps de mes noces avec le Brahmaputra pour la naissance
du Padma :
Temps de neige, de pluie et de mousson…
-C’était le temps de mes villes aux portes sans battants
Elles avaient noms Chungking, Wu-han et Nanking…
-Est venu le progrès, et nous voici oublieux de porter…
-Gange et Yang-Tseu-kiang arrêtés dans leur errance !
-En terre indienne, en de Chine : deux interdits !…
– Je suis mort sur tous les continents
Je n’avance plus. Je ne divague plus.
Ma fête est devenue une allumée blessure
Mes danses calcinées au lieu même de mes hanches.
Je suis en exil, en exil de ma cadence…
Je suis mort à la porte de toutes les mers…
Ne charriant plus de cargaisons vivantes
A jamais cloué par des silex vengeurs
Qui me savaient montreur de paysages intérieurs
Plus chantants que le chant, plus riches que richesse !
Hommes qui ne récitez plus
Parce que vous m’avez travesti
Moi : le psaume même !
Hommes qui n’abordez plus
Parce que vous m’avez démantelé
Moi : la destination même !
Hommes aujourd’hui sans Trésor
Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous fait du FLEUVE ?
– En ce temps-là, il fallait un rituel
Pour que l’eau recommence sa magie d’eau
Que les corps remontent vers le geste
Enfin délivrés d’un trop mauvais sommeil…
– Vers le Nouveau Monde, je m’appelle d’abord Mississipi…
-Parce que j’étais grand et parce que j’étais rivière
Les Indiens Ojibwa , peuple du commencement
Me donnèrent le nom de Mississipi et je fus père des fleuves
Moi-même fils du lac Itasca : la vraie source…
Et de sol en sol, je descendis ouvrir le Golfe du Mexique.
A présent ma mémoire est un long et lent chagrin
Elle-même mémoire des bûcherons égrenant Wisconsin,
Mémoire aussi d’une jeunesse de paysage
Brisée par la mécanique d’un monde sans poème…
Chantez si vous pouvez, si vous pouvez le blues de ma défaite !
Ahan après ahan, j’allais vers les Grands Lacs,
Après marécages et plaines alluviales vers l’Atlantique.
Aujourd’hui, je suis Mississipi sans aucune de mes provinces.
– Plus d’errance en terre Canada
Tous les affluents mis sous séquestre : tous :
Ohio, Missouri, Minnesota, Illinois…
Sous la terre plus d’enquête minérale,
Plus d’indien Chippewa pour récolter le riz ou dire le chemin
Vers les villes fantômes de Memphis, de Louisiane, de Saint-Louis.
De Nouvelle-Orléans au pigment créole et de Detroit : silence.
-Coupable d’avoir permis le coton du sud et le sang rouge
Coupable de Nat Turner et de son peuple chosifié
Coupable de palaces flottants au gré des roues à aubes
Coupable de tabac de piraterie et de cartes truquées
Je m’étais racheté en donnant le blues au monde…
– Silence… même le blues a perdu sa nostalgie…
– Je dis : mon cœur est une usine, il m’assassine…
– Je suis mort dans l’Ancien et le Nouveau Mondes
Je n’arpente plus les terres roulant mes légendes
Comme choses à entendre pour une nouvelle alliance.
Tout s’embrouille où je fus clarté de jour, clarté de nuit.
Je ne saurais même plus reculer à force d’agonie…
Je suis mort dans les arbres et loin des arbres
Je n’éclabousse plus d’une racine à l’autre
J’ai fait comme un pas de trop dans la violence
De vouloir franchir le territoire de la faune et de la flore
J’ai contredit le mot de passe dont j’avais le SAVOIR…
Hommes qui n’ouvrez plus
Parce que vous m’avez barricadé
Moi : la porte même !
Hommes qui n’entonnez plus
Parce que vous m’avez bâillonné
Moi : le refrain même !
Hommes aujourd’hui sans SAVOIR
Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous fait du FLEUVE ?
-En ce temps-là, il fallait basculer le malheur
Mettre un autre signe sur le front des vivants
Epeler, épeler jusqu’à l’incendie des gorges
Le sésame d’eau pour une présence parmi nous…
– Je ferme le livre à la page où je m’appelle Amazone.
– Quelle parole pourrait me raconter du Peru dans les Andes
Et tracer ma longue route jusqu’à la Mer Atlantique…
Me raconter Parañon au Peru, Solimoës au Brazil,
Puis Rio Santa Maria de la Mar Dulce… Amazone enfin ?…
Quelle parole sinon une longue récitation de mes lieux…
Bolivie – Equateur – Colombie – Vénézuela et mes autres jalons
Tocantins : mes rapides et mes bancs de sable, Xingu : mes cascades…
Tapajos : mes cataractes et Madeira et mes récifs et maëlstroms…
Mato Grosso l’inextricable et Pucallpa d’Oriente…
Et mes volcans, mes falaises barrancas, ma latérite canga
Tout cela pillé, tout cela mis à sac, tout cela sinistré !
Amazone d’enchevêtrements de racines : dynamité !
Amazone musée vert, panorama, royaume : explosé !
Amazone sans terras caidas, sans terres échouées…
– Plus de souffle pour nommer pêle-mêle plantes et bêtes :
Myrte, acacia, bégonia, cécropies nénuphars géants…
Forêts de lichen, fuschia, gentiane, fleurs de soufre…
Tourné, suri le lait de la cassave, défunt le parfum tabac
Les singes guaribas se taisent à tous les angélus !
Tatous, jaguars, pumas, tapirs, cougars : tous des squelettes
Plus d’oiseaux bariolés, plus de lézards furtifs, abattus les toucans.
– 0 mes forêts pluvieuses, mes forêts de chênes et de laurier
Et ce triple silence de moi-même, des écorces et des perruches !
Amazone, Amazone,sans serpent pour me garder
Sans la danse des Indiens plus loin, vers Manaus…
Quel Orénoque reviendra me remplir d’îles, quel Rio Negro ?
– Amazonie : un pan de chair verte déchiquetée…
– Moi, soudain sans palissandre au seuil de ma demeure !…
– Je suis mort sous toutes les latitudes
Je ne colère plus, je ne clame plus.
Ma chair, ma chair d’eau flagellée…
Mon sang, mon doux sang gaspillé…
Et tous ceux que j’ai nourris et guéris m’ont déserté…
Je suis mort de pôle en pôle, de tropique en tropique…
Qu’on éloigne de moi tous les calices menteurs
Qu’on me rende ma simple force d’eau parmi la terre
Que les enfants viennent sur mes rives comme des prophètes
Qu’ils relisent l’oracle où je suis SAUVEUR !…
Hommes désormais à genoux
Parce que vous m’avez ployé
Moi : la verticale même !
Hommes sans envolée
Parce que vous m’avez ancré
Moi : l’essor même !
Homme aujourd’hui de la double SOIF
Qu’avez-vous fait, que ferez-vous sans FLEUVE ?…
– Et voici qu’en pleine nuit, quelque part dans Béthléem
Ou ailleurs, partout où les arbres, les bêtes et les hommes
Etaient penchés sur l’Absence, sur la terre craquelée…
une source jaillit plus forte que le FLEU
Balayant les chagrins, rallumant les yeux…
Soudain, la terre reprit visage de terre
Et la salive fut douce dans toutes les bouches…
A la place de la menace, une grande permission accordée à la PLUIE
Qui lava et relava JOURDAIN,
Boulevarsa CONGO jusqu’à la Danse,
Délivra VOLGA de son mauvais sommeil,
Fit battre les entrailles de GANGA.
Précipita YANG-TSEU-KIANG vers la mer,
Affranchit MISSISSIPI du malheur,
Et rendit à l’AMAZONE sa verte rumeur…
– En ce temps-là, il fallait que le ciel éclate
Que le vent invente un heureux naufrage
Que le crime soit oublié : que le MESSIE vienne !…
– Et voici qu’en pleine nuit de Noël
Aux quatre points cardinaux,
Dans les villes et loin des villes,
Aux quatre coins de la terre
Sur les rives et loin des rives
D’Est en Ouest, du Nord au Sud.
Du ponant au jusant, partout et ailleurs
Sur tous les continents, à la porte de toutes les mers.
Dans l’Ancien et le Nouveau Mondes.
Dans les arbres et loin des arbres,
Sous toutes les latitudes,
De pôle en pôle, de tropique en tropique.
Partout, la soif trouva guérison
Et la gorge entonna le chant de VIVRE !…