Développement et sociétés

AUTOGESTION EN MILIEU RURAL NEGRO-AFRICAIN

Ethiopiques n°15

Revue socialiste

de culture négro-africaine 1978

 

« Le nœud fait par les Ancêtres – Morts – Vivants – Omniprésents ne peut être impunément défait par leurs successeurs. »

Sentence-woyo-kongo.

La Triade ou loi du ternaire est la loi constitutive des choses et la véritable clef de la vie. Car elle se retrouve, à tous les degrés de l’échelle de la vie, depuis la constitution de la cellule organique, à travers la constitution physiologique du corps animal, le fonctionnement du système sanguin et du système cérébro-spinal, jusqu’à la constitution hyperphysique de l’homme, celle de l’univers et de Dieu.

La maxime latine « Omnium trium perfectum » se traduirait par « Le Trois contient la perfection ».

Un oracle de Zoroastre dit :

« Le nombre trois partout règne dans l’univers.

Et la monade est son principe. »

Une sentence woyo-kongo dit : « Trois termitières suffiraient pour assurer l’équilibre de la casserole ; la présence d’une quatrième ne serait pas nécessaire dans ce cas précis. »

On sait que, selon les mathématiciens, lorsqu’il s’agit de trois ou quatre supports, on parlerait, respectivement, d’équilibre statique et d’équilibre hyperstatique.

Il y a donc une correspondance entre les deux conceptions : mythique et scientifique.

On pourrait donner plusieurs interprétations à cette sentence.

Dans la première, les trois termitières symboliseraient, respectivement, le Soleil, la Lune, la Femme-Dieu. Ces trois éléments forment, ensemble, « l’Unité Cosmique », qui se trouve, selon la Tradition, à la base de la loi des cycles, des cycles écologiques, du comportement, de l’équilibre des sociétés humaines.

Ce phénomène aurait favorisé l’institution du calendrier traditionnel, le calendrier lunaire, comportant VINGT-HUIT jours (sept semaines de quatre jours chacune), la durée de lunaison et du cycle féminin.

Dans la seconde, les trois termitières représenteraient, ensemble, la famille, cellule sociale de base de toute société humaine c’est-à-dire le père, le fils, la mère. On rejoint, ici, la trilogie chrétienne de Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit, la « Femme-Dieu » étant considérée, aux yeux des Traditionalistes négro-africains, comme la personnification de la puissance génératrice et fécondante de la Nature.

Rappelons, ici, en passant, que le processus de gestation de l’être humain s’effectue dans le sein de la Femme-Dieu pendant une période de neuf mois au cours de laquelle cet être humain est, successivement, doté des éléments à bases minérale, végétale, animale et, enfin, des facultés cérébrales qui le distinguent de l’animal. La Nature est constituée des règnes minéral, végétal et animal. L’histoire de ceux-ci ne peut donc être séparée de celle de l’être humain. Ils sont condamnés soit à cohabiter soit à périr.

Dans tout village négro-africain où se traite un problème vital pour la société, ceux qui participent au débat se répartissent, toujours, en trois groupes distincts : dans le premier, se rangent les vieux sages, défenseurs de l’Ordre fondé par les Ancêtres-Morts-Vivants-Omniprésents, dans le second, les jeunes gens, dans le troisième, la Femme-Dieu, matrice et protectrice de la société.

Dans le contexte des sociétés néo-africaines, les trois termitières désigneraient, la première, le Traditionaliste qui incarne la véritable personnalité, identité nègre, la seconde, la technocratie sécrétée par la société coloniale, enfin, la « Mère-Nature ».

Une lutte sans merci est, aujourd’hui, menée, en Afrique, contre la Tradition et ses représentants, au nom de l’efficacité, du modernisme, dans l’intérêt du développement s’appuyant sur des schémas importés.

On considère la Tradition comme une institution anachronique. C’est du folklore, estiment certains technocrates africains souffrant, eux-mêmes, de troubles d’identité !…

Toujours au nom de l’efficacité et par snobisme, on pratique le mimétisme culturel pour s’adapter au goût des sociétés du monde développé, qu’elles soient de type libéral ou de type marxiste-léniniste.

Aujourd’hui encore, dans de nombreuses sociétés traditionnelles négro-africaines, dès qu’elle atteint l’âge adulte, la jeune fille subit une forme d’initiation réservée à la Femme-Dieu. Véritable école de la vie où elle apprend, non seulement, ses futurs devoirs de mère et d’épouse mais surtout les obligations auxquelles elle doit s’astreindre dans l’intérêt de l’équilibre, de l’harmonie de la société.

L’enseignement dit moderne a éloigné la Femme de son rôle cosmique : elle est devenue l’objet, à l’heure actuelle, dans la plupart des cas, des aspirations immédiates des sociétés dominées par l’égoïsme, l’individualisme, le productivisme, l’économisme. D’où ce déséquilibre dont souffrent toutes les sociétés néo-africaines.

Comme on le voit, parce qu’on tente, par tous les moyens, de détruire deux des trois termitières qui l’ont toujours soutenue, la casserole a perdu son équilibre !…

Tout doit donc être mis en œuvre en vue de consolider ces deux termitières, les remettre en place pour que la casserole retrouve l’équilibre.

En d’autres termes, institutionnaliser le contact entre les Elites traditionnelles et les Elites occidentalisées dont la formation technique rationnellement exploitée contribuerait largement au renforcement des bases du Négrisme.

De ce contact, naîtrait, d’ailleurs, une forme d’interculturation profitable aux deux parties, ce qui permettrait, ensuite, de s’engager dans la voie de transformation progressive mais radicale des systèmes d’éducation qui doivent s’ouvrir aux réalités du Négrisme, sans pour autant renoncer aux apports de la science et de la technologie modernes, patrimoines communs de l’humanité : science sans conscience n’est que la ruine de l’âme…

Dans cette optique, la philosophie, par exemple, ne devrait pas être considérée uniquement comme une recherche purement intellectuelle mais également comme une manière de vivre.

 

La technologie au service des objectifs sociaux

Mais comment concilier le système de valeurs de caractère naturiste, agraire qui régissent les Traditionalistes avec les différentes formes de progrès technique ?

Ce système de valeurs ne s’oppose nullement aux progrès de la science et des techniques, à condition que celles-ci permettent à l’être humain de s’épanouir pleinement dans un cadre psychosociologique qui repose sur ses fondements traditionnels.

Il s’agirait de rendre le progrès scientifique et technologique compatible avec certaines conceptions de la vie, de la société et du bonheur.

Nous croyons, comme l’écrit F. Hertogan, haut fonctionnaire de l’O.C.D.E., que la condition première d’une véritable politique d’innovation sociale est d’admettre que la technologie n’est pas une irrésistible force autonome mais un instrument au service des objectifs sociaux. A ce titre, elle doit être traitée comme une variable dépendante dans la prise de décision. La difficulté réside dans le manque d’imagination en matière d’innovation sociale et dans l’absence de consensus sur les objectifs.

Vouloir faire dériver l’innovation sociale de l’évolution technologique n’est pas raisonnable. Il est clair que ce n’est pas la technologie mais l’homme qui crée une société. On évite d’assumer cette responsabilité, d’une part parce que les individus ne savent quel sens donner à leur existence et, d’autre part, parce que les groupes sociaux n’arrivent pas à se mettre d’accord ni sur les caractéristiques communes des réalisations sociales ni sur les règles susceptibles de conduire à de réelles innovations sociales.

Pour le Traditionaliste, qui s’appuie, dans son comportement, sur ce que L.S. Senghor appelle la « raison intuitive » opposée à la « raison européenne » discursive, l’Occidentalisé s’identifie au système colonial, facteur d’acculturation, l’Etat créé par lui est donc l’expression des classes dominantes.

Parce que considéré par lui comme une forme d’oppression, d’asservissement, l’introduction de la technologie étrangère, au sein de sa société, provoque, toujours, chez ce traditionaliste, un phénomène de rejet.

Toute solution visant à l’intégration de ce dernier aux circuits de l’économie moderne devrait donc s’insérer dans un plan d’ensemble dans lequel s’inscrirait un cadre juridique reconnaissant aux simples citoyens le droit de s’occuper des questions d’intérêt général.

Intégrés et remodelés dans le contexte traditionnel dominé par les valeurs du collectivisme social, la technologie moderne et tous les autres éléments allogènes cesseront alors d’être des corps étrangers ; ils ne seraient plus que des composantes organiques d’une culture africaine moderne capable de vivre sa vie propre.

Pour paraphraser Thomas Melone, le collectivisme social négro-africain, d’après nous, est un modèle communautaire revêtant un caractère humaniste, une construction sociale accordant à la participation de l’individu le rôle fondamental au centre de l’épanouissement de tout participant et de la promotion collective.

Les valeurs du collectivisme social négro-africain sont caractérisées par l’esprit de justice distributive, de solidarité fraternelle, de souci écologique, de fierté et dignité collectives, de fierté et dignité individuelles, de modestie, du désir de prospérité, de xénophilie.

Ces valeurs collectives sont aussi valables aujourd’hui qu’hier, même si leur formulation et leur incarnation doivent être aménagées.

Fondamentales pour tout être humain, les valeurs socialo-morales traditionnelles sont à la base de son équilibre personnel et social. Lorsque ces valeurs sont contestées, et plus particulièrement dans le cas du phénomène néo-colonial d’acculturation qui caractérise de trop nombreux cadres « techniques africains », des déséquilibres psychologiques apparaissent et sont souvent d’autant plus graves qu’ils sont étouffés par une volonté d’assimilation à une société totalement artificielle.

Peut-on empêcher un citoyen d’un pays qui se veut démocratique d’exercer ses droits d’entreprendre, d’accumuler des biens ? NON ! Doit-il exercer ces droits au détriment des intérêts de la collectivité ? NON !…

L’esprit d’initiative, le désir de prospérité sont inhérents à la nature humaine. Ceci est tellement vrai que tous les africanistes européens, qui ont pu analyser les structures politiques, économiques, sociales des sociétés pré-coloniales, relèvent qu’au sein de celles-ci, l’ordre de la nature et l’ordre de la civilisation étaient étroitement imbriqués mais cette intime liaison n’excluait pas la volonté de mettre les richesses naturelles à la disposition des hommes en les transformant, en les livrant à l’œuvre des arts dans l’intérêt de la collectivité.

En Chine, par exemple, dans les conditions où sont assurés le développement et la prépondérance absolue de l’économie collective des communes populaires, les membres de celles-ci peuvent cultiver des lopins de terre réservés à leur propre usage et se livrer, dans des limites restreintes, à des « occupations subsidiaires familiales » ; dans les régions d’élevage, les membres peuvent posséder un certain nombre de têtes de bétail à titre individuel.

Les paysans commercialisent les produits de ces deux « secteurs d’initiative privée » dans le cadre de la commune populaire dont ils font partie. Rappelons, ici, que, grâce à ses foyers de culture, de commercialisation, de défense et d’éducation, ses usines, sa production alimentaire et ses marchés, la « Commune Populaire » est un micro « Etat » autonome : elle gère ses propres affaires mais reliées aux autres communes par des liens d’unification culturelle, économique, politique et militaire.

Signalons, aussi, que le secteur des « activités subsidiaires » intervient, pour une part non négligeable, dans la constitution du Produit National.

 

L’homme au début et à la fin du Développement

L’humanisme négro-africain part de l’homme pour revenir à lui. Cet humanisme se trouve à la base d’une éthique individuelle et sociale dont l’épanouissement moral s’achève dans la vie mystique.

Comment concilier les intérêts des individus et de la collectivité dans le cadre des sociétés néo-africaines, celles-ci ayant subi les contraintes du système colonial avec tout que cela implique ?

La motivation d’un peuple pour le développement c’est-à-dire pour l’amélioration des conditions économiques, sociales, du fonctionnement de la société dans laquelle il mène son existence ne peut venir que du profond de lui-même : elle ne peut être greffée de l’extérieur.

Les sociétés traditionnelles négro-africaines sont structurées socialement et culturellement.

L’esprit collectiviste, égalitaire qui les imprègne se concrétise, encore aujourd’hui, non seulement, par l’appropriation collective des terres par le Clan mais aussi par la prise en charge des services de sécurité sociale (enseignement, santé, assistance aux personnes âgées, aux orphelins) par celui-ci ainsi que par un système de division du travail qui contribue au renforcement de la solidarité du groupe.

Lorsque la société est affectée par des calamités, par exemple, sécheresse prolongée, pénurie de gibier, de poisson, mortalité infantile, épidémie, dénatalité etc., les responsables de toutes les communautés villageoises d’une tribu donnée se réunissent pour tenter de découvrir, ensemble, les causes profondes de ces difficultés en vue d’y porter remède.

En matière de développement, on devrait, à notre humble avis, partir d’une réalité objective, en d’autres termes, prendre comme base, le village. Il s’agit d’encourager des initiatives vers l’auto-développement, l’autogestion, de favoriser la participation des citoyens dans la gestion publique du village à l’Etat.

Seul un système d’autogestion démocratique, appliqué en milieu rural, permettra aux sociétés néo-africaines, tout en contribuant à l’enrichissement de l’humanisme du vingtième siècle, de garder leur équilibre, leur harmonie, de bâtir, ainsi, une civilisation néo-africaine de caractère humaniste, naturelle et rencontrant les aspirations les plus légitimes des peuples.

Restituant le pouvoir, le droit d’initiative aux collectivités traditionnelles qui incarnent, rappelons-le, la véritable personnalité, identité nègre, le système autogestionnaire introduirait, en « Afrique moderne », une forme de démocratie garantissant l’influence des ruraux sur les responsables politiques.

Dans ce système, les collectivités rurales se partageraient, au plan local, les responsabilités en matières politique, économique, sociale, culturelle.

Dans le cadre d’un Plan, les pouvoirs publics créeraient les conditions objectives susceptibles de favoriser le développement, en milieu rural, des secteurs productifs, source de revenus monétaires pour les populations qui y vivent. Il s’agirait, pour elles d’exploiter rationnellement et à leur seul profit, encadrées par des organisations économico-sociales telles que les coopératives (adaptées aux réalités locales), les paysans, les sociétés de développement etc., différents secteurs d’activités : agriculture (culture, élevage, pêche) , artisanat ou même mines.

Les ressources découlant de l’exploitation de différents secteurs productifs serviraient, à la fois, à favoriser de micro-investissements qui jouent un rôle important dans l’élévation de vie dans le secteur traditionnel et à jeter les bases d’une infrastructure sociale (soins médicaux, enseignement, protection des personnes âgées, des orphelins, reconversion de l’habitat) dont la charge incombe coutumièrement à la collectivité.

La création des secteurs productifs en milieu rural où vit la majorité de la population stimulerait l’épargne locale et contribuerait à l’élargissement des dimensions du marché intérieur deux facteurs du décollage économique.

Il s’agirait, en Afrique, d’utiliser la solidarité clanique, l’autorité et le prestige du chef de la communauté villageoise chargé de la Tradition de préserver l’Ordre fondé par les Ancêtres-Morts-Vivants-Omniprésents pour aider la population rurale à s’épanouir intégralement dans un cadre socio-politique rénové, par la création, grâce à l’exploitation des secteurs productifs, des « Fonds de Développement » et des « Fonds de Solidarité » gérés avec l’assistance technique des organisations économico-sociales que les pouvoirs publics mettraient à la disposition des collectivités locales, les dirigeants de ces organisations s’appuyant, dans leur action ;sur des « Conseils de gestion » composés de personnes désignées par les Cultivateurs eux-mêmes. Les organisations économico-sociales orienteraient les investissements de ces « Fonds » vers des secteurs concourant à la promotion économique et sociale de la collectivité, en encourageant des initiatives individuelles ou collectives s’insérant dans le cadre de cette action.

Bien sûr, l’épanouissement intégral des populations rurales négro-africaines dépend d’un ensemble de facteurs s’imbriquant les uns aux autres et eux-mêmes reliés au développement général de chaque pays. Il est, par exemple, essentiel que la production locale puisse être transportée et commercialisée dans des conditions économiques raisonnables.

Le réalisme commande que nous adoptions, dans chacun de nos pays, une politique de développement favorisant, notamment, une coopération étroite entre les organisations d’encadrement des ruraux et les entreprises privées même d’origine étrangère implantées dans le pays et utilisant les services des cadres compétents, efficients, expatriés et locaux.

Les problèmes de gestion, de commercialisation de la production, d’amélioration de la productivité en milieu rural seraient, ainsi, en partie résolus.

Le meilleur développement, écrit l’excellent journaliste français Pierre Drouin « est celui qui surgit de l’intérieur de chaque société, l’échange international n’étant qu’un auxiliaire et non un but en soi ».

Aujourd’hui, le Traditionaliste négro-africain accepterait d’accéder au mieux être engendré par le développement des sciences et des techniques. Le seul problème qui se pose à lui est celui consistant à éviter que l’utilisation de ce mieux-être ne provoque une destructuration sociale au sein de sa société, une dislocation complète de la convivialité clanique.

C’est, croyons-nous, aux élites intellectuelles négro-africaines à être conscientes du rôle qui leur serait dévolu dans cette œuvre de conciliation entre la civilisation technicienne et l’humanisme légué par nos Ancêtres-Morts-Vivants-Omniprésents. Il s’agirait, essentiellement, de prouver, comme le déclare le professeur Malitza, de l’Université de Bucarest : « qu’il y a caché, dans la culture traditionnelle de chaque peuple, un trésor immense de sagesse et d’idées que la science la plus avancée peut mettre en œuvre et utiliser pour améliorer la technologie ou l’adapter aux besoins du pays ».

Participer à l’humanisme du vingtième siècle signifierait, pour les Traditionalistes négro-africains, accepter de subir des mutations profondes dans leur comportement se traduisant, notamment, par l’introduction, au sein de leur société, des notions d’efficacité, de rendement, de rentabilité, la mise en commun des biens de production, de leur force de travail, leur intégration, en vue de la production, dans une unité économique aux dimensions plus élargies que celles du village et tout cela en vue de la réalisation, en commun, d’un ensemble d’objectifs d’ordre socio-économique, culturel dans l’intérêt de tout participant et la promotion collective.

On voit, tout de suite, l’importance que revêt le dialogue entre les représentants de l’organe de planification et les Traditionalistes qui doivent se sentir directement concernés par les actions à entreprendre dans le milieu où ils mènent leur existence. Ce n’est qu’à cette condition et à cette seule condition qu’ils apporteront leur collaboration sans arrière-pensée.

C’est de la base et non du sommet que devraient partir les orientations de tout Plan ou programme de développement pour aboutir à un ensemble harmonieux, cohérent. Car en vertu de quel droit les Occidentalisés se réclamant d’un ensemble de valeurs superficielles, parce que dépourvues de racines, imposeraient-ils leur volonté aux Traditionalistes guidés, dans leur comportement par une éthique possédant des racines écologiques très profondes ?

Le sens artistique, l’esprit de créativité dont ils font montre et qui se reflètent dans la production sculpturale, artisanale, par exemple, prouvent que les ruraux recèlent, en eux, des potentialités, des trésors d’ingéniosité qui mériteraient d’être régénérés, fécondés et à partir desquels pourrait se développer l’esprit d’initiative permettant d’élaborer, avec leur contribution, un programme d’ordre socio-économique et culturel répondant à leurs aspirations les plus profondes.

Des raisons multiples et impérieuses devraient inciter les responsables africains à adopter une nouvelle stratégie de développement alliant des objectifs généreux définis au niveau des centres de responsabilité économique aux seuls moyens véritablement efficaces de les réaliser en milieu rural : la collectivité autogérée.