Raoul Lonis
Notes

ARCHIVES DES AUTRES MONDES DE ROBERT CHARROUX

Ethiopiques n°15

Revue socialiste

de culture négro-africaine

L’auteur est, un familier de ce type de littérature consacrée aux mystères, énigmes et autres « secrets » enfouis.

Il y a, on le sait aussi, un public friand de ces révélations » et auquel la revue « Planète » apporta en son temps une inépuisable provende.

Certes, tout n’est, pas dit en ce monde et l’on vient trop tôt. Bien des phénomènes échappent encore à une explication rationnelle et défient apparemment l’entendement. Mais faut-il pour autant en conclure que « le mystère est partout, du cœur de la galaxie au centre inviolé de notre planète » (p.21) ? Faut-il, à propos de tout et de rien, entretenir complaisamment le mythe de ces « ultimes messages laissés par nos Ancêtres supérieurs dont la civilisation a précédé la nôtre ?

Ce goût pour la littérature mystérieuse ne serait après tout qu’une agréable manie,s’i1 ne s’accompagnait d’une tendance à l’imposture d’une part, et d’une haine mal dissimulée pour la science et les savants d’autre part. L’imposture, c’est de pratiquer l’amalgame entre certaines réalités archéologiques, d’une part, villes disparues (mais quoi de plus naturel après tout, qu’une ville disparaisse en raison de facteurs démographiques, économiques ou militaires) , mégalithes aux formes énigmatiques (mais dont la signification religieuse peut être relativement aisée à déceler), et, d’autre part, le domaine du parapsychique, de l’illusionnisme, voire des sortilèges. L’imposture, c’est peut-être aussi de reprendre, sans tenir compte des contre-épreuves ultérieures qui les ont ramenées à leur juste valeur, des expériences qui ont paru, un temps, reculer les limites de l’intelligence : tel « l’exploit » de ce jeune étudiant américain qui établit tout seul le plan de fabrication d’une bombe atomique, mais dont nous savons maintenant qu’il aurait été bien incapable de passer de la théorie à la pratique etc…

Plus inquiétante est l’animosité foncière dont sont victimes les savants et d’une manière générale tous ceux qui ont le malheur de ne pas être des autodidactes.

Qu’on en juge par cette condamnation lapidaire : « Dans une société qui ne serait pas corrompue jusqu’à la moelle, nombre de préhistoriens seraient pendus haut et court et la plupart des « journalistes scientifiques » envoyés à M. Amin Dada à l’intention des crocodiles » (. 362).

On peut regretter en tout cas que de tels travaux se donnent l’apparence d’une littérature d’étude et de réflexion. Il serait plus naturel qu’ils se présent comme ce qu’ils sont : une littérature de divertissement, ce dont nous avons également besoin.