Poèmes

TOMBE LE SOIR

Ethiopiques n°88.

Littérature, philosophie et art

1er semestre 2012.

Espaces publics africains, crises et mutations

TOMBE LE SOIR

Dans ce pays mien d’azur et de lumière

Le soleil couchant se lisse le disque

Dans les caresses argentées des vagues

Et leur ressac au pied de la falaise fraîche !

En écho à la nature parée de porphyre

Te voici languide irradiée et inondée

De la fraîcheur du bain crépusculaire

Frotte-dents de bois tendre à la bouche

Pour resplendir d’un sourire lustré

De la blancheur de l’oie de Gambie

Car tu me sais dans l’attente fiévreuse de toi !

Or le soir tombe velours épandu

Et à pas feutrés tu viens à moi

De peur de réveiller le silence

Qui doucement s’assoupit !

Te voici exubérante mais contenue

Les yeux étincelants de passion

Belle comme l’étoile du matin

Comme une promesse capiteuse

Offerte aux lueurs du jour naissant

Et ton visage est merveille épanouie !

Et m’enivre l’escorte de tes senteurs

Annonce frémissante de proche en proche

Tel le tambour des lutteurs en randonnée

Qui ouvre et ferme ta marche déhanchée

Car te voici parfumée, parfumée !

Et t’offrant à mes bras ouverts

Et chantée par le silence qui se tait

Par la lune qui lentement monte monte

Que je m’unisse à eux moissonneur comblé

La voix auréolée d’un accord de guitare !

Pour te célébrer en une nuit colorée

Qui ne s’oublie et ne se raconte

Car par elle l’être se ramasse en toi

Et y bâtit son inviolable demeure :

Plénitude, plénitude, plénitude !

[1] Extrait de Cadences et lagunes, Dakar, les Editions Feu de brousse, 2003.