Littérature

TEMPS DE CHIEN DE PATRICE NGANANG : QUAND LE TEXTE SE CHARGE DES REALITES CAMEROUNAISES

Ethiopiques n°73.

Littérature, philosophie et art

2ème semestre 2004

En observant de près la littérature camerounaise contemporaine, on conclut aisément que le clan de la littérature réaliste a du cran ; et s’il est un roman publié ces dernières années dont on peut dire qu’il a donné une impulsion supplémentaire au roman réaliste, c’est bien Temps de Chien de Patrice Nganang. En effet, tout en étant une véritable œuvre de fiction, le souci d’« authenticité » du texte par rapport à son référent camerounais constitue une préoccupation et un sujet majeur de l’écrivain. Les événements qui constituent le socle de cet ouvrage ont une curieuse correspondance avec les réalités sociopolitiques camerounaises de la décennie 1990 pour quiconque connaît le Cameroun de cette époque-là. En plus, le texte se « camerounise » non seulement dans sa thématique, mais aussi dans son matériau linguistique même.

Le problème que nous abordons est donc celui du réalisme [2]. Comment le texte de Nganang nous fait-il croire qu’il copie le réel ? Quels sont les moyens stylistiques mis en œuvre pour créer cet effet de réel ? Afin de cerner cette problématique, la présente analyse sera d’abord axée sur les références au Cameroun (lieux, personnes, événements, etc.) ; par la suite, l’on tâchera de montrer en quoi, au-delà de la langue et du langage réels des personnages qui peuplent l’univers romanesque de Nganang, les réalités linguistiques présentes dans le texte sont en conformité avec le français tel qu’il est parlé et écrit par la majorité des Camerounais dans la pratique quotidienne.

  1. LES REFERENCES AU CAMEROUN

On ne peut véritablement comprendre Temps de chien sans se référer aux réalités du Cameroun contemporain. Et à bien observer les lieux, les personnages et les événements ont une grande conformité avec la société camerounaise. L’auteur peint cette société comme elle est, sans chercher à l’idéaliser, dans un esprit d’objectivité aussi parfait que possible. Nous pouvons à cet effet appliquer à Nganang cette théorie de Champfleury (citée par P. Brunel, 1980 : 490) qui prône

« la reproduction exacte, complète, sincère du milieu où on vit, parce qu’une telle direction d’études est justifiée par la raison, les besoins de l’intelligence et l’intérêt du public, et qu’elle est exempte du mensonge et de toute tricherie ».

Cette peinture, Nganang l’a faite à l’aide de multiples procédés.

1.1. Les indications spatiales

Patrice Nganang fait mouvoir ses personnages dans un espace attesté hors du texte. Tout d’abord un macro-espace : Yaoundé (capitale du Cameroun) et ses sous-quartiers. Le chien Mboudjak, qui assure l’instance narrative, mène le lecteur dans les dédales de plusieurs quartiers populaires de la ville capitale. On a principalement les quartiers Madagascar, Mbankolo, Briqueterie avec son « Ministère de soya », Carrière avec son très populaire « Carrefour Jean Vespa », Obili, Melen, Nlongkak, enfin la Cité Verte. Ensuite, viennent des micro-espaces tels Score (grand supermarché situé en plein cœur de la capitale camerounaise), le marché de Mokolo (marché très célèbre avec ses vendeurs à la sauvette et autres badauds, bayam-salams, pousseurs), le cinéma Abbia, le lac central (situé au cœur du quartier administratif de Yaoundé), la société Sitabac (société industrielle de tabac), enfin le Palais d’Etoudi (Palais présidentiel camerounais).

Avec ces « espaces emblématiques », le lecteur a l’impression qu’il a affaire à une énumération sans autre règle que celle de le mettre en contact immédiat avec la capitale camerounaise telle qu’elle est sur le plan administratif et en quelques lieux de référence.

Comme on le voit, et pour des raisons du reste évidentes, Patrice Nganang, contrairement à un Mongo Béti, n’a pas voulu dissimuler la ville de Yaoundé, cadre principale des actions de son roman, sous une identité d’emprunt. Il s’agit donc d’une ville de Yaoundé dont la toponymie n’a subi aucun changement dans le champ de l’imaginaire.

1.2. Les personnages référentiels

On note dans Temps de Chien la présence de plusieurs hommes politiques ou personnalités ayant marqué pour certains, et qui continuent à marquer pour d’autres, la vie sociopolitique camerounaise. Ces personnalités, nommément citées, sont notamment : le Général Sémengue, premier diplômé camerounais de Saint Cyr (école de guerre en France) ; Jean Fochivé, chef du service de renseignements sous Ahmadou Ahidjo et chef de la sécurité intérieure sous Paul Biya ; Boh Herbet, correspondant de la radio Africa n°1 entre 1990 et 1993 ; Vincent Tsass, correspondant de R.F.I et de l’Agence Reuter au cours de la même période.

Ce qui est beaucoup plus significatif est l’allusion faite à la personne du chef de l’Etat camerounais Paul Biya. A titre illustratif, on a tout d’abord des extraits de ses discours, extraits d’ailleurs très employés par les locuteurs camerounais dans diverses situations de la vie : « Le Cameroun c’est le Cameroun » (T.C [3] : 190, 269 et 289) ; « la politique aux politiciens » (ibid. : 234) ; « le Cameroun se porte bien » (ibid. : 190). L’allusion à Paul Biya est aussi faite à partir d’une chanson régulièrement exécutée dans les meetings politiques du R.D.P.C (parti au pouvoir), et en guise de soutien à leur chef de parti ; chanson dont le texte de Nganang reprend le principal couplet :

« Paul Biya – Paul Biya – Paul Biya – Paul Biya

Notre Président – notre Président – ha

Père de la nation,

Paul Biya toujours chaud gars… » (ibid. : 274)

Et un refrain identique : « Chaud-chaud ! chaud-chaud ! » (T.C : 274)

Viennent, ensuite, les expressions employées en majorité par les militants et sympathisants des partis de l’opposition et indexant le chef de l’Etat : « Biya est fort » (ibid. : 269) ; « Biya must go » (ibid. : 295) ou encore « carton rouge à Paul Biya » (ibid.).

Les étudiants de la décennie 1990 représentent une autre catégorie particulière de personnages référentiels dans Temps de Chien, avec à la clé ce qu’ils ont appelé à cette époque-là « le chant de ralliement » ; chanson que ces derniers exécutaient régulièrement lors des mouvements de contestation dans le campus et ses environs :

« Liberté eh eh eh

Liberté eh eh eh

Dieu tout puissant ah ah

Nous serons libres bientôt » (ibid. : 291).

 

Il faut dire que les étudiants camerounais entendent faire valoir leurs aspirations profondes en cette période charnière des grandes mutations sociopolitiques, et cet « hymne à la liberté » marque leur engagement pour une véritable démocratie. Toutefois, mentionnons que cette chanson est empruntée à Anne-Marie Ndzié, célèbre chanteuse camerounaise des années 1970, chanson qui célébrait en son temps les indépendances africaines. Une précision mérite tout de même d’être faite : dans la chanson originale, l’auteur compositeur ne dit pas « Nous serons libres bientôt » comme le refrain sus-évoqué, mais au contraire « Nous sommes libres, merci ! ». Il est clair que c’est le contexte des années 1990 qui a permis la modification de cette partie du refrain chez les étudiants.

1.3. Les types sociaux

Patrice Nganang met en relief un certain nombre de types sociaux, symboles d’une société en pleine déchéance et aliénée par la misère économique et morale. Nous avons tout d’abord Massa Yo, type du fonctionnaire « compressé » reconverti dans le commerce, en l’occurrence dans la vente de la boisson, et qui a trouvé là un moyen de survie. Homme chiche, égoïste, peu soucieux du bien-être de sa femme Mama Mado et de son fils Soumi, il est « recroquevillé dorénavant dans le trou obscur de sa crise, mortifié par le souvenir de l’aisance dont il [a] été abruptement sevré. Emasculé par le bobolo sec aux arachides grillées qu’il [doit] maintenant manger le matin, à midi et le soir, [Massa Yo] ne [tend] plus sa main vers [son chien] pour [lui] caresser le crâne » (T.C. :15) comme jadis. Ce chien qui était autrefois régulièrement mené chez un vétérinaire pour les soins, et qui mangeait habituellement des « ragoûts aromatisés qui étaient supposés adoucir ses nerfs » (ibid. : 12), ce chien, disions nous, se trouvait abandonné par son maître qui ne l’appelait même plus : « Même m’appeler par mon nom était mort dans sa bouche » (ibid. : 15), remarque Mboudjak qui était devenu « un parasite » (ibid. : 16).

Massa Yo représente bien la situation de multiples pères de familles camerounaises « compressés » dans la décennie 1990, compressions consécutives à une forte récession économique qui a secoué le Cameroun avec au final la fermeture de plusieurs sociétés tant publiques que para publiques ou privées ; d’ou la misère, le vol, la prostitution, voire des situations quasi explosives dans les différentes familles de ces « privilégiés » d’hier.

Le personnage de Mini Minor, tenancière du « Chantier de la République », se présente comme le type de la femme ingrate, calculatrice, mesquine. Ancienne maîtresse d’un fonctionnaire éconduit depuis que l’État ne parvient plus à payer régulièrement les salaires, elle se moque avec ostentation de son ancien amant :

« Regardez-moi un énergumène comme ça qui vient dans un bar comme celui-ci où les gens me respectent dire que c’est lui qui me gère, anti zamba ouam. Il ose même dire qu’il voulait m’épouser. Dites-moi vraiment, vous qui me connaissez : est-ce que je mérite un têtard comme ça ? […] vraaaiiiiment, même les cauchemars ont des limites. Moi la femme de ce cancrelat-ci ! » (ibid. : 66).

D’ailleurs n’a t-elle pas un nouvel amant en la personne du Commissaire de Mokolo qui lui assure une protection très rapprochée ?

Vient aussi le personnage de Docta, diplômé de l’Enseignement supérieur sans emploi et qui deviendra spécialiste du « coupement des femmes » (T.C. : 95). A défaut de pouvoir jamais décrocher un emploi, Docta passe ses journées devant le bar de Massa Yo, se dynamitant à l’alcool, et agrémentant sa vie du « sport lytique » (ibid. : 72). Docta est bel et bien le type de l’intellectuel sacrifié dans une société où l’effort n’est pas récompensé à sa juste valeur et où l’échelle des valeurs a été inversée, surtout avec l’apparition de nouveaux mythes notamment le football, la fehmania [4], etc.

Enfin le personnage du vendeur de cigarettes, qui deviendra par la suite « pousseur », est le type même des petits débrouillards qui inondent les grandes métropoles camerounaises et très souvent victimes de l’injustice et de l’arbitraire, caractéristiques de l’administration. Le traitement infligé au petit vendeur de cigarettes en est bien illustratif. En effet, sur le simple soupçon qu’il a osé interpeller au passage le Commissaire de Mokolo, ce dernier mettra les menottes au jeune débrouillard et le fera mettre en cellule, marquant par ce fait le début de sa déchéance. A sa sortie, le petit débrouillard, complètement dépouillé, ira grossir les rangs des « pousseurs » qui arpentent, avec des charges souvent impressionnantes, les rues des villes camerounaises.

L’arbitraire, caractéristique de l’administration, est encore bien attesté avec l’arrestation de « l’homme en noir-noir ». Ecrivain- philosophe, ce dernier connaîtra aussi la prison pour s’être insurgé (tout seul) contre l’arrestation arbitraire du vendeur de cigarettes. Cette opposition marque son engagement dans la lutte contre les injustices et les violations répétées des droits élémentaires. A sa sortie de prison, il reviendra à Madagascar pour dénoncer la lâcheté des habitants et leur déchéance morale. L’écrivain-philosophe se présente ainsi comme le type de l’intellectuel incompris dans une société en pleine déliquescence.

1.4. Les événements retenus par la mémoire collective

Il faut tout d’abord dire avec André Ntonfo (2003 : 15) qu’« au-delà d’une action qui se déploie dans quelques sous-quartiers de la ville de Yaoundé, ce sont bien les événements qui ont marqué le Cameroun des années 1990, dites « années de la démocratisation » ou encore « années de braises », qui constituent la toile de fond de Temps de Chien ». Ceci est d’autant plus vrai que les micro-histoires qui parsèment cet ouvrage ont une existence extérieure ou une évidence de fait qui permet au lecteur d’en vérifier la justesse des événements, l’existence d’une réalité extralinguistique qui correspond bien aux années 1990.

A cet effet, on a dans le texte l’allusion à la manifestation des étudiants au quartier Obili [5] le 6 mai 1991 et l’intervention des forces de l’ordre qui s’en est suivie : « Les étudiants sont en train de manifester à Obili » (T. C : 264) ; ensuite « je vous dis qu’il y a eu des morts […] à l’Université » (ibid.). De façon implicite, on note ici la polémique soulevée au sein de l’opinion nationale et internationale à propos de la descente de l’armée dans le campus universitaire et ses environs le 6 mai 1991. Pour une partie de l’opinion, il y eut effectivement des morts côté étudiants au cours de cette intervention ; pour l’autre partie, il n’y eut aucun cas de décès.

Les événements de Ntarikon [6] sont aussi bien mentionnés ici : « Il y a eut des morts […] à Ntarikon […]. Il disent qu’il n’y a eut que six morts » (ibid. :269). Il faut dire que les premières revendications pour le multipartisme et la démocratisation de la vie politique camerounaise ont eu lieu à Bamenda, et il y eut dans la réalité, selon les autorités administratives locales, six morts piétinés par la foule.

Figurent aussi dans le récit, en bonne place, les multiples mouvements de revendications initiés par les taximen et autres vendeurs à la sauvette :

« Ça avait été les étudiants et certains fonctionnaires. C’était maintenant les sauveteurs qui entraient dans la danse. Ils refusaient de se faire manger par la Communauté [urbaine].

Et puis les taximen refusèrent une fois de plus de travailler, pour protester contre les rackets légaux de la police. Le jour où ils firent la grève, toutes les rues de Yaoundé restèrent vides. Parfois un hélicoptère traversait le ciel […]. Des hommes se cachaient dans les boutiques. […] Ils disaient que l’hélicoptère portait des gaz lacrymogènes » (T.C : 270-271).

 

Mentionnons que l’année 1991 a bien vu plusieurs mouvements de grève observés par les taximen qui réclamaient en priorité la fin des tracasseries policières avec, entre autres, la rétention par les « mange- mille » [7] (ibid. : 73) des pièces du chauffeur ou du véhicule telles l’assurance, la carte grise, le permis de conduire, la capacité, la carte d’identité, etc. Les taximen exigeaient en plus la fin du traitement inhumain dont ils sont victimes au quotidien de la part des agents de police. D’ailleurs, dans le texte, Mboudjak le chien narrateur dit qu’un jour il entendit « parler d’un taximan qui avait été fusillé à bout portant par un policier à qui il refusait le tchoko [8] […] et les taximen étaient tous entrés en grève devant cette expression trop criarde de […] la cruauté endémique des hommes » (ibid. : 190).

Un autre événement que le texte évoque de manière plus ou moins implicite, et qui a particulièrement marqué la vie sociopolitique camerounaise de la décennie 1990, est l’arrestation de l’écrivain- philosophe pour cause de lettre ouverte au Président de la République, et publiée dans la « presse privée le Messager » (ibid. : 295). A bien analyser, cette deuxième histoire de l’écrivain-philosophe est étrangement semblable à « l’affaire Célestin Monga-Njawé-Le Messager ». En fait, remarque J.B. Sipa (1991 : 5) :

« d’un ras-le-bol exprimé avec une liberté de ton, Célestin Monga a perçu comme un viol de sa conscience de citoyen électeur, un discours prononcé par le président Paul Biya dans des circonstances qui sont loin d’indiquer s’il parlait en tant que chef de l’État, chef du gouvernement ou chef de parti, et il s’est résolu d’adresser une lettre à ce dernier ».

Cette lettre, publiée dans le journal Le Messager [9], sera par la suite qualifiée de « délit d’outrage au président de la République » avec toutes les conséquences juridiques qui pouvaient en découler.

On a, comme derniers événements proches de la réalité extralinguistique, l’émeute que va provoquer l’assassinat, par le commissaire Etienne, du jeune Takou, émeute qui va déboucher sur « l’opération ville morte » (T.C : 276) dont la fermeture du bar de Massa Yo sera une des conséquences visibles. Ce gamin tué d’une balle dans la tête par le Commissaire de Mokolo renvoie étrangement au gamin du même nom exécuté dans la rue par le Commissaire du 7ème arrondissement de la ville de Douala quand « l’opération ville morte » battait son plein dans ladite ville en 1991. Voici ce que relate à cet effet Nicolas Tejoumessie (1991 : 4), journaliste à l’organe de presse Challenge Hebdo :

« S’il est inutile de revenir sur la rigueur de l’opération ville morte à Douala, il y a lieu de s’arrêter sur certains faits marquants qui ont entraîné des pertes en vies humaines de façon cruelle. En effet, le jeudi 16 mai 1991, les éléments du commissariat du 7ème arrondissement de Douala investissent le long de la rue du centre universitaire de Douala. […] Vers onze heures une légère altercation a lieu entre ces éléments et la population très présente dans la rue ce jour-là. Le Commissaire du 7ème arrondissement dégaine aussitôt son arme et s’apprête à tirer […]. A l’entrée du camp Sic de Bassa, il se heurte une fois de plus à une barricade qui, en fait, n’était plus une nouveauté. Notre Commissaire, la main sur la gâchette, sème la panique : c’est la débandade générale. Il se dirige vers un jeune garçon qu’il exécute à bout portant de deux balles, une dans la tête, et une au niveau du bras. Il s’agit bien du petit Takou Eric, né le 11 avril 1975, élève à l’Ecole bilingue de Maképé en classe de CM2 anglais ».

Et tout comme le corps du Takou du roman qui est transporté dans le pousse-pousse à travers les rues de la capitale pour enfin être déposé devant le Commissariat de Mokolo, (« j’apporte, un cadavre au Commissaire » (T.C : 292) dit Docta le père de Takou), le corps inerte d’Eric Takou de la réalité extralinguistique sera « aussitôt déposé sur un pousse-pousse que ses amis promenèrent à travers la ville […] ». Ce corps est par la suite ramené au domicile dudit Commissaire, situé toujours au 7ème arrondissement, où attendait impatiemment une immense foule « enragée », prête à la « vendetta » (N. Tejoumessie, op. cit. : 4).

Comme on peut le constater, il existe une curieuse correspondance entre l’histoire du jeune gamin « Takou » du monde linguistique du texte et celle du petit « Takou » de l’univers du hors-texte, bien que la scène ne se déroule pas dans les mêmes espaces [10].

Mais, il importe de souligner que « le sous-quartier que Patrice Nganang élève à la dignité littéraire n’est pas seulement celui des espaces, ni des personnages-types, ni des événements, […] et d’autres faits divers qui en font le quotidien » (André Ntonfo, op. cit. : 15), mais aussi celui d’un français camerounais spécifique.

  1. LE FRANÇAIS CAMEROUNAIS

Temps de Chien est un véritable cas d’école [11] en matière de français camerounais. Il donne en effet la possibilité d’observer au plan de la langue, le vrai visage du français au Cameroun. La langue des personnages de Nganang est, à bien observer, le reflet du français que parle et écrit ordinairement l’homme de la rue [12], voire la majorité des Camerounais au quotidien. A cet effet, le lecteur averti se régale en face de cette « camerounisation » de la langue française, « camerounisation » qui affecte l’ensemble des structures de cette langue tel qu’on peut le voir avec le problème des emprunts lexicaux, d’alternances codiques, des calques, des néologismes, des particularismes morphosyntaxiques et énonciatifs.

2.1. Les emprunts lexicaux

Selon Ngalasso (2001 : 16), les emprunts sont des « éléments qui passent d’une langue à une autre, s’intègrent à la structure lexicale, phonétique et grammaticale de la nouvelle langue et se fixent dans un emploi généralisé de l’ensemble des usagers que ceux-ci soient bilingues ou non ». Il est à cet effet courant de voir dans Temps de Chien les emprunts lexicaux qui foisonnent dans le français camerounais. Ces emprunts appartiennent majoritairement aux langues identitaires et au pidgin-english. Quelques exemples illustratifs :

– Maguida (du fufuldé [13] originaire du grand Nord Cameroun).

« […] Celle qu’il aurait achetée chez un boucher maguida du coin » (T.C. :15-16).

– Koki (du duala [14]) : gâteau à base de haricot écrasé et cuit à l’huile de palme.

« Une fois mon maître demanda à Soumi de me donner une part du délicieux koki » (ibid. : 26).

– Bia boya (du béti [15]) : que faire ? Comment procéder ?

« Bia boya alors » (ibid. : 22).

– Bifaga (du béti) : poisson séché

« Peut-être me laissa-t-il là, comme un vulgaire bifaga au soleil » (ibid. : 29).

– Bolè (du pidgin-english [16])

« Il était bolè » (ibid. : 252)

– Mbout (du pidgin-english) : naïf, ignorant, lâche, bête.

« Serait-il le seul mbout à ne pas pouvoir ramasser les arachides que la vie si belle soudain jette librement devant le regard de tous ? » (T.C : 53).

– Bobolo (du béti) : bâton de manioc.

« Emasculé par le bobolo sec aux arachides grillés qu’il doit maintenant manger… » (ibid. : 15).

– Tchotchoro (du pidgin-english) : gamin, gamine.

« Ces tchotchoro du quartier… » (ibid. : 54).

– Njo (du duala) : gratuit.

« Même celle que tous ses clients, et le Docta surtout dit prenable njo » (ibid. :55-56).

– Nyamangolo (du béti) : escargots. Mais, ici il s’agit des personnes nonchalantes, sans énergie.

« Il se dit qu’il recherche la qualité, lui, pas ces nyamangolos là, qui, à peine traversée… » (ibid. : 56).

– Aloga (du bassaa [17]) : ami

– Nkoua (du ghomala’ [18]) : peuple béti

« On parla de l’homme qui avait insulté tout le monde. Ce devait être un nkoua dit-on » (ibid. :97).

– Win (du pidgin-english) : gagner.

« Dis-nous, Tara, tu l’as finalement win ? » (ibid. : 107).

– Famla (du ghomala’) : sorcellerie ; société secrète bamiléké.

« Personne ne voulait qu’un inconnu aille après vendre son ombre au famla » (ibid. :123).

– Siscia (du pidgin-english) : brimade, menace.

* « D’ailleurs, dit un homme, ce n’est que le siscia » (T.C : 146) ;

* « Massa Yo me lança sa chaussure sur le crâne et dit en me sisciant… » (ibid. : 159).

– Tchoko (du pidgin-english) : corruption, pourboire.

« Tout ce que le commissaire-là faisait, ce n’était que pour le tchoko » (ibid. : 147).

– Ye maleh ; yeh (du ghomala’) : jurons marquant une surprise désagréable.

* « Ye maleh, regardez-moi le pays de Mbiya-e » (ibid. :147) ;

* « Yeh, et ça s’appelle des hommes » (ibid.).

– Menmà (du medùmba [19]) : frère, sœur (avec une dose d’affection)

« Menmà, si j’avais encore ta force, j’aurais fait autre chose que de m’asseoir derrière mon comptoir et regarder passer la vie » (ibid. :148).

– Mbock (du pidgin-englih) : prostituée.

« […] Nous sortir du lit à cause d’une mbock » (ibid. : 250).

– Ndoutou (du pidgin-english) : malchance.

* « Il va me donner le ndoutou » (ibid. : 242).

* « Il frappa ses mains et dit : « c’est le ndoutou » (ibid. : 205).

– Kaï wa laï (du fufuldé) : attention !

« À ce moment, une voix furieuse dit au-dessus de moi : « kaï wa laï » (ibid. : 213).

– Folon (du béti) : variété de légume du Centre et du Sud-Cameroun.

« […] une femme qui, debout devant moi, arrosait de ses urines bruyantes des bouquets de folon » (ibid. :219).

– Kaba ngondo (du duala) : vêtement ample de femme.

« La mère de Soumi toujours arrachée dans un Kaba ngondo » (ibid. : 47).

– Nangaboko (du pidgin-english) : sans domicile fixe ; enfant de la rue.

« Je voulais simplement tester leur mode de nangaboko » (ibid. : 117).

Toutes ces lexies empruntées aux langues nationales camerounaises et au pidgin-english et bien présentes dans le texte de Nganang, rendent compte d’un des aspects du visage pluriel de la langue française au Cameroun. Il faut d’ailleurs dire que c’est surtout dans l’emploi des emprunts que le français camerounais se caractérise. Et comme le remarque L. Nzessé (2004) [20] :

« Au Cameroun actuellement, le français emprunte massivement aux langues nationales et l’on se trouve sans doute au cœur d’un processus de dialectisation ; ici le français central réussit sans ambages à intégrer les substrats lexico-sémantiques des dialectes camerounais […], et les mots empruntés sont en concurrence avec les mots du français standard ».

A cette série constituée de lexies appartenant aux langues locales s’ajoutent d’autres lexies définitivement rentrées dans le vocabulaire des Camerounais et dont le sens n’échappe à personne :

– Tchatcher : faire la cour

*« Il ne s’empêchait même pas de les tchatcher » (T.C : 49).

*« La vendeuse d’oranges avait demandé au gosse de poser à son tchatcheur la seule question… » (ibid. : 271).

– Gnoxer : faire l’amour

« Ton fils a dit que je gnoxe mon chien » (ibid. :184).

– Kongossa ; Kongosser  : commérage ; faire du commérage

* « Il dit que c’est le kongossa qui tuerait les habitants de Madagascar » (ibid. :260) ;

* « Je n’arrive plus à croire cette rumeur qui me kongosse la résurrection du petit Takou » (Ibid. : 291).

– Bangala : pénis

*« Il paraît qu’un homme passe de quartiers en quartiers et fait disparaître le bangala des gens » (T.C. : 117) ;

*« Vous savez que la majorité des Blancs ne bandent pas. C’est pourquoi ils viennent acheter les bangalas des Africains » (ibid.)

*« […] Cet homme devant une femme enfonce bêtement sa main dans la poche de son pantalon pour se presser le bangala » (ibid. : 105).

– njou njou calaba : esprit maléfique

« Dégage-moi ça njou njou calaba » (ibid : 29).

– Rumta : mineur (e) : à l’origine c’est un groupe musical camerounais des années 1988 à 1994, constitué de 5 petits enfants âgés de 9 à 14 ans.

« Des rumta, elles étaient » (ibid. : 54).

Toutefois, si les emprunts lexicaux demeurent pour nous la strate linguistiquelaplusvisibleetla plus convenable d’une véritable appropriation de la langue française au Cameroun, phénomène bien représenté dans le texte de Nganang, l’alternance codique français/langues locales et français/pidgin-english est aussi un autre phénomène récurrent dans le discours des locuteurs camerounais et présent dans notre corpus.

2.2. L’alternance codique

C’est un phénomène régulier dans le français camerounais et très présent dans Temps de Chien. J. Gumperz (1982 : 57) définit l’alternance codique comme étant « la juxtaposition à l’intérieur d’un même échange verbal, de passages où le discours appartient à deux systèmes ou sous-systèmes grammaticaux différents ». En voici un bref aperçu.

  • Alternance français-medùmba.

– « Vous avez déjà vu Biya freiner sa voiture quand il traverse la Briqueterie ? Bilode mebwo » < regardez bien> (T.C : 279) ;

– « […] et il avait raison, a me ben tchùp » < c’est moi qui le dis> (id.) ;

– « Un peu d’imagination nchouan’am » < mon ami> (ibid. : 94) ;

– « A me ben tchùp, bientôt la nuit tombera » (ibid.) ;

– « N’ont-ils pas fait ce dont tous les hommes du quartier seraient capables, Nsong am nù » (ibid. : 35) ;

– « D’ailleurs, baka yùn si cet enfant ne va pas te dépasser » (ibid. : 130). .

  • 2.2.2. Alternance français-pidgin-english

– « Ma woman no fit chasser me for ma long ! Après tout ma long na ma long » (ibid. : 80).  ;

– « She don take ma million » (ibid. : 251).  ;

– « If he no fit tchop he moni, n’est-ce pas la bock-là va l’aider ? » (ibid. : 253).  ;

– « moi je ne vais plus retomber dans la misère you ya ? » (ibid. : 51).  ;

– « Put oya soté jazz must do sous-marin » (ibid. : 84). < Ajoutez-y de l’huile de telle sorte que le haricot fasse le sous-marin> ;

– « A fi buy am tout ton plateau » (ibid. : 84). .

A partir de ces exemples, nous pouvons dire que l’alternance sans heurt des codes français et medùmba ou français et pidgin-english est bien révélatrice du compromis socio-linguistique ou de la cohabitation pacifique entre la langue française et les langues locales. Et comme l’a si bien mentionné J. Ozélé Owono (2003 : 112) : « Appelées par l’histoire à co-exister dans la solidarité et la complémentarité, la langue française et les langues [camerounaises] expérimentent concrètement le concept de partenariat linguistique ».

En plus, on peut dire qu’à la suite de Wole Soyinka qui revendique le droit d’écrire en anglais et en yoruba, Patrice Nganang veut sans doute célébrer dans son œuvre cet héritage linguistique pluriel [21] qui est une réalité au Cameroun contemporain. Ce métissage linguistique peut aussi être pour Nganang une stratégie dans le cadre de la reconnaissance symbolique des langues identitaires.

2.3. Les calques

On rencontre dans Temps de Chien plusieurs lexies et expressions du français camerounais qui sont des calques des langues identitaires ou véhiculaires :

– Etre quelqu’un : être respectable et respecté

« Il saurait bien montrer un jour qu’il était quelqu’un » (T.C. :54) ;

– Taper les commentaires : bavarder

« Des hommes tapaient les commentaires devant la boutique » (ibid. : 200) ;

– Vendre : faire tuer quelqu’un en guise de paiement

« L’argent seul est ton ami […]. Je suis sûr qu’un jour on va seulement entendre que tu as vendu Soumi au famla » (ibid. : 147) ;

– Tuer les journées : meubler le temps

« Le vendeur de cigarettes avec qui mon maître tuait ses journées » (ibid. : 54).

2.4. Les néologismes

D’une manière générale, la néologie est le processus de formation de nouvelles unités. On a bien dans notre corpus les néologismes du français camerounais. Ces néologismes diffèrent des termes du français central :

  • La transcatégorisation (ou changement de catégorie grammaticale)

Un substantif peut devenir verbe. Exemples : thèse, antithèse, synthèse, virgule :

« Je thèse, j’antithèse, je synthèse […] leur quotidien » (T.C : 36) ; « Demanda l’homme virgulant son accent » (ibid. : 71).

  • La dérivation

C’est un processus morphologique très productif en français camerounais surtout en ce qui concerne la préfixation et la suffixation. Le texte de Nganang regorge de plusieurs réalisations de cette nature.

  • Préfixation

« Je n’avais pas le droit de mettre ma vie en jeu et de finir en méchoui […] désintesté » (ibid. : 187) ;

« Combien d’hommes ai-je déjà vus perdre leur orteil sous la table, dans les tréfonds des jambes de la femme de leur voisin, et même lui deslipper le garde-manger ? » (bid. : 45) ;

« […] au lieu de casser mes dents sur un os déviandé, je préférais m’approcher des bruyants clients de ma maîtresse » (ibid. : 84).

 

  • Suffixation

« Ses lèvres appuyèrent vivement et camerounaisement sur le « ne peut pas » (ibid. : 80) ;

« Voilà partir le coupement le plus stratégique du Cameroun » (ibid. : 72) ;

« Je rinçai mon regard et l’ouvris têtument sur la rue » (ibid. : 109) ;

« L’opulence fonctionnaire du mangement » (ibid. : 20) ;

« Arrivé à la devanture d’une boutique, je rencontrai un ambianceur qui laissait plutôt sa colère fendre la rue » (T.C : 201) ;

« Il racontait le superflu pour se taire sur l’essentiel. Un bavardeur, il était, pas plus » (ibid. : 148) ;

« Au même moment la voix de l’homme à la colère insatiable déclara au-dessus de l’ambiance tamtamique du marché Mokolo » (ibid. : 236).

  • La néologie de sens

Selon J. Dubois (1994 : 322), c’est un phénomène qui « consiste à employer un signifiant existant dans la langue considérée en lui conférant un contenu qu’il n’avait pas jusqu’alors ». Notre corpus nous offre plusieurs exemples relevant du français camerounais :

– Noyaux  : testicules

« Combien de mains d’hommes respectueux ai-je déjà vues descendre dans l’obscurité d’un dessous de table pour ni plus ni moins, se gratter les noyaux ? » (T.C. :136) ;

– Frein à main : avare

*« Au lieu de donner sa part, il fait le frein à main » (ibid. : 144) ;

*« Il faisait têtument le frein à main » (ibid. : 242).

– couper : faire l’amour

*« Vous savez qui la coupe ? demanda-t-il à Massa Yo » (ibid. : 73) ;

*« N’est-ce pas toutes les nuits il coupe les petites ? » (ibid. : 95) ;

– Dormir : coucher avec une femme

« […] secouant mélancoliquement sa tête et souriant du coin de ses lèvres, il dit en regardant les clients de mon maître : « je vais la dormir » […]. Il sourit et précisa en frappant de ses doigts : « je dois la dormir » (Ibid. : 72) ;

– Petite : petite amie ; jeune demoiselle

*« Elle savait qu’ils étaient tous […] des dévoreurs de derrières de petites » (ibid. : 90)

* « En réalité mon maître pouvait harceler les petites des rues avec la conscience tranquille » (T.C : 57) ;

– Manger : ensorceler par des pratiques vampiriques

« A un carrefour, une femme maudissait tout ceux qui venaient la nuit la manger » (ibid. : 196).

 

Comme on le voit, tous ces mots sont l’objet d’un glissement sémantique et cessent de renvoyer à leur signification standard.

2.5. Les particularismes morpho-syntaxiques et énonciatifs

Pour E. Dassi (2003 : 139), « un particularisme linguistique a tendance à s’enfermer dans une aire géographique. Il est un écart par rapport à la pratique normative ou codifiée (non marquée) de la langue ».

Dans Temps de Chien, on a plusieurs cas de particularismes propres au français camerounais. A cet égard, le lecteur se régale de certaines expressions du genre :

« Tu as déjà vu quoi ? » (T.C.. :14) ;

« Est-ce qu’un grand est un petit ? » (ibid.) ;

« Tu as fais ça avec lui ? » (ibid.) ;

« Ta mère pond ! » (ibid. : 169)

« Tu vas me sentir » (id.)

« Pourquoi est-ce qu’il t’aime comme ça non ? » (ibid.) ;

« Mouf…sors dehors » (ibid. : 15) ;

« On va faire comment ? » (ibid. : 18) ;

« La chicherie va tuer l’homme bami » (T.C : 51) ;

« C’est comme ça les hommes non ? » (ibid. : 49) ;

« Tu crois même que quoi ? » (ibid. : 27) ;

« Mon derrière l’eau-l’eau » (flasque) (ibid. : 15) ;

« Mon frère tu écris quoi comme ça non ? » (Ibid. : 120) ;

« Quand une femme vous aime vraiment, il faut lui donner ça. Sinon ça va lui démanger durant toute sa vie » (ibid. : 77) ;

« Où est même l’homme-e » (ibid. : 89) ;

« Tes machins-là sont même cuits ? » (ibid. : 90) ;

« C’est même quoi non ? » (ibid. : 29) ;

« Dis-nous alors que tu reviens de Bamenda même-même » (ibid. : 255).

« – Les blancs sont forts !

– Forts de quoi-même ? » (ibid. : 117).

On peut le constater, cette série d’expressions est constituée de mots bien français quoique dans un usage particulier. Ici, le locuteur camerounais s’exprime sans chercher à se soumettre à la norme du français de référence.

Tel apparaît sur le plan linguistique Temps de Chien que l’on lit avec délectation. Et l’on peut dire qu’au-delà de la restitution de la langue et du langage réels des personnages qui peuplent son univers romanesque, Patrice Nganang rend compte du vrai visage du français au Cameroun contemporain.

CONCLUSION

Dans cette étude, nous avons mis en évidence les modes de présence, les mécanismes d’intégration des réalités camerounaises dans le texte de Patrice Nganang. Cela étant, il nous a été donné de constater que Temps de Chien se présente comme un instrument symbolique où « le réel se modèle ». Ici la « camerounisation » du texte se fait sur le double plan thématique et linguistique ; et l’on peut dire que le « réalisme d’observation » s’est exercé avec une force singulière sur Patrice Nganang. Le romancier porte dans son récit une force hors pair de détails empruntés à la réalité camerounaise en général, et à un moment donné de la vie socio-politique de son pays en particulier. Et si on peut affirmer avec A. Ntonfo (op. cit.15) cet « ouvrage [est] un véritable lieu de mémoire pour la postérité », il faut aussi dire qu’il est un espace où l’on découvre aisément la domestication de la langue française au Cameroun.

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VAN TIEGHEM, Philippe, Les grandes doctrines littéraires en France, Paris, P.U.F., 1974.

[1] Université de Deschang, Cameroun

[2] Selon Yves REUTER, 1997 : 97, « lorsque le texte procure une impression, un effet de réel, […] on parle de réalisme. Il s’agit d’un effet de ressemblance construit par le texte et par la lecture entre deux réalités hétérogènes : le monde linguistique du texte et l’univers du hors-texte, linguistique ou non ».

[3] T.C = Temps de chien

[4] Escroquerie de professionnels, sorte de mafia à la camerounaise.

[5] Quartier qui jouxte le campus de l’Université de Yaoundé I.

[6] Quartier administratif de Bamenda, capitale de la province anglophone du Nord-ouest du Cameroun.

[7] Surnom donné aux policiers camerounais à cause de leur spécialisation dans le racket des usagers de la route en général et des taximen en particulier. Ces agents ont un goût excessif pour les billets de mille francs.

[8] Pot-de-vin

[9] Il est à noter que Pius Njawé en est le directeur de publication.

[10] Besoin de fiction oblige

[11] Nous avons dénombré plus de 200 cas de lexies et expressions qui relèvent du français camerounais typique. Mais dans le texte nous nous sommes limité à environ 70 cas.

[12] Il ne saurait en être autrement puisque le narrateur promène son lecteur dans les rues et sous-quartiers de la capitale camerounaise, où l’on découvre avec fascination les particularités langagières et les manières d’être peu courantes.

[13] Langue parlée dans le grand Nord-Cameroun, c’est-à-dire dans les provinces de l’Adamaoua, du Nord et de l’extrême Nord.

[14] Le duala est parlé dans la province du Littoral, département du Wouri, groupe côtier.

[15] Le béti est parlé dans les provinces du Centre et du Sud Cameroun.

[16] Le pidgin-english est parlé sur toute l’étendue du territoire camerounais, mais surtout pratiqué dans les zones à forte diversité linguistique tels les pays Bamiléké et Grassfields.

[17] Le bassaa est parlé dans les provinces du Centre et du Littoral département du Nyong et Kellé et de la Sanaga-maritime.

[18] Le ghomala’ est parlé dans la province de l’Ouest-Cameroun en particulier dans les départements de la Mifi, des Hauts-Plateaux et du Kounki.

[19] Le medùmba se parle dans la province de l’Ouest-Cameroun, dans le département du Ndé

[20] Cet article intitulé « Le français au Cameroun : appropriation et dialectisation. Le cas de la presse écrite » paraîtra dans le n°19 (2004) de la Revue Le Français en Afrique d’Ambroise Queffelec

[21] Le Cameroun compte 248 et 300 unités-langues, en plus du français et de l’anglais qui sont les deux langues officielles.

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