Claude Cheysson
Développement et société

POUR UNE NOUVELLE POLITIQUE DES MATIERES PREMIERES

Ethiopiques numéro 04

Revue socialiste

De culture négro-africaine

Octobre 1975

 

Le problème des matières premières plonge ses racines profondes dans le fait colonial. Les mobiles scientifiques, religieux, militaires des expéditions outre-mer ont accompagné, parfois couvert, les impératifs commerciaux. Les comptoirs ont d’ailleurs précédé les conquêtes. On échange des métaux et des denrées contre des produits dont le besoin est parfois discutable, les hommes sont souvent traités comme des marchandises. L’or, l’argent, les épices, le cacao, le tabac, le café sont les éléments d’une évolution qui conduit – déjà – à la division du monde : les riches et les acteurs d’un côté, les pauvres et les spectateurs de l’autre. Le fossé se creuse avec la révolution industrielle de la seconde moitié du XIXème siècle en Occident. C’est la ruée sur les matières premières industrielles, c’est accessoirement la chasse aux débouchés extérieurs pour les produits manufacturés. Les capitaux s’investissent outre-mer dans les productions d’exportation et dans les activités commerciales par l’entremise des grandes compagnies, puis des sociétés polyvalentes de l’économie de traite. L’énergie se trouve encore dans les pays du nord, qui détiennent aussi les capitaux et la technologie ; ils ont tous les moyens de contrôler l’industrie, elle-même génératrice de force politico-militaire. Et les disparités entre les niveaux de vie des continents s’accentuent de manière irréversible. Certes, il y a des exceptions : des pays d’Europe victimes de leurs propres empires, d’anciennes colonies d’Amérique qui surgissent de leurs terres vierges et qui deviennent des maîtres ; mais ce ne sont que des exceptions.

Au siècle actuel, deux grandes guerres, une européenne, l’autre mondiale, épargnent l’Amérique, affectant peu l’Afrique et même l’Asie.

Sentiment de culpabilité ou effort généreux ? c’est l’après-guerre : à l’économie de profit s’ajoute, sans s’y substituer, une timide action, toujours axée sur les productions primaires (prospections minières, cultures industrielles), mais enfin destinée à traiter les maux du sous-développement : malnutrition, sous-équipement économique et social. Les investissements massifs des années cinquante donnent un coup de fouet à l’économie endormie de pays en voie de développement, notamment en Afrique ; déjà apparaissent les premières possibilités de transformation sur place des produits de base. La dépendance des économies des pays producteurs vis-à-vis d’une ou deux de leurs productions est encore énorme, mais la diversification fait lentement son chemin.

En surimpression à ce tableau économique d’un tiers monde en pleine mutation, apparaît, dans les années cinquante, l’indépendance politique, le réveil culturel, l’éveil social, la prise de conscience nationale – peut-être demain transnationale – des continents pauvres, africain et asiatique.

Il est curieux de relever aujourd’hui que c’est aussi l’époque où s’amplifient les besoins des hommes du nord et de leur société de consommation et de gaspillage. Les Européens redécouvrent les produits coloniaux à côté de leurs propres produits.

Depuis longtemps, les ressources naturelles de la petite Europe ne suffisent plus. Insidieusement, puis triomphalement, le roi pétrole est couronné. Rapidement l’appoint, l’accessoire devient le principal : de 1960 à 1972 la part de pétrole dans la consommation d’énergie de la Communauté passe de 30 à 60, celle du charbon de 64 à 24. Source d’énergie, le pétrole est aussi à l’origine des multiples substitutions de produits artificiels ; il participe au progrès agricole par la fumure chimique, les pesticides, les insecticides. Sa civilisation s’installe : elle est chez elle en Amérique du nord, en URSS, car le pétrole y jaillit. Mais en Europe, au Japon ? Pendant de nombreuses années la situation y est euphorique : les sources de production sont bien contrô1ées dans les déserts d’Afrique et du Moyen-Orient, dans les jungles d’Asie et d’Afrique ; ce ne sont pas nécessairement les Européens eux-mêmes qui produisent, mais les grandes sociétés multinationales ont su donner la certitude du sérieux, de l’efficacité, on s’est confié à elles ; malgré quelques fausses notes, le concert est harmonieux.

D’ailleurs, affirme-t-on, le problème du développement ne se pose que pour quelques pays producteurs de pétrole. Qu’en est-il donc pour tous les autres pays alors qualifiés de sous-développés ? Pour eux, c’est toujours dans la mesure où ils vendent leurs produits primaires qu’ils ont des chances d’échapper à la dépendance directe des dons et de l’endettement, qu’ils peuvent espérer élever le niveau de vie de leurs peuples, équilibrer leurs budgets, s’équiper. La sacro-sainte loi de l’offre du pauvre et de la demande du riche régit les marchés. Les prix se forment à domicile, chez les payeurs, que ce soit aux enchères, dans les bourses de commerce et surtout au sein de quelques grandes sociétés, transnationales ou nationales qui contrôlent habilement la demande où l’offre, mieux encore les deux [1] . Chacun sait que les marchés dits libres, capables de refléter la situation de l’offre et de la demande, ne représentent en fait qu’un faible pourcentage des transactions mondiales sur les grandes matières premières industrielles. La concentration des marchés, la domination de quelques pays importateurs où l’on trouve les plus grands acheteurs privés mondiaux, l’existence de stocks stratégiques faussent le jeu libéral théorique. Les achats massifs des pays socialistes à économie planifiée troublent aussi de temps à autre la mare, mais sans que cela profite aux producteurs.

Même les produits alimentaires, pour lesquels les marchés sont plus « libres » et reflètent mieux les transactions internationales, ne sont pas à l’abri de fluctuations anormales sans rapport avec les variations de la production : des événements intérieurs au pays grands consommateurs suffisent à provoquer des opérations de stockage, puis de déstockage qui perturbent les importations, influencent la demande et accentuent les mouvements des prix. Sans nier le rôle normalement stabilisateur des marchés à terme, il faut relever les excès souvent enregistrés chez les spéculateurs professionnels et occasionnels, quand des produits essentiels comme le sucre ou le cacao sont au bord de la pénurie et peuvent être l’enjeu d’opérations spéculatives, rendues plus faciles par les masses monétaires disponibles en période d’inflation.

Heurs et malheurs de la coopération

Qu’ont donc fait, depuis 25 ans, les pays qui détiennent le pouvoir économique international pour changer cet état de choses ? Certes, des efforts ont été accomplis, des mesures ont été prises, des politiques ont été menées. Mais, qu’a-t-on fait au plan international, sous l’égide de l’ONU ? On a créé la FAO, le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED).

Tous ces organismes ont accompli des travaux intéressants, des études louables dans le domaine des produits de base ; mais force est de reconnaître que les résultats concrets sont loin d’être à la mesure du problème. Il est vrai que les difficultés et les perturbations des marchés auraient certainement été plus grandes encore sans ces instances internationales, ces observatoires, ces lieux de concertation et d’affrontement où commençaient à se rencontrer pour finir par mieux se connaître pays riches et pays pauvres, placés côte à côte au hasard de l’ordre alphabétique. Même le GATT, longtemps considéré comme le bastion des nantis, s’ouvrait aux nations prolétaires.

On a même cherché, en mettant en oeuvre certains principes de la Charte de la Havane, à organiser les marchés de quelques produits de base par la voie d’accords internationaux par produit : dans le même temps, on a cherché aussi à dégager des objectifs, des principes, des modalités de ce que pourrait être une entente générale sur les produits de base. Sans grand succès : les cinq doigts d’une main sont suffisants pour faire le compte des accords internationaux de produits qui ont vu le jour et qui ont été renouvelés régulièrement depuis vingt-cinq ans. Parmi ces accords spécialisés, tous enfantés dans la douleur, certains concernaient d’ailleurs autant, sinon plus, les pays producteurs développés que les autres : accords sur les céréales, sur le sucre, sur l’huile d’olive. Il y a quand même eu aussi des accords sur les produits intéressant plus directement les pays producteurs en voie de développement : étain, café, et récemment cacao. La liste s’arrête là où peu s’en faut.

Surtout, les résultats ne sont pas à la hauteur des espoirs qu’avait fait naître l’approche nouvelle. Aujourd’hui, malheureusement, la situation est claire : seul fonctionne l’accord de l’étain, encore qu’il n’offre pas les moyens d’influencer notablement le marché, et que les perspectives de son renouvellement pourraient être meilleures. Un autre. celui du cacao, en vigueur depuis un an et demi, n’a pas pu faire ses preuves comme régulateur du marché, compte tenu de la disproportion entre les prix fixés dans l’accord et les prix prévalant sur le marché depuis deux ans.

Les autres accords, après avoir fonctionné pendant un certain nombre d’années ont été soigneusement endormis ; ils ne portent plus que sur le rassemblement de statistiques et sur la conservation d’outils administratifs qui assurent un minimum de coopération entre les membres en vue d’hypothétiques renégociations dont on ne cesse d’annoncer la reprise imminente.

Certes ces accords portaient en eux-mêmes les germes de leur destruction et il était donc normal qu’une fois les marchés régularisés, l’offre et la demande équilibrées, ils disparussent. Mais il est plus intéressant de noter que ces accords ont traité des seuls symptômes en laissant intactes les raisons profondes du désordre : les politiques nationales de production et de stockage, les conditions de commercialisation dans les pays producteurs et dans les pays consommateurs, la formation des prix mondiaux, la sous-consommation dans des zones équivalant aux trois quarts de la population mondiale (et non le faux problème de la surproduction temporaire et des soi-disant obstacles à la consommation dans des pays où ladite consommation atteint le point de saturation). Même dans le domaine strictement commercial, d’ailleurs, certains de ces accords sont loin de couvrir la plupart des transactions mondiales, soit parce que des accords particuliers régionaux existent (c’est l’exemple classique du sucre ou le marché dit mondial est marginal), soit parce que d’importants pays consommateurs tels que les Etats-Unis, l’URSS, refusent d’y participer (c’est le cas de l’étain et du cacao).

Pour toutes ces raisons, l’échec était dans la nature des choses. Et, pourtant, ce sont les seules manifestations concrètes de régulation des marchés des produits de base au plan international.

Il ne faut pas dès lors s’étonner si, dans le même temps, de nombreux pays producteurs et consommateurs ont tenté de lutter autrement contre la dégradation de la situation des produits de base, en essayant d’organiser les marchés, soit au plan interne, soit de façon bilatérale, soit au niveau régional, pour échapper à l’anarchie des marchés mondiaux. L’initiative est venue de certains pays consommateurs, dont le plus puissant d’entre eux, qui ont cherché à protéger leurs propres producteurs, notamment leurs agriculteurs et leurs éleveurs, contre les perturbations des marchés mondiaux. Sous prétextes de libéralisme, ces efforts d’organisation interne n’ont que rarement été exportés dans les pays en voie de développement qui en avaient pourtant bien besoin.

Au début des années cinquante, des Etats européens ayant des responsabilités coloniales ou post-coloniales organisent leur propre marché – souvent à l’abri des zones monétaires : l’objectif principal est de s’assurer des approvisionnements en produits primaires et des débouchés en produits manufacturés ; en même temps – il faut le reconnaître objectivement – on s’efforce d’améliorer les prix et les conditions de commercialisation des produits de base des partenaires sous-développés. Des efforts sérieux sont accomplis pour stabiliser les prix à la production et régulariser les prix à l’exportation grâce aux caisses, aux « marketing boards », aux offices divers. Un contrôle de l’exportation, plus ou moins direct, passe aux mains de la puissance publique en Amérique latine, en Afrique, en Asie, dans la mesure où les structures de production et de commercialisation des produits s’y prêtent ; la tentative est limitée aux productions agricoles, qui constituent d’ailleurs l’essentiel des ressources d’exportation dans de nombreux pays.

La période des années cinquante correspond précisément à la dégradation des prix de la plupart des produits primaires. C’est aussi l’époque des grandes attaques d’outre-Atlantique contre le colonialisme, les préférences, le protectionnisme. On sent déjà venir la fin d’une forme de coopération qui se voulait équilibrée et qui s’étalait au grand jour, contrairement à d’autres formes insidieuses, mais combien plus profondes, de mainmise sur les ressources naturelles, d’emprise économique qui se développent dans les pays indépendants latino-américains. D’autres raisons cependant vont faire éclater ces formes de coopération entre l’Afrique et l’Europe ; vers la fin des années cinquante, les solutions régionales appuyées sur les zones monétaires ne peuvent plus résister aux profondes mutations en cours : autonomie, puis indépendance politique en Afrique, établissement d’un marché commun en Europe.

Aux « protections » nationales modestes, mais assez efficaces en face de la dégradation des prix et des termes de l’échange se substituent les préférences communautaires fort importantes pour les Etats associés, mais moins sûres et durables dans leurs effets ; la protection tarifaire donne parfois un avantage de prix ; il est faible eu égard à leurs variations, et les préférences vont s’amenuisant. Les aides à la production (dont le soutien des prix des produits tropicaux), l’aide spéciale aux oléagineux, les avances de trésorerie aux organes de stabilisation, les contributions du fonds européen de développement (FED) en matière de commercialisation et de promotion des ventes constituent des relais des aides nationales et concourent, le plus souvent indirectement, à mener progressivement les produits primaires de ces pays vers la concurrence internationale, alors que les « surprix » antérieurs limitaient les transactions à des domaines clos. Il est juste d’ajouter que, dans le même temps, ces pays peuvent désormais s’approvisionner à meilleur compte en biens d’équipement sur des marchés fournisseurs plus vastes et diversifiés que ceux des anciennes métropoles.

Tout cela est difficilement qualifiable, il faut noter cependant que l’ouverture vers l’extérieur est réalisée, surtout pour les pays appartenant à la zone franche ; ceux-ci vont devoir affronter, « à armes égales », les autres pays en voie de développement sur les marchés des produits primaires. Mais c’est aussi pour eux l’obligation de pénétrer dans la jungle de la concurrence internationale et des marchés dits « libres ».

Vers une nouvelle répartition des richesses sur la terre

Malgré quelques efforts louables pour améliorer les relations de force entre pays producteurs et pays consommateurs, en dépit de quelques accès de fièvre des marchés, dus à la tension internationale et dont les pays fournisseurs sont les spectateurs et les victimes plus que les acteurs et les bénéficiaires, la situation des produits de base demeure donc pratiquement inchangée pendant le quart de siècle qui suit la fin de la deuxième guerre mondiale.

Examinons une courbe des indices des prix des matières premières (denrées et produits). Provoquée par la reprise de la demande à la fin du conflit, la hausse des prix est amplifiée par la guerre de Corée, puis elle cesse et, au milieu des années cinquante, la baisse lente et inexorable reprend, à quelques rares exceptions près liées à la conjoncture. Il faut attendre la fin des années soixante, la croissance accélérée des pays riches, l’inflation, les premières difficultés du dollar, pour constater une remontée des cours. L’année 1971 est d’abord marquée par des marchés déprimés, surtout ceux des produits alimentaires et non-ferreux. La véritable reprise s’amorcé en 1972, accentuée par la spéculation.

Puis la machine s’emballe et les cours s’envolent avec l’accélération de l’inflation, l’aggravation des difficultés monétaires, la tension internationale. Une accalmie semble apparaître, lorsque survient la guerre du Kippour ; à l’automne 1973 éclate la crise du pétrole. La hausse des matières premières trouve un second souffle.

Je ne reprendrai pas ici tout ce que j’ai pu écrire ou déclarer par ailleurs sur ces événements spectaculaires dont la portée n’échappe à personne. Je me limiterai, avec le recul du temps, à l’aspect qui me semble à la fois fondamental et durable en tentant de tirer quelques leçons pour l’Europe et le monde en développement (particulièrement l’Afrique) :

– La solidarité des pays producteurs de pétrole a mis en lumière les possibilités d’entente des producteurs de matières premières et la puissance qui en résulte pour ceux qui savent se grouper et qui ont quelque chose d’important ou de rare à vendre.

– La révélation de la fragilité, à court et moyen terme, de l’économie de l’Europe occidentale et du Japon, dépendante du pétrole et des matières premières industrielles, en contraste avec la relative autosuffisance des Etats-Unis et de l’U.R.S.S. et les grandes possibilités de pays neufs développés (Canada, Australie, Afrique du Sud).

Analysons le cas de la Communauté, « première puissance commerciale » du monde. Elle groupe un quart de milliard d’habitants sur un million et demi de km2 au sous-sol pauvre ou épuisé ; l’URSS groupe la même population sur un territoire 15 fois plus vaste ; les Etats-Unis disposent de plus de 9 millions de km2 pour une population inférieure d’un cinquième à celle des Neuf ; le Canada, l’Australie, l’Afrique du Sud comptent moins de 60 millions d’habitants sur près de 20 millions de km2 et tous ces vastes territoires disposent d’un potentiel minier plus riche et moins exploité que celui de l’Europe [2].

En conséquence, la dépendance de la Communauté européenne pour son approvisionnement en énergie et en matières premières industrielles est énorme : la quasi-totalité de ses besoins en pétrole, les 3/4 en uranium, la totalité ou quasi-totalité en manganèse, tungstène, étain, phosphates, caoutchouc naturel, coton, les 3/4 en fer et cuivre. Or, il s’agit là de produits primaires indispensables à la vie industrielle de nos nations. En moyenne, la dépendance de la Communauté par rapport à ses besoins est donc de 75% (Japon : 90% ; Etats-Unis : 15%). En outre, les sources d’approvisionnement de la Communauté se trouvent actuellement placées dans les pays en voie de développement [3]. Pour la Communauté, le tiers monde est don un interlocuteur indispensable, puisqu’il lui assure environ la moitié de ses besoins en tungstène, minéral de manganèse, bauxite et minéral de fer, les 2/3 de ses besoins en cuivre et en phosphates et la quasi totalité de ses approvisionnement en étain, caoutchouc et coton, sans parler du pétrole.

Il est utile de rappeler en quelques mots comment se présentent les problèmes pour les différents groupes de produits entre lesquels il faut distinguer : laissons de côté le pétrole et les autres sources d’énergie d’origine minérale pour traiter d’abord des autres matières premières non renouvelables. Les problèmes qu’elles posent sont complexes : il y a des possibilités de récupération, de recyclage et surtout de substitution en fonction des prix relatifs des produits ; il y a des stocks stratégiques, principalement aux Etats-Unis ; il y a des gisements connus mais inexploités dans la terre et au fond des mers qui pourront être mis en valeur à partir d’un certain niveau de prix et de développement technologique ; la concentration géographique de la production et des réserves dans les pays en voie de développement est moindre et quelques pays développés sont aussi d’importants exportateurs, sauf pour l’étain et, dans une certaine mesure, la bauxite et les phosphates.

La nature et le travail des hommes font que d’autres matières premières sont renouvelables. Mais pour les produits de l’agriculture, de l’élevage, des forêts, de la pêche, la complexité s’accroît : certains sont concurrencés en totalité ou en partie par des produits de substitution, souvent dérivés du pétrole. Dans quelques cas qui, heureusement vont se multipliant, les industries des pays en voie de développement transforment une proportion croissante des matières produites dans le pays, ce qui ne va toutefois pas sans poser des problèmes d’adaptation aux pays industrialisés. De même, lorsque les pays en voie de développement sont les producteurs quasi exclusifs, l’approvisionnement des industries de transformation peut se heurter à des difficultés.

Viennent enfin les denrées alimentaires. Certaines sont exclusivement tropicales et, pour elles, les problèmes de prix et de débouchés des pays en voie de développement l’emportent d’autant plus sur ceux de l’approvisionnement des pays développés queues ne sont pas indispensables.

D’autres sont produites concurremment dans les deux mondes, mais, mis à part le sucre, sont exportées surtout par les pays développés : on touche là au problème angoissant de l’alimentation des mal nourris, à celui du gaspillage, souvent dénoncé, des protéines dans l’alimentation animale [4], à celui des substitutions dans le secteur des matières grasses. Interviennent les cycles naturels d’abondance et de pénurie. Surviennent des crises, comme la plus récente, avec ses multiples séquelles : manque d’engrais ou hausse fantastique de leur coût, hausse tout aussi fantastique des autres produits nécessaires à l’exploitation, (pesticides, matériel agricole, carburant, installations de conditionnement).

Telles sont donc, brossées à grands traits, les données fondamentales de la situation nouvelle dont, je le rappelle, les signes prémonitoires apparurent des 1971.

Les clés du changement

Les questions cruciales se posent en termes simples : qu’allons-nous faire dès 1975 pour restaurer en la rénovant la coopérant internationale ? Que va faire la Communauté Economique Européenne pour concilier ses problèmes d’approvisionnement avec les exigences de sa coopération avec les autres pays, notamment ceux du tiers monde ?

Notons d’abord que si l’aspect relations extérieures du dossier est déterminant, il n’est pas le seul. L’Europe dispose d’autres possibilités qui n’interfèrent pas de façon directe sur ses relations avec les pays en voie de développement, mais qui doivent elles aussi contribuer à résoudre ses problèmes d’approvisionnement. A moyen terme et, surtout, à long terme, la Communauté, comme les autres pays industrialisés actuellement tributaires de l’extérieur pour leurs approvisionnements en matières premières, ne sont pas définitivement à la merci de quelques pays producteurs, développés ou non. Ainsi, si la Communauté doit mener une politique intégrée d’approvisionnement et de coopération, ce n’est pas seulement pour répondre à ses besoins immédiats qui sont réels, mais bien plus pour jeter les bases de nouvelles relations entre les deux mondes du nord et du sud.

Que pouvons-nous faire par nous-mêmes ? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, nos vieux pays surdéveloppés ont encore besoin d’améliorer leurs connaissances dans des domaines divers tels que la recherche géologique et minière, la localisation des gisements, la prospection, l’exploration des fonds marins, le traitement des minerais, le recyclage, la substitution et la durée de vie des produits, leur économie d’utilisation. Nous savons bien qu’il n’est pas raisonnable de nourrir l’ambition de parvenir ainsi, même à long terme, à des taux d’auto approvisionnement satisfaisants. Tel n’est pas le sens des efforts. Mais le sous-sol européen recèle encore des richesses minérales que son sol peut aisément produire, par exemple, le bois qui nous manque. De même, notre capacité de produire les céréales et les protéines qui manquent à des centaines de millions d’êtres humains constitue à n’en pas douter un élément intéressant du dialogue entre nos deux mondes.

Tout en déployant des efforts internes, la Communauté doit diversifier ses sources extérieures d’approvisionnement, dans les pays en voie de développement, certes, mais aussi dans les pays socialistes et dans les pays producteurs développés dont les perspectives de stabilité sont rassurantes : c’est d’ailleurs cette voie que prennent de préférence nos sociétés minières. Toutefois, cette solution est également partielle, car ces pays producteurs transforment ou transformeront de plus en plus leurs propres matières premières ; en outre leur degré de développement, leur niveau de vie élevé, leur faible population ne les contraignent en aucune façon à hâter l’exploitation de leurs richesses et à les exporter à tout prix.

En toute logique, c’est donc en tenant compté certes des problèmes de la Communauté à court terme, mais en cherchant aussi à satisfaire à plus long terme les impératifs de sa politique de coopération que la Communauté doit s’orienter résolument dans la voie de relations nouvelles avec l’ensemble des pays en voie de développement, producteurs ou non de matières premières, importateurs ou non de produits alimentaires.

Je crois avoir, après d’autres, démontré qu’il y a toujours eu deux formes de relations entre pays développés et pays en voie de développement dans le domaine des matières premières : les unes, les plus évidentes, mènent à la confrontation ; les autres fondées sur l’intérêt mutuel bien compris postulent la coopération.

Les premières ont d’abord et pendant longtemps été le fait des nations avancées, les pays en voie de développement étant les pourvoyeurs d’une croissance que les pays industrialisés s’efforçaient et s’efforcent toujours d’accélérer les uns aux dépens des autres. Plus récemment, certains pays en voie de développement ont pu ou cru pouvoir à leur tour reprendre à leur profit les avantages du système : les pays producteurs de pétrole ont ainsi frappé indifféremment pays pauvres et pays riches non pétroliers.

Les autres relations, fondées sur la coopération entre nations à niveaux de vie très différents, ont été limitées, dans le temps à quelques lustres, dans l’espace aux rapports entre certains pays, dans l’économie des produits à quelques-uns.

La question pour l’Europe, pour l’Afrique, pour le Japon, pour l’Asie et l’Amérique sous-développés, pour toutes les nations qui ont besoin les unes des autres, est de savoir s’il est possible, enfin, que les relations de coopération deviennent la règle et les relations de domination l’exception.

Et qui, mieux que l’Europe, mieux que le monde en développement peut contribuer de concert à ce changement des relations économiques extérieures ?

Si on recherche la concertation et non l’affrontement, l’interdépendance et non la dépendance – or, ni l’Europe, ni le tiers monde ne peuvent être indépendants -, le moment n’est-il pas venu d’en jeter les bases, en sachant bien que les mutations seront longues, que nous devons nous hâter lentement, malgré certaines exigences prioritaires et que, sans négliger les aspects durables de la crise pétrolière, il ne faut pas accorder une importance exagérée aux accidents conjoncturels ? La flambée des prix des produits primaires n’est pas la première depuis 25 ans et comme les autres, elle ne peut pas s’essouffler : dès le deuxième semestre de 1974, les prix d’un certain nombre de minerais, de métaux, ont baissé de manière très sensible.

C’est donc sur les aspects structurels des relations entre la Communauté et les pays en voie de développement que doit reposer la nouvelle approche, la nouvelle politique. Celle-ci ne pourra en aucune façon se limiter aux seuls produits de base et moins encore aux seuls problèmes de l’approvisionnement des uns et des autres, mais elle devra porter sur une répartition plus rationnelle des productions agricoles, minières et industrielles. Pour cela elle devra viser à rééquilibrer la consommation par la lutte contre les gaspillages des uns et la sous-consommation forcée des autres, dégager des voies commerciales plus sûres pour le passage du producteur au consommateur et comporter, le cas échéant, le transfert des moyens en investissement nécessaires aux pays les plus défavorisés.

Pour atteindre ces objectifs ambitieux, il convient de garder à l’esprit un certain nombre de données concrètes :

– Les Etats membres de la Communauté prennent conscience de la nécessité d’une action solidaire pour une approche globale qui touche à de nombreux secteurs relevant à des degrés divers des politiques communautaires : politique commerciale, politique agricole, politique industrielle, politique sociale, politique régional politique de coopération, politique financière et peut-être monétaire.

– Les Etats partenaires en voie de développement prennent conscience de la nécessité d’organiser leurs relations avec ceux des pays développés qui constituent, pour longtemps encore, les principaux débouchés de leurs produits primaires et transformés et qui leur fournissent capitaux et technologie. Cela implique que ces pays en voie de développement reconnaissent que les tentatives unilatérales de cartellisation des marchés peuvent nuire à leurs inserts à long terme même dans les cas où certains produits peuvent s’y prêter momentanément. A plus forte raison, le soutien financier que des pays producteurs de pétrole pourraient accorder à de telles actions, alors que ces pays ne représentent pas et ne représenteront que dans une faible mesure les débouchés éventuels pour les produits primaires, ne constitueraient également qu’un palliatif à court terme et serait l’ébauche de nouvelles formes de dépendance.

– Dans notre système économique, la solution des problèmes passe par une coopération inéluctable avec les opérateurs privés ou publics, nationaux ou transnationaux, car, pour la plupart des matières premières importantes – principalement, mais non exclusivement les produits miniers -, la production, la transformation, le commerce sont entre les mains des industriels, des banquiers, des courtiers, des sociétés de services, non seulement dans la Communauté, mais aussi dans beaucoup de pays en voie de développement.

– Sans préjuger à ce stade un renforcement de leurs interventions actuelles, les pouvoirs publics, dans la communauté et dans les pays en voie de développement, doivent pouvoir garantir l’équilibre à long terme des participations croisées dans les sociétés de production. Les transferts unilatéraux de propriété sans compensation équitable constituent des freins au développement de l’activité des sociétés minières, donc de l’exploitation des gisements et des ressources qu’en tirent les pays producteurs. Seule la sécurité des investissements permettra de maintenir et d’accroître ces activités.

– Dans le domaine commercial, il faut que les opérateurs économiques soient consultés sur l’opportunité d’un certain nombre de mesures que les pouvoirs publics peuvent prendre et qui touchent directement l’activité des entreprises de la Communauté. Il s’agit par exemple de contrats à long terme dont l’effet stabilisateur n’est plus à démontrer.

– Dans le même ordre d’idées, la constitution de stocks de sécurité, exprimés en nombre de mois de consommation, pose de nombreux problèmes- financement à bon compte, opportunité dans le temps pour le stockage et le « déstockage » – dont les pouvoirs publics ne peuvent pas non plus imposer les solutions aux agents économiques à moins de prendre en charge les responsabilités de financement et de gestion, comme c’est le cas pour les stocks stratégiques.

– Compte tenu de la structure des marches des principales matières premières, les accords et arrangements conclus ou à conclure par les gouvernements eux-mêmes sous-entendent, dans une large mesure, la coopération des milieux commerciaux et industriels intéressés : accords ou codes de bonne conduite, accords mondiaux de produits, accords commerciaux, bilatéraux avec garantie de livraison et d’enlèvement à des prix négociés et révisables.

– A l’échelle mondiale, enfin, la remise en état du système monétaire, le ralentissement du rythme de l’inflation, l’assainissement de la situation monétaire des pays industrialisés contribueraient grandement à désamorcer certains aspects explosifs des relations entre producteurs et consommateurs, tous liés au problème crucial des recettes d’exportation : variation des taux de change des monnaies exprimant les prix dans les contrats et les accords internationaux, clauses de révision des prix ; certains vont jusqu’à l’indexation automatique des prix des produits de base sur ceux des produits manufacturés. Cette solution, que suggère le Secrétaire Général de la CNUCED, pose des problèmes nombreux et complexes dont l’étude est loin d’être achevée.

Toutes ces conditions favorables ne seront certainement pas réunies, mais il est clair que les chances de succès de la nouvelle politique seront fonction d’une part de la manière dont tous les intéressés – Etats membres de la Communauté et Communauté elle-même, opérateurs commerciaux et industriels, pays en voie de développement – en prendront conscience et, d’autre part, de l’attitude des pays, développés ou non, grands ou petits, qui n’ont pas à résoudre les mêmes problèmes (pays socialistes industrialisés notamment).

La coopération industrielle

Pour réaliser la concertation des intérêts, il faudra dépasser les produits primaires, car les pays en voie de développement, surtout ceux qui disposent de ressources agricoles et minières importantes, ont entamé leurs processus d’industrialisation ; de ce fait, et c’est légitime, ils souhaitent utiliser sur place une part croissante de leurs produits primaires, soit pour leur marché national, soit pour l’exportation sur les marchés régionaux et internationaux. L’occasion est ainsi fournie de rechercher des moyens concrets de mettre en œuvre, autrement que par des études et des déclarations, non pas une théorique division internationale du travail qui ne s’édicte pas, mais les mutations progressives, les adaptations qui devraient permettre dans un délai raisonnable :

– à la Communauté, de surmonter ses difficultés actuelles et futures dans le domaine des matières premières et de réorienter certaines de ses activités industrielles,

– aux pays en voie de développement partenaires, de profiter à la fois de l’ouverture progressive du marché communautaire à leurs produits transformés et de toutes les formes de « transferts » qui contribueront à la réalisation de leur développement industriel : technologie, procédés de fabrication, formation, équipement d’usines, investissements, gestion.

Les premiers jalons de cette politique ont été posés par la Communauté :

– zones de libre-échange et accords préférentiels avec les pays en voie de développement associés d’Afrique, dont la Convention de Lomé a pris le relais, en introduisant dans le schéma la coopération entre la Communauté et l’Afrique – à laquelle se sont joints des pays des Caraïbes et du Pacifique [5] ;

– financements – Fonds européen de développement, Banque européenne d’investissement – dans ces pays ;

– assistance technique sous toutes ses formes : études, recherche, enseignement, formation professionnelle, gestion ;

– système des préférences généralisées pour les produits manufactures des pays en voie de développement.

Toutes ces mesures constituent, depuis quinze ans, autant de formes remarquables de coopération industrielle ; mais il est évident que de nouveaux efforts doivent être accomplis.

Certains peuvent alors se demander si c’est bien le moment, alors que précisément de nombreux secteurs industriels vitaux sont touchés dans la Communauté, que le chômage s’étend, que les petites et moyennes entreprises sont particulièrement frappées. La réponse doit être affirmative. Si nous voulons surmonter la crise de l’énergie, redresser la balance des paiements, il faudra vendre plus. Les investissements extérieurs seront concentrés dans des secteurs pour lesquels les pays en voie de développement réunissent les meilleures conditions de production : espace, énergie, matières premières, main-d’œuvre. Des activités industrielles notables sont encore consacrées en Europe à la simple transformation de produits tropicaux : fabriquer du beurre de cacao, du café soluble, de l’huile, conditionner des épices : ne s’agit-il pas là d’industries pour lesquelles les pays producteurs disposent de tous les atouts nécessaires ?

Il est faux de croire que ces mutations conduisent inévitablement à la fermeture d’usines en Europe : la raréfaction de certains produits primaires risque d’y conduire plus sûrement. En effet, ces mutations seront accompagnées de l’ouverture de marchés nouveaux de très grande dimension ; elles y contribueront. Pour nos industries traditionnelles, installées en Europe ou à l’étranger, où sont les marchés de l’avenir, les nouveaux marchés ? Ils ne se développeront que bien lentement dans les vieux pays industrialisés et dans les pays neufs peu peuples ; en revanche, ils peuvent croître vite dans les pays qui accèdent au développement, qui ont des besoins grandissants pour satisfaire des populations importantes dont le niveau de vie doit s’élever.

D’autres liens d’interdépendance seront noués ; il est clair que de nombreux pays en voie d’industrialisation et d’autres pays en voie de développement ne pourront pas, avant longtemps, satisfaire les besoins alimentaires de leur population en plein développement. Certains de ces pays se ruinent depuis deux ans en achats de blé, de riz, de Sucre et de produits laitiers. Il y a, là aussi, matière à coopération, à organisation planifiée ou tout au moins concentrée des échanges entre la Communauté et les pays concernés, en plaçant en priorité les problèmes dramatiques propres aux pays les plus défavorisés, ceux qui sont particulièrement frappés par la hausse des cours des produits essentiels.

Un pari Européen

La Communauté doit son développement industriel à l’énergie bon marché et à l’abondance des matières premières. Cette situation évolue à mesure du recours à de nouvelles sources et formes d’énergie, d’un meilleur emploi des matières premières disponibles, d’une orientation différente des activités industrielles par le développement des industries à haute technologie.

Les partenaires en voie de développement de l’Europe sont certes ses fournisseurs, mais aussi, de plus en plus, ses clients en produits agricoles et manufacturés ; ils veulent être des partenaires. Ils veulent atteindre un niveau de développement suffisant dans des délais raisonnables, mais ils ne peuvent prétendre y parvenir de façon isolée ou en défendant leurs seuls intérêts de pays producteurs primaires ; car ils se mettraient en contradiction avec leurs objectifs à long terme qui est de parvenir eux aussi à un certain essor industriel, clé d’un développement équilibré.

Seule une véritable politique économique extérieure de coopération peut transcender les intérêts immédiats des uns et des autres, organiser de façon concertée et progressive des mutations inévitables, en accord avec les opérateurs économiques auxquels les pouvoirs publics ne peuvent se substituer, mais qu’il est souhaitable d’aider, de garantir, d’accompagner, de guider.

La Communauté peut et doit être le promoteur de cette nouvelle politique. Ses partenaires du monde développent ne l’accompagneront peut-être pas aussitôt. Les pays à grand espace n’ont pas exactement les mêmes intérêts, pas plus l’URSS que les Etats-Unis. Encore faut-il qu’ils ne s’opposent pas à une action européenne autonome, parfois audacieuse, résolument tournée vers un nouvel ordre économique. Encore faut-il que l’Europe ait l’audace, la volonté, la capacité d’action nécessaire, même si elle est critiquée, pressée, bousculée par des amis extérieurs. Encore faut-il en bref que la Communauté européenne s’affirme en face des événements, des partenaires, des alliés et des adversaires. Mais ceci est un autre problème.

[1] Ce sont les fameux « marchés captifs ». En 1970, 298 entreprises américaines et leurs 5.200 filiales (à plus de 50) ont effectué près de la moitié des exportations mondiales de pétrole et de matières premières et un cinquième des exportations mondiales de produits manufacturés. L’excédent commercial est réalisé principalement aux dépens de l’Amérique latine (1 milliard de $ sur 2,8) et de la zone Afrique-Océanie. Ces sociétés réalisent plus du tiers du commerce extérieur du Canada.

 

[2] Le plus important et le plus riche de ces pays nantis a d’ailleurs toujours préféré exploiter les ressources minières en dehors de ses frontières et « économiser » les siennes propres.

 

[3] Comme le soulignait il y a peu le Secrétaire d’Etat américain à Kansas City, le degré de dépendance des Etats-Unis tombe à 3 si on ne compte que les importations essentielles en provenance du Tiers-Monde.

 

[4] Il faut 20 kg de céréales pour produire 1 kg de bœuf…

 

[5] Il en ira de même avec les pays du sud et de la Méditerranée.

 

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