Omar Ndao
Culture et civilisations

POEMES DE L’AFRIQUE NOUVELLE : Khénane

Ethiopiques numéro 03

Revue socialiste de culture négro-africaine

Juillet 1975

 

Khénane

 

Ta voix soleil levant sur l’aube de ma vie

M’a imprégné jusqu’à la fibre

Où vibre

La joie de vivre.

Quand tu chantes, Khénane,

Le silence écoute

Accoudé sur l’aile du vent ;

Chante encore !

Ecoutez

Sur les lèvres de la nuit

Parmi les rires qui fusent

La voix de Khénane

Du village sérère de Ndiagne Mboumi

 

Dans la nuit de Sobène

Sa voix est colonne immaculée

Trouant l’opacité du ciel

Par-delà le toit du monde

A l’aube, sa voix à Sarème

Est un jet lumineux et puissant

Eclatant en retombées multicolores

Tel un feu d’artifice

 

Au petit matin de Yayème

Son chant se perd dans le bleu.

Quand le soleil se lève à Mbelgor

Khénane coule en rivière

Charriant des pépites d’or

Comme la Falémé dans les plaines du Galam

 

En nuit de pleine plune à Mbélé Cadio

Sa voix fleuve draine dans ses flots

Des diamants aux étoiles mêlées

Comme le fleuve Sénégal aux rapides de Goïna

Khénane quand tu chantes dans la nuit

Ta voix réchauffe

Elle berce les nuits dans sa fraîcheur

Créant une oasis enchantée

 

Quand elle sourd des profondeurs abyssales

D’au-delà de la fosse des Kouriles

Et me parle de la noblesse de mes aïeux

Elle me saisit le cœur

Mon sang se cabre puis court

Et je me sens pharaon pour la puissance

 

Tu me frappes en plein cœur

Et je comprends alors

Moi pauvre et nu

Pourquoi le dindon orgueilleux

Ouvre en éventail ses plumes rêches

Pourquoi le paon

Déploie un éventail de gloire

 

Chante, Khénane

Que mon cœur devenu fluide

S’évapore en parfum subtil au sein de l’infini

Khénane, que de choses sont portées

Dans le carillon de ta voix.