MASQUE
Ethiopiques n°17
revue socialiste
de culture négro-africaine
janvier 1979
Ce poème est extrait d’un recueil en trois parties du poète tunisien Chems Nadir et intitulé « Silence des Sémaphores » auquel « ETHIOPIQUES » a déjà fait écho (N° 14 – Avril 1978).
« Masque » constitue le dernier poème de la seconde partie :
« L’empreinte sur le sable ».
Un masque m’échut aux prémisses du monde.
Et mes cendres délébiles ont, longtemps, crissé
au fond des tophets puniques.
Et mon souffle impuissant s’épuisa, longtemps,
aux frontons de la gloire romaine.
O ma sève, ma sève numide.
Toujours, il y eut l’errance et toujours le vent.
Et l’exultation des sables en vaines armées de cristaux
Et l’abri humide des cavernes au flanc des steppes
de l’exil.
Et toujours la nudité des touffes, au creux
de l’été proféré
Toujours, toujours le rêve
tenace et fragile
D’une rive où aborder pour renaître
Nu et réconcilié
et vivant
au rythme des palmes balancées.
O ma sève, ma sève numide.
Comment te traquer au mystère de toute chair naissante
Comment te reconnaître au travers de la forêt pétrifiée
des signes illicites
Comment retrouver la trace profonde quand me vrille l’empreinte
du faux.
Que si je viens à arracher mon masque
Ma chair partira en lambeaux.