Le Sénégal accueille le "Sommet"

LE SENEGAL EN BREF

Ethiopiques numéro 50-51

Revue trimestrielle de culture négro-africaine

Nouvelle série-2e et 3e trimestres 1988-volume 5 n°3-4

L’ETAT

  1. Les Institutions

Le Sénégal est une République laïque, démocratique et sociale. Sa constitution, de type présidentiel, garantit l’égalité des citoyens, sans distinction d’aucune sorte, les libertés fondamentales, individuelles et collectives, notamment les libertés politiques, syndicales, philosophiques et religieuses, ainsi que les droits fondamentaux, droit de la propriété, droits économiques, droits sociaux.

La devise de la République est « Un peuple, un but, une foi ». La fête nationale, qui commémore l’accession du pays à l’indépendance, est célébrée le 4 avril.

Aux termes de la constitution, les institutions de l’Etat du Sénégal sont : le Président de la République, l’Assemblée nationale, la Cour suprême et les Cours et Tribunaux. Le président de la République, Chef de l’Etat, est élu au suffrage universel pour une durée de cinq ans. L’Assemblée nationale compte 120 députés élus et son président est le deuxième personnage de l’Etat. Le pouvoir judiciaire, dont l’indépendance est garantie par le conseil supérieur de la magistrature, est exercé par la Cour suprême et les Cours et Tribunaux.

La Cour suprême est la plus haute juridiction du pays. Elle veille à la régularité des scrutins, se prononce sur la constitutionalité des lois et des engagements internationaux, et sur les conflits de compétence entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.

  1. L’Administration

Comme tout Etat moderne, le Sénégal s’est doté d’une administration dont la structure centrale repose sur l’organisation des départements ministériels. Ceux-ci sont actuellement au nombre de vingt, auxquels s’ajoutent deux ministères délégués. L’administration territoriale et locale comprend dix régions divisées en départements, subdivisés à leur tour en arrondissements. Les collectivités locales sont organisées en communes urbaines et en communautés rurales.

  1. La Démocratie sénégalaise.

Le Sénégal dispose, depuis les luttes pour l’indépendance nationale, d’une longue expérience de démocratie multi-partisane, et d’une tradition de tolérance et de respect des libertés qui se sont poursuivies sous diverses formes pendant les première décennies de l’indépendance.

Depuis 1981, cependant, il s’est engagé dans une démocratie multi-partisane sans limites, garantissant l’expression libre, de tous les courants politiques. On compte aujourd’hui une quinzaine de partis politiques dont huit ont participé aux élections législatives de 1988, tandis que cinq candidats se présentaient aux élections présidentielles de la même année. On assiste aussi dans le pays à une véritable floraison de journaux et revues politiques et d’opinion, privée ou animés par des formations de l’opposition.

Le Sénégal qui se veut un pays de droit est partie à tous les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’Homme, dont la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, le Pacte international relatif aux Droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux Droits économiques, sociaux et culturels.

Il a également signé et ratifié, au niveau régional, la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.

L’ECONOMIE

Rudement frappé par le cycle de sécheresse qui sévit contre le Sahel depuis les années 70, sujet au péril acridien et touché par la crise de l’économie mondiale, le Sénégal s’est engagé courageusement dans un programme de réajustement structurel à long terme devant conduire progressivement au redressement puis à la relance de son économie, par la levée des blocages institutionnels de la productivité. Ce programme vise, notamment, à la restructuration du secteur parapublic, par le désengagement de l’Etat, à l’incitation de l’initiative et de l’investissement privés, et à une plus grande responsabilisation des opérateurs économiques, suivant la formule « moins d’Etat et mieux d’Etat ». Un code des investissements assure aux investisseurs nationaux et étrangers, sécurité et rentabilité, et constitue un stimulant pour l’industrialisation du pays. La zone franche industrielle de Dakar, créée en 1974, constitue un cadre d’accueil attractif pour les entreprises tournées vers l’exportation.

Agriculture

L’Agriculture, qui occupe 70 % de la population active, joue un rôle prépondérant dans la vie économique du pays. Avec la pêche et la forêt, elle représente 30 % du PIB national. L’arachide (900 000 tonnes en moyenne) reste la principale culture d’exportation, avec le coton (35 000 tonnes ) et les produits maraîchers (75 000 tonnes), les principales cultures céréalières sont le riz (135.000 tonnes ), le mil (700 000 tonnes), le maïs (98 000 tonnes). Le cheptel, fortement éprouvé par la sécheresse, était estimé, en 1985, à 2 millions de bovins et 4 millions d’ovins et caprins.

La nouvelle politique agricole, initiée depuis 1985, vise à développer davantage et à diversifier la production, à relever le niveau de vie des masses rurales par la revalorisation des prix agricoles, à couvrir la totalité des besoins alimentaires du pays, assurées aujourd’hui, seulement à 57 %. La construction de barrages sur le fleuve Sénégal et sur les principaux cours d’eau du pays, ainsi qu’un vaste programme d’hydraulique agricole et rurale constituent un appui solide à cette politique ambitieuse de développement de l’agriculture.

Avec 300 000 tonnes environ de mise à terre, la pêche connaît une très forte croissance et constitue l’une des activités économiques importantes du pays.

L’Industrie.

L’industrie du Sénégal, considérée comme la deuxième en importance de l’Afrique noire francophone est le principal moteur de l’économie avec 85 % environ des exportations. L’huilerie représente 24 % du chiffre d’affaire du secteur secondaire. Les autres industries alimentaires sont les brasseries, les farines et biscuiteries, les conserveries de tomates et de produits de la mer.

Les textiles, les matériaux de construction, la farine, les industries chimiques et les mines sont les autres principales activités industrielles. L’industrie minière est dominée par les phosphates, second produit d’exportation, et l’exploitation du sel marin, à Kaolack. Mais il existe d’autres potentialités comme les gisements de marbre, au Sénégal oriental, évalués à 1350 000 tonnes, la tourbe (50 millions de m3), le fer de la Falémé (550 millions de tonnes), le pétrole, au large de la Casamance (100 millions de tonnes).

Une nouvelle politique industrielle vient d’être définie, qui s’inscrit dans l’option générale de désengagement de l’Etat et d’une plus grande responsabilisation des opérateurs économiques. Elle vise à placer l’industrie du pays dans la dynamique d’une plus grande compétitivité, d’une plus grande capacité d’exportation et d’une meilleure intégration par des échanges interindustriels et avec les autres secteurs de l’économie nationale.

Transports

Le système sénégalais des transports est marqué par l’importance du trafic routier sur un réseau qui tient le premier rang en Afrique de l’Ouest (3 700 km de routes bitumées et 10 véhicules en moyenne pour 1 000 hab.). Le réseau ferroviaire (1200km), longtemps stationnaire, connaît une nouvelle dynamique tant au niveau des équipements que du trafic. Les transports fluviaux et maritimes disposent d’une capacité portuaire importante avec les Ports de Dakar (5 milliers de tonnes environ et le 2e rang en Afrique de l’Ouest), Saint­Louis, Kaolack et Ziguinchor. Les infrastructures aéronautiques comprennent l’aéroport de classe internationale de Dakar-Yoff : ceux de Saint-Louis, Ziguinchor, Tambacounda, et une quinzaine d’aérodromes secondaires.

Tourisme.

Le tourisme dont le développement est relativement récent, est un secteur qui connaît un taux de croissance remarquable tant au niveau de la capacité d’accueil (9 515 lits en 84 et 110 établissements) que de celui des arrivées (271486 arrivées et 1138438 nuitées en 1984). Le tourisme de loisir, en direction notamment des stations balnéaires de la Petite Côte et de la Casamance, et des divers parcs naturels du pays, enregistre une progression régulière qui justifie les espoirs placés dans le développement de ce secteur de l’économie nationale.

POPULATION

Avec le recensement de 1976 la population sénégalaise s’élevait à 5.068.741 habitants. Elle connaît un taux de croissance annuelle de 2,8 % avec des densités variables allant de 1000 habitants au Km2 dans la région de Dakar à 20 habitants au Km2 dans les régions de Tambacounda et Saint-Louis, alors que les villes de Thiès et Diourbel connaissent une densité de 40 habitants au Km².

Population jeune dont les 43 % sont de moins de 15 ans, elle est constituée de plus d’une dizaine d’ethnies classées en quatre groupes principaux :

* le groupe sahélo-soudanien, composé essentiellement par les Wolof et les Serer, représente le groupe le plus important avec près de 60 % de la population.

Les Wolofs estimés à près de 2 millions sont présents dans toutes les régions du pays, en particulier dans les grandes villes, et constituent la majorité des populations du nord­ouest et de l’ouest. Très entreprenants en affaires et fer de lance de la culture de l’arachide, les Wolofs sont caractérisés par un dynamisme qui a fait de leur langue la principale langue de communication. Les Serer (19 % de la population) se retrouvent dans les régions de Kaolack et Thiès.

* le groupe al poular, comprenant les Peul et les Toucouleur, représente 25 % de la population. Les Peuls (15 %) sont des éleveurs que l’on retrouve nomadisant à travers tout le pays jusqu’en Guinée, mais dont la partie la plus importante se trouve dans la plaine semi-désertique du Ferlo et la Vallée du fleuve Sénégal, alors que les Toucouleurs (15 %) vivent dans le cours moyens du Fleuve Sénégal. Ces derniers seraient issus d’un métissage entre Peul et Sérer. La sécheresse a entraîné, entre autres effets, un exode massif des Toucouleurs vers les grandes villes, notamment Dakar, et vers l’Europe.

* le groupe subguinéen, représentant 13 % de la population, il est composé des ethnies suivantes :

– les Diola, qui occupent la partie occidentale de la Casamance et dont les activités principales sont la culture du riz et la chasse,

– les Baïnounck, considérés comme les premiers habitants de la Casamance,

– les Balante

– les Mankagne

– les Mandjack

Ces groupes sont originaires de Guinée-Bissau.

– le groupe Tenda du Sénégal oriental qui comprend les Bassari, les Bédik, les Coniagui, les Badiaranké.

* le groupe mandé, qui rassemble les Soninkés, les Bambara, les Malinké, les Diakhanté, les Dialonké et dont l’origine serait le bassin du Niger. L’ethnie la plus importante de ce groupe est celle des Malinké que l’on retrouve essentiellement en Haute Casamance et dans la région de Tambacounda.

Outre ces entités ethno-culturelles, le Sénégal accueille d’importantes communautés étrangères implantées dans le pays depuis plusieurs décennies. Parmi celles-ci on peut citer :

– Plus de 300.000 Guinéens fixés à l’origine au Sénégal pour des raisons politiques. L’arrivée au pouvoir d’un régime militaire après la mort de Sékou Touré verra un nombre important de Guinéens retourner dans leur patrie.

– Les Syro-Libanais. Evalués à plus 20.000 ,leur présence remonte à la période coloniale.

Ils sont pour la plupart dans le commerce et les professions libérales.

– 15.000 Français parmi lesquels il faut compter près de 1500 militaires dans la Région de Dakar et 2000 assistants techniques au titre des accords de Coopération.

PRINCIPALES VILLES

DAKAR : Capital administrative, politique, économique culturelle du Sénégal, elle regroupe 900.000 habitants. La Communauté urbaine de Dakar comprenant les banlieues, dont la plus importante est celle de Pikine­ Guédiawaye, comporte près de 1,5 million d’habitants.

THIES : (150.000 habitants). C’est la capitale du réseau de chemin de fer du Sénégal.

KAOLACK : (160.000 habitants). Cette ville a connu son essor grâce à la traite de l’arachide dont elle est la capitale.

SAINT-LOUIS :(85.000 habitants). Ancienne capitale du Sénégal et de la Mauritanie, elle a perdu son lustre avec le transfert de la capitale du Sénégal à Dakar. Saint-Louis fonde l’espoir d’une nouvelle renaissance avec les grands aménagements prévus dans le cadre de la mise en valeur de la région du Fleuve.

ZIGUINCHOR : (75.0000 habitants). Escale portuaire pendant la pénétration coloniale, Ziguinchor est devenu un important centre urbain dont la vocation de ville-carrefour va s’arfirmer avec la réalisation des projets de coopération sous-régionale entre le Sénégal, la Gambie, la Guinée et la Guinée-Bissau.

A ces villes, il faut ajouter les autres chefs­lieux de Régions que sont : DIOUR BEL, LOUGA, TAMBACOUNDA, FATICK, et KOLDA.

RELIGIONS

Etat Laïc, le Sénégal n’en compte pas moins : 85 % de musulmans répartis entre les confréries dont les plus importantes sont : La Mouridya, la Qadrya, la Tidjania, les Layènes.

– 5 à 6 % de chrétiens notamment parmi les Serer, Diola, Mandjak.

8 à 9 % d’adeptes des religions traditionnelles que l’on trouve parmi les populations de la Casamance et du sud du Sénégal-Oriental.

REPERES HISTORIQUES

D’après les fouilles effectuées, la présence de l’homme dans cette région du continent africain remonterait à un millénaire avant notre ère.

Du IV au XVIIIe siècle le Sénégal fait partie des grands empires (Ghana, Mali, Gao) du Soudan.

XIVe siècle on notera l’existence de royaumes quelque peu indépendants : Djolof, Walo, Cayor, Fauta Toro.

C’est avec les récits des voyageurs arabes que l’on fait remonter l’histoire écrite du Sénégal au IXe siècle,

1944 : Découverte de la presqu’île du Cap­ Vert par le navigateur portugais Denis Dias.

1635 : Création des premiers comptoirs coloniaux à Joal et Rufisque.

1695 : Louis Gaullier procédera à l’établissement d’un corps de logis dans l’île de Ndar, qui portera ensuite le nom de Saint-Louis et dont fera la tête de pont de la pénétration française et de la lutte des Français contre les Anglais et les Hollandais.

1763 : Après la guerre dite des Sept Ans, la France, par le Traité de Paris, abandonne ses établissements à l’Angleterre. Seule Gorée demeurera française.

1814 : Le Traité de Paris, après les guerres du Consulat et de l’Empire, accorde le monopole du Commerce du Sénégal à la France et lui restitue tous les comptoirs de la côte occidentale d’Afrique occupés au 1er janvier 1792.

1840 (environ) : Introduction de l’arachide au Sénégal.

1854 : Avec la nomination de Louis Faidherbe, c’est le début de la conquête du Sénégal. Faidherbe entreprendra de relier Saint-Louis à Dakar par la route et le chemin de fer. Dans cette entreprise il rencontra l’opposition armée du Damel du Cayor Lat-Dior Ngoné Latyr Diop.

1864 : Création de la Colonie du Sénégal.

Octobre 1886 : Mort de Lat-Dior sur le champ de bataille de Dexëlé. Pendant trente ans Lat-Dior s’est opposé à la pénétration française, notamment à la construction du chemin de fer qui signifiait pour lui une perte de souveraineté.

1898 : Fin de la conquête du Sénégal

1914 : Premier conflit mondial. Election de Blaise Diagne, premier député noir du Sénégal au parlement français.

1916 : Les habitants des quatre communes (DAKAR, RUFISQUE, GOREE, SAINT-LOUiS) deviennent des citoyens français de plein droit. A ce titre, ils seront recrutés pour alimenter les contingents français.

1945 : Vingt députés africains sont élus à l’Assemblée Constituante, parmi lesquels Lamine GUEYE et Léopold Sédar SENGHOR. Ce dernier participera à la rédaction de la Constitution française.

1956 : Adoption de la loi cadre octroyant l’autonomie interne aux territoires de l’Afrique occidentale française.

1957 : Victoire aux élections à l’Assemblée territoriale du Bloc populaire du Sénégal de Léopold Sédar SENGHOR (47 sièges) sur le Parti sénégalais d’Action sociale de Lamine GUEYE (13 sièges).

1958 : Adoption de la Constitution de la cinquième république qui institue la Communauté. Le « oui » massif aura été favorisé par l’appel de l’Union Progressiste Sénégalais née de la fusion du Bloc Populaire du Sénégal et du Parti Sénégalais d’Action sociale.

1959 : Naissance de la Fédération du Mali regroupant le Sénégal et le Soudan. La Fédération ne survivra que 19 mois puisque la rupture entre les deux pays interviendra le 20 août 1960.

4 avril 1960 : Signature des accords de transfert de compétences entre la France et le Sénégal.

28 septembre 1960 : Admission du Sénégal à l’organisation des Nations-Unies.

17 décembre 1962 : Crise au Sénégal avec le coup d’Etat avorté de Mamadou DIA, Président du Conseil.

Février 1963 : Election de Léopold Sédar SENGHOR à la Présidence de la République après des consultations qui auront décidé l’adoption d’un régime présidentiel.

Mai 1963 : Création de l’Organisation de l’Unité Africaine. Le Sénégal est membre fondateur.

Février 1970 : Une réforme constitutionnelle crée le poste de Premier Ministre auquel sera nommé Abdou DIOUF.

1976 : Nouvelle réforme constitutionnelle qui aboutit à l’instauration du multipartisme (article 3) et au remplacement du Président de la République par le Premier ministre, en cas d’empêchement (article 35).

31 décembre 1980 : Le Président SENGHOR quitte le pouvoir. Il est remplacé par Abdou DIOUF conformément à la Constitution. Habib THIAM est nommé Premier Ministre.

24 avril 1981 : Modification de l’article 35 de la Constitution qui limitait le nombre des partis à quatre.

Février 1983 : Abdou DIOUF est élu deuxième Président de la République face à cinq candidats. Les élections ont été marquées par la participation de 8 formations politiques.

Février 1988 : Abdou DIOUF est réélu Président de la République face à trois candidats. Le Parti Socialiste remporte les élections législatives auxquelles ont participé cinq autres formations politiques.

POLITIQUE ETRANGERE ET COOPERATION INTERNATIONALE

L’action du Sénégal dans le domaine des relations internationales repose sur des principes de base définis par le Chef de l’Etat, en vue de promouvoir entre le Sénégal et les autres pays des rapports de coopération fondés sur le dialogue et la concertation. Ces principes sont les suivants :

– le respect de l’indépendance, de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de la sécurité des Etats ;

– la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats ;

– la foi dans le dialogue en vue de l’instauration de la paix et d’un nouvel ordre culturel mondial, préalable à un nouvel ordre économique mondial ;

– la promotion et la protection des Droits de l’homme et des peuples ;

une contribution active à la libération de l’Afrique et à la construction de l’unité africaine par la mise en œuvre d’ensembles sous­régionaux et régionaux intégrés dans un système de « cercles concentriques » ;

– l’affirmation d’une politique de non-alignement à l’égard de tous les blocs.

Fondée sur ces principes fondamentaux stipulés par les chartes de l’O.N.U, de l’O.U.A. et du Mouvement des Non-alignés, la politique étrangère du Sénégal lui a permis d’occuper une place de choix dans le concert diplomatique internationales jouir d’un grand prestige qui lui vaut d’être reconnu comme un pays de dialogue et d’hospitalité,

Au niveau bilatéral, le Sénégal entretient des relations diplomatiques avec de nombreux Etats africains, européens, américains et asiatiques. Cette action diplomatique vise au renforcement de la coopération bilatérale et la solidarité qui doivent favoriser un développement au service des populations dans la paix et de la justice.

C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la ferme volonté de vie commune avec la Gambie avec la création de la Confédération de la Sénégambie.

Au niveau multilatéral, le Sénégal, fidèle à des principes, est membre des organisations multilatérales suivantes :

L’OMVS, l’OMVG, la CEDEAO, la CEAO, OUA, le MOUVEMENT DES PAYS NON­ALIGNES, la CONVENTION CEE-ACP, l’UMOA, le FMI, la VIRD, l’AID, AIR AFRIQUE, l’ANAD, l’UNESCO, l’OCI, etc.

Membre-fondateur de la première organisation intergouvernementale francophone, l’Agence de Coopération culturelle et technique. Le Sénégal mène depuis longtemps une action inlassable au sein de cette grande famille unie par l’usage commun de la langue française.

Favorisé par une situation géographique qui le place au carrefour des grands axes de communication internationale le Sénégal déploie, dans un contexte mondial marqué par une crise économique qui ne cesse de s’aggraver et une situation intérieure caractérisée par un cycle de sécheresse qui perdure, de nombreux efforts en vue d’atteindre des objectifs qu’il s’est fixés dans le cadre de son plan de développement économique, social et culturel.

La recherche scientifique et technique au service du développement

[2]

L’influence de plus en plus grande qu’exerce les activités de recherche et d’innovations technologiques sur le développement économique et social a conduit le Sénégal à se doter très tôt d’organes et de mécanismes permettant d’intégrer la politique scientifique dans la stratégie globale de développement économique et social du pays.

Depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale il a été progressivement mis en place des structures chargés d’élaborer et de mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière de recherche. Ainsi, dès 1960 un bureau de coordination de la recher­che scientifique et technique était constitué au niveau de la Présidence du conseil et les premiers boursiers envoyés en formation en France.

Depuis 1986, c’est la Direction des Affaires scientifiques et techniques au sein du Ministère du Plan et de la Coopération qui est chargée de la coordination des recherches au Sénégal. La recherche agronomique a été entièrement sénégalisée par la création de l’Institut Sénégalais de Recherches agricoles (ISRA), en 1974, au sein duquel se sont intégrés les chercheurs appartenant aux différents instituts de recherche agronomique français, dépendant du CIRAD. Les domaines de compétences couvrent les productions végétales, animales, forestières halieutiques et océanographiques ainsi que des systèmes de production.

L ’ORSTOM qui participe aux recherches océanographiques de l’ISRA mène également des recherches dans des domaines aussi variés que l’hydrologie, la géologie, la pédologie, la microbiologie, la nématologie, la géophysique, la géographie, l’ornithologie et les sciences humaines.

D’autres instituts de recherche ont vu leurs capacités renforcées : l’Institut Fondamental d’Afrique Noire devenu aujourd’hui Institut Cheikh Anta Diop pour les Sciences Sociales et Humaines, les centres de Recherches sur les énergies renouvelables CERER et l’Institut de Technologie alimentaire.

En plus de ces créations et renforcement des structures de recherches, les autorités sénégalaises ont pris une option sur l’avenir en s’en­gageant dans l’exploitation des technologies nouvelles. A cet égard furent concrétisés les projets de création de l’Institut de Technologie nucléaire ITNA, fut conçu le programme de recherche sur les biotechnologies et introduite l’utilisation de l’informatique et de la télédétection.

  1. LES ACQUIS DE LA RECHERCHE
  2. Recherche agricole et agro-industrielle

La recherche agricole est sans doute, celle qui est le plus anciennement développée au Sénégal. Dèjà en 1920, existait le centre de recherche agronomique de Bambey et à partir de 1939, les premiers noyaux de recherche agricole se sont constitués avec les instituts de recherche français, IRAT, ORSTOM, IR HO, lRIT, CTFT, HRHO./RCT, etc.

Après l’indépendance, le Sénéal signe avec la République française une convention qui permettait à de nombreux instituts Fançais d’exercer au Sénégal.

Par la suite de nouveaux accords signés avec la France ont abouti à la reprise par l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) créée en 1974, de tous les centres de recherche qui jusqu’alors, relevaient de la gestion d’instituts Fançais.

L’ISRA procéda à une réorganisation de la recherche en mettant en place des structures couvrant tous les aspects de la recherche agricole et toutes les régions naturelles du pars avec le soutien de la France et dans une moindre mesure de la Belgique (technologies post­récolte) et du Canada.

Néanmoins, il faut souligner que depuis 1981, avec la mise en œuvre du projet de « Recherche agricole » communément appelé projet Banque Mondiale, la part de la France dans le financement de la Recherhe agricole sénégalaise a fortement diminué.

Ce renforcement des structures de recherche agricole a permis les résultats suivants :

– mise au point de varités à cycle végétatif court adapté aux insuffisances et à l’irrégularité pluviomètriques pour l’arachide, le mil souna, le sorgho, le niébés et le riz pluvial ;

– mise au point d’appareils de labour et de technologies post-récoltes (batteuse à mil par exemple) :

– mise au point de vaccins pour la santé animale et de matériel génétique d’excellente aptitude bouchère et de travail.

A cela il faut ajouter les nombreux résultats obtenus dans le domaine des recherches forestières et océanographiques.

En ce qui concerne les recherches agro-industrielles, l’ITA, grâce à ses laboratoires de chimie microbiologique, d’aflatoxine, d’analyses sensorielles et ses ateliers de fabrications, a mis au point des technologies de transformation des ressources locales telles que les céréales et légumineuses, les fruits de la mer, les viandes et les produits carnés, le lait et le stockage des produits.

  1. Recherches énergétiques

Le Gouvernement du Sénégal dès 1976, s’est engagé dans la voie de la promotion et de l’exploitation des énergies nouvelles et renouvelables avec comme double objectif le maintien à un niveau aceptable des importations de pétrole et la diminution de la pression exercée sur les ressources forestières.

Dans le cadre de l’opération « Jeriinu Jent bi », financée par la France, plusieurs pompes solaires thermodynamiques ont été installées en milieu rural.

En outre, la création du CERER a permis la mise au point d’équipements solaires tels que des séchoirs, les chauffe-eau et les distillateurs ainsi que la conception et la vulgarisation de foyers améliorés « Ban ak suuf » en milieu rural et sakkanal pour le charbon de bois en milieu urbain.

  1. Recherches médicales et pharmaceutiques

Les recherches menées essentiellement à l’université de Dakar dans les instituts comme l’ORANA, l’ORSTOM et l’Institut Pasteur ont été centrés sur trois (3) points : les maladies parasitaires, bactériennes et virales, la nutrition et la pharmacopée traditionnelle.

Concernant la pharmacopée traditionnelle plusieurs médicaments naturels ont été mis au point selon des procédures scientifiques rigoureuses.

  1. Recherches en sciences sociales et humaines

L’essentiel des recherches en sciences sociales et humaines se fait à l’Université et à l’Ins­titut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN) qui est devenu en 1986, l’Institut Cheikh Anta Diop.

Cet institut compte trois (3) départements de recherche scientifique, deux (2) départements techniques et deux (2) musées et exécute des programmes de recherche sur la société sénégalaise et son environnement mais aussi des travaux scientifiques se rapportant à l’Afrique.

  1. Les technologies nouvelles

Sur le plan institutionnel, il a été créé une division des technologies nouvelles (DTN), au sein de la Direction des Affaires scientifiques et techniques.

Si les actions d’information du plan national remontent aux toutes premières années de l’indépendance, la date clé à retenir restel’année1972 qui a vu la créationdu Comité National Informatique (CNI), organe de conception et de coordination de la politique nationale en matière d’informatique.

Des efforts ont été consentis pour la formation d’informaticiens et de techniciens avec le soutien de la France, de la Belgique, du Centre Mondial de l’informatique et des Etats­Unis. A ce propos, il faut souligner l’expérience du projet Education et Information (LOGO) qui a introduit l’ordinateur dans quelques établissements scolaires primaires du Sénégal et qui fait l’objet de Recherche à l’Ecole Normale Supérieure.

En ce qui concerne le développement des autres technologies de pointe, le Sénégal a mis au point un programme national des biotechnologie et s’attèle actuellement à redynamiser l’utilisation de la télédétection.

  1. LES SERVICES TECHNOLOGIQUES

Parallèlement à la mise en place d’organismes et de programmes de recherche, il a été créé des structures servant de support à l’activité scientifique et technique. Il s’agit de :

– l’Institut sénégalais de Normalisation qui a élaboré des normes alimentaires (codex alimentarus) et fait des travaux sur les matériaux de construction avec l’appui financier de la France et du Canada.

– le Centre national de Documentation scientifique et technique (CNDST ! qui abrite le projet « Accès aux bases de données Fançaises » financé par la France. Il faut noter qu’une mission d’appui française a séjourné au Sénégal en 1987 pour la réorganisation des structures documentaires du pays.

– la cellule de propriété industrielle qui est le correspondant national de l’DMPI et de l’OAPI.

III. LES RESSOURCES HUMAINES

La mise en oeuvre de la politique scientifique et technique suppose qu’il y ait un personnel adéquat et apte à répondre à toutes les exigences de celle-ci.

Le Sénégal compte aujourd ’hui 828 chercheurs et techniciens dont 631 nationaux et 197 expatriés qui sont français en majorité. Au niveau universitaire, on compte 156 enseignants-chercheurs répartis entre l’Ecole Nationale Supérieure Universitaire de technologie, les Facultés et les Instituts d’Université.

Cet important effort de recrutement a été mené de pair avec une politique de formation et de perfectionnement largement soutenue par la France et à moindre échelle par l’ACCT, la Belgique,

Cependant il faut souligner que si en 1974/75 la part de la France dans les bourses de recherche offertes au Sénégal représentait 70 %, aujourd’hui elle a fortement diminué au profit de Nations Unies, du CRDI, de l’USAID, du PNUD.

IV, LA COOPERATION SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

Depuis son accession à l’indépendance le Sénégal a conclu plusieurs accords et conventions comportant des actions dans le domaine scientifique et technique aussi bien avec des pays industrialisés qu’avec des pays du tiers ­monde,

Celle politique de coopération a pour principaux objectifs de s’informer sur les connaissances acquises et les technologies mises au point dans le monde, de former les chercheurs sénégalais et d’assurer le financement des infrastructures et équipements des projets d’études et de recherche et enfin des missions d’experts pour appuyer l’exécution des programmes

Dans cet esprit, la coopération avec la France a bien entendu conservé toute son importance. Les réunions de la commission mixte Fanco-sénégalaise consacrée à la recherche se tiennent annuellement et sont complétées par des concertations techniques avec l’ORSTOM et le CIRAD, organismes Fançais avec lesquels l’ISRA a conclu des protocoles d’exécution.

Parallèlement des rapports ont été développés avec d’autres institutions Françaises.

Cependant le plafionnement voire la diminution de l’aide française et l’intérét d’une diversification aussi poussée que possible des rapports du Sénégal avec l’extérieur ont conduit à développer d’autres contacts. C’est ainsi que des visites ont été effectuées en Allemagne Fédérale, en Belgique, au Canada, aux Etats Unis, en Suisse, au Suède et en Autriche et que les relations ont été renforcés avec les organismes comme la Banque Mondiale, les organismes du Système des Nations Unies, la Fondation internationale pour la Science et la Fondation Ford.

[1] Le texte faite partie d’un document préparé, dans le cadre du Sommet de Québec, par le regretté A. EHEMBA ancien chef du Service de documentation de la Présidence de la République, Rémi SAGNA et Moustapha TAMBADOU conseillers du Ministre de la Culture. Il a été légèrement revu et corrigé pour tenir compte de l’actualité.

[2] Dossier établi avec l’aimable coopération de la Direction des Affaires Scientifiques el Techniques du Ministère du Plan et de la Coopération.