LE CIEL EN PORTES CLOSES
Ethiopiques n°71.
Littérature, philosophie, art et conflits
2ème semestre 2003
Par-delà la muraille
Des douleurs bafouées Le gris sombre des larmes
Au coin des murs délabrés
Gémissements plaintifs
Jusqu’à l’épuisement
Le bronze chaud de l’angoisse
Qui étouffe la prière
L’horizon est fermé
Le ciel en portes closes
La pénombre est insulte
Le mépris en crachats
Que reste-t-il des tendresses
Des émotions en dentelles
Les regards en verdures
Le tremblement des lèvres en délices
Déjà si loin enfouis
Les désirs défigurés
La fraîcheur aux yeux clos
Le chant fleuri des poitrines
Ecorne le silence
La bruyance des serrures
Nuits vidées de sommeil
En désespoir de rêves
Noires les heures inutiles
La brûlure des longs jours
Brisures éparpillées
Dans l’esprit en dérive
Sentiments de violence
Où ruisselle l’acide
La gifle consommée
La liqueur d’amertume
Capturer la patience
L’asseoir à ses côtés
Pesanteurs de l’orgueil
Quand s’effritent les fiertés
Les pensées en brouillards
Aux rivages de tristesse
Sont senteurs en ténèbre
La mémoire en crépuscule
Comment dire la révolte
La plaie de l’injustice
Monstrueuse la souffrance
Sous l’odieux des méchants
Aveugle l’autorité
Des puissances du sang
Langage subtil des lois
La purulence des discours
Méprisable est la sentence
Le cancer inoculé
Hideuses humiliations
Assénées en brûlures
Comme une épave isolée
Jetée dans un trou noir
Pauvre pantin cassé
Emietté de misères
Gisante la flaque de boue
Au détour d’un coin sale
L’homme réduit en débris
Ne sait plus sa naissance
Des désordres dans l’âme
L’agonie d’un visage
Se ferment les fenêtres
D’une vie déchirée
Tragique est l’aventure
D’innocence en poussières
Les ravages d’impudence
Dans l’outrance exploitée
La révolte se fait cri
Mais un cri étouffé
Se crispent les prières
Vers l’enfer détournées
[1] Monastère N.D. de la Gloire-Dieu
[2] Le 5 septembre 1998