LA FRANCE EN GENERAL, André FROSSARD, Plon
Ethiopiques numéro 6 1976
revue socialiste
de culture négro-africain
La France en Général, la France du Général…il existe une dizaine de jeux de mots, plus mauvais encore, pour faire comprendre au lecteur futé de quoi il s’agit. Le pire d’entre eux rappelle le nom d’un homme célèbre dont vous avez peut-être entendu parler : La Gaule du Général, ou pourquoi pas le « Général de Gaulle », c’est finalement plus franc, et l’humour est sauf !
« Peut-être le de Gaulle qui manquait ? » préjuge modestement la présentation imprimée au dos de l’ouvrage ! qui manquait à qui ? N’essayez pas d’en être !
Si vous aimez les biographies, alors abstenez vous, ce n’en n’est pas une ; si vous aimez les livres d’Histoire, abstenez vous bien davantage, car ce n’en est pas un non plus. Ecrire sur de Gaulle sans verser dans l’un ou l’autre genre tient du prodige… et pourtant, l’auteur a trouvé une troisième voie originale qui acquiert de plus en plus ses lettres de roture : la vulgarisation poussée jusqu’à la « simplification historique » : Napoléon 1er analysé par le biographe de Buffalo Bill !
Tout a commencé en 1210, lorsque Richard de Gaulle reçut un fief de Philippe Auguste. A Azincourt, un peu plus tard, un de ses petits fils a des « remarques à faire sur le choix du terrain ». Plus tard encore, un sire de Gaulle émerveille les Anglais – une fois n’est pas coutume – par la belle résistance qu’il leur oppose en Normandie. Résistance, Anglais. Normandie, c’est un bon thème, que l’on reprendra en grand spectacle.
En tout cas, on aurait tout de même pu inviter un représentant de la famille à Trafalgar et à Waterloo. Il n’aurait pas été de trop ! Mais les Français ont la mémoire courte. On aurait pu même deviner – c’était facile, avec de tels présages – que le petit Charles n’allait pas passer inaperçu.
Héros congénital, il naît en 1890 à Lille, rue Princesse, au numéro 9.
Lorsque ses frères et lui jouent à reconstituer des batailles avec leur deux mille soldats de plomb, il n’accepte de manoeuvrer que les français : « Les Français sont à moi », disait-il ! C’est à ce moment la qu’il aurait fallu sévir ! De mon temps, on éduquait mieux les enfants !
En 1922, à l’Ecole de guerre, un camarade -il s’appelait Chauvin- lui dit :« J’ai le sentiment que vous êtes voué à un très grand destin ». Il répond rêveur ! « Oui, moi aussi ». C’était déjà trop tard ! Il savait qui, il était, et Chauvin aussi.
Il dit ce qu’il faut faire pour gagner la guerre de 1939, mais on ne l’écoute pas, bien sûr !
Alors vexé, il va la gagner presque tout seul, et sauve la France -C’est ma grand-mère qui me l’a dit.
Il reste, il s’en va, il revient, rate de se faire assassiner par des gens qui n’avaient vraiment aucune raison de lui en vouloir.
Au Petit-Clamart, Madame de Gaulle s’écrie : « J’espère que les poulets n’ont rien eu ». Entendez : les poulets de basse-cour qu’elle avait loges dans le coffre de la voiture présidentielle, pour les déguster à l’Elysée. Des gens mal-intentionnés ont cru -la vilénie est poussée très loin- qu’elle s’inquiétait du sort des motards.
Alors, pour décourager l’opposition, il prend la décision de se faire élire au suffrage universel.
Il gouverne ainsi, en faisant un peu d’absentéisme en mai 1968, puis s’en va pour de bon, en nous ayant compris.
N’était-ce pas là le principal ?
Un très grand Livre !