EN HOMMAGE A BENJAMIN MOLOÏSE (exécuté le 18 octobre 1985)
Ethiopiques numéros 44-45
Revue socialsite de culture négro-africaine
Nouvelle série – 2ème trimestre 1987 – volume IV, N° 1.2
En hommage à Benjamin MoloÏse
(exécuté le 18 octobre 1985)
… et en souvenir d’André CHENIER
de Garcia LORCA
et de tant d’autres…
Ainsi, ils l’ont tué, l’homme noir, le poète
Ils ont tranché le fil de sa brève existence
Sous la corde brutale qui n’a pas d’indulgence
Pour la première fois, il a baissé la tête.
Ainsi, il est parti sur les rives mythiques
Déposer le fardeau du douloureux débat
Lui qui luttait sans fin, au seuil de ce combat
Il a fini sa course sur un poteau inique.
Ainsi, le rabaissant sous leur force bestiale
Ils ont lié ses mains qui écrivaient l’amour
Et dans la cruauté blafarde de ce jour
Ils ont, dans le matin, fait leur œuvre fatale.
Ainsi, l’homme pour l’homme peut être un loup vorace
Le fauve est plus doux que le froid dictateur,
Car selon sa logique, il doit être vainqueur
Ecartant sans pitié tout ce qui le menace.
Sans cesse, sur les peuples, cette hydre provocante
A déployé ses ailes de sinistre corbeau.
Toi qui voulais un monde où tout serait nouveau
Tu as dû t’incliner sous son ombre pesante.
Mais va, repose-toi. Elle reste présente
La flamme de l’Esprit que l’on ne peut murer.
On peut tuer les corps, frapper et torturer
La Liberté en marche reste toujours Vivante.