Littérature

DÉGRADATION ET DÉRISION DANS LE ROMAN AFRICAIN FRANCOPHONE : UNE VIE DE BOY (1956) DE FERDINAND OYONO, MBAAM DICTATEUR (1998) DE CHEIK ALIOU NDAO ET EN ATTENDANT LE VOTE DES BÊTES SAUVAGES (1998) D’AHMADOU KOUROUMA

Éthiopiques n°97.

Littérature, philosophie, sociologie, anthropologie et art.

2nd semestre 2016

DÉGRADATION ET DÉRISION DANS LE ROMAN AFRICAIN FRANCOPHONE : UNE VIE DE BOY (1956) DE FERDINAND OYONO, MBAAM DICTATEUR (1998) DE CHEIK ALIOU NDAO ET EN ATTENDANT LE VOTE DES BÊTES SAUVAGES (1998) D’AHMADOU KOUROUMA

L’acte de la création ne s’arrête jamais. Il s’effectue ainsi, continuellement, dans la matière dure qui s’acharne. Les cycles, les saisons, les siècles ou les ères, cela n’a plus de sens ; il y a ce centre du feu qui flamboie, il y a cette cellule-mère qui ne cesse de se diviser, de se répandre, il y a cette matrice immensément chaude qui ne s’arrête pas de travailler dans ce monde. Et tout ce qui appartient à ce geste de parturition. Jean-Marie-Gustave Le Clézio, L’extase matérielle, Paris, Gallimard, coll. « Idées », p.198.

Les réflexions menées par les exégètes, sur roman francophone africain ont souvent tendance à se cantonner passivement dans la datation tripartite [2] et approximative qui se focalise essentiellement sur les rapports entre dominants et dominés basés simplement sur l’appartenance raciale, notamment la couleur de la peau (Blancs vs Noirs). Cet état de fait ne permet pas de décliner la vraie nature de l’homme au-delà même de cette polémique partisane.

Cependant, nous envisageons, dans la présente étude, de dépasser systématiquement ce rituel du duel Blanc/Noir en vue de mener une analyse qui s’attachera à trouver la vraie identité des actants, ce qui constitue le gage d’une pratique intertextuelle. Cela nécessite une étude transversale qui portera essentiellement sur les romans Une vie de boy de Ferdinand Oyono, Mbaam dictateur de Cheik Aliou Ndao et En attendant le vote des bêtes sauvages d’Ahmadou Kourouma. La piste ainsi indiquée nous donne l’opportunité de recourir à d’autres sources à chaque fois que le besoin se fera sentir pour étayer nos arguments.

Après avoir réfléchi sur l’idéologie qui rend compte d’ « une ronde d’imposteurs » révélant une fausse dichotomie en ce qui concernel’identité des actants, nous examinerons l’écriture en tourbillon que dénotent, sur le plan formel, les œuvres à l’étude.

  1. UNE FAUSSE DICHOTOMIE IDENTITAIRE : LA RONDE DES IMPOSTEURS

La problématique de l’altérité a longtemps été appréhendée sous l’angle d’une soi-disant dichotomie qui se fonde essentiellement sur la couleur de la peau. Il importe, ici, de la replacer dans une posture autre, à savoir la vraie nature de l’Homme au-delà même de cette manie belliqueuse que l’histoire impose aux littérateurs africains et qui influence les exégètes.

D’emblée, précisons que le titre du roman de Cheik Aliou Ndao Mbaam dictateur laisse transparaître les deux phases antinomiques de la vie de Wor qui passe du statut de chef « gradé » craint et adoré par ses sujets à celui du « dégradé » ravalé au rang des bêtes les plus négligées par l’homme. L’antéposition du mot « Mbaam » suggère cette dégradation, reléguant au second plan ou annihilant ainsi sa popularité d’antan. Cheik Ndao a, d’abord, montré la suprématie de Wor :

Partout où il passe, la foule accourt vers lui, acclame son nom, exagère ses mérites. Sans ses gardes il serait étouffé. Il finit par croire à sa popularité. Il est attiré par ces manifestations qui accompagnent celle-ci. Il lui arrive de se trouver dans un état tel que même s’il semble éveillé, en vérité il n’est plus sur terre. Léger, il est suspendu au-dessus de tout le monde le cœur rempli de joie. Il a beau jouer à l’humble, combattre la grande estime de soi, pourtant il ne peut s’empêcher de penser qu’il est différent de ceux qui ploient sous sa férule [3].

Le narrateur renseigne sur la dégradation du personnage comme suit : « Voilà ce que Wor mérite de devenir : un âne. Ainsi il supportera la peine, les coups, l’injure, le dénigrement, l’oppression sans compter le manque de respect » [4].

Dans une perspective biblique [5], l’identité dichotomique que révèlent les expressions, « Il n’est plus sur terre. Léger, il est suspendu au-dessus de tout le monde le cœur rempli de joie » vs « il supportera la peine, les coups, l’injure, le dénigrement, l’oppression …, rappelle le passage de la jouissance temporaire aux « peines éternelles » cher à Agrippa d’Aubigné dans sa polémique [6]. La dégradation frise une dérision. L’usurpation sur laquelle renseigne le portrait moral montre le paradoxe signifié à travers le verbe « jouer » et la négation « il ne peut » contenus dans les expressions « il joue à l’humble » vs « il ne peut s’empêcher de penser qu’il est différent de ceux qui ploient sous sa férule ».

La question du masque s’invite alors si nous considérons l’image pittoresque de « Mbaam dictateur » qui apparaît à la quatrième page de couverture. Cela semble donner raison à Didier Amela qui stipule :

Le substantif « masque » peut être compris comme le symbole du travestissement et de la duplicité. Porter un masque, en effet, c’est le signe d’une double identité, d’une double apparence : ce qu’on affiche à travers le port d’un masque et ce qu’on est en réalité. Parfois, la duplicité incite à la feinte. Elle prend dans ce cas la marque de l’hypocrisie, entendue comme l’attitude qui consiste à cacher, donc à « masquer » sa situation et son caractère [7].

De la même manière, dans l’usurpation du pouvoir des mains d’« un officier, le capitaine Zaban… l’initiateur et exécuteur du coup d’État » [8] incite Bossouma, féru d’émulation, à revêtir le masque pour devenir « L’homme au poitrail caparaçonné de décorations [qui] restait sans conteste le militaire ayant le grade le plus élevé sur le continent des multiples dictatures » [9]. Cela n’est qu’une confirmation de l’image que nous retrouvons à la première page de couverture du roman de Kourouma. Cette estime ou cette respectabilité n’est qu’apparente. Elle témoigne de la duplicité car la suite de son couronnement rend compte d’une dérision attestant elle-même une dégradation. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’Ibrahima Wane disait que chez Kourouma, « La surcharge laudative aboutit à la production du burlesque » [10]. Le récit de la fête organisée à son honneur permet de voir le travestissement du rusé en acteur de comédie officiant en singleton dans cette sphère qu’il convient d’assimiler à une spirale [11] de l’épreuve parce que parcourant en filigrane nos œuvres respectives :

C’est déjà le petit matin. Tout le monde avait bu. L’Empereur était soûl. Tout le monde avait suffisamment mangé, chanté et dansé. Tout le monde est rompu par la fatigue. L’Empereur seul continuait à danser, chanter, boire et manger. La soirée organisée en votre honneur à vous Koyaga, se poursuivait. Des diplomates, des personnalités civiles et même des officiers supérieurs avec leurs épouses en catimini s’étaient éclipsés, avaient disparu comme des félins. L’Empereur s’en était aperçu à la multiplication des chaises vides. Il avait piqué une colère et avait fermé les grilles du palais. C’était lui-même en personne qui les avait cadenassées et avait enfoncé les clés en poche. Personne ne pouvait plus sortir [12].

Il en est de même pour l’orgueil météorique de Wor lors de son discours au stade qui symbolise, sur le plan spatial, le cercle de l’épreuve mais aussi suggère le rituel de la violence exercé sur le peuple à l’orée du désenchantement :

NGAND MI, le Grand Guide. NGAND MI. GAND MI. Wor ne prononce que ces mots. Le cadavre d’un charognard venu du ciel s’abat devant lui. Silence lourd. Il se rassoit…Aussitôt les soldats forment un écran entre Wor et les spectateurs. On ne l’aperçoit plus… Que personne ne sorte du stade… Policiers et militaires ceinturent la place [13].

Dans Une vie de boy, le lieu d’évolution du Nègre présente une promiscuité à l’image même du son teint qui semble frôler un dépotoir. La nébulosité que révèle le lieu où Toundi et Sophie ont passé la nuit après l’accueil du Commandant, « Nous pénétrâmes dans la case des boys. Bien qu’il fût jour, nous entrions dans la nuit » [14], ainsi que l’attitude de l’ingénieur vis-à-vis de de Toundi « Il me pinça l’oreille…il me lâcha. Dans l’obscurité, je vis ses mains blanches faire un geste de dégoût comme s’il avait touché quelque chose de malpropre » [15]. Néanmoins, le confort reste apparemment la chose la mieux partagée chez les Blancs : « Sophie m’aida à préparer les deux pliants que nous avions emportés. Nous suspendîmes les moustiquaires » [16].

Pour déceler cette dichotomie qui caractérise les rapports entre Noirs et Blancs, nous proclamons obsolète la critique sociologique [17] ou marxiste qui serait pour nous synonyme d’une perpétuelle navigation dans les carcans désuets de l’exégèse traditionnelle. Il urge alors d’adopter une lecture transversale afin de voir comment, à différents niveaux de la trame narrative, le débat éclipse cette simple distinction dominés (Noirs)/ dominants (Blancs) pour laisser libre cours à une ronde d’imposteurs comme vraie nature de l’Homme.Tel le sage humaniste qui feint une ignorance pour faire jaillir la lumière, Toundi revêt son masque noir et, s’acquittant convenablement de son métier qui consiste à « tendre des pièges aux porcs- épics » [18] tout comme son père, il révèle la vraie identité du Blanc réputé dans la pratique de l’imposture.

En effet, les caractéristiques octroyées aux Noirs et aux Blancs s’apparentent au métamorphisme propre au caméléon. Toundi qui reste persuadé de l’adultère dans lequel verse la femme du commandant utilise le mot « soleil » [19] pour signifier métaphoriquement la vérité de sa découverte qui apporte un démenti à la fausse pudeur que feint le Blanc.

Dès lors, le rire sarcastique qu’émet Toundi reste légitime. Après avoir fait montre d’une sagesse avérée pendant la nuit passée avec Sophie, le personnage-narrateur rend compte, en témoin oculaire, des pratiques obscènes de la femme du Commandant. Cette dernière n’a autre moyen que de rester, telle une victime de paralysie, au dortoir dont le luxe n’est qu’apparent parce que souillé par le péché qui l’assimile au gouffre de l’enfer « Il était onze heures et Madame, qui ne se réveille pas avant midi depuis le départ de son mari, devait encore se délecter de sa brûlante nuit » [20].

C’est alors le signe d’une dégradation qui affecte son mari, le Commandant, que le narrateur raille de la manière suivante : « le Commandant est trop persuadé de son importance pour douter de la fidélité de sa femme. Il a passé la journée à se rengorger comme un dindon » [21]. Baklu confirme l’état de dégradation de sa femme que nous avons hasardé plus haut lorsqu’il dit : « Bien heureux, le régisseur ! Madame est déjà poto-poto » [22]. Cela reste un renversement de perspective que frise la chosification très prégnante chez les nouveaux romanciers dans la mesure où les lieux d’habitation des Noirs sont jadis assimilés à des « cases poto-poto » [23]. Cette vérité se résume à la sentence émise par le personnage de Mengueme, chef des anyans : « la vie…, c’est comme un caméléon, ça change de couleur tout le temps » [24].

La spirale de la dénégation parcourt alors le roman africain francophone en dépit de l’image reluisante que l’homme cherche à revêtir auprès de ses semblables relevant d’une autre race. Ne serait-il pas commode d’attribuer l’inconstance ou le carnavalesque propre à l’homme baroque aux personnages de ce roman dit francophone ? L’affirmative semble adéquate comme réponse si nous considérons les propos tenus à propos des Blanches par Baklu au cuisinier « Tu parles de la honte ! Mais ce sont des cadavres » [25].

Le summum de la dénégation est ainsi atteint avec cette caractérisation aberrante, voire cadavérique, s’appliquant à la femme du Commandant qui était l’incarnation d’une beauté paradisiaque aux yeux des indigènes. Cependant, ces derniers sont intrônisés à la hauteur du Dieu suprême dont l’ubiquité permet de cueillir les pécheurs pour les livrer à l’opinion à travers les livres révélés assimilables au cahier que tient Toundi. La femme du Commandant dit à ce propos : « Ils sont comme ça…gênants, indiscrets. Ils sont partout et nulle part » [26].

Ainsi, la dégradation est si patente qu’après la découverte de Toundi (les petits sacs en caoutchouc appelés préservatifs), la femme du Commandant se trouve ravalée au rang inférieur et devient elle-même la domestique qui tient le balai « elle me l’arrache des mains et disparut. Un moment plus tard, j’entendis le petit bruit sec de la paille sur le perron » [27].

Cette servilité tient lieu d’une dérision qui invalide le contrat de soumission sans réserve signé par les Noirs vis-à-vis du maître Blanc au cours des « soleils du consentement ». Cela se confirme davantage lorsque le personnage-narrateur nous renseigne sur le discrédit qui frappe le couple. D’abord pour madame quand il dit : « Madame revint à quatre heures. Elle traversa la cour, la tête à demi baissée. Elle s’engouffra dans sa chambre et ne reparut qu’au diner… » [28]. Ensuite, pour le Commandant cocu surpris en train d’embrasser sa femme : « Il n’osa pas me regarder de la soirée » [29].

Dorénavant, les ‘’incirconcis’’ dégradés chutent de leur piédestal en particulier en ce qui concerne le rôle de géniteur que les négriers se donnaient jadis par usurpation, pour être de simples subalternes en matière d’érotisme au profit des employés : « Là-bas, du côté de la mer, les boys couchent avec leurs patronnes, c’est courant !… » [30]. Tout l’honneur revient à Toundi qui, depuis l’ignominie à laquelle s’adonnent ses soi-disant chefs, semble être ce gradé qu’ils appellent « Monsieur Toundi ». Si Madame lui dit « Merci Monsieur Toundi » [31], lui-même il s’étonne comme suit parlant du commandant : « Je me demande à quoi il pense en m’appelant maintenant monsieur Toundi » [32].

En revanche, le dévergondage ou la débauche que l’on a considéré tantôt comme étant le propre du Blanc devient quasiment l’apanage des premiers dirigeants noirs appartenant à la même race que Toundi. Dans En attentant le vote des bêtes sauvages, nous pouvons lire :

Depuis trois semaines…des compétitions pour la sélection des expertes en amour avaient été ouvertes dans tous les villages zendés…[les] huit primées… dansaient et chantaient dans le petit salon…vous avez pris par la main la première, celle qui était la plus proche, et vous êtes entrés dans la chambre…dans le lit, vous avez capitulé dès les premières escarmouches. Vous avez demandé le pardon qu’une femme zendé exige toujours d’un homme défait. À haute voix et en pleine bouche [33].

En outre, le dictateur Wor a eu le même comportement jusque après sa dégradation car le narrateur nous renseigne : « Et la jeune fille alors ? Comment un simple âne peut-il être troublé par la beauté d’une femme ? Ah ! La main de la jeune fille sur son dos. Quelle envie de danser de plaisir ! Mais il se dit que le spectacle ne serait pas beau » [34]. Didier Amela a bien compris cela qui affirme que

Le pouvoir, considéré le plus souvent comme une institution forte, porte en réalité un masque, celui de la faiblesse devant le sexe. Il sous-entend par masque les dessous du pouvoir politique, ces hommes qui, une fois au sommet (…) développent un appétit sexuel qui conduit souvent à la gabegie, à la corruption et à perversion sexuelle [35].

Trimbalant avec les galons dont il se dote progressivement, Toundi qui s’essaye lors de son séjour hospitalier à une ascension imaginaire à l’instar du Christ rédempteur, témoigne sa fidélité au Père Gilbert et se soustrait du monde des impuretés, surtout si nous considérons l’adoucissement, « froid », la luminosité, « soleil », et la blancheur, « blanche », qui témoignent d’une véritable apparition habituellement dévolue aux anges :

J’avais froid. Bien que le soleil fût de plomb, mes dents claquaient. Une langueur m’engourdit. Je me sentais léger, mille soufflets de forge accélérant ma respiration. Mes pensées étaient au point mort. La blouse du médecin recouvrait toute la salle. Elle flottait là-bas, sur la tombe du père Gilbert, sur sa motocyclette, sur le broyeur des blancs »…j’étais au faîte du fromager, oui, là-haut dans ses branches. À mes pieds s’étendait le monde, un océan de lépreux, de pianiques, de femmes enceintes éventrées, de vieillards visqueux où des millions de Gosier-d’oiseau…je n’étais plus qu’une nuée, une nuée de lucioles, une poussière de lucioles qui emporta le vent…et ce fut le noir [36].

Tout compte fait, précisons que la réflexion que nous avons menée à propos de la « dégradation » nous a sans doute permis de rester dans la logique de la perspective globalisante ou totalisante qui sous-tend nos analyses. Elle annihile systématiquement la périodisation tripartite traditionnellement conférée au roman africain francophone. La « dégradation » s’est appliquée plus haut aux actants non pas suivant cette manie combattante commandée par l’appartenance raciale, mais plutôt un rituel de la dénégation exhibant la nature humaine dans sa quintessence même. Il convient à présent d’examiner comment ces « dégradés » sont tournés en « dérision » dans le labyrinthe de l’écriture dite de la circularité intrinsèquement liée à la violence, elle-même, exercée dans un espace symbolique qu’il convient d’analyser à ce niveau. L’écriture demeure alors la seule constante du moment que dans le fond comme dans la forme, les factions raciales en lice s’assimilent indiscrètement.

  1. UNE ÉCRITURE EN TOURBILLON

Le rituel de la violence qui transparaît dans le roman francophone à travers le traitement du thème de la mort où la torture rend compte d’une sorte d’autodénigrement du Noir qui s’était racheté en retournant en sa faveur le complexe d’infériorité qu’il nourrissait vis-à-vis du Blanc. Cela pour la simple raison que le roman de la désillusion donne du dirigeant l’image d’une bête carnassière trônant sur une jungle. Le constat est patent que les dictateurs africains ont commis des actes plus répréhensibles que ceux des impérialistes occidentaux.

Cette posture universaliste de la nature humaine, que Mohammed-Saâd Zemmouri appelle « Un brouillage de l’identité » [37], est nettement visible lorsque, usant d’une imposture, le dictateur Wor essaye de façon grotesque d’inculper les Blancs qui, eux, changent de discours jugés hypocrites. Il considère que celui qui s’écarte de la volonté du peuple ou désobéit « fait partie de la frange qui écoute ces vauriens de Toubaab qui nous ennuient avec leurs discours sur les Droits de l’Homme » [38]. Par ailleurs, le dictateur prolonge son portrait et s’assimile au scribe comme suit : « si tu étais dirigeant tu ne serais pas là à gâcher la réputation de Wor prétendant indiquer la meilleure voie. Placé dans les mêmes conditions tu ferais pire… » [39].

Ainsi, s’annihile le critère définitoire de l’Homme basé sur l’appartenance raciale. La cohabitation entre colonisateurs et colonisés que révèle le roman du désenchantement, en particulier Les Soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma, avec le néocolonialisme, montre sans doute que l’homme qui peignait son image authentique est pris en état de siège et assiste, en marionnette, au ballet qu’inspire l’énoncé scriptural. Désormais, l’écriture romanesque se met en jeu et laisse entrevoir la parenté entre le Nouveau Roman français et le roman africain francophone. C’est dans ce sens que Séwanou Dabla écrit : « Il semble aujourd’hui que l’on ne peut aborder une bonne part du roman africain francophone sans tenir compte de ses apparentements avec le nouveau roman et il n’y a rien de surprenant au demeurant dans cette situation » [40]. Mansour Dramé, de son côté, souscrit à l’idée du blason de « l’aventure de l’écriture » lorsqu’il affirme que « le texte devient alors un exercice littéraire curieux qui vise à prouver que ce qui constitue l’essence même du roman n’est plus une histoire mais une substance à explorer » [41].

En effet, nous orientons, ici, la « substance à explorer » dont parle Dramé, vers une perspective d’analyse sous-tendue par un élan mimétique qui transparaît à travers la mise en abyme. Cela est traduit par le caractère insaisissable ou indéfinissable de l’acte scriptural. Dans En attendant les bêtes sauvages, nous pouvons lire : « Tout homme est un dissimulateur. Les bons sentiments ne sont que des stratagèmes. Le cancrelat nous dévore en soufflant sur notre plaie » [42].

En considérant le principe de l’« affabulation », nous pouvons imaginer une confusion entre le sujet que nous ne pouvons pas appréhender avec exactitude et l’écriture (profane comme sacrée) qui s’essaye sur sa signification naturellement fictionnelle. Kourouma écrit à ce propos :

Quels sont les individus que nous appelons les grands hommes ? Ce sont, sans hésitation, ceux qui ont le mieux fabulé / (…) Les plus grandes œuvres littéraires humaines dans toutes les civilisations resteront toujours des contes, des fictions. Après tout, que sont la Bible, le Coran et les autres textes fondamentaux des civilisations éternelles ? Que sont-ils ? Enfin, que nous apprennent-elles, les grandes histoires religieuses et littéraires ? Une vérité et toujours la même vérité. Un homme se réalise pleinement et devient un thaumaturge dès qu’il se libère du distingo entre vérité et mensonge [43].

Cheik Aliou Ndao abonde dans le même sens en faisant recours à la mise en abyme :

Wor ne peut comprendre que l’écrivain ne raconte pas ce qui s’est passé dans un pays déterminé. Il ne suit que son imagination. Il ne néglige rien. Pour être utile au lecteur, il s’appuie sur la fiction, il raccommode, enfile des idées qui s’harmonisent. Le dictateur n’appartient pas à une race, se rencontre dans toutes les civilisations [44].

Cet état de fait autorise une ballade dans la sphère-texte pour répertorier les indices qui se rapportent à l’analyse formelle. Cette manière de concevoir l’écriture romanesque trouve une parfaite illustration chez Hélène Ouvrard qui affirme : « Je préfère éliminer tout caractère descriptif, narratif. Il n’y aura pas d’histoire, ni personnages. Simplement livrer les incidences visuelles, mnémopsychiques, qui sont au fond la seule raison d’être du voyage et seront celle du livre » [45]. C’est ce que Gilles Marcotte traduit assez pertinemment comme suit : « Le roman semble plus éloigné que jamais de la tâche que nous lui avons confiée, de rendre compte, sur le modèle de la « comédie humaine » des articulations essentielles de notre histoire collective » [46].

Dans nos œuvres respectives, les techniques narratives épousent parfaitement ce que nous avons appelé la spirale de l’épreuve. Dans Une vie de boy, le rituel de la violence transparaît à travers la représentation des cadres spatiaux. Le narrateur précise à ce propos : « Deux endroits terrorisaient les indigènes de Dangan, la prison, et l’hôpital, que tout le monde appelle ici la « crève des nègres » [47]. La fuite qui semblerait soustraire Toundi de cet espace carcéral est loin d’être une délivrance. Elle suggère plutôt l’universalité de l’aliénation. Cela est signifié à travers les interrogations qui se rapportent à l’identité exacte du ‘’moribond’’ dont il est question dans le prologue « Mon frère…mon frère, que sommes-mous ! Que sont tous les nègres qu’on dit français ? » [48].

Dès lors, la fin qui rejoint le début donne un caractère circulaire à l’œuvre, celui-là même que révèle assez explicitement En attendant le vote des bêtes sauvages, surtout si nous considérons les propos de Madeleine Borgomano :

Le récit commence parce que l’histoire finit, et où l’histoire finit. Le temps a fait un cercle, qui reste cependant ouvert sur un avenir incertain. Car rien ne dit si la catharsis réussit. Sa réussite serait, certes, un succès et un achèvement pour le donsomana. Mais elle serait aussi la persistance du cercle vicieux, le prolongement sans fin de la dictature, la répétition du même [49].

Le même scénario est traduit quasi littéralement dans Mbaam Dictateur car la formule d’ouverture « Une maison a beau être animée, et même bruyante, elle ne dépassera pas celle-ci. La cour est cernée par au moins neuf cases » [50], est reprise dans l’épilogue « Maintenant chez les lawbé, la maisonnée s’est réveillée. Tout le monde s’affaire dans la cour. Là où Mbaam ngonk, l’âne énorme, se trouve attaché, il est encore sous le choc des phénomènes qui lui sont apparus la nuit. Sont-ils réels ou non ? » [51].

Le symbolisme de la circularité qui est assimilable au tourbillon transparaît plus loin de façon plus flagrante. Il pose de nouveau la représentation apocalyptique que constitue la cohabitation entre l’espèce humaine et les bêtes : « Après son discours la mère du maître des cases s’en va. Alors Mbaam ngonk, l’âne énorme, anciennement Wor le dictateur, fait entendre un braiement tel que même les gens des villages environnants l’ont entendu. Tout le monde accourt et forme un cercle autour de lui » [52]. La spirale de l’épreuve qui confirme l’idée du rituel de la violence semble être une riposte du peuple jadis torturé par le dictateur comme Toundi le démystificateur du blanc en agonie ou encore Koyaga l’homme au totem hyène devenu vulnérable à cause de la disparition de ses protecteurs.

Il faut aussi noter que, dans nos œuvres, le mysticisme et le sacré se confondent. Le hibou que nous retrouvons au début du roman Une vie de boy est assimilé suivant les vertus du zoomorphisme à Pedro qui a manqué au prêtre. Dans la postface du roman de Cheik Ndao, nous pouvons lire : « Voici Mbaam devenu un mort vivant. Présent et absent. Condamné à se mouvoir dans l’énigme jusqu’à la fin des temps. Où commence l’âne où finit le dictateur se demande-t-il ? ». La même nébuleuse a poussé Mbaam ngonk à s’adresser à l’écrivain de la manière suivante :

Ce qui m’étonne le plus c’est que tu tardes à raconter ce qui m’a mis dans cet état. Il m’importe que tu m’éclaires sur ce sujet. Quel est l’itinéraire suivi depuis le moment où étant un certain Wor, chef respecté et craint, je me suis transformé en Mbaam ngonk, l’âne énorme ? Peut-être que tu t’es aventuré dans une histoire que tu es incapable de rendre limpide. Je me demande comment tu vas t’en sortir [53].

Il importe, suivant les vertus de la critique structuraliste ou formaliste, de nous intéresser à la représentation spatiale qui se rapporte au rituel de la violence inhérente à l’élan belliciste propre à l’exégèse traditionnelle que nous jugeons obsolète. Enroulée diversement tout au long des séquences narratives dans nos œuvres respectives, la spirale de l’épreuve qui transparaît à travers différents indices de lieux atteint habituellement son summum avec l’espace souterrain.

Dans Une vie de boy, la « crève des nègres » se renouvelle dans l’épilogue avec le mot « Bekôn » qui fait allusion au cimetière des prisonniers. Si la fin du prologue nous apprend qu’ « il était une charogne avant d’être un cadavre » [54], c’est parce que Toundi a cherché, à l’image de Fama Doumbouya, le personnage principal des Soleils des indépendances, une échappatoire pour se sauver de la tyrannie de M. Moreau, le régisseur de prison.

C’est dire que le fait d’opter pour le premier élément de l’alternative située dans l’épilogue « Tu n’es plus bon que pour la Guinée espagnole ou…pour le ‘’Bekôn’’ » [55] équivaut sur le plan scriptural à une volonté de perpétuer la persécution, celle-là même que traduit le roman de Ferdinand Oyono « J’appris qu’on l’avait découvert inanimé près de la frontière, dans la zone espagnole…j’ouvris le paquet. J’y trouvais deux cahiers racornis… c’est ainsi que je connus le journal de Toundi » [56].

C’est exactement ce que note Borgomano à propos du roman de Kourouma :

Le texte n’avance-t-il jamais sans se retourner sur lui-même, en une suite complexe de spirales sans fin. Et le mouvement généralement plutôt linéaire du récit romanesque se voit contrarié par ces forces circulaires insistantes. Cette double dynamique contradictoire évoque non pas exactement une histoire qui « tourne en rond », mais une histoire qui avance en reculant, progresse sans évoluer. Celle-là même que raconte le roman [57].

La même remarque s’est imposée un peu avant lorsqu’elle écrit : « La formule qui ouvre le roman et lui sert en somme d’équivalent, de carte d’identité, dans le monde extérieur, est la reprise, pas tout à fait littérale, d’une des phrases finales du texte : « Si les hommes refusent de voter pour vous, les animaux sortiront de la brousse, se muniront de bulletins et vous plébisciteront » [58]. Ibrahima Wane abonde dans le même sens lorsqu’il affirme que Kourouma « s’autorise quelques distorsions dans son œuvre. La linéarité du récit n’est pas de ses soucis, l’écriture soulageant largement la mémoire » [59].

Nous pouvons également appréhender l’image du gouffre qui participe à la circularité dans Mbaam Dictateur. Le suicide qu’il a tenté, en se jetant dans un puits, participe à la dégradation de celui qui jadis prenait le dessus sur tout et qui, à partir de cet instant, perd ses prérogatives en se retrouvant au bas de l’échelle. Il change même de collaborateur ou de compagnon à savoir l’enfant (symbole de l’ignorance) qu’il a emporté en tombant dans le puits.

Notons au passage que la dégradation de Wor, l’ancien dictateur, est une constante dans le roman du moment qu’il reste le fidèle compagnon des enfants talibés (en quête de savoir) à qui il obéit sans une moindre réserve. La rotondité qui caractérise le lieu en question (le puits) participe au symbolisme de la circularité que nous pouvons assimiler au tourbillon. Cette circonférence rappelle le cercle que forme la foule sidérée qui, s’interrogeant sur l’identité de Mbaam ngonk, verse dans la dérision comme lui du moment que le narrateur reporte l’instance d’énonciation dans le registre de l’universalité : « Ah Seigneur ! Qui a déjà vu un âne qui se suicide ! Comme une personne ? S’agit-il d’un âne possédé par l’esprit malin ou un djinn ? Ah son maître n’a pas dû faire attention » [60].

Par ailleurs, le motif du gouffre se renouvelle dans la même œuvre, notamment avec l’allusion à la tombe à l’occasion de la persécution de Jaraaf Bernde, le ministre des fêtes, un proche collaborateur du dictateur :

On fait descendre Jaraaf Bernde, le ministre des fêtes, de la voiture. On plante un piquet sur la plage. On l’y attache debout adossé au bois. Les soldats se mettent en face de lui. Ils reculent un peu. Ils tirent. Jaraaf Berne, le ministre des fêtes s’agenouille, son poids ayant rompu les cordes. Jaraaf Biir Réew, le ministre de l’Intérieur, se mord la lèvre intérieure à la faire saigner. Aussitôt enlevé le cadavre est enterré. La tombe est effacée [61].

Dans le même ordre d’idées, le sort réservé aux détenus de la prison de Ngaragla contribue à empirer cette tragédie quand le narrateur écrit :

Dans la nuit, une camionnette bâchée en catimini se glissait dans la prison, des gens cagoules noires y sautaient ; ouvraient les cellules, s’emparaient des prisonniers ; les conduisaient au bord du fleuve où ils les exécutaient, les enterraient dans les roseaux ou les jetaient aux caïmans [62].

Cela rappelle, suivant une perspective intertextuelle, la mort de Fama Doumbouya dans Les Soleils desindépendances. Ainsi, les animaux deviennent les alliés ou les collaborateurs des hommes. Le gouffre renvoie métaphoriquement à la politique comme jungle. Cela se voit à travers le foisonnement du bestiaire dans nos œuvres. Madeleine Borgomano approuve cela si nous considérons le passage qui suit : « Le roman ne cesse de présupposer l’instabilité des frontières qui séparent l’homme de la bête, surtout dans cet univers de chasseurs, projeté au niveau politique. Koyaga, le héros, se comporte souvent en ‘’bête sauvage’’, à l’exemple d’ailleurs de ses modèles historiques » [63].

CONCLUSION

En définitive cette étude portant sur la dégradation et la dérision a été une occasion pour appréhender la valeur symbolique des composants textuels (espace, personnage, temps) dans le roman africain francophone. Le sujet dégradé qui est inconstant dans ses convictions et critères définitoires tournoie dans un tourbillon que traduit l’écriture à travers le rituel de la violence. La dégradation et la dérision s’appliquent donc de façon universelle et intemporelle à l’Homme.

BIBLIOGRAPHIE :

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[1] Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, Sénégal

[2] L’écriture romanesque africaine, qui se définit en fonction de la colonisation, a pris trois orientations selon les objectifs que les écrivains se sont fixés pour répondre aux aspirations du peuple. Selon Madior DIOUF, elle est dite successivement de consentement (1920-1945), de contestation (1945-1960) et de désenchantement (1960 à nos jours), « Les formes du roman négro-africain de langue française 1920-1976 ».

[3] NDAO, Cheik Aliou, Mbaam dictateur, Paris, Présence Africaine, 1997, p.212. Toutes nos références renvoient à cette édition.

[4] Ibidem, p.236.

[5] Lire Psaumes, LXXV, 8 et 5.

[6] Les Tragiques, « Jugement », v. 871-875 ; v. 887-891.

[7] « La sémantique du « masque » dans La fête des Masques de Sami TCHAK », in Revue Sénégalaise de langues et de Littérature, Nouvelle série, n°3, 2013, Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Dakar, p.37-38.

[8] KOUROUMA, Ahmadou, En attendant le vote des bêtes sauvages, Paris, Seuil, 1998, p.213. Toutes nos références renvoient à cette édition.

[9] Ibidem, p.213.

[10] « Transgressions, concessions et conciliations ou l’altérité dans En attendant le vote des bêtes sauvages d’Ahmadou Kourouma », p.47-54, in Éthiopiques, Revue négro-africaine de Littérature et de Philosophie, n°75, 2ème semestre 2005, p.50.

[11] Voir infra. Nous y reviendrons dans le deuxième point de notre étude qui concerne essentiellement l’aspect formel des œuvres à l’étude.

[12] Mbaam dictateur, op. cit., p.213-214.

[13] Mbaam dictateur, op. cit., édition citée, p.189.

[14] OYONO, Ferdinand, Une vie de boy, Paris, René Julliard, 1956, p.65. Toutes nos références renvoient à cette édition.

[15] Ibidem, p.67.

[16] Idem, p.64.

[17] Lire à ce propos Les genres littéraires par les textes. Méthodes critiques, expressions théâtrales, Dakar, Abidjan, Les Nouvelles éditions africaines, 1977, p. 29-30.

[18] Les genres littéraires par les textes. Méthodes critiques, expressions théâtrales, p.87.

[19] Une vie de boy, édition citée, p.166. Voir aussi p. 102, et p.110.

[20] Ibidem, p, 103.

[21] Ibid., p.108.

[22] Ibid., p.113.

[23] Ibidem.

[24] Idem, p.57.

[25] Idem, p.123.

[26] Idem, p.128.

[27] Une vie de boy, édition citée p.135.

[28] Ibidem, p.136.

[29] Idem, p.155.

[30] Idem, p.145.

[31] Idem, p.119.

[32] Idem, p.154.

[33] En attendant le vote des bêtes sauvages, édition citée, p.216.

[34] Mbaam dictateur, édition citée, p.148.

[35] « La sémantique du « masque » dans La fête des Masques de Sami Tchak », article cité, p.42.

[36] Une vie de boy, édition citée, p.182.

[37] « La passion de l’altérité chez Nabile Fares », p.147-159, in Éthiopiques, Revue négro-africaine de Littérature et de philosophie, op. cit., p.154.

[38] Mbaam Dictateur, édition citée, p.185.

[39] Ibidem, p.210.

[40] Nouvelles écritures africaines. Romanciers de la seconde génération, Paris, L’Harmattan, 1986, p. 218.

[41] L’interculturalité au regard du roman sénégalais et Québécois, Paris, L’Harmattan, 2001, p.218.

[42] En attendant le vote des bêtes sauvages, édition citée, p. 200.

[43] Ibidem, p.197-198.

[44] Mbaam dictateur, édition citée, p.210.

[45] L’Herbe et le varech, Montréal, Québec/Amérique, p.13.

[46] Le roman à l’imparfait, Montréal, la Presse, 1976, p.10.

[47] Une vie de boy, édition citée, p.117.

[48] Ibidem, p. 12-13.

[49] Des hommes ou des bêtes sauvages ? La lecture de En attendant le vote des bêtes sauvages d’Ahmadou Kourouma, Paris, L’Harmattan, 2001, p.30.

[50] Mbaam Dictateur, édition citée, p.9.

[51] Ibidem, p.334.

[52] Idem, p.335.

[53] Mbaam Dictateur, édition citée, p.210.

[54] Une vie de boy, édition citée, p.14.

[55] Ibidem, p. 187.

[56] Idem, p.14.

[57] Des hommes ou des bêtes sauvages ? La lecture de En attendant le vote des bêtes sauvages d’Ahmadou Kourouma, op. cit., p.29.

[58] Ibidem, p.28.

[59] « Transgressions, concessions et conciliations ou l’altérité dans En attendant le vote des bêtes sauvages, in Éthiopiques, Revue négro-africaine de Littérature et de Philosophie n°75, op. cit., p. 50.

[60] Mbaam dictateur, édition citée, p.291.

[61] Ibidem, p.203.

[62] En attendant le vote des bêtes sauvages, édition citée, p.221.

[63] Des hommes ou des bêtes ? La lecture de En attendant le vote des bêtes sauvages d’Ahmadou Kourouma, op. cit., p.17-18