Mohamed Aziza
Poèmes

CARTHAGE PARLE A JOAL

Ethiopiques n°69.

Hommage à L. S. Senghor

2ème semestre 2002

 

A Léopold Sédar Senghor

Quand sonne l’heure, au secret de la conque

De nouveau, verdit le Sahara

Comme aux temps de la gloire capsienne,

Du Tassili ivre de ses fresques

De Sijilmassa, grand emporium des sables

Ouvert à toutes transhumances.

De Tombouctou, Jardin éclos

Autour de l’Arbre de la Connaissance

Quand sonne l’heure, écoutons l’appel des sirènes.

 

Carthage parle à Joal

Et la rumeur des vagues à Popenguine

Se répercute dans le rivage des Syrtes

 

Nos paroles croisées

Ont, longtemps, tatoué la mer

Comme, en leur envol,

Les colombes calligraphiaient le ciel.

Et dans la plume des moissons, dériver

Cavales de pollen

Les légions pacifiques du Poème

Pour d’impérieuses fécondations.

 

Feu et neige sur la coiffe du Kilimandjaro

Le Poème

Poisson d’or dans les eaux-mères du Congo

Pierre lisse caressée par les marées océanes

Touffe d’herbes nichée au creux des remparts

Haleine des alizés

Vol ensemencé des abeilles

Question du Sphinx sculptée au flanc des falaises

Le Dit de Kaya Magan

Yeux fertiles du Signare

Racine du baobab, chevelure du palmier

Le poème en ses métamorphoses

Il dit :

Continue ton chant, Poète

Car si tu cesses d’apprivoiser la mer

Qui, jamais, pourra nous prévenir du Déluge ?