Prix décerné à Ethiopiques

Présentation de remise du Prix Cassiopée 2014 attribué à la Revue Éthiopiques par la conseillère littéraire, Rome Deguergue

 

Éthiopiques n°93.

Littérature, philosophie et art

2ème semestre 2014

 

Cénacle Européen des arts, de littérature & de poésie de Paris

 

Le Prix européen Cassiopée (ainsi nommé par le Président du Cénacle Européen, Jacques-François Dussottier, outre l’appartenance au mythe grec est l’une des constellations les plus remarquables de la Voie lactée) récompense une Revue internationale de langue française, dans le cadre de la Francophonie, chère à Léopold Sédar Senghor.

Le contact avec cette Revue, ainsi qu’avec son Directeur de la publication a été pris en 2013 par le conseiller littéraire, Michel Bénard, à l’occasion de son voyage à Dakar, utile à œuvrer de conserve aux travaux pluriels de la Fondation Léopold Sédar Senghor.

Éthiopiques est une revue négro-africaine de littérature, de philosophie, de sociologie, d’anthropologie et d’art, dont le titre fait référence au recueil de poésie éponyme de Léopold Sédar Senghor, publié en 1956. Quoiqu’éditée à Dakar, cette revue se veut à orientation panafricaine. Le premier numéro est sorti en janvier 1975. Trimestrielle de 1975 à 1988, la parution de la revue est devenue semestrielle en 1989. Senghor a été Président d’honneur de son Conseil de rédaction et l’un des principaux contributeurs en termes d’articles à publier. La totalité des articles sont consultables en ligne.

Représentant cette revue, mais n’ayant pu être parmi nous aujourd’hui, saluons les travaux pluriels de son Directeur de la publication, Alphonse Raphaël Ndiaye, expert-formateur dans le domaine du patrimoine culturel immatériel, qui a suivi une formation en philosophie, bibliothéconomie et ethnolinguistique et qui – a-t-on l’an passé appris par voie de presse sénégalaise – est devenu le nouveau Directeur général de la Fondation Léopold Sédar Senghor. Il s’est – entre autres missions – attelé à la modernisation du centre des ressources multimédia de la Fondation, afin de le rendre accessible partout dans le monde. Cinq projets lui tiennent à cœur, dont la réhabilitation du centre de documentation, la revalorisation de la Fondation et l’inventaire des textes du poète, avec des publications posthumes qu’il désire porter à la connaissance tant des jeunes publics des lycées et autres universités, que des adultes, des élites – repensant la marche du monde, et que les messages – aussi bien poétiques que politiques du Poète et Président Senghor pourraient intéresser et influencer de manière tangible.

Pour revenir à la Revue Éthiopiques qui reçoit le bien nommé Prix Cassiopée, soulignons ici qu’elle est constituée d’environ 200 à 300 pages imprimées de textes d’érudition pluri-artistiques et disciplinaires négro-africains, aux accents à la fois : critiques, fédérateurs et modérateurs. Ils s’intègrent cependant dans ce « tout-monde », cher à Édouard Glissant, et qui peuvent s’entendre tels des instruments, des outils de l’esprit – en recherche pour trouver – utiles à s’exercer à ce geste pertinent et authentique de mise au point, d’ajustement, de libération, d’espérance aussi, esquissé avec un esprit de lucidité et de concorde intérieure avérées, délivrant d’infinis kaléidoscopes d’alternatives, tissées notamment à l’endroit de « l’impasse identitaire » pour une meilleure connaissance et reconnaissance du bon usage du monde du vivant et des choses, de ce qui se dit, se pratique et se véhicule ici et ailleurs, là où demeure l’humain trop humain. Ils proposent aussi sans doute à cet endroit : le dépassement conscientisé de l’intolérable souvenir des siècles de souffrances, via le respect, la prise en compte et la libre circulation des paroles et des corps, « comme mode de vie transnational » et « refus des cloisonnements et des limites » [1], dans le but de sortir de soi, de chez soi et d’aller avec les autres, en continuant bien sûr à « habiter la terre en poète » [2], et ce de manière poétique, mais aussi prosaïque, tel un Griot, ce poète et musicien ambulant, dépositaire de la tradition orale, et tel un Mwènè, passeur de paroles à hauteur d’homme, à l’oralité généreuse et réflexive, toujours en avance d’une éternité et qu’il est – juste et bon d’entendre…

La Fondation Léopold Sédar Senghor adresse ses très vifs remerciements au Cénacle Européen des arts, de littérature & de poésie de Paris qui vient d’attribuer à la revue Éthiopiques le Prix Cassiopée.

L’attribution de ce Prix, qui distingue une revue internationale de langue française, consacre le travail minutieux et assidu, réalisé depuis la création de la revue en 1975. Il couronne plus particulièrement les efforts réalisés depuis une dizaine d’années, sanctionnés notamment par la reconnaissance de la revue par le Conseil africain et malgache pour l’Enseignement supérieur – CAMES. Qu’avec l’attribution de ce Prix, soient remerciés pour l’œuvre accomplie :

– le Comité de rédaction de la revue constitué d’universitaires, de femmes et d’hommes de culture de divers horizons,

– le Directeur de la rédaction, le Pr Bassirou Dieng de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar,

– les correspondants de la revue en Afrique, Europe, Amérique du Nord.

Les efforts consentis, avec une exigence de qualité, ont été menés sous la direction éclairée de M. Basile Senghor, Président-Directeur- Général de la Fondation, dont nous avons pris le relais de la Direction Générale à partir de mars 2013. Par-delà la reconnaissance qu’il lui vaut, ce Prix postule plus que jamais, pour la revue Éthiopiques, le maintien d’une tension constante vers l’excellence.

Prix Cassiopée 2014 attribué à la Revue Éthiopiques

[1] Lire l’article de Denis Assane DIOUF, « Fatou Diome, l’autre visualisation de l’émigré et l’exception dans la mise en écrit de l’émigration », à la p. 62 de la revue Éthiopiques n°90 du 1er semestre 2013.

 

[2] Citation de Friedrich HÖLDERLIN : « Poétiquement, l’homme habite la terre ».