Poèmes

« EFFERVESCENCE D’UN EXILE »

Ethiopiques numéro 24

révue socialiste

de culture négro-africaine

octobre 1980

LIMINAIRE

Par le déclin du limpide soleil

de l’inspiration,

me voici revenu,

tiède petite aube de la parole.

Longtemps déjà j’ai promené

mon cœur saoûl

sur les plaines majuscules

des muets égarements

longtemps déjà j’ai parlé

dans l’étranglement du poème le langage épanoui

aux espaces de l’exil.

Dans cette splendeur

où s’inscrit ma parole,

je glanerai les mots ambulants

nés sur les serres fumantes

des terres de l’ailleurs,

je planerai au-dessus des maux

qui investissent à l’orée de l’aurore

les entrailles de l’exilé.

Je parlerai à l’ivresse de mes pleurs,

je jubilerai dans la moiteur

des silices éclatés,

dans l’isolement du jour

je hèlerai les souvenirs nomades

pour que subsistent les passés liquoreux.

 

M’entends-tu donc, ô toi qui

dans la solitude verbale

oui le bruissement ombilical

du poète qui s’amuït ?

entends-tu les coccinelles

dévorer les vestiges des muses ?

Aô ! cette ivresse sereine

du poème engourdi

dans le florilège

s’évanouira-t-elle

au gré des lectures ?

Bonabéri, le 7 Avril 1980