Ndèye Coumba Mbengue
Poésie

VOIX ET VOIE DE SANG

Ethiopiques numéro 27 revue socialiste

de culture

négro- africaine

 

J’ai prié Dieu, mon Peuple.

Pour toi, avec toi, mon Peuple,

J’ai pleuré, mais surtout prié.

 

Au tronc plusieurs fois séculaire,

Meurtri, mutilé, tant saigné,

J’ai greffé la branche tutélaire,

Autrefois ravie par la dague atroce

Du négrier barbare, du pirate féroce,

Sans vue, sans cœur, sans âme.

 

Je retrouve mes racines profondes

Mes pores s’ouvrent à la sève féconde ;

Mon sang s’ébranle, redit le galop effréné,

Le tam-tam rageur, les transes forcenées,

Où vibrent les tréfonds sacrés.

Dans les volûtes du blues délirant,

Tangue et sombre mon corps liane.

 

Du lion vert, dans la brousse roussie,

Le carène d’airain fend les entraves.

L’empreinte royale écrase, arase.

S’érige vers le ciel glorieux,

La crinière puissante, victorieuse

Au soleil.

 

Les mains reliées dessus l’Atlantique

Jettent le pont. Soleil pour nos cœurs !

Dieu de Clémence, si beau est ton jour

La terre se ressère. Le fleuve s’émeut.

Le ciel pleure. L’amour coule.

De Tombouctou la sainte à Atlanta la Noire,

Du voluptueux Niger au Misssissipi River,

Nous voici retrouvés, ce jour,

Pour un long jour.

 

Toi et moi : mon frère, ma sœur,

Ma chair et mon sang, mon cœur,

Mon autre moi-même.

 

Entends la VOIX du SANG…

Retrace la VOIE du SANG…

 

Cham ! des ténèbres, le Peuple triomphe, Et scintille l’Ebène sur l’Autel des Anciens.

 

Gloire au Seul Maître de l’Univers !

 

12-11-1979 (plein ciel, de New Mexico vers Washington)