Djibril Tamsir NIANE
Culture et civilisations

VITALITE DE LA CIVILISATION NOIRE

Ethiopiques numéro 9

revue socialiste

de culture négro-africaine, 1977

Dans cette étude, je me limiterai strictement à la période historique en ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest, Région qui sera le point focal de notre propos. Les études des archéologues et des anthropologues ont suffisamment mis en lumière le rôle joué par le nègre dans la Préhistoire, tant il est vrai que l’Afrique est le berceau de l’humanité.

Par un paradoxe qu’on s’explique aisément, c’est précisément après l’accession à l’indépendance des pays d’Afrique noire qu’on met en cause la spécificité culturelle du monde négro-africain. Il ne s’agit point d’un paradoxe, la vérité est que tant au plan économique, politique que culturel, l’Afrique pèse de plus en plus dans la balance. Laisser les Noirs s’unir, s’identifier et former un bloc est un danger aussi bien aux yeux des grandes puissances qu’aux yeux de « certains nouveaux grands » que l’or noir a imposé à l’attention du monde entier. Nous ne les confondons pas avec les pays arabes amis de l’Afrique noire qui savent que l’Africanité est une symbiose entre les civilisations arabo-berbères et négro-africaines. C’est si commode et si bénéfique d’avoir à traiter séparément avec de petits Etats de quatre à six millions d’habitant plutôt que d’avoir en face de soi un monde noir monolithique ! Diviser pour régner a de tout temps été le principe politique des dominateurs.

La culture -plus que l’anticolonialisme- étant le vrai ciment pour consolider les options du monde entier, l’Etranger a compris qu’il ne faut à aucun prix laisser les Noirs sceller leur union culturelle fondement de l’union politique et économique. Aussi de partout fusent les attaques contre la Civilisation noire.

Nous nous proposons ici de mettre en lumière les fondements historiques de la culture nègre dans la partie occidentale du continent noir. Nous nous appuierons principalement sur des faits historiques sous tendus bien sûr par la réalité culturelle, c’est-à-dire sur le style de vie même de l’homme noir.

L’Europe et le monde négra-africain

Pour les Européens que ce soit dans l’antiquité ou au Moyen âge l’Afrique c’était avant tout le pays des Noirs « Aïthiopos » les hommes foncés. Nous examinerons les faits surtout depuis l’apparition de l’Islam et le contact avec l’Europe moderne.

Les premiers navigateurs portugais donnèrent tout d’abord à l’Afrique de l’Ouest le nom d’Ethiopie occidentale. Ces navigateurs n’ont pas caché leur émerveillement sur les cultures autochtones nègres. Même, durant une bonne partie du XVe siècle les rois du Portugal et d’Espagne passèrent commande d’œuvre d’art aux sculpteurs et artistes de la Côte occidentale.

Dans son ouvrage les Arts de l’Aque -Jean Laude cite plusieurs princes qui avaient des cabinets, en somme de petits musées d’œuvres d’art des côtes occidentales d’Afrique noire. Il écrit : « Il est difficile de dresser un inventaire de ce que la Renaissance connut des produits matériel de l’Afrique (noire) ». « L’ampleur du mouvement, la nature de l’intérêt porté aux choses exotiques, la place conférée aux curiosités (arts) d’Outre-Mer dans la vie quotidienne ou artistique se laisse mal apprécier… Des artisans noirs ouvragèrent sur les indications des marchands portugais des ivoires que se disputaient les cours princières. Ferdinand 1er avait en son château d’Ambra quelques ivoires du Bénin et de la Côte occidentale, cuillères, fourchettes, cors.

Les musées de Madrid, de Brunswick, de Leyde, du Vatican conservent des trompes sculptées, des coupes fermées, des salières, des couverts directement commandés à des ivoiristes africains (noirs) » [1]. Ainsi en découvrant l’Afrique aux XVe et XVIe siècles l’Europe en même temps appréciait l’Art nègre.

Mais la Traite négrière fit changer de mentalité, l’Européen ne verra dans le Nègre aux XVIIe et XVIIIe siècles qu’un « sauvage » tout juste bon à faire travailler dans les plantations. L’Européen ne redécouvrira le vrai visage de l’Afrique qu’à la fin du XIXe siècle et au début de notre siècle.

En effet les conquérants coloniaux et à leur suite d’éminents ethnologues dont les plus grands assurément sont Léo Frobénius auteur d’une vaste synthèse sur l’Histoire de la Civilisation africaine [2] et Maurice Delafosse, l’auteur du célèbre Haut Sénégal-Niger, première synthèse historique sur l’Afrique de l’Ouest [3] ; conquérants européens et ethnologues dis-je dès le début du siècle avaient reconnu la spécificité culturelle du monde noir. Mieux, en ce qui concerne l’Afrique noire Maurice Delafosse avait d’emblée reconnu le caractère unitaire de la civilisation négro-africaine à travers la diversité des ethnies ; ceci se lit clairement dans son livre les Noirs d’Afrique, mais surtout dans son fascicule intitulé précisément : « les civilisations négro-africaines » écrit en 1924.

Cet éminent ethnologue, administrateur des colonies, et bien d’autres dès avant les années vingt de notre siècle s’étaient déjà penchés sur nos langues. Henri Gaden a traduit la quasida de Aliou Thiam écrite sur la Vie d’El Hadji Omar en langue pular, avec des caractères arabes ; Delafosse lui-même s’intéressant plus particulièrement aux traditions orales a transcrit en malinké le récit de la vie de l’Almamy Samory, recueilli auprès d’un mandingue. Bien d’autres travaux ont été faits à l’époque sur les religions, l’histoire, l’ethnologie et sur les langues. Ceux qui ont étudié nos langues ont reconnu leur richesse et leur expressivité.

Mais avant les ethnologues et les historiens coloniaux ce furent les artistes qui d’emblée communièrent avec l’Art nègre. Ils l’adoptèrent et s’en inspirent : Picasso et ses camarades dès 1910 affirmèrent publiquement tout ce qu’ils doivent à l’Art nègre. Elgy Leusinger dans son ouvrage « l’Art des Peuples Noirs » écrit :

« L’Européen prisonnier des idéaux de la plastique grecque n’a pu déceler les qualités artistiques des divinités africaines exilées dans les musées d’ethnologie qu’au moment où s’efforçant lui-même de réaliser la représentation cubiste et surréaliste de son univers, il s’aperçut que le Noir -bien longtemps avant lui et à partir de prémisses tout à fait différentes- avait trouvé les solutions plastiques pour l’expression de ses visions spirituelles.

L’Artiste noir crée au moyen de formes abstraites ou du moins soustraites au réel, une œuvre absolument neuve » [4]. Cette approche de l’Art africain ou négro-africain permet de saisir son influence sur l’Art moderne de l’Europe.

Ainsi donc, en dépit des affirmations officielles tapageuses sur la supériorité de la civilisation européenne, les esprits éclairés, plus précisément encore ceux qui étaient en contact direct avec les Noirs comprirent très tôt qu’il fallait parler de civilisation au pluriel et non plus de Civilisation tout court, entendons par là la civilisation européenne. L’idée perçait que tous les peuples ont élaboré leur culture propre, spécifique, culture qui est fille de la géographie et de l’Histoire.

On le voit aisément, bien avant que le Noir ne parle de lui-même, de son peuple, dans la langue durement conquise du blanc, bien avant qu’une poignée d’étudiants nègres, las du mépris des Blancs ne créent un néologisme, la Négritude, pour chanter et exalter le Nègre et les valeurs de civilisation dont il est l’héritier, les Européens, les colonisateurs eux-mêmes avaient la claire conscience de la spécificité culturelle du monde négro-africain.

Je citerai volontiers ce passage lumineux de Maurice Delafosse où l’auteur a su mettre l’accent sur « l’Unité culturelle du monde négro-africain » :

« Il est indéniable, écrit Delafosse, que les populations négro-africaines quelques différentes les unes des autres qu’elles apparaissent à l’observateur superficiel, offrent entre elles un caractère d’unité, qui sans doute à la communauté de leurs origines ethniques et à la similitude relative des milieux physiques, économiques et sociaux dans lesquelles elles se sont formées d’abord, et ont par la suite évolué. De même que le type anthropologue des nègres non métissés et partout identique dans les grandes lignes qu les idiomes négro-africains constituent ensemble une famille linguistique homogène, ainsi que l’on s’en aperçoit de plus en plus clairement, de même aussi l’on paut dire qu’en s’en tenant qu’au fond des choses et aux faits essentiels, il existe une culture négro-africaine nettement définie dont les traits se retrouvent aussi bien chez les peuples noirs les plus avancés que chez les plus arriérés et que l’islamisation même la plus reculée n’a point réussi à modifier profondément, non plus que l’éducation distribuée à une date plus récente par les nations colonisatrices » [5] (souligné par nous).

Ces lignes écrites en 1924 sont d’un administrateur des colonies. Peut-on camper avec plus de force la spécificité de la civilisation négro-africaine ? La science moderne a donné raison à Maurice Delafosse sur tous les plans, l’unité culturelle du monde noir est aujourd’hui un fait indéniable, les travaux des linguistiques tendant maintenant à reconstituer la langue mère qui a donné naissance aux différentes langues, ces langues formant une « famille linguistique homogène » comme l’écrit Delafosse, elles ne s’apparentent ni à l’indo-européen ni au sémitique ni à la fameuse langue « hamitique » dont personne n’a jamais appréhendé les contours.

Un autre mérite de Delafosse est d’avoir compris l’âme nègre, la spécificité des religions africaines et surtout il a saisi la conception nègre de la propriété. A ce propos il écrit : « Dans la société nègre, le travail, ou plus exactement peut-être, l’action productrice, est considérée comme la seule source de propriété, mais il ne peut conférer le droit de propriété, que l’objet qu’il a produit [6] (souligné par nous).

Ainsi quand la majorité des Européens étaient confortablement installés dans l’idée de la supériorité de la Civilisation européenne l’édifice colonial était déjà miné, tout était en train d’être mis en cause par les écrits et les travaux des administrateurs coloniaux qui quotidiennement touchaient du doigt la matérialité de la civilisation noire.

Au plan politique, de l’organisation de l’Etat, le Noir de l’Afrique de l’Ouest a eu une certaine avance sur l’Europe. Delafosse qui a écouté les traditionalistes, lu et traduit des Tarikhs écrits par les Noirs n’hésite pas à écrire, parlant de l’empire du Ghana « Ceci est très important, car nous y trouvons la preuve qu’avant l’introduction de l’islamisme, il y avait au Xe siècle à Ghana, des musulmans, mais c’étaient tous des étrangers et le rois et ses sujets étaient des Noirs païens – et à plus forte raison avant toute intervention européenne, les nègres avaient su parvenir à un degré de culture suffisant pour constituer des Etats stables, parfaitement comparables, à bien des points de vue, aux Etats orientaux et européens de la même époque » [7]. Léo Frobénius l’ethnologue allemand exprime la même idée quand il écrit : « Nous savons aussi que l’organisation particulière des Etats du Soudan existait longtemps avant l’Islam, que les arts réfléchis de la culture des champs et de la politesse, que les ordres bourgeois et les systèmes de corporation de l’Afrique nègre sont plus anciens de milliers d’années ».

Ces ethnologues et bien d’autres avaient eu connaissance d’écrits et de traditions du pays des Noirs. On ne saurait les taxer de parti.

Ne sont-ce pas des administrateurs coloniaux qui ont organisé au Soudan occidental une véritable chasse aux manuscrits, à Djenné, à Tombouctou, au Sénégal pour retrouver les écrits en arabe des lettrés soudanais. Cette chasse fut fructueuse car deux manuscrits de grande valeur furent retrouvés, le Tarikh es Soudan de Abderrahman Sa’di et le Tarikh el Fettach de Mahmoud Kati, tous deux lettrés nègres en arabe de Tombouctou des XVIe et XVIIe siècles. Ces documents de première main sur l’Histoire des peuples et royaume du Soudan furent traduits par Maurice Delafosse et Houdas au début du siècle.

Nous ne parlerons qu’en passant de la florissante littérature négro-mulsulmane de Tombouctou préférant renvoyer le lecteur à l’étude magistrale du professeur Sékène Mody Cissoko sur Tombouctou et l’Empire Songhay – N.E.A. 1976.

Nous devons encore aux administrateurs coloniaux des recherches aux résultats fort appréciables sur la Capitale du Ghana et sur la Capitale du Mali. Dès 1914 Bonnel de Méziers sur les indications des traditionnistes découvre sous les sables Koumbi la capitale du Ghana. Les fouilles opérées dans le site révélèrent une ville imposante aux constructions de pierre – [8]. En 1923-24 les Commandants Vidal et Gaillard découvrent toujours sur les indications des traditionnistes le site de Niani ancienne capitale du Mali. L’auteur de ces lignes a lui même fouillé le site et mis à jour les restes de construction en dur [9]. Il y a en France, à Paris des tonnes de manuscrits non encore inventoriés, tous pris au Soudan lors de la conquête ou immédiatement après. Signalons le fond de Gironcourt tant de fois cité par les historiens mais qui reste encore inexploité. Signalons aussi les manuscrits soudanais qui se trouvent au Maroc. Depuis peu on procède à la bibliothèque royale à un classement de ces manuscrits [10].

Bref au début de notre siècle il y eut un véritable engouement pour l’histoire de l’Afrique noire chez les administrateurs coloniaux, ce qui explique la création dès 1914 du Bulletin du Comité d’Etudes historiques et scientifiques par le gouvernement général à Dakar. C’est qu’il y avait matière à écrire l’Histoire, matière pour faire connaître une civilisation jusque-là méconnue, la civilisation négro-africaine.

Les Arabes et l’Afrique noire à travers l’histoire

Si l’antiquité classique européenne ne nous a laissé que de maigres indications sur l’Afrique de l’Ouest, l’Islam par contre poussera les Arabes jusqu’à l’extrême occident du continent au Maroc, cela dès le 1er siècle de l’Hégire les Arabes entrèrent en contact avec le Soudan occidental le Bilad es Soudan, en arabe le pays des Noirs au Sud du Sahara.

Une armée arabe fut défaite par la force du grand Empire dont les Arabes eurent la révélation : l’Empire du Ghana. Après ce contact guerrier, des relations amicales et commerciales furent nouées entre Arabo-Berbères du Nord et le puissant Empire noir. Les Arabes ne cachèrent point leur émerveillement ; il existait au Sud du Sahara des villes et empires florissants [11].

L’empire du Ghana dès le VIIIe siècle fut appelé « Pays de l’or ». La fabuleuse richesse en or du royaume attira les commerçants d’Orient qui dès 750 après J.C. fondèrent le comptoir de Sidjlmassa dans le Sud maghrébin, point de départ des caravanes vers le pays de l’or. L’empereur du Ghana de sa capitale Koumbi contrôlait toutes les tribus berbères du Sud Sahara ainsi que les tribus et royaumes noirs situés entre les fleuves Sénégal et Niger.

Un voyageur arabe du Xe siècle qui fait autorité, Ibn Haugal écrit parlant de l’empereur « celui-ci est le souverain le plus fortuné sur la surface de la terre, à cause de ses grandes richesses et la provision d’or pu extraite du sol depuis la plus haute antiquité au bénéfice des princes précédents et de lui-même. Il échange des présents avec le prince du Kugha (Gao) [12] (Souligné par nous). Ibn Haugal visite la ville commerçante d’Andaghost, dépendante de Koumbi, il y avait déjà là une nombreuse colonie arabe (951 après J.C.).

Ces lignes autorisent à dire que le Ghana était un royaume très ancien, son origine remonte non pas au IVe siècle comme aiment à le répéter les historiens après Delafosse mais à « la haute antiquité ». Peut-être qu’elle a entretenu des relations commerciales avec Carthage ? On sait que les commerçants de cette ville ont gardé le plus grand secret sur leur voyage sur mer et sur terre en direction du monde noir.

Très tolérant le Ghana ou le Kaya Maghan (ce sont deux titres de l’Empereur) autorisa les marchands arabo-berbères à fonder un quartier près de Koumbi. Même il fit construire une mosquée non loin de son palais pour les délégations et ambassades qui venaient des pays arabes ; au XIe siècle, le quartier arabe de Koumbi comptaient douze mosquées.

Notre meilleur informateur sur le Ghana est un Arabe Al Békri, un compilateur qui s’est informé auprès des voyageurs se rendant à Koumbi.

Il a écrit vers 1068 son ouvrage Description de l’Afrique Septentrionale, ouvrage dans lequel il a consacré une notice spéciale au pays des Noirs. Citons simplement de lui ces passages :

« Ghana (Koumbi) se compose de deux cilles situées dans une plaine. Celle qui, habitée par les musulmans, est très grande et renferme douze mosquées, dans une desquelles on célèbre la prière du Vendredi. Toutes ces mosquées ont leurs Imams, leurs moneddins et des lecteurs salariés. La ville possède des jurisconsultes et des hommes remplis d’érudition (commentaire). Dans les environs sont plusieurs puits d’eau douce qui fournissent la boisson des habitants et auprès desquels on cultive des légumes.

La ville habitée par le roi est à six milles de celle-ci et porte le nom d’El Ghaba « la forêt, le bocage ».

« Le territoire qui les sépare est couvert d’habitations. Les édifices sont construits avec des pierres et du bois d’acacia. La demeure du roi se compose d’un château et de plusieurs buttes (cases) à toit arrondi et le tout est environné d’une culture semblable à un mur. Dans la ville du souverain, non loin du tribunal royal est une mosquée où les musulmans qui viennent remplir des missions auprès du prince se rendent pour faire leur prière . Il poursuit la description de la ville royale.

« La ville du roi est entourée de huttes (cases), de massifs d’arbres et de bocages qui servent de demeure aux magiciens de la nation, chargés de cultes religieux ; c’est là qu’ils ont placé leurs idoles et les tombeaux de leurs souverains. Des hommes préposés à la garde de ces bois empêchèrent qui que ce soit d’y entrer ou de prendre connaissance de ce qui s’y passe. C’est là aussi que se trouvent les prisons du roi ; dès qu’un homme y est enfermé on entend plus parler de lui.

Tous les hommes ont la barbe rasée et les femmes se font raser la tête. Le roi se pare comme les femmes avec des colliers et des bracelets ; pour coiffure il porte plusieurs bonnets dorés entourés de coton très fin. »

L’empire était très bien structuré et le Ghana avait su mettre au point un système douanier efficace :

« Le roi prélève un droit d’un dinar sur chaque âne chargé de sel qui entre dans son pays, et deux dinars sur chaque chargé de la même substance que l’on exporte. La charge de cuivre lui paye cinq mithcials et chaque charge de marchandises dix mithcials. Le meilleur or se trouve au pays à Chiarou » [13]. Qu’on ne nous dise pas que la balance commerciale était en faveur du Nord, le passage cité montre bien que le roi tirait grand pro fit du commerce transsaharien qu’il contrôlait méticuleusement.

El Békri nous fourni d’utiles renseignements sur les mœurs des Noirs. Il précise : « Ghana est le titre que portent les rois de ce peuple, le souverain qui les gouverne actuellement en l’an 460 (1067-68) se nomme Tenkamenin (Tounka-Mana), son prédécesseur qui se nommait Beci commença son règne à l’âge de quatre vingt cinq ans. C’était un prince digne d’éloges tant par sa conduite que par son zèle pour la justice et son amitié pour les musulmans » [14]. Al Békri qui a puisé à bonne source poursuit :

« …Béci – (Bass) était l’oncle maternel de Tankamenin (Tounka-Meni) chez ce peuple l’usage et les règlements exigent que le roi ait pour successeur le fils de sa sœur ; car disent ils, le souverain a la certitude que son neveu est bien le fils de sa sœur ; mais il ne peut pas être sûr que celui qu’il regarde comme son propre fils le soit en réalité. Tankamenin est maître d’un vaste empire et d’une puissance qui le rend formidable » [15].

Voilà présentés le matriarcat et la transmission du pouvoir de l’oncle au neveu, cette dernière pratique a prévalu longtemps dans diverses régions de l’Afrique. (On la retrouve encore chez les peuples noirs de la forêt (Côte d’Ivoire, Ghana) on peut en observer des survivances dans le Sine et dans le Djoloff).

Au XIe siècle toute la vallée du moyen et du Bas Sénégal était jalonnée de villes marchandes nègres comportant des quartiers arabo-berbères. Ces villes étaient étroitement contrôlées par l’Empereur ou Ghana. Les géographes arabes citent la ville de Tékrour, ville qui donna son nom à un puissant royaume qui connut son apogée entre le XIIIe et le XIVe siècles à telle enseigne que Tékrour sous la plume des arabo-berbères désignait tout le Soudan occidental. On cite aussi la ville de Barissa et surtout la ville de Sangana (nous devons certainement le nom de Sénégal à cette importante ville du fleuve). Les villes de la vallée étaient célèbres pour le tissage, la teinture dès cette époque, les corporations de tisserands et de teinturiers étaient constituées.

Au bout de trois siècles de cohabitation entre arabo-berbère et marchands nègres, plusieurs de ces derniers embrassèrent l’islamisme. Aussi, l’islam mina les villes de l’Empereur, cependant que l’Empereur et la grande masse des ruraux restaient attachés aux cultes ancestraux. Al Békri signale même des conversions secrètes dans le proche entourage de l’Empereur. Les cas les plus spectaculaires furent la conversion du Roi du Manding et du Roi du Tékrour vers 1050. Tous deux étaient des vassaux du Ghana. Ces conversions s’expliquent aisément ; le Tékrour comptait beaucoup de villes marchandes et le Manding était le royaume le plus gros producteur d’or, ses villes étaient également fréquentées par les marchands arabo-berbères. Nous voulons attirer l’attention sur le caractère très spécifique de ces conversions dues au long contact avec les pacifiques marchands arabes.

Des nègres du Tékrour se joignirent à des arabo-berbères pour s’enfermer dans un couvent ou « Ribat » dans le Bas-Sénégal. Ces « gens du couvent » Ahl Morabetin qu’on appellera les Almoravides, à leur sortie du couvent lancèrent la guerre sainte, la Djihad, entre 1050 et 1100. Telle une flambée le mouvement franchit le Sahara et les néophytes firent la conquête d’une partie du Maghreb et de l’Espagne, le vieil Empire de Koumbi ne succombera qu’en 1076 pour s’affranchir dix ans plus tard du joug almoravide. Mais une dynastie islamisée avait pris le trône. C’est le lieu d’insister sur le rôle éminent joué par Ourdjabi ou Ourdjaï, le roi du Tékrour, dans la geste almoravide.

Les historiens ont tendance à présenter le mouvement almoravide comme un mouvement typiquement berbère, alors qu’en réalité, ce fut un mouvement de nègres et de berbères fraîchement islamisés. Dans les temps modernes, la vérité historique a été rétablie par Claude Sanchez Albornos dans son ouvrage « la Espana islamica » [16].

Ainsi au XIe siècle le Précieux Al Békri nous dit : « Immédiatement après Sanghana et dans la direction du Sud-Ouest se trouve la ville de Tékrour située sur le Nil (Fleuve Sénégal) et habitée par des nègres qui naguère étaient païens comme les autres peuples noirs et adoraient des dékabirs (idoles). Oudjabi fils de Rabis était devenu souverain, embrassa l’islamisme et les décida à s’y conformer. Il mourut en l’an 432 1040-1041 de J.c.j. Aujourd’hui (1068) les habitants de Tékrour professant l’islamisme. De Tékrour on se rend à Sylla, villa bâtie comme la précédente sur les deux bords du Nil. Ses habitants sont de la religion musulmane doctrine à laquelle ils se laissèrent convertir par Ourdjabi, que Dieu lui fasse miséricorde » [17].. Le même auteur partant des guerres intestines entre almoravides écrit : « En l’an 448 (1056-1057 de J.c.) les contingents de Béni-Djoddale au nombre de trente mille guerriers se retournèrent contre Yahia Ibn Omar et le bloquèrent dans cette montagne, Yahia se trouvant alors à la tête d’une force importante, et il « voit auprès de lui Lebbi – (Lire Labba) fils de Ourdiabi et chef des Tékrours ( Lisez les Toucouleurs) [18].

Il est clair que les Noirs ont pris une part active au mouvement almoravide. La vérité historique veut que l’on mentionne ce fait.

Mais au Soudan Occidental, l’islam fut l’affaire des marchands et des princes. Le XIIe siècle est rempli de luttes intestines entre princes ; au début du XIIIe siècle le Roi animiste Soumaoro restaure la Tradition, mais il est battu par le célèbre Soundjata fondateur de l’Empire du Mali. Il est significatif que Soundjata ne soit pas comme des Arabes comme un « combattant de la foi ». C’est parce qu’en réalité il s’agissait moins d’imposer l’islam que de s’emparer du pouvoir pour reconstituer l’Empire.

Après Soundjata l’Islam devint religion de la cour du Mali, religion des marchands cependant que, comme par le passé, la masse des ruraux pratiquaient les cultes ancestraux. L’islam était un manteau de prestige, sans plus. Ibn Batouta, Al Omari sont assez éloquents sur la manière dont les Soudanais ont su adapter l’islam.

Ce qu’ont apporté les Arabes

D’abord une religion nouvelle, mais religion que le nègre a su adapter à son genre de vie traditionnel. Le contact avec les Arabes a apporté des innovations dans la tenue vestimentaire. Le goût du luxe déjà très marqué à Ghana sera forcené à la cour des Mansa et de Askias. Le grand apport de l’islam, c’est l’introduction de la culture du coton, mais le nègre crée son métier à tisser qui est différent du métier arabe. L’islam a introduit l’usage de l’écriture, mais celui-ci ne s’est point substitué à l’usage ancestral de la parole comme mode privilégié de transmission et de conversation des connaissances. Même sous les Askia qui se piquaient d’orthodoxie, le Diali ou Ouanado a continué à jouer son rôle de conservateur de la tradition orale.

Au XVe siècle et XVIe siècle s’est développée une littérature négro-musulmane fondée sur l’écriture. Les écoles de Tombouctou et de Gao ont attiré les étudiants du Maghreb tant était grande la renommée des maîtres soudanais. Le plus illustre fut assurément Ahmed Baba qui a ouvert une école à Fez. Nous renvoyons le lecteur à l’ouvrage de Sékène Mody Cissoko : Tombouctou et l’Empire Songhay- N.E.A. -975. L’auteur montre dans cet ouvrage magistral ce que le nègre a apporté à l’islam.

En résumé aussi bien face à l’islam que face au christianisme, le nègre a su prendre son bien. S’il est musulman, il reste nègre, il n’est pas arabe, pas même arabophone ; s’il est chrétien, il est nègre et il faut traduire les prières dans sa langue.

Il y a là vitalité du fond nègre qu’on ne peut comprendre qu’en étudiant le milieu où le nègre vit, qu’en se penchant sur les langues et le langage.

C’est le lieu d’affirmer que les arabes, contrairement à l’opinion répandue chez maints africanistes, n’ont rien apporté de notable dans l’organisation étatique. Si la cour était musulmane, et les courtisans habillés à l’orientale, le système de gouvernement n’a rien pris à l’Arabe. Les passages cités l’attestent.

Les éléments originaux de la civilisation nègre demeurent :

1°) L’oralité

2°) L’initiation ou l’acquisition de la connaissance par degré d’âge

3°) La sensibilité et la créativité en matière d’art (musique, sculpture, peinture)

4°) Un sens aigu de l’hospitalité qui fait que l’étranger est chez lui au pays des Noirs

5°) Esprit communautaire : conception de la propriété communautaire, la terre étant une chose qu’on ne peut s’approprier

6°) Au plan spirituel, c’est l’attachement ou Noir aux valeurs ancestrales, sa capacité de digérer les apports extérieurs sans être dénaturé, etc.

Le fond animiste ancestral est resté vivace. On s’en aperçoit singulièrement en lisant les écrits des Arabes qui ont voyagé et séjourné au Soudan, ou dans les écrits d’auteurs qui ont puisé à bonne source comme Al Omari qui a interrogé soit des pélerins, soit des ambassadeurs noirs établis au Caire au XIVe siècle. Il apparaît que la majorité de la population pratique le culte des ancêtres, sacrifient, aux divinités agraires. L’Empereur observe scrupuleusement les pratiques ancestrales. Il recevait à la cours des délégations de provinces animistes, même des délégations de peuples qui pratiquaient l’anthropophagie. Etant le recours suprême, l’Empereur du Mali jugeait les cas de crime pour sorcellerie en se fondant non pas sur le Coran mais sur les principes traditionnels. Il gouvernait selon le principe ancestral de l’oralité : ses ordres étaient clamés et répercutés par des crieurs publics de village en village. Fondamentalement la culture ancestrale guide le Noir dans son action de tous les jours. La Négritude, la manière d’être du Noir, sa civilisation matérielle n’a pas subi grand changement au contact de l’islam. La civilisation traditionnelle a continué à se développer sous le manteau de l’islam en empruntant à celui-ci ce qui était compatible avec le régime nègre.

Dans cette étude comme annoncée nous nous sommes attachés à faire état, du témoignage d’étranger sur les valeurs de civilisation propre aux Noirs. Nous l’avons vu, les colonisateurs fiers d’une civilisation technicienne après la conquête de l’Afrique, ont compris qu’il n’y a pas que « sauvagerie » en Afrique. Bien avant eux les Arabes avaient reconnu la spécificité ethno-culturelle des « Sudan » ou Noirs.

Nous nous sommes abstenus de faire des incursions dans la préhistoire et dans la longue histoire de la civilisation égyptienne.

Notre propos était de montrer que par delà la colonisation, par delà l’islam, il a existé un monde noir conscient de sa civilisation. Les constantes de cette civilisation ont survécu jusqu’à nous à travers les langues et les coutumes.

Certes la civilisation noire a pris son bien partout : elle a donné et reçu du christianisme, elle a donné et reçu de l’islam, mais elle a conservé sa spécificité.

C’est bien de propos délibérée que le Noir a choisi l’oralité comme mode de transmission et de conservation des connaissances car les traditionnistes et les doyens ont mis au point un système mémotechnique qui dans le domaine de l’Histoire permet de remonter au-delà du Xe siècle, (le cas des traditions soninké et mandingue est là pour l’attester). On possède des listes des rois qui nous permettent de remonter jusqu’au VIlle siècle après J.C. Performance de la mémoire qui laisse l’Européen ébahi.

Ibn Batouta qui fut l’hôte de l’Empereur de 1352 à 1353 à Niani fut frappé par la vigueur de la tradition orale, il fut émerveillé par le talent oratoire de Douga le Djali de l’Empereur ; parlant de Douga, excellent joueur de balafong, il écrit « il chante des vers à la louange du sultan (l’Empereur), vante les expéditions et les hauts faits de celui-ci », il poursuit : « chaque vendredi après la prière du milieu de l’après-midi, Douga répète la même cérémonie que nous avons rapportée » sur l’oralité et les transmissions par voie orale des chants et récits. Notre auteur poursuit : Il m’a été dit que leur poème, est une sorte de sermon dans lequel ils rappellent au sultan que sur ce bambi (trône) sur lequel il se trouve, tel roi s’est assis dont telles étaient les bonnes actions tel autre dont telles étaient les bonnes actions tel autre dont telles étaient les bonnes actions. Fais toi aussi du bien qu’on mentionnera après toi ». [19] Souligné par nous.

N’est-ce pas dans le même style que s’exprimaient il y a quelques décennies pour parler aux rois et les exhorter à monter de leurs ancêtres. Il s’agit d’une réelle tradition et c’est encore Ibn Batouta qui nous le dit :On m’a assuré que cet usage n’a pas cessé d’exister chez eux depuis l’ancien temps avant l’islam ; ils ont continué à la pratiquer.

Voici un Arabe qui nous dit clairement que l’oralité plonge ses racines dans la nuit des temps et que l’adoption de l’islam pour les Noirs n’a rien chargé aux pratiques ancestrales qui avaient depuis longtemps fait leur preuve.

Enfin on aura une juste estimation de la vitalité de la Négritude en se penchant sur l’apport des Nègres transplantés en Amérique dans l’élaboration de l’Art, de la Musique dans le Nouveau Monde.

« Ils sont partis nus comme vers, n’ayant pu emporter le moindre objet qui rappelle l’Afrique-mère ; ils étaient cependant riche d’une culture commune, d’un fond religieux commun qu’ils sauront « cultiver » sur un nouveau terroir » [20].

Avant de conclure nous citerons le Poète Léopold Sédar Senghor, parlant de la Négritude au Caire devant les Arabes :

« Déjà la Négritude participe à l’édification de la civilisation universelle. Elle y participe depuis le début du siècle par l’art nègre et le jazz, le surréalisme et la réhabilitation de la raison intuitive. Nous, s’écrie-t-il, depuis le début du siècle, on ne sculpte ni ne peint, on ne chante ni ne danse, ne sent ni ne pense plus de la même façon. C’est notre revanche » [21]. La danse, la musique, le chant sont des éléments de civilisation dont on perçoit aujourd’hui toute l’importance. Il ne s’agit point d’arts mineurs comme on le pensait il y a deux siècles.

Je ne saurais terminer la présente esquisse sans évoquer quelques considérations générales. Depuis plus d’une décennie que la plupart des pays de l’Afrique noire ont accédé à l’indépendance, on a assisté à un engouement général pour les choses de l’Afrique : la sociologie et l’histoire se renouvellent en tenant compte des sources négro-africaines de la connaissance. En bref, la science africaniste fleurit. Blancs et Noirs… voire Jaunes se penchent avec attention sur les cultures de l’Afrique noire.

Dans le même temps on constate une division artificielle de l’Afrique : au clivage linguistique qui distingue une Afrique francophone, une Afrique anglophone et une Afrique lusophone, s’ajoute une démarcation factice entre une Afrique dite moderne et une Afrique prétendue révolutionnaire. Paradoxalement, ce sont précisément les Etats qui agitent la bannière de la révolution qui sèment la graine de discorde. Négateurs inconscients des valeurs de civilisation du monde noir, ils veulent « sortir du Noir » sur commande et se diluer dans une « Africanité » dont ils ignorent les composantes. Depuis dix ans l’observateur attentif aura remarqué que la culture, l’art, la littérature et la science sont bannis de ces pays dans la mesure où l’ennemi n° 1 est l’intellectuel honnête dont l’unique soin est d’œuvrer à l’illustration de la civilisation négro-africaine.

Pour parler d’un cas précis, ce ne sont point les Arabes qui nient l’African-Personnality ou la Négritude ; ce ne sont point les Arabes qui poussent de hauts cris pour être admis dans les instances culturelles du monde noir. Hélas, ce sont les pseudo-révolutionnaires en mal de popularité qui s’accrochent aux basques ou aux jellabas des Arabes pour les supplier de prendre place dans nos instances culturelles et de participer à part entière à une manifestation typiquement nègre en l’occurrence le Festival des Arts Nègres.

Ce ne sont point les anciens colons qui mettent en cause la spécificité du monde noir, mais les « idéologues » nègres qui n’ont rien compris aux problèmes des nationalités, au problème général de la culture.

Mais ces pseudo-révolutionnaires pour qui les slogans comptent plus que la réalité sont à plaindre ; ils sont condamnés devant la conscience de tous les hommes de culture noirs et sont l’objet de la pitié de leurs « maîtres à penser ».

Les slogans et les discours révolutionnaires ne résolvent pas nos problèmes. Le dialogue ou la palabre, doivent prévaloir au grand dam des « révolutionnaires » de circonstances. L’Afrique se retrouvera à Lagos. Le dialogue fraternel est rétabli entre Dakar et Lagos. Nous savions que la vertu de la « Palabre » ou dialogue l’emporterait.

L’anticolonialisme de façade ne trompe plus personne. Les tribuns vont se taire et la voix de millions d’hommes qui sont las d’entendre les mêmes ronrons révolutionnaires et qui ne connaissent ni Moscou, ni Paris, ni New-York s’élèvera bientôt. Ils sont 80% de nos populations, c’est la force vive de la civilisation nègre.

[1] Jean LAUDE : Les arts de l’Afrique noire – Paris 1966, pages 12 à 15.

[2] Léo FROBENIUS : Histoire de la Civilisation africaine Gallimard.

[3] Maurice DELAFOSSE : Haut Sénégal Niger – Paris 1912.

[4] Elsy LENZINGER : L’art des peuples noirs. Paris 1964. pages 7-8.

[5] Maurice DELAFOSSE : Les civilisations négro-africaines stock – Paris 1924.

[6] Maurice DELAFOSSE : Les nègres in Liberté 1 – page 29.

[7] Les Nègres.

[8] Raymond MAUNY : Tableau géographique de l’Ouest africain 1960 – B.C. E.H.C. 1950.

 

[9] R. MAUNY et THOMASSEY : Les premières fouilles ont été faites dans le site de Koumbi en 1914.

En 1950 R. Mauny et Thomassey reprirent les travaux, dégagèrent des rues et des maisons sous l’amas de sable.

[10] Voir la Revue marocaine HESPERIS Tamuda.

[11] La bibliographie sur l’Empire de Ghana est importante. Citons ici :

Ibn Haugal : Description de l’Afrique 969 après J.C. – Paris 1842.

El Békry : Description de l’Afrique septentrionale (1068-1069). Paris 1859.

[12] Ibn Haugal : Description de l’Afrique. Ce passage montre que des relations amicales, commerciales et autres existaient entre les royaumes noirs.

[13] El Békry : Description de l’Afrique septentrionale – notice sur le pays des Noirs.

[14] El Békry : Description de l’Afrique septentrionale – notice sur le pays des Noirs.

[15] El Békry : Description de l’Afrique septentrionale -notice sur le pays des Noirs.

[16] Claudio Sanchez ALBORNOZ : La Espana islamica – Buenos Aires. Tome II.

[17] El Békry : Description de l’Afrique septentrionale – notice sur le pays des Noirs.

[18] El Békry : Description de l’Afrique septentrionale – notice sur le pays des Noirs.

[19] Ibn Batouala : Voyages.

[20] Diibril Tamsir NIANE : Communication au Pré-colloque de Dakar 1974.

[21] Léopold Sédar SENGHOR : Négritude Arabité Francité, 1967, conférence au Caire.