Littérature

TRADITIONS NARRATIVES ET INITIATION CULTURELLE DE l’ECOLIER AFRICAIN DANS : LA BELLE HISTOIRE DE LEUK-LE- LIEVRE

Ethiopiques n°83.

Littérature, philosophie et art

2ème semestre 2009

Léopold Sédar Senghor et Abdoulaye Sadji se sont donné les moyens appropriés d’une pédagogie centrée sur les besoins expressifs des écoliers d’Afrique noire. Il ne s’est pas agi, pour eux, de définir, au préalable, un programme de formation littéraire et culturelle, mais bien d’assumer une continuité entre les récits oraux en circulation dans le milieu social et leur expression écrite dans une langue étrangère. Le français est, dans cette entreprise scripturale, le véhicule des représentations et le moyen d’apprentissage d’éléments phonologiques, linguistiques, littéraires et culturels.

L’intention des auteurs de ce livre de contes se traduit par une initiative pédagogique qui part d’une tradition de type oral pour accéder à une destinée nouvelle, dans le cadre d’un projet d’écriture dont l’objectif déclaré est d’apprendre le français à de jeunes africains, en utilisant leurs acquis culturels. La traduction, opération par laquelle on substitue un énoncé à un autre, dans une langue différente, apparaît, dans cette perspective, comme une passerelle qui autorise, d’ailleurs, toutes les libertés sur les récits premiers, comme sur les données culturelles.

Il s’agira de montrer dans cette étude que l’aventure de Leuk, par son statut de fiction continue, intègre les techniques et procédés du roman moderne, mais, par des démarches spécifiques, s’appuie sur le patrimoine oral de l’Afrique représenté par les contes, les devinettes et les légendes. En même temps, le dispositif narratif s’associe au projet d’initiation culturelle d’essence métisse à l’œuvre dans le récit.

  1. LE DISPOSITIF DE PRESENTATION DES CONTENUS LITTERAIRES ET CULTURELS

L’un des aspects les plus significatifs de l’intention didactique des auteurs du manuel est représenté par la fonction de titrage. Le titre général du livre possède dans sa forme assertive même les attributs d’un énoncé performatif, incluant dans son laconisme l’idée de beauté et de fiction proche du milieu de l’enfant. En associant la figure de l’animal représentatif de « l’intelligence qui triomphe » (Préface p. 4) à la présentation d’un univers marqué culturellement, ils préparent le lecteur – élève à une immersion dans un monde d’archétypes. En général, les titres choisis pour les textes assument le rôle d’étayage du titre éditorial et constituent, parfois, un concentré ironique d’un événement ou d’une circonstance dont le déploiement correspond au récit présenté. En effet, « le voyage de Leuk » (La Belle Histoire : 108) et « Leuk devenu herbivore » (La Belle Histoire : 126) ou « Le retour triomphal » (La Belle Histoire : 170) par exemple, présentent deux dispositions textuelles renvoyant à une telle préoccupation. Dans cette optique, le titre apparaît comme le raccourci d’une histoire particulière ou d’un mythe d’origine. Le texte lui-même devient ainsi l’expansion d’une donnée générique (U. Eco Les limites de l’interprétation), le déploiement d’un mot ou d’un ensemble d’éléments à usage de titre. Il met en œuvre des méthodes et des techniques qui, par le biais de la « coopération textuelle » ou « interprétative » (U. Eco Lector in fabula), permettent de générer un sens. De ce point de vue, il est un élément central du dispositif de narration des événements qui articule une dimension symbolique et ironique à la fois. Le texte liminaire intitulé « le plus jeune animal » (La Belle Histoire : 6) exprime un contenu plus subtil que son sens apparent. Car le récit montre bien que Leuk se fait élire le plus jeune animal, à la faveur d’une astuce, en prouvant par un comportement raisonné la supériorité de son intelligence. D’entrée le titre du conte est une sorte de contrat de fiction qui se donne comme ironique [2]. Le lecteur devra alors comprendre que Leuk n’est pas forcément le plus jeune et que le véritable âge c’est celui de l‘intelligence. Ainsi, celui qui aura donné la preuve de sa place de cadet des animaux se sera, en même temps, illustré comme le plus intelligent de tous.

Le récit pourrait être ramené, au plan logique, à un syllogisme à double orientation :

  1. Le plus jeune animal est le plus intelligent / Le plus intelligent des animaux est le plus jeune
  2. Or Leuk est le plus jeune (ou le plus intelligent)
  3. Donc Leuk est le plus intelligent (ou le plus jeune).

Le titre indique dans son énonciation que tout est question de preuve. Il peut alors arriver que celui qui aura été reconnu le plus jeune animal ne le soit pas en vérité. Il n’importe, le problème est au fond de déterminer un statut qui définit d’emblée l’intelligence, incarnée par Leuk, comme une capacité d’anticipation. En somme, ce conte prend la forme d’un raisonnement qui manifeste, par une opération logique, que l’animal le plus jeune est seulement le plus astucieux. Mais sur un autre plan, le titre et son développement renvoient à une instance de présentation des animaux et de leurs caractères.

« Serigne Ndiamala – la Girafe » (La Belle Histoire, 112) met en scène un animal singulier qui autorise les narrateurs – conteurs (ou énonciateurs – auteurs) à procéder à une description fonctionnelle (aspect physique, mode d’alimentation et choix de vie) et de rappeler un épisode savoureux de la débandade des animaux apeurés par un anneau rouge au coup de Ndiamala qu’ils croyaient tranché.

Le dispositif de transmission des savoirs scolaires informe le discours du manuel qui organise une distinction des contrats de parole explicites ou implicites, entre les énonciateurs – auteurs et les lecteurs ou usagers scolaires. Le premier type se traduit par des consignes relatives à des exercices de compréhension, de « vocabulaire et langage », d’orthographe, de grammaire, de conjugaison, d’écriture et de mémorisation. La démarche et les moyens didactiques se rapportent à la nature des exercices qui associent toujours l’oral et l’écrit, dans la tradition pédagogique de l’école primaire.

L’écolier instaure avec le texte scolaire un contrat implicite de lecture pour la compréhension de l’imaginaire véhiculé. Mais la question de l’identité du locuteur, dans l’espace scriptural, donne lieu au rapprochement entre les metteurs en scène discursifs que sont les rédacteurs et l’illustrateur des récits ou le responsable iconographique. On peut imaginer, au-delà des énonciateurs-auteurs qui n’avouent pas leur présence en texte, d’autres sources d’énonciation telles que les énonciateurs personnages dont la langue originelle est relayée par celle utilisée par Senghor et Sadji, c’est-à-dire le français qui permet d’aplanir les problèmes d’échanges des actants (êtres animés ou inanimés) du récit à travers une langue unique. Dans La Belle Histoire de Leuk – Le -Lièvre, les personnages ne tirent leur réalité que de la langue et des images qui les construisent à travers des rôles identitaires. Ce qui est à l’œuvre dans les contes c’est donc, à la fois, un discours didactique (comme consignes et directions de travail) et un discours social représenté symboliquement dans différentes situations.

  1. LES ENJEUX DE LA RECEPTION DES RECITS DE CONTE

Le texte de conte apparaît, chez Senghor et Sadji, comme un réceptacle de données anthroponymiques et thématiques. On peut observer que les noms des animaux constituent, tels qu’ils sont connus culturellement, des enjeux communicatifs, des programmateurs de sens utiles à la compréhension des situations. Ainsi le simple énoncé d’un nom peut être de nature péjorative ou gratifiante, en rapport avec son ancrage symbolique.

Les thèmes du voyage associé à l’instruction et de la nature comme élément constitutif de la tranquillité et du bonheur occupent une place importante dans l’univers de la fiction. En effet, le personnage central traverse la brousse, la forêt et le pays des hommes à la quête du savoir, mais il découvre, à cette occasion, les caractères et les attributs des êtres, ainsi que les bienfaits de la nature.

L’accès au sens doit être rapporté à ces deux éléments, de même qu’à l’utilisation de modèles narratifs propres aux romans et aux genres de l’oralité. Cette nécessité induit un rapport étroit entre l’organisation thématique horizontale, comme le retour récurrent du thème du voyage, et le jeu des ressources narratives orientées vers une cohérence du discours du manuel.

La plupart des contes présentent des exemples de modèles littéraires aisément assimilables par le jeune élève du primaire et facilement acquis par imprégnation. Sans doute faut-il accepter que l’enseignement littéraire concerne pour une large part les disciplines comme la grammaire et le vocabulaire, mais il importe de retenir que son intérêt se joue dans le rapport du lecteur-élève aux textes choisis et aux livres de contes, à travers une activité organisée d’appropriation des données littéraires. Dans La Belle Histoire de Leuk-Le-Lièvre, il se traduit par l’acquisition des éléments de syntaxe tels qu’utilisés dans les textes des grands auteurs.

Des techniques comme le dialogue, la description ou la narration sont proposées à travers des modèles variés. L’usage de la description en mouvement qui s’apparente au travelling cinématographique (« Les serviteurs de l’Homme » p. 22) [3] et du monologue intérieur (« La conversion de Leuk » p. 120) viennent consolider la portée didactique des évocations.

La description associée à la narration constitue un moyen privilégié de présentation des personnages et des situations. Dans « le retour triomphal » (p. 170), Senghor et Sadji mettent en œuvre la technique cinématographique du travelling (travelling latéral, avant ou arrière, travelling optique appelé zoom) apparentée, en littérature, à la description en mouvement et au réalisme subjectif, dans l’évocation du temps fort de l’événement annoncé dès le début du texte [4].

Les repères temporels assurent la structuration en plusieurs étapes (le jour, à l’aurore, vers le soir), couronnées par une évocation rapide : (le nuage s’agrandit, monta et disparut / la foule vit / le troupeau s’immobilisa) qui se termine dans une sorte d’apothéose, sous la forme d’un arrêt sur l’image. Les auteurs utilisent une technique commune aux cinéastes et aux romanciers qui, depuis les années 30, subissent l’influence de ces derniers. La Belle Histoire de Leuk-Le-Lièvre se trouve, du point de vue de l’architecture des procédés et des techniques, entre le conte merveilleux, le roman moderne et le cinéma.

Il y a dans cette fiction une originalité dans la construction des personnages, puisque deux protagonistes s’auto-construisent, mais en même temps ils se construisent chacun par sa propre pratique. La fonction de personnage principal est assurée par le couple Leuk – Bouki tout au moins jusqu’à la mort du second. Puis Leuk incarnera seul le statut de héros, réduisant tous les autres personnages, y compris le puissant Oncle Gaïndé – le – Lion, à l’état de comparse. Ainsi, Senghor et Sadji innovent au plan de la structure des personnages, en gardant les cadres du récit de conte constitué d’épisodes n’entretenant pas toujours des liens directs de succession.

Les auteurs ont utilisé les ressources du récit traditionnel qu’est le conte, débarrassé seulement de ses formules d’introduction. C’est à la fin des aventures de Bouki-l’hyène qu’ils convoquent la formule de fermeture :

L’intrusion du narrateur auteur : « Le conte de Bouki « va à la mer » (La Belle Histoire de Leuk-le-Lièvre : 119).

« Le conte de Bouki « va à la mer », comme on dit, et le premier qui le respirera ira au Paradis ».

« Certes, il y a toujours… » p. 119.

De nombreuses techniques littéraires et des figures de style, avec une prédilection pour l’usage de la forme périphrastique, ont été utilisées par les auteurs.

On peut citer : l’interpellation directe du public ou de l’auditoire supposé.

« Ecoutez comment il fit entrer le malheur dans la République de Doumbélane » (Le séjour à Doumbélane », p. 40).

Le collage littéraire : l’appel chanté des petits de Doumbélane par leurs mères (« Le séjour à Doumbélane » p. 40 et 41)

L’onomatopée suggestive, pour traduire la gloutonnerie de Bouki « Ham ! Ham ! Frrrt ! Frrrt ! » (« Bouki rossé par les aveugles » p. 62).

La périphrase, « Le gras ruminant » (p. 64) « partir pour le pays des songes » (p. 123), etc., parfois avec une tonalité savoureuse, mais souvent pour créer l’impression d’imprécision, comme dans les dénominations topographiques.

  1. LA CONSTRUCTION IDENTITAIRE DE L’ECOLIER

La question de l’identité s’exprime à travers les valeurs incarnées principalement par Leuk. Si le troupeau, la brousse, la forêt, permettent un ancrage géographique, comme d’ailleurs les désignations « pays du mil » ou « pays du dattier », « pays de l’eau fraîche et des feuilles tendres », la référence nominale en wolof, chez les animaux, constitue un renvoi codé à l’ethnonyme wolof. Il y a manifestement une volonté de proposer des modèles de caractère, à travers la peinture des animaux, en gommant tout ancrage qui serait contradictoire avec les destinataires annoncés du livre (« écoles d’Afrique noire »).

Les auteurs ont, en effet, opté pour une identification par les valeurs. Mais l’enfant africain, tout en restant dans l’esprit et l’orientation de l’instruction et de l’éducation, au sein de l’école formelle, sera confronté à des expériences propres à son milieu.

Toute l’initiation culturelle proposée dans cette fiction tient dans le savoir de Leuk, vérifié dans sa propre pratique, et les éléments d’éducation donnés à Samba. Ainsi, se dégage un profil d’homme idéal construit par le texte, dans la confrontation des différents personnages et de leurs parcours. La fiction de La Belle Histoire de Leuk-le-Lièvre peut se lire comme un ensemble d’événements construisant une image de l’élève idéal ou de l’étudiant qui ont dépassé la connaissance verbale dans sa vérification par la pratique (l’enquête, la ruse), ainsi que celle du maître accompli. Aussi, Leuk va confronter son intelligence à la réalité et ses acquis à la vie concrète. Son voyage d’étude l’a édifié sur la vraie nature des hommes et l’a révélé à lui-même.

Le conte emprunte le savoir mythique, le savoir scientifique et le savoir expérientiel qui inclut le savoir devenir. La visite de Leuk au Roi est révélatrice de sa capacité à se tirer d’affaire, devant le mépris affiché, le préjugé et la coutume. Dans le monde des hommes Leuk s’affirme par son humilité (un étudiant cherchant à s’instruire) la maîtrise de soi et le sens de la démarche efficace. Mais il apprend, à ses dépens, que l’imprudence et l’imprévoyance (aller sans recommandation), ainsi que le non respect des règles du paraître (mal habillé, mal lavé, mal peigné) peuvent être lourds de conséquences.

Serigne N’Diamala se présente comme le maître dont la sagesse, reconnue de tous, repose sur l’humilité, la modération et l’apprentissage continuel au contact de la nature. Ce choix de vie n’est évidemment pas possible sans renoncement, c’est ce que le sage animal apprend à Leuk, en lui proposant de se débarrasser de certaines de ses dents pour devenir herbivore. Mais ce que Mame – Randatou lui apprend, c’est le « faire faire » par l’usage de deux objets magiques (l’écuelle et le gourdin) qui sont par leur nature même deux armes redoutables.

De ses nombreuses aventures au royaume des animaux (les auteurs utilisent indifféremment Royaume ou République des animaux), Leuk tire d’utiles enseignements. Si avec les premiers, il découvre les vertus de la vie de réclusion et de renoncement, il apprend la beauté chez les enfants, dans le monde corrompu des hommes.

Les figures du maître Mame – Randatou, Sérigne N’Diamala et Leuk, mais aussi de Bouki-l’Hyène se faisant pédagogue avec ses enfants (pour substituer à la perspective mythique le point de vue scientifique) sont en rapport avec le monde surnaturel et le monde naturel et humain. Toutes sont rapportées à l’initiation culturelle et correspondent à un visage de l’enseignant – éducateur. L’image construite du maître est survalorisée et exprime les aspects de l’intégration à un monde complexe où vivent ensemble les êtres invisibles, les animaux et les hommes. L’humain dans cet univers, constitue le palier supérieur caractérisé par l’éducation du petit d’homme qui nécessite à côté de la maîtrise d’activités physiques, la connaissance des légendes et des devinettes et du savoir scientifique.

Le spirituel n’apparaît pas sous la forme d’une religion unique mais dans des attitudes et des comportements. Cette fiction est, malgré les apparences, imprégnée de la spiritualité des grandes religions révélées organisée autour des vertus cardinales solides, comme la justice. (Leuk lui-même est un justicier et le défenseur des faibles). La tempérance, la prudence et la force sont des valeurs morales universelles autant que l’humilité, la modestie, l’obéissance, etc. Les personnages y sont parfois sujets au repentir : Bouki fait son autocritique et demande le pardon à Oncle Gaïndé – Le – Lion (« Je le reconnais, je ne suis qu’un misérable, un bandit, un criminel ; Pardonnez-moi » (« La vieille fermière vengée »-suite, p. 105) et Leuk décide de se convertir, après un repentir sincère (« La conversion de Leuk » p. 120).

CONCLUSION

Les auteurs ont réussi un métissage équilibré, dans la formation littéraire et culturelle, par le biais d’une collaboration entre les civilisations, en excluant le stéréotype négatif qui engendre chez les écoliers l’autodénigrement et la culpabilisation. Il y a, en effet, une valorisation consciente de la culture de l’écolier africain, ouverte au progrès et à la science, qui débouche sur un espace culturel où les légendes des êtres surnaturels donnant la maladie disparaîtront progressivement, du fait du progrès de l’instruction.

Ce que les auteurs de La Belle Histoire de Leuk – Le – Lièvre réalisent, c’est d’abord, un important travail de traduction et d’archivage de données orales, remaniées pour des besoins didactiques. Mais aussi un ouvrage encore utile à la formation littéraire des écoliers et élèves d’Afrique noire contemporaine. En effet, La Belle histoire de Leuk-le-Lièvre peut constituer un outil didactique d’une valeur indéniable, au service de l’enseignement fondamental des pays francophones. Exploité judicieusement en rapport avec les technologies modernes, il aidera efficacement aux enseignements du français et à l’initiation littéraire de l’enfant en apprentissage de la langue seconde. Dans une démarche pédagogique pluridisciplinaire bien conçue, il constituera un point de départ et un socle d’éléments de comparaison avec les acquisitions scientifiques. Comme texte littéraire, support pour l’éducation aux valeurs ou comme fiction de formation, ce livre de contes demeure une référence à valeur de propédeutique à une culture littéraire bien soignée.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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[1] Université Ch. A. Diop, Dakar

[2] L’ironie littéraire est une caractéristique majeure de la fonction de titrage dans La Belle Histoire de Leuk -Le – Lièvre. C’est un fait d’énonciation ambigu, indécidable, d’où son appellation de « paradoxe énonciatif ». La réception de l’ironie est en rapport étroite avec la compétence culturelle du lecteur. « Procédé rhétorique reposant sur un dédoublement énonciatif : le locuteur avance un énoncé tout en indiquant qu’il ne l’assume pas, qu’il le récuse […] On a parfois réduit l’ironie à un simple fait d’antiphrase : je dis le contraire de ce qu’il fait entendre […] On considère aujourd’hui que l’ironie combine une théâtralisation de la parole et un jeu sur les postures énonciatives. L’ironie peut être très diffuse dans un texte et exiger un travail interprétatif fin … » (JARRETY, Michel (2001). Lexique des termes littéraires (sous la direction de) p. 233-234.)

[3] « A mesure que Leuk avance, la silhouette des cases pointues qui forment l’agglomération devient plus nette et plus haute. On dirait que le village tout entier accourt au-devant de lui ». La Belle Histoire de Leuk -Le-Lièvre, p. 22, paragraphe 1).

[4] « Vers le soir, au moment où le soleil perd sa chaleur, la foule aperçut, au loin, un vaste nuage de poussière. Tout le monde se leva, étonné, pour voir ce que le nuage cachait mais le nuage était si épais que personne ne distingua rien. Bientôt le nuage s’agrandit, monta et disparut. Alors, la foule vit l’immense troupeau qui avançait vers elle. Chacun eut peur d’être écrasé sous les sabots de tant d’animaux, et chacun s’apprêtait à fuir lorsque le troupeau entier s’immobilisa sur place » p. 171).