Notes de lecture

LORSQUE LA NUIT SE DECHIRE… DE AMADOU TIDIANE WONE, PARIS, L’HARMATTAN, 1990

Ethiopiques numéro 53

revue semestrielle

de culture négro-africaine

1er semestre 1991

Hommage à Senghor

Forum d’Asilah (Maroc)

Ce livre aurait pu tout aussi bien s’intituler La Tragédie d’un homme ridicule. Son héros n’a pas de nom : il s’appelle Capitaine. Comme si ce nom surfait résumait à lui seul la tragédie de ces fils d’Afrique partis tuer ailleurs pour une guerre qui n’était pas la leur.

C’est L’histoire hallucinante, profondément ambiguë d’une déraison, celle des laissés-pour-compte, des oubliés qui vivent de souvenirs dans la tragédie de leur espérance brisée. Capitaine, un personnage tendre, absurde et inquiétant à la fois, est en quête passionnée d’une spiritualité purifiée, exigeante, d’une identité perdue quelque part entre le poids des traditions altérées et la force « des richesses pérégrines ». Pourquoi donc ce thème omniprésent de la folie dans la littérature négro-africaine ? C’est peut-être parce que dans cette Afrique noire ubuesque, en proie à toutes les calamités, la folie est la seule forme, la seule expression qui désormais vaille, d’une lucidité authentique. Voici donc un livre sur les anciens combattants, écrit dans une belle langue, avec un sens certain de l’intrigue, foisonnant de symboles, au dénouement inattendu ne laissera personne indifférent.