EUPHORIE
Ethiopiques n°87.
Littérature, philosophie et art
2ème semestre 2011
A. Raphaël NDIAYE [1]
Et je ferme les yeux :
Nénuphar Collier de l’étang au regard de lune
Pétales pétulantes naviguant sur l’onde immobile
Ils défilent denses, dans ma tête somnolente
M’enivrant de tes parfums en cortège
Jusqu’aux portes lointaines de l’irréel
Des myriades d’instants enceints de toi !
Et je ferme les yeux :
Et sonne à mon oreille quel ravissement
Le miel roucoulant du fluide de ta voix
Et le timbre haut et clair du franc rire
Et là devant mes yeux captivés
Parterre blanc de coquillages délavés
Sous la majesté impériale de midi
Le serein sourire lumière condensée
Qui revivifie les tréfonds glacés !
Et je ferme les yeux :
Oh sentir cette houle délicate
De l’onde ample et régénérante,
Ascension de mes abysses en surface
Qui inonde chaque parcelle de moi,
Comme le fleuve serpent qui ne siffle pas,
Les terres heureuses enfin du diéri asséché ;
Mais fécondé par le flot roulant sa marche
Jusqu’à mon cœur enchaîné qui se débride
Jusqu’au faîte de ma tête engourdie qui chavire
Et j’ouvre les yeux : Euphorie !
[1] Extrait de Cadences et lagunes, Dakar, les Editions Feu de brousse, 2003, p. 53