UNIVERSALITE ET HISTORICITE DES DROITS DE L’HOMME
Ethiopiques numéro 26
révue socialiste
de culture négro-africaine
avril 1981
L’épanouissement de l’idée des droits de l’homme dans la vie intellectuelle de notre époque s’explique par le désir d’amélioration du sort humain. Les gens apprécient d’une façon naturelle des valeurs vitales comme la santé ou la sécurité et des valeurs spirituelles comme la connaissance, la contemplation de la beauté, la réconciliation ou la justice.
Les valeurs ne se réalisent pas sans un effort. Les droits de l’homme constituent une espèce d’exigence universelle, une forme de pression à un effort collectif de réalisation des valeurs.
Cette pression nécessite l’utilisation d’un vocabulaire spécial (par exemple, notions de droit, de dignité, de devoir). Ces mots sont très significatifs dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme proclamée par les Nations Unies en 1948. Les phrases qui font usage de ces notions suscitent des exigences et éveillent le sentiment de revendication. (C’est la raison pour laquelle on peut garder une certaine réserve vis-à-vis des formules de la Déclaration. Il faut attirer l’attention sur le fait que la Déclaration ne précise pas les méthodes de pression utilisables pour obtenir des valeurs exigées).
Faisant la distinction entre le contenu et la forme d’expression des exigences considérées on peut mieux envisager notre problème de l’universalité et de l’historicité des droits de l’homme. Les valeurs humaines fondamentales constituent le contenu le plus profond des droits de l’homme. Et c’est dans le domaine des valeurs que se manifeste surtout l’universalité des droits de l’homme. Guérir un malade ou rétablir une distribution plus égalitaire des biens vitaux est toujours une action appréciée du point de vue moral.
L’historicité des droits de l’homme est fondé sur le fait que le surgissement universel de ces exigences est causé par le multiple développement de l’humanité tel que : l’avancement général de la connaissance, l’épanouissement de la conscience morale et le progrès purement technique. L’être humain ne peut pas prospérer d’une façon efficace ni même exister sans un effort considérable de la volonté. La coordination des efforts des différents êtres humains a toujours posé de grands problèmes pour l’humanité. Particulièrement au temps de la technologie et de l’éducation plus primitive, la mise en service des grandes forces physiques exigeait une organisation de la contrainte qui impliquait des inégalités sociales. Au plan de l’efficacité technique l’égalitarisme alors n’était pas toujours désirable. (Evidemment, il n’était jamais désiré par les puissants). Ce sont l’éducation et le progrès technique qui permettent d’introduire l’égalité sociale sans causer de grands renoncements. C’est aussi grâce au développement de la connaissance et de la spiritualité humaine que l’effort de la volonté basé sur la contrainte peut être remplacé par l’effort de la volonté basé sur l’autodétermination et l’autogestion de l’homme.