Notes

TEREZA BATISTA

Ethiopiques numéro 2

Revue socialiste

de culture négro-africaine

avril 1975

 

TEREZA BATISTA

Jorges Amado

Editions STOCK

 

En vingt livres déjà Jorges Amado s’était appliqué à redéfinir son Brésil, à montrer derrière le chatoiement des sambas, plus loin que les prestiges des symphonies architecturales et de la réussite industrielle, la vérité d’une colonie qui n’a pas eu besoin d’exporter ses colons, ayant à l’intérieur de ses frontières l’espace et la main-d’œuvre.

« Téreza Batista » est le roman de l’après-maturité, de la perfection du comprendre et du sentir, quand l’être défini devient symbole et la situation archétype ».

« Téreza », c’est le peuple, du Brésil sans doute, menacé par les constantes spécifiques de l’événement, mais aussi le peuple partout lamentable et crucifié, à qui le meilleur des maîtres, quand celui-ci l’aime ou croit l’aimer, ne peut qu’entreprendre de voler son avenir.

A l’occasion cependant d’une peste – parabole ici renouvelée de Camus et Giono – qui chasse ou décime l’autorité, le peuple prend la parole et l’action, et on le découvre grand, généreux, solidaire.

Qui exorcisera la terre des maîtres de la terre ? L’écrivain Jorges Amado, exorciste blanchi, infatigable, s’y emploie, aujourd’hui, dans ce grand livre où s’utilisent toutes les techniques de l’écrit : le poème et le chant, le récit et la fresque ; une plume impitoyablement lacérante qui, au-delà de la pitié, force chacun, chacun de nous « civilisé », à la repentance.