SANS ENVERS NI ENDROIT
Ethiopiques n°61
revue négro-africaine
de littérature et de philosophie
2e semestre 1998
1948-1998
Cinquantenaire
de la l’Anthologie
de la nouvelle poésie nègre et malgache
de langue française
de Léopold Sédar Senghor
En ce temps-là, dans mon coeur
chaque arbre fruitier était à sa place :
également les oiseaux
et les sources des années d’enfance
occupaient à Jacmel leur place royale.
Depuis on a tué les arbres,
on a éteint le chant des oiseaux,
on a tari la parole des sources :
le rêve et la beauté d’autrefois
n’ont plus d’ailes pour voler.
Sans envers ni endroit,
sans ombre au soleil,
nos rhyzomes font du surplace
quand la vie réclame de nos pas
un sprint sans précédent.