Culture et civilisations

QUELLE CAPITALE POUR LA LITTERATURE DE LANGUE FRANCAISE

Ethiopiques numéro 39

revue trimestrielle

de culture négro-africaine

 

4e trimestre 1984

 

Nouvelle Série volume II N°4

 

Quelle capitale pour la littérature africaine de langue française ? [1]

 

Le concept de capitale littéraire est étranger à la littérature traditionnelle africaine au point de friser le simple paradoxe. On n’y peut concevoir de lieu privilégié d’où rayonneraient la pensée littéraire, les idées, le goût, qui secrèterait des formes de sensibilité. Aucun lieu, dans le contexte de l’oralité africaine, n’a le monopole de la création, de l’initiative littéraire ou artistique : aucun lieu, ville ou village, n’a pour vocation de concevoir les œuvres littéraires, de concentrer dans ses limites les concepteurs de la littérature, de regrouper les plus doués des producteurs et les plus sensibles, les plus ouverts, des consommateurs, ni de concentrer des moyens d’investigation, d’élucidation des œuvres, des moyens de communication.

La littérature traditionnelle africaine est inséparable d’un contexte rural ou d’une urbanisation pour le moins assez faible. Ici, la notion de capitale reste relative tant la précarité du pouvoir est évidente, tant la capitale s’avère changeante. En fait, elle se trouve là où est celui qui incarne l’autorité. On n’y relève ni centre de création ni centre de diffusion de la culture. Si l’on considère la littérature sacrée, ses détenteurs, marabouts ou prêtres, sont disséminés dans le pays et, qui veut s’instruire, s’abreuver à leur savoir, doit aller à leur rencontre. Pour ce qui est de la littérature profane, les créateurs, connus, consacrés, voyagent incessamment à la recherche de leur public. En fait, la littérature circule avec l’homme qui la porte, la diffuse.

L’absence de capitale de la littérature traditionnelle procède aussi d’une conception assez originale de la littérature qui la coupe du pouvoir, des pouvoirs de la politique comme de l’argent. Collective et fonctionnelle, elle n’est pas confisquée par une classe ou une catégorie sociale, elle n’est pas confinée à quelques manifestations.

Elle prend racine dans le patrimoine du groupe social, de l’ethnie. Elle épouse la vie tout entière.

Toutes les activités de la vie recèlent une dimension littéraire, tels les métiers et corporations, les activités des chasseurs, les moments les plus significatifs de la vie, de même : naissance, mariage, mort… Senghor le note fort judicieusement qui assimile la littérature traditionnelle à une « technique d’essentialisation de la vie », « c’est, (écrit-il), dans les activités sociales, sous-tendues ar la sensibilité religieuse, que s’intègrent, très naturellement, la littérature et l’art… Elles n’occupent pas seulement « le dimanche » et « les soirées théâtrales » mais pour prendre exemple de la zone soudanienne, les huit mois de la saison sèche » [2] et de citer les fêtes innombrables… de semailles, moissons, initiations funérailles… Il n’y a pas de lieu où créer des œuvres littéraires ou en prendre possession. Il n ’y a pas non plus de théâtre, la scène se trouve partout et toute l’année.

 

Enfin pour rendre compte de l’absence de capitale littéraire dans la société traditionnelle africaine, il faut se référer aux conditions de création des œuvres, aux rapports des auteurs et artistes, d’une part, et du public de l’autre.

L’auteur se présente plus comme un continuateur de la tradition que comme un novateur. Le devoir de fidélité au patrimoine culturel de son groupe social lui est imposé. Un grand conteur n’est pas forcément celui qui fraie des voies nouvelles, qui initie des contes que son public connaît parfaitement. Les conteurs n’éprouvent aucun besoin de se regrouper ne serait-ce que pour se libérer de tout souci de concurrence.

Ils sont desservis, en outre, par le fait que leur public est casanier et qu’aucun moyen de diffusion n’est mis à leur disposition. Ce public jouit d’un profil, culturel précis et épouse les contours de son ethnie. Dans ces conditions, c’est l’évidence, il ne saurait y avoir la capitale littéraire.

Cette situation, imputable à la nature, aux origines de la littérature se retrouve quelque peu dans la littérature moderne. Le critique Janheinz Jahn [3] le souligne fort bien. Il passe en revue la terminologie gui désigne une littérature aux contours si vagues. En effet, on parle de littérature africaine, de littérature nègre, de littérature négro-africaine. Elle est de langues française, anglaise, portugaise, arabe. Cette débauche terminologique, où la détermination se trouve fondée sur des considérations aussi bien culturelles que politiques, montre à souhait la complexité du problème de la capitale littéraire.

En fait, ce problème prend un relief particulièrement favorable, aujourd’hui, puisque tout a commencé au Sénégal, à Saint-Louis du Sénégal, véritable tête de pont de la pénétration française en Afrique. On y note l’émergence d’une communauté métisse originale et dès le XVIIIe siècle une colonie française relativement importante s’y installe. Cette situation fera de Saint-Louis la première capitale de la littérature africaine.

Cette ville subira les contrecoups de l’évolution de la situation coloniale, elle sera supplantée par Paris et Dakar, sa rivale triomphante. Il reste que les premiers écrivains africains de langue française sont des Saint-Louisiens, qu’ils ont tiré parti de la première infrastructure culturelle moderne implantée en Afrique noire ; ensuite, les inspirateurs et les conducteurs de la politique culturelle française résideront à Dakar jusqu’en 1960. Ajoutons que c’est au Sénégal que la France a implanté une infrastructure culturelle moderne, les écoles les plus importantes, que résidait la colonie européenne la plus forte et que le public le plus vaste demeurait

En fait poser le problème de la capitale de la littérature africaine de langue française revient à considérer ce problème à la lumière de l’évolution des rapports de la France et de l’Afrique, avant et après l’indépendance. On s’arrêtera plus particulièrement aux débuts, aux prémices de la littérature africaine à Saint-Louis, au sein de la communauté métisse et parmi l’intelligentsia noire en cours de constitution.

De l’époque de l’émergence de Saint-Louis en tant que première capitale de la littérature africaine moderne jusqu’en 1930, on passera à celle de la bipolarité Dakar-Paris, marquée par un dirigisme éclairé du gouvernement général de la Fédération ouest-africaine jusqu’en 1960. Pour finir on s’arrêtera plus particulièrement à la période de l’indépendance africaine où Paris maintient sa position privilégiée mais partage les compétences avec des capitales littéraires africaines dont la situation, le rôle, méritent quelque attention, à savoir : Dakar, Abidjan, Yaoundé, Brazzaville, Kinshasa…

Saint-Louis du Sénégal a une vocation bien marquée de capitale. En effet, capitale du Sénégal, elle fut tout à la fois la capitale de la Mauritanie, de la Fédération ouest-africaine jusqu’en 1904 et, de façon durable la première, et pendant longtemps, la seule capitale de la littérature africaine de langue française. On le sait, Saint-Louis fut le point de départ des missions de pénétration française en Afrique l’Ouest. Les colons s’y installent dès le XVII siècle, s’y marient, y prennent racine [4]. Une communauté métisse prospère s’y constitue.

Elle sera tour à tour française, anglaise, française encore, et par endroits, selon les hasards de l’histoire, elle sera portugaise. Elle restera toujours française de cœur et d’esprit, voire « papiste ». Ni les difficultés d’accès – ici la barre s’avère dangereuse à franchir – ni les rigueurs du climat n’y font. Saint-Louis est à l’embouchure du fleuve, ce qui facilite l’exploitation du pays. Les affaires doivent y être bonnes. Disons que très tôt Saint-Louis occupe une place non négligeable dans la littérature française. Citons pour aller vite, le passage du Chevalier de Boufflers, gouverneur du Sénégal avec résidence à Gorée, venu en Afrique se faire pardonner une vie de dissipation et qui entretient les salons parisiens de sa vie en Afrique. A la veine de la Révolution, il fait rebondir le débat sur l’esclavage des Noirs, à l’Académie française.

Evoquons au passage, le cahier de doléances, très conformiste, envoyé aux Etats Généraux en 1789 par les colons et métis de Saint-Louis et plus près de nous, le Roman d’un Spahi de Pierre Loti, un grand romancier qui ne comprit ni n’aima rien de ce qu’il vit en Afrique.

Pour aller vite, disons que la communauté métisse évolua selon deux phases, l’une ascendante et l’autre descendante. A partir de 1850 son déclin est irrémédiable. Engendrée par la colonisation, elle subit les contrecoups de l’évolution de cette dernière. Au début les métis sont des intermédiaires nécessaires. Dans l’arrière-pays, ils représentent les grandes maisons commerciales françaises. Ils s’y enrichissent à la place des Français auxquels tout séjour prolongé à l’intérieur du pays est bien souvent fatal. Au milieu du XIXe siècle, ils entrent en conflit avec les intérêts des colons français. Cela précipitera leur perte. En attendant, ils contrôlent encore le commerce, agissent pour leur propre compte ou représentent les maisons françaises. A Saint-Louis autour des fameuses « signares ». Ils mènent une vie prospère. Les relations des métis et des colons sont des plus curieuse, car souvent faites de méfiance et de suspicion, elles peuvent être traversées d’orages. Ils s’accordent cependant pour tenir les Noirs à l’écart. On sait l’émergence de ces derniers sonnera le glas de la puissance métisse.

En attendant, les métis veillent soigneusement sur la formation de leurs enfants qu’ils envoient au besoin en France. Ils les destinent au commerce, à la politique, rarement à l’administration et à l’armée. Leur idéal c’est l’assimilation sur tous les plans. Pendant plus de deux siècles, ils ont recherché la reconnaissance de leurs qualités de partenaires égaux et loyaux des Français. Les Africains des « quatre communes » leur emboîteront le pas. Acquis à l’assimilation culturelle et même à certaines formes d’aliénation, ils mènent une vie originale et se ménagent des occasions de communion avec les Noirs.

Véritables Janus, ils ont une personnalité double. S’ils se veulent de culture française, ils ne renient pas pour autant toutes leurs traditions africaines. Ils juxtaposent les comportements et croyance culturels. Ils puisent les éléments dont ils ont besoin dans un camp ou dans l’autre, sans s’embarrasser de conciliation, d’interpénétration ou de syncrétisme. Plus près de nous, le romancier Abdoulaye Sadji dans Nini [5] a jeté un éclairage particulier sur cet aspect de leur mentalité. En fait, il arrive que les métis de Saint-Louis soient plus proches, de leurs racines africaines, seulement la raison et l’intérêt les appellent ailleurs. Il faut noter enfin ; pour bien saisir l’évolution de Saint-Louis, la première capitale de notre littérature moderne, que les métis n’y engendrent aucune culture spécifique, aucune tradition ou langue métisses.

De formation appréciable pour l’époque, ils dotent Saint-Louis d’une infrastructure culturelle qui va la mettre à même de jouer son rôle de capitale littéraire. Depuis le XVIIIe cette ville possède une bibliothèque publique fort bien montée. Son public averti témoigne d’un goût marqué pour la lecture, les spectacles, les cafés,les plaisirs de l’esprit…

Il n’est pas dès lors étonnant qu’y paraissent les premières œuvres africaines quelque peu disparates. L’Abbé Boilat publie ses Esquisses Sénégalaises (1983) Léopold Panet sa Relation de voyage de St-Louis à Mogogador (1853), Paul Holle et Frédéric Carrère, une Sénégambie française (1855) [6]

Il faut cependant garder à l’esprit que l’intérêt des métis pour la littérature était secondaire. Seule la conquête de la puissance économique importait pour eux. Pour ce qui a trait au goût, à la sensibilité, ils se voulaient, avant tout des Français, pour ne pas dire des Blancs. Ils n’ont témoigné, dans leurs œuvres, d’aucune intention de prolonger les cultures africaines, de les défendre ou promouvoir. Malheureusement, ils n’avaient nulle aptitude à jouer au fer de lance d’une culture française que certains parmi eux incarneraient au plus haut point mais dont le plus grand nombre offrait une représentation édulcorée.

Ils ont joué le rôle de précurseurs par la création des premières œuvres littéraires africaines de langue française. Ils ont contribué à conférer à St-Louis un cachet de capitale littéraire. Mais cette communauté était condamnée au départ parce qu’elle était enfermée dans ses propres problèmes, ses égoïsmes, ceux de certaines familles. Il lui a manqué une perspective, une mission historique.

On ne relève dans leurs œuvres aucune volonté d’originalité, aucune attention aux problèmes de l’identité culturelle ; car les Métis n’avaient pas de raison de se mettre en cause, de préciser leur place entre les communautés française et africaine. Il n’y avait pas de problèmes dont ils ne trouvaient la solution dans l’une ou l’autre culture dont ils étaient investis.

C’est par eux que St-Louis prend des allures de capitale littéraire.

Au tournant du siècle, la conquête coloniale, baptisée pacification ou pénétration, s’achève. Le besoin se faisant sentir de former des cadres autochtones au service de l’administration, des écoles sont ouvertes à St-Louis. Une élite noire en émerge qui supplante les métis. Sur le plan politique, elle arrivera à ses fins en 1914, par l’élection au parlement français de Blaise Diagne, le premier africain à y accéder. Ces intellectuels noirs s’essaient à la création littéraire et y réussissent. Mieux ils sont en communion avec la majorité africaine. En effet, alors qu’au siècle dernier les écrivains métis ne s’étaient reconnus comme interlocuteurs que le public français auquel ils présentaient quelques aspects de la culture sénégambienne, les écrivains noirs engagés tous dans la mouvance coloniale s’adressent à la majorité africaine privée de droits [7].

Saint-Louis réunit progressivement les conditions pour jouer le rôle de capitale littéraire. Siège des pouvoirs politiques et économiques, il voit son public se stabiliser, s’élargir du fait de l’amélioration des conditions de formation. Ce public prend appui sur l’émergence d’une élite active, dynamique, consciente d’elle-même et de sa mission. Tout comme chez les métis, antérieurement, l’attention aux problèmes politiques l’emporte, parmi eux, sur celle portée à la culture et singulièrement à la littérature. L’historien américain Wesley Johson [8] qui a le plus attentivement étudié le St-Louis de cette époque, insiste sur la priorité accordée aux problèmes politiques et comme chez les métis, auparavant, l’attention apportée à la défense exclusive des privilèges des citoyens de St-Louis, et des autres communes du Sénégal.

Pour ce faire, les partis politiques se multiplient qui partent à la conquête des institutions et de la représentation. Une presse politique abondante se développe et qui ferait pâlir d’envie, aujourd’hui, nombre d’Etats africains indépendants. Tout simplement, on compte à St-Louis, entre 1910 et 1925, une demi-douzaine de journaux qui appartiennent soit à des Français, soit à des Noirs, soit à des métis.

Ces revues ont un intérêt quelque peu limité pour la littérature. Les premières œuvres y sont cependant publiées. Massyla Diop, donnera en feuilleton son roman le Reprouvé dans la « Revue Africaine Littéraire et Artistique ». Nombre de revues sont éphémères ou disparaissent ou fusionnent au gré des alliances politiques. L’élite africaine se regroupe « Aurore », le « Club Jeune Sénégal » fondé en 1912 et dont on sait l’engouement pour Blaise Diagne, le premier africain député à Paris et membre du Gouvernement français. Cette jeunesse aime les plaisirs de l’esprit. Elle multiplie les associations culturelles, conférences, représentations théâtrales, concerts donnés par l’orchestre symphonique « La Lyre africaine ». Les têtes de file, Blaise Diagne, Amadou Duguay Clédor prennent part à divers congrès panafricains convoqués en Europe par le Dr. Dubois. Ils connaissent Marcus Garvey et ils sont attentifs à l’évolution de l’africanisme.

La France met en place les premiers éléments de « la politique du retour à la terre » que . G. Hardy défend dans son essai « Pour une conquête morale » [9]. Le goût de la création littéraire est suscité et entretenu parmi l’élite noire qui conduit des travaux de recherche, des monographies de portée modeste mais qui permettent de prévenir toute coupure entre elle et sa culture propre. Le « Bulletin du Comité d’Etudes Scientifiques et Historique, de l’AOF » fera une ample moisson de toute cette production.

Les premières œuvres littéraires véritablement africaines, parce que conçues par des Africains pour le public africain, ne tardent pas à voir le jour. En 1908, Amadou Duguay Clédor, homme politique de grand talent, futur maire de St-Louis, publie sa fameuse « Bataille de Guilé [10], qui sera rééditée plusieurs fois. On mesure difficilement aujourd’hui le succès durable de ce livre qui exalte les dernières luttes d’une féodalité que la France allait mettre au pas. Mais que de belles envolées épiques et quel lyrisme ! En 1920, Amadou Mapaté Diagne donne un roman, les Trois Volontés de Malic [11].

Toutes les publications de cette époque, à St-Louis, jettent sur la tradition un regard critique pour ne pas dire excessivement sévère. On décèle comme un éloge plus ou moins net de la colonisation. On comprend l’accueil très favorable fait à ces ouvrages. Roland Lebel, particulièrement attentif aux mutations et progrès de la littérature coloniale salue l’éveil de la littérature moderne [12]. A St-Louis même l’infrastructure culturelle, unique en Afrique Noire à cette époque, se renforce. L’édition y reste cependant rudimentaire, les revues littéraires y sont introuvables, de même les critiques autorisés. Les responsables français de la colonisation y suppléent. Ils présentent les œuvres africaines et en donnent une lecture conforme à la politique coloniale.

Écrivains et administrateurs coloniaux sont les préfaciers de ces œuvres auxquelles ils apportent une sorte de caution. Ce soutien paternaliste, on le retrouvera jusqu’à Paris, dans le Force-Bonté [13] de Bakary Diallo (1926). Il faudra voir dans le Batouala (1921) de René Maran, comme une rupture de cette entente [14].

On comprend que ces premières œuvres soient particulièrement critiques envers les traditions africaines. C’est comme s’il fallait donner un gage aux maîtres de l’heure. En vérité, cette intelligentsia de Saint Louis croyait la colonisation éternelle. Elle la voulait égalitaire voire démocratique ! Ces écrivains favorables à l’assimilation culturelle se heurte à l’incompétence des administrateurs français. Là se situe un divorce appréciable entre les écrivains de la première génération, singulièrement ceux de Saint-Louis, ou qui créent en Afrique même, et les écrivains africains qui résistent alors en France. Ces derniers ayant reçu le message se prononceront pour l’association.

Il reste que non seulement St-Louis s’impose comme la capitale des Lettres mais il devient un thème littéraire qui restera longtemps fécond même lorsque son éclipse sera devenue effective. Il sert de cadre à l’action de Karim [15] et de Nini pour ne citer que ces romans. Il inspire les premiers élans poétiques de l’auteur des Contres d’Amadou Koumba [16]. On peut au passage noter l’absence de St­Louis de l’œuvre de Senghor que son itinéraire explique.

Ajoutons que lorsque St-Louis devient véritablement la capitale des Lettres africaines, on ne relève de création ni chez les Français ni chez les Métis. Enfin, St-Louis est si bien la capitale. Des Lettres africaines – qu’à l’exception de Force-Bonté- toutes les œuvres sont conçues et publiées à St-Louis où existe la communauté africaine la plus alphabétisée, la plus ouverte aux lettres et aux arts. On y constate l’amélioration de l’infrastructure culturelle. L’avènement de Dakar véritable pouls économique et capitale de la Fédération ouest africaine anéantira les ambitions de St-Louis. Ses acquis culturels, ses prétentions littéraires ont été, du jour au lendemain comme effacés. C’est le cas classique que, si l’on peut dire, d’une capitale littéraire qui s’éteint, parce que le pouvoir aura émigré.

En fait de 1930 à 1960, c’est une sorte de bipolarité entre Paris et Dakar qui s’établit. On voit bien que le problème de la capitale littéraire reste inséparable de celui du pouvoir politique. Paris et Dakar sont l’un la capitale de l’Empire colonial français, l’autre la capitale de la Fédération française de l’Afrique de l’ouest.

Paris d’abord : c’est le cœur et le poumon du système colonial. Tous les pouvoirs y sont concentrés, tous les moyens de même : l’édition, le public, les revues, la radio, la télévision, la critique, les auteurs, chercheurs, créateurs… Paris offre aux écrivains et critiques africains l’occasion de prendre part à un brassage intellectuel intense. Il constitue une formidable caisse de résonance. Mieux, aujourd’hui comme sous le régime colonial, Paris constitue comme un refuge. Les sujets coloniaux tirent parti de la tradition de libéralisme de Paris. Des œuvres africaines sont éditées à Paris, y font les délices du public alors qu’elles restent interdites en Afrique même. Le Paris de l’époque coloniale est un centre de convergence et de rayonnement des intellectuels noirs. Ce n’est pas pour rien que la « Société Africaine de Culture » et son organe, « Présence Africaine », y élisent domicile.

Mieux, les intellectuels noirs des Etats-Unis, des Antilles, de Haïti, des Africains, y accourent. Paris est si bien la capitale des Lettres africaines, le point de départ de l’entreprise de revalorisation des cultures africaines que Césaire nous confie qu’il y a découvert l’Afrique, en compagnie de Senghor. C’est encore à Paris, à l’insitut d’ethnologie que Senghor a acquis une profonde connaissance des cultures africaines. Le Paris des années trente donne le plus d’écho aux travaux des africanistes. On y organise des expositions coloniales qui ont laissé plus que des traces dans la littérature africaine. Le débat sur l’assimilation ou l’association s’y développe. Les écoles littéraires y naissent. Citons la plus prestigieuse, celle de la négritude, qui vit le jour ici même au quartier latin. Les Africains y acquièrent une double conscience culturelle et politique de leurs problèmes. C’est plus sûrement Paris qui éteint St-Louis ou la littérature avait revêtu des aspects on ne peut plus conformistes. Dakar fera le reste.

Sur le continent africain, et jusqu’en 1960, seul Dakar joue le rôle de capitale des Lettres africaines. Cette consécration ne procède pas du seul fait que cette ville réunit de plus en plus les créateurs. La politique dirigiste du Haut-commissaire de l’A.O.F. entre en ligne de compte. Ce dernier entend régenter les lettres au sein de sa juridiction. D’une part, il veut préserver ses administrés de toute contagion contestataire ou communiste. A cet effet, il allonge la liste des ouvrages et revues interdits dans les colonies. De l’autre, il encourage la « bonne littérature », celle qui ne se mêle pas de politique ou qui constitue, ni plus ni moins, une littérature de consentement. Il crée des prix littéraires, accorde un soutien publicitaire radiophonique aux auteurs bienpensants. Il suffit de rappeler ici tout le tapage organisé à l’époque par les autorités coloniales autour de l’Enfant Noir et qui attira à son auteur les critiques acerbes des autres écrivains français.

Cependant, c’est par son action novatrice que le Gouvernement général a donné à Dakar le moyen de jouer son rôle de capitale littéraire. Rappelons que c’est à Dakar, où étaient concentrés tous les pouvoirs de l’autorité coloniale, où étaient implantées les écoles les plus importantes de la Fédération, où l’on trouvait le public lettré le plus considérable de l’époque, c’est donc à Dakar que la France créa une infrastructure culturelle relativement importante. L’autorité coloniale prétend encourager le théâtre africain. Elle veut le surveiller, le garder de toute contagion politique. Art de communion directe, il présentait plus de danger, dans l’immédiat, que le roman. D’une part, le Gouvernement général favorise à l’Ecole Normale William Ponty ce qui devait devenir « le théâtre de Ponty » et qui a donné de fort belles pièces historiques ou des comédies de mœurs. On s’y détourne ostensiblement de toute considération politique. De l’autre, on créa une chaîne de centres culturels dans toutes les colonies, dans les principales villes. Dakar constitue le maillon le plus important de cette chaîne. On y ouvre le théâtre du palais. Périodiquement, un concours théâtral interafricain consacrait une troupe qui se produisait à Dakar, au théâtre du palais. Les centres culturels disposaient d’un bulletin de liaison, « trait d’union ».

On note, à cette époque un remarquable développement du théâtre africain qui s’enlise dans la seule dimension sociale des problèmes [17]. Dakar dispose d’une radio-diffusion qui opère pour le compte de l’ensemble de la fédération. Ses activités littéraires sont considérables, sous forme de feuilletons, débats, tables-rondes… Cette capitale compte une presse relativement abondante. Toutes les revues de l’époque font une place plus ou moins grande à la littérature. Il reste que Dakar est une capitale coloniale. On y relève une idéologie particulière ; on y a concentré des moyens pour conduire la politique décrite plus haut.

L’étonnant, c’est la rareté des écrivains, poètes et romanciers. On n’y compte que des auteurs de théâtre, englués dans la satire sociale et la petite comédie de mœurs. Sadji et Dadié, les seuls romanciers dignes d’intérêt, sont qualifiés de régionalistes. Tout se passe à Paris. Les grands écrivains noirs opèrent à Paris, ne semblent s’épanouir qu’à Paris. L’absence de liberté engendre la stérilité. Tout cela nous prépare à l’explosion littéraire et artistique de l’indépendance, après une certaine période de flottement. En fait, la littérature africaine africaine s’impose et les capitales se multiplient.

Lorsque les colonies d’Afrique accédèrent à l’indépendance, il parut légitime de s’attendre à l’effacement progressif de Paris au profit de l’Afrique – autrement dit, on pensa que le rôle de capitale allait être dévolu à des villes africaines.

Les Etats africains lancèrent de vastes programmes d’alphabétisation, de formation de cadres, s’employèrent avec plus ou moins de bonheur et de conviction à mettre en place une infrastructure culturelle adéquate. On relève même quelques velléités de transfert en Afrique de la « Société africaine de culture » de « Présence Africaine ».

On ne tarda pas à se rendre à l’évidence : le problème de la capitale des lettres africaines est commandé par des considérations politiques et économiques. Disons plus nettement que l’instabilité politique qui caractérise l’Afrique indépendante, l’incertitude des moyens de communications rendent compte de l’un des paradoxes de l’indépendance africaine. Paris reste la première capitale de La littérature africaine de langue française. Aux avantages de l’époque coloniale précédemment énumérés – à savoir la qualité du public, l’attention de la critique, l’efficacité des médias, la multiplicité des revues spécialisées, la traditionnelle liberté d’expression – des éléments nouveaux encore plus favorables sont venus s’ajouter. Des institutions dont la vocation est d’aider à concevoir, conduire, harmoniser les politiques culturelles des Etats africains, y sont implantées. Il faut citer l’UNESCO, l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (AGECOP). Ces institutions jouent un rôle appréciable dans le devenir des lettres africaines.

On comprend que les éditeurs français portent un intérêt croissant à la littérature africaine. Le temps n’est plus où un éditeur parisien retournait au Dr Birago Diop le manuscrit des Contes d’Amadou Koumba qui ont été, depuis, traduits dans le monde entier. Paris est comme mieux préparé à jouer son rôle de capitale des lettres africaines.

Il est devenu nécessaire aux écrivains et hommes de cultures africains. Avant 1960, ce sont les aléas de l’histoire qui l’avaient imposé. Depuis cette date, il est devenu une sorte de terrain neutre où les écrivains africains peuvent se retrouver, mettre leurs œuvres à l’abri – où se mettre eux-mêmes à l’abri des dangers de la politique africaine.

Mais Paris n’est plus seul. Les capitales littéraires se sont multipliées en Afrique même.

Dakar ne fait que renforcer sa position privilégiée. Il faut ici rendre hommage au Président Senghor qui n’a ménagé aucun effort pour faire de Dakar non seulement la capitale littéraire mais aussi celle de la culture africaine. Citons parmi ses initiatives les plus heureuses la création du théâtre Daniel Sorano et de sa troupe prestigieuse, peut être la meilleure d’Afrique noire ; la fondation des Nouvelles Editions Africaines (NEA), un instrument de promotion culturelle d’une valeur inestimable : l’ouverture de l’Institut des Arts, du Musée Dynamique…

Si les capitales nationales de la littérature africaine se sont multipliées, certaines villes telles que Bamako, Bangui, pour ne citer que celles-ci, ne peuvent prétendre, même si ces pays comptent des écrivains de talent. Il y manque ce que l’on a regroupé plus haut sous l’appellation d’infrastructure culturelle.

Abidjan, associé à Dakar et Lomé au sein des NEA, s’est imposé. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont, les premiers, créé des ministères de la culture et mis en place une infrastructure culturelle significative.

D’autres capitales littéraires retiennent l’attention : Brazzaville et Kinshasa. Cette dernière capitale ne joue pas de rôle en rapport avec l’importante population du Zaïre. Toute proportion gardée, on y compte peu d’écrivains. C’est même à l’extérieur que ces derniers trouvent le soutien logistique nécessaire. Quant à Brazzaville, son cas reste singulier, tant le Congo compte d’écrivains de talent en nombre relativement élevé ! Rien ne semble devoir refréner leur créativité, ni la misère de l’infrastructure culturelle, ni le progressisme du régime en place.

Brazzaville, en quelques années, est devenu la capitale la plus prometteuse de la littérature africaine. Ailleurs, il faut noter une évolution qui n’est pas sans rappeler la grandeur et la décadence de Saint-Louis. Au sortir de l’époque coloniale, Yaoundé, du fait de la renommée de Mongo Béti et Ferdinand Oyono, de l’implantation des Editions CLE., de l’ouverture d’une université… semblait promu au rang de capitale littéraire. Cette promesse n’a pas été tenue.

Pour aller vite disons que depuis 1960, la littérature africaine compte de nombreuses capitales, qu’à côté de Paris qui joue encore un rôle déterminant, de nombreuses capitales nationales ont émergé partout en Afrique où l’ont permis les options du Gouvernement, son intérêt pour les problèmes culturels, la mise en place d’une infrastructure culturel1e adéquate et où la liberté d’expression est effectivement respectée.

Après l’évocation des prémisses de Saint-Louis, de cette occasion marquée, d’une part, de la féconde bipolarité Paris-Dakar, de la situation actuelle ou la pluralité des capitales n’attente en rien à l’hégémonie de Paris, de l’autre, le moment est venu, avant de conclure, d’avancer quelques considérations d’ensemble.

Tout semble conforter Paris dans sa situation de capitale de la littérature africaine de langue française. Deux exemples suffiront pour illustrer cette assertion : l’attachement des écrivains et du public, des Africains, à deux concepts : celui de francophonie et celui d’unité africaine. L’un se trouve, par la force des choses implicite dans l’autre.

L’idée de francophonie recouvre un ensemble culturel qui déborde les frontières de la France et de l’Afrique. Tout naturellement Paris est la capitale de la Francophonie. Certes, cette dernière ne parvient pas à s’institutionnaliser. Ce n’est pas là une tare. Ses détracteurs – et ils sont nombreux – n’auraient pas manqué de l’assimiler à un instrument de la néo-colonisation, et de parler de mainmise culturelle.

Les Français, dans certains milieux, semblent s’en méfier encore plus que les Africains. En fait, la Francophonie va au-delà des déclarations de bonnes intentions. Elle a permis à Paris de louer avec éclat son rôle de capitale des lettres africaines et francophones. Le prix Renaudot a été décerné au Camérounais Yambo Ouologuem ; le prix Goncourt, à Mme Antonine Maillet. Senghor siège à l’Académie Française. En outre, Paris ne se borne pas, dans son rôle de capitale des Lettres africaines, à servir de lieu de concertation, d’harmonisation des politiques, de centre de décision, de lieu de concertation des moyens ou de consécration des écrivains – des institutions y sont implantées qui favorisent la promotion littéraire et culturelle : l’UNESCO, l’AGECOP, et le Ministère de la Coopération française.

La francophonie dispose de moyens relativement importants, d’une école. Elle initie en Afrique des actions de coopération ou des interventions ponctuelles.

On assiste en réalité à une sorte de partage des compétences entre Paris et les capitales africaines. Lorsque la télévision française, Radio France Internationale, ou le « Monde » rendent compte d’une œuvre africaine, sa réussite est assurée.

Dans les Etats africains, la modestie des moyens, permet tout juste d’atteindre le public local. Ainsi l’information, littéraire rayonne plus sûrement à partir de Paris.

Des revues « Présence Africaine », « J eune Afrique », « Notre Librairie », « Recherche, Pédagogie et Culture » sont domiciliées à Paris mais s’adressent à un public francophone. On comprend cependant que le problème des capitales littéraires renvoie au débat très actuel sur les littératures nationales. Certes, il est légitime de souhaiter que chaque littérature nationale dispose de sa capitale, mais Paris semble devoir rester pour longtemps la capitale de toutes les littératures d’Afrique ou de la Francophonie. Le problème demeure cependant d’une complexité remarquable. Jusque-là dans la détermination des spécificités de la littérature africaine, on a privilégié certains éléments, entre autres la langue française. La définition des littératures nationales se référera-t­elle aux zones culturelles ou bien dépendra-t-elle des considérations politiques. Y aurait-il une littérature sénégalaise, une littérature camerounaise, une littérature zaïroise avec pour capitale, respectivement, Dakar, Yaoundé, Kinshasa ? Le Sénégal, le Cameroun, le Zaïre constituent-ils des réalités culturelles ou politiques ? On peut se demander, en outre, si le rapport de la littérature africaine moderne et de la littérature traditionnelle sera assez fort pour engendrer des littératures spécifiques, si ces dernières auront des capitales, c’est-à-dire des lieux qui fonctionneront comme des centres de convergence des créateurs et de diffusion des œuvres, des lieux où les moyens seront concentrés. Tout cela relève du domaine des hypothèses. Il est évident cependant que le partage des compétences entre Paris et les capitales africaines prend en compte ces velléités nationalistes.

Car c’est, au fond, Paris qui décide de tout. Son action peut être appréciée de deux manières apparemment contradictoires mais qui se rejoignent dans leur signification profonde. Dans un cas, tel écrivain africain très dans le vent, ayant repris à son compte les préoccupations et techniques d’expression en vogue à Paris, connaît un succès remarquable à l’étranger et dans les milieux universitaires africains, alors que son œuvre laisse parfaitement indifférent le public africain. Curieusement, certaines œuvres encensées à Paris passent difficilement ou ne passent pas du tout en Afrique. Dans l’autre, des œuvres qui font les délices du public africain n’ont pas été comprises en France, du moins dans un premier temps. On a évoqué le cas des Contes d’Amadou Koumba aux lendemains de la dernière guerre mondiale. Ajoutons celui des Soleils des Indépendances [18], livre édité et primé à Montréal parce que les éditeurs parisiens l’avaient refusé. C’est précisément la charge novatrice de cette œuvre qui les a rebutés. Elle a cependant été perçue plus nettement par le public québécois, bilingue et pluriculturel. Devant le succès du livre, le Seuil en a donné une édition française qui a connu un très grand succès. Ce n’est pas escamoter le problème des capitales régionales que de revenir au rôle de Paris « capitale-refuge » pour les écrivains africains entre autres. Alioum Fantouré et Williams Sassine ont ont pu y poursuivre leurs œuvres de romancier à une époque où presque tout était considéré dans leur pays comme contre-révolutionnaire et interdit.

Enfin, on sait bien qu’une littérature doit être nationale, disposer d’une capitale nationale. On sait que tout doit être mis en œuvre pour favoriser l’émergence et l’épanouissement d’une littérature nationale. La première consécration d’une œuvre doit être nationale. C’est bien une confirmation que l’on attend de l’étranger. Il en fut ainsi du roman épistolaire de la regrettée Mariama Bâ : Une si Longue lettre [19]. C’est le public sénégalais, dakarois singulièrement, qui a fait le succès de cette œuvre. L’étranger a suivi en la primant.

Il reste à dire quelques mots d’un autre rôle de Paris, capitale des Lettres africaines. Paris est en fait au service de l’unité culturelle africaine. On ne reviendra pas sur la situation de la langue française en Afrique. Elle constitue le véhicule nécessaire de notre littérature moderne. Sur Paris convergent les œuvres africaines, les écrivains et hommes de cultures africains. Paris ouvre les cultures africaines au monde extérieur.

Les capitales nationales agissent à partir de la diversité culturelle de l’originalité nationale. On retrouve là le partage des compétences mentionné plus haut. Il s’avère opportun de s’interroger sur le rapport des deux pôles de la littérature africaine, de Paris et des capitales nationales. Est-il légitime et souhaitable que le pôle extérieur continue à l’emporter ? Les Etats africains, par une adéquate harmonisation de leurs politiques culturelles, ne devraient-ils pas s’employer à favoriser un nouvel équilibre de l’action des diverses capitales de la littérature africaine moderne ?

Il faut cependant garder à l’esprit que cette dernière est encore jeune et l’Afrique en plein devenir. Tant de mutations sont encore possibles ! Enfin, les réalités décrites plus haut, la francophonie, l’existence de multiples capitales de la littérature africaine, n’ont pas encore porté tous les fruits attendus.

 

[1] Conférence inaugurale au Colloque International sur « Paris et le phénomène, des capitales littéraires », organisé par l’Université de Paris IV (22-26 Mai 1984)

 

[2] Léopold Sédar Senghor : L’Esprit de la Civilisation ou les lois de la culture négro-africaine, Présence Africaine, numéro spécial, septembre 1956, p. 55.

 

[3] Janheinz Jahn : Manuel de Littérature négro-africaine, préface, Paris, Resma, 1969, p. 13 sq.

 

[4] On lira avec profit la thèse de 3e cycle de Madame Nathaly Reyss sur St-Louis du Sénégal à l’Epoque pré-coloniale, L’Emergence d’une société métisse originale (1658 – 1854) – Université Paris I Sorbonne (1982 -1983).

 

[5] Abdoulaye Sadji : Nini, Mûlatresse africaine, in Trois Ecrivains Noirs, Paris, Présence Africaine 1956.

 

[6] Abbé Boilat : Esquisses sénégalaises, Paris 1853.

Léopold Panet : Relation de voyage de St-Louis au Maroc, 1850, (Paris, le livre Africain, 1968).

Paul Holle et Frédéric Carrère : De la Sénégambie Française, Paris, 1955.

 

[7] Lamine Guèye : Itinéraire africain, Paris, Présence Africaine 1966, p. 19 sq.

 

[8] Wesley Johnson : The Emergence of black politics in Senegal, the struggle for power in the communes (1900-1920) Stanford University Press, 1977.

– The Senegalese Urban Elite, in African and the West, Wisconsin press, 1972.

 

[9] Georges Hardy : Pour une conquête Morale. L’Enseignement en A.O.F., Paris, A. Colin, 1917.

 

[10] Amadou Dugay Clédor Ndiaye : La Bataille de Guilé, St-Louis, Imprimerie du Sénégal, 1912.

 

[11] Amadou Mapaté Diagne : Les Trois Volontés de Malic, Paris, Larose, 1920.

 

[12] Roland Lebel : Histoire de la Littérarature coloniale en France, Paris, Larose, 1931.

 

[13] Bakary Diallo Force-Bonté, Paris, Rieder, 1926.

 

[14] René Maran : Batouala, Paris, Albin Michel, 1921.

 

[15] Ousmane Socé : Karim, Paris, Nouvelles Editions Latines, 1935.

 

[16] Birago Diop : Les Contes d’Amadou Koumba, Paris, Fasquelles, 1948.

 

[17] Bakary Traoré : Le Théâtre négro-africain et ses fonctions sociales, Paris, Présence Africaine, 1958, p. 35 sq.

 

[18] Ahmadou Kourouma : Les Soleils des Indépendances, Paris, le Seuil, 1970.

 

[19] Mariama Bâ : Une si longue lettre, Dakar, N.E.A. 1981.