Poésie

QUATRE POEMES

Ethiopiques numéro 19

revue socialiste

de culture négro-africaine

juillet 1979

Dans la rumeur de la mer

A minuit ton corps de soie de feu.

Mes lèvres de soif de sang,

Prince d’au-delà des océans

Et, la vague martelle la falaise

A l’appel de ton nom peulh.

_ Pêcheur de troupeaux.

Gardien du silence.

Nous voici à la porte du temps

Et tout le sang du monde

Qui s’en vient battre aux tempes des rochers,

Nous voici dans la nuit déchirée.

Oh ! écoute ruisseler les étoiles filantes.

Je t’aime un peu… beaucoup…

Dans tes yeux, l’araignée d’or du silence

Et la nuit tout autour de nos mains,

Tout autour de nos lèvres,

Un pagne de douceur.

Or, te voici chamelier sur les pistes de mes rêves.

Te voici guerrier, la lance à la main

Et le pagne du voyage,

Te voici d’or noir aux longs troupeaux de buffles.

Laine rousse aux aisselles de la nuit.

Ton corps, gazelle fauve du désert,

Arc bandé sur la ferveur des sables

Oh ! ton corps de musique svelte,

Hanches sombres des harpes.

Te voici poème sur la page d’écriture du jour.

Mon ami, lion fauve,

Pelage de soleil

Et ventre de gazelle.

Le sourire bleu de ton boubou

Eclaire ton visage,

Les cerises noires de tes lèvres.

Mon ami, bouche d’or.

Toi si beau, si frêle.

Telle l’araignée

Prise au centre de sa toile.

O l’arc-en-ciel douceur de tes sourcils.

Et tes mains de beurre

tes mains de fraîcheur,

tes mains, ruisseaux de lumière,

Je suis ligne à ligne.

l’éventail bleu de tes veines.

C’est un pays de mer, de sel, pays de la mangrove

au clair de la nuit.

Vois ta peau

toute sillonnée d’orages et d’éclairs.

Sur ton cou, les rides du matin

Et tes yeux,

tes yeux miroirs des brumes.

Et tu es, là-bas.

Demeure vaste, portes ouvertes.

Comme un palais vénitien.