Poésie et théâtre

POESIE ET THEATRE

Ethiopiques n°46-47

Revue trimestrielle de culture négro-africaine

Nouvelle série 3ème et 4ème trimestre 1987-volume 4

 

Qui pourrait dire d’une manière précise, à quelle époque, dans les différentes civilisations de l’humanité, la Poésie rencontra le Théâtre ?

Les Grecs nous parlent d’Athènes.

L’Egypte négro-africaine nous renvoie à Thoth, celui que les Grecs devaient appeler, plus tard, Hermes Trimegiste (le trois fois puissant) et qui était le Ministre de la plume d’Osiris. Il était le préposé aux relations avec les dieux et sa fonction finit par en faire un dieu.

Thoth aimait à se faire projeter, le soir venu sur un écran de papyrus, l’image du monde qu’il dominait.

Un jour, Isis, curieuse comme la féminité, surprit Thoth en train d’applaudir tout seul, à la fin du dernier acte de la représentation de ses images.

Il fut convenu que la surprise serait pour Osiris, le jour de son anniversaire. En effet, ce fut la surprise. Osiris, entouré des dignitaires de la Cour partit d’un si grand éclat de rire, « que les assises du monde en furent ébranlées ». Et, depuis, le Continent africain offre un visage mystique à « l’océan fertile ». Ainsi va l’histoire. Ainsi, le Théâtre qui intéressa, très tôt la poésie.

Thoth pouvait ajouter à sa panoplie, une nouvelle manière de connaissance, par l’investigation.

L’invention de Thoth franchit les frontières de l’Egypte, se répandit alentour. Des hommes, créateurs de vie et de beauté, (des poètes) s’en emparèrent, et se mirent à son service.

En Grèce, ces hommes s’appelaient : Eschyle, Sophocle, Aristophane et régnaient sur les théâtres d’Epidaure, de Dionysos, de Delphes. Ils se voulaient des hommes ordinaires. Pour les populations qui allaient les applaudir chaque soir, ils étaient avant tout, des Poètes. Ils avaient le pouvoir de créer des tranches de vie quotidienne. La scène sur laquelle les acteurs de leurs pièces se produisaient était sans limites. Ce n’est que lorsque les Athéniens s’aperçurent qu’ils n’avaient plus de poètes tragiques, qu’ils construisirent des théâtres de pierre et de marbre.

Le domaine du théâtre en Grèce restait circonscrit au religieux. Ce qui expliquait la permanence et le rôle déterminant des chœurs.

Comment innover ? Comment bouleverser l’état des choses, renforcer le mode d’expression, le mettre à hauteur d’homme ? Ce fut, simplement, un poète, auteur d’hymnes, dans la tradition, qui en prit l’initiative et la réalisa. Il s’appelle Thespis. Comment s’y prit-il ? L’on raconte comment, à l’occasion des fêtes de Dionysos, consacrées à l’origine religieuse des hymnes, Thespis imagina de couper les chants par un récit qui pouvait être grave, qui pouvait être gai et même licencieux.

Le sujet était d’abord, emprunté à la vie d’un dieu qu’on célébrait, puis à celle d’autres dieux et demi-dieux ou héros.

La pièce dramatique était née ce jour-là. A l’origine de cette naissance, un poète. Ainsi que d’autres l’ont constaté, poésie et théâtre ne peuvent se dissocier, dans leur meilleure facture en tant que création et mode d’expression.

Puis, le monde a évolué. Des techniques ont été inventées, qui, dans des domaines divers, ont contribué à changer, à transformer les conditions de vie de l’homme. Seuls les problèmes depuis toujours abordés par le théâtre et qui sont ceux de l’homme, demeurent. L’art du théâtre consiste à les aborder de manière que l’on souhaite efficace, en prenant soin d’éviter leur désincarnation. En cela repose, me semble-t-il, le problème actuel de la création théâtrale et du pouvoir de l’expression théâtrale.

J’ai dit efficacité, j’ajouterais réalisme.

En pensant au pouvoir du théâtre, je ne puis ne pas m’arrêter au réalisme des différents princes qui, pour gouverner notre planète, ont su toujours conserver auprès d’eux, ces acteurs, créateurs, de talent, que la Cour appelait des bouffons. Ces princes connaissaient l’incommensurable de leur solitude. Ils étaient seuls à le savoir, avec leurs bouffons qui étaient, en définitive, leurs conseillers éclairés, leurs défenseurs. Peut-on parler de la revanche du théâtre sur l’absurde après la revanche de la poésie sur les Philistins ?

Rien de très original dans ce que je vous dis là. Seulement, la constatation que la source est commune et partagée par toutes les civilisations de la planète, lorsqu’il s’agit de considérer la poésie et le théâtre comme œuvre de création, devenue essentielle à l’équilibre de la vie de l’homme.

Mais la poésie et le théâtre négro-africains me diriez-vous ?

Je réponds qu’ils ne diffèrent en rien de ce que nous connaissons de par le monde. Le Continent aura été celui d’Osiris, d’Isis et de Thoth. Je dirais que c’est le Continent de l’homme.

– De quoi procédaient et continuent de procéder de nos jours les maîtres des soirées de théâtre en Négritude ?

– Assurément, de la création. Leur rêve, c’est de donner naissance à un chant qui va du ciel à la terre et qui s’adresse au plus grand nombre dans un souffle unique. Il n’importe que ce soit à travers un éclat de rire ou à travers la douleur, ou la désolation. L’essentiel repose dans cette combinaison de la voix et du geste. Voix et geste pour l’équilibre. Les Peulhs du Sénégal auront raison d’avoir défini le poème : « des paroles plaisantes au cœur et à l’oreille ».

La parole ! Kaydara le Sage du Mali nous l’a définie. Ecoutons :

« … Toi qui apprécies la connaissance et sais que le savoir vaut plus que l’ambre, plus que le corail et plus que l’or fin du Ngalam, sache qu’il n’y a pas de connaissance, pas de savoir que n’ordonne la parole. La parole est tout. La parole coupe, écorche. Elle modèle, elle module. Elle perturbe et rend fou. Elle amplifie, abaisse selon sa charge. La parole excite ou calme les âmes ».

Certes, la leçon du Maître ne peut être dépourvue de son aspect ésotérique. Le poète et le Créateur de théâtre qui sont « hommes qui savent », nous disent plus simplement que : les mots dont ils usent quotidiennement, sont à multiples facettes. Mots mouvants, virevoltants, à la manière du geste du danseur qui l’exécute et l’enracine. Et ces mots, on les connaît, pour les avoir observés, approchés, respirés, palpés. Ils sont devenus odorants, tactiles ; de leur assemblage, émerge une construction dont la caractéristique repose sur l’absence de ce que les Grammairiens appellent les mots-outils, c’est-à-dire les articles, les prépositions, les conjonctions etc.

Les différents mots et groupes de mots qui sont à la base de cet édifice, n’ont pas besoin d’être liés par les verbes si essentiels dans l’expression courante. Les mots sont liés par leur seul sens. Léopold Sédar SENGHOR a appelé cette élaboration de la phrase, je dirais du poème, « le style des temps forts ».

Est-ce tout, dans la construction du poème, dans l’univers négro-africain ? Que non pas ! Il y a l’image. Qu’est-ce à dire ?

Contrairement à une opinion généralement répandue, le poète ne crée pas l’image pour s’isoler dans je ne sais quelle tour d’ivoire. L’image poétique fait appel à l’imagination, à la sensibilité de l’homme qui prend connaissance de l’œuvre. Dès lors, elle revêt les dimensions d’un trait d’union.

L’on peut parler dans ce cas précis, comme d’un fruit succulent mûri dans le tréfonds de l’être et dont la particularité est de devoir être partagé. Et puis, l’image poétique n’est pas un mot dans le sens graphique du terme. C’est une idée, un sentiment. L’image, d’ailleurs, ne se présente pas toujours sous la forme d’un raccourci. C’est aussi, un verset, une phrase. Il n’est que de relire les livres sacrés, la Bible et le Coran. La force de ces livres réside dans la densité émotionnelle des versets qui les composent. L’on ne s’arrête pas à les lire, à tel ou tel mot, mais à l’agencement de la phrase, à l’équilibre dans le balancement, à la rythmique. Toutes choses qui font naître et qui appellent le sentiment. .

Le sentiment dont le pouvoir est de toucher jusqu’aux fibres de l’aorte. Est-ce par hasard que les Peulhs ont défini le poème comme « des paroles plaisantes au cœur et à l’oreille » ? L’image est le support du merveilleux. Mais, le merveilleux qu’est-ce, si ce n’est la phrase belle, la couleur rêvée au point qu’elles paraissaient impossibles et qui nous sont rendues par le poète, par le peintre ?

Alors, cette phrase, cette couleur auxquelles, désormais nous avons accès, se présentent à nous, simples mais jamais désincarnées. Parce que nimbées d’une aura qui commande le respect, attire la sympathie, sinon la complicité. En fait, c’est tout le problème de la création. C’est le sens même de cette poésie dite populaire, intraduisible, inimitable, parce que faite de l’idée-sentiment et parée de l’auréole des mots du lexique quotidien mais, si denses. Et l’on s’émerveillait d’entendre les exégètes de prophètes, dire simplement, des choses irrémédiables de beauté. N’est-ce pas cela, la poésie véritable ?

– Est-ce tout pour la poésie négro-africaine ?

– Il y a le rythme, inspiration et respiration du poème. Ainsi que, comme le note L.S. Senghor, « le rythme fait de parallélismes asymétriques ».

Assemblez tout cela : des mots auréolés du quotidien et qui sont de mille facettes ; mots tactiles et odorants soudés par le poids de leurs sens. Les images qu’ils génèrent sont de fleurs d’oranger, de fleurs de tamarinier au cœur de l’hivernage humide. L’édifice est irrigué par le rythme mélange du binaire et du tertiaire voué aux plages méridiennes du Continent. Mais, c’est pour y chercher la trace du plain-chant. C’est tout cela que les Peulhs du Sénégal ont assemblé pour définir le poème. Ils disent tout cela, « d es paroles plaisantes au cœur et à l’oreille ». Je me suis permis d’ajouter « à exercer ensemble ».

Je revois le Maître de la parole de mon enfance, en pleine représentation. La tête et la poitrine parsemées de miroirs ronds. Jusqu’aux pans larges de son pantalon bouffant. Au rythme du chant dont il égrenait les notes depuis son tama (petit tam-tam) porté sous l’aisselle, il sautait, tournoyait dans un cadre parfait, traçait des arabesques et ressembla à une constellation, sous le regard de la lune. Les spectateurs répondaient à ses questions, rythmaient sa voix, ponctuaient ses gestes. Ils étaient véritablement tombés dans le piège. Car, l’Artiste n’était pas seul. Le relais le plus actif, c’était celui de ses camarades, de ses complices, placés aux quatre points du cercle formé par l’auditoire, vêtus des mêmes atours que lui et que la foule n’avait pu discerner. Maintenant que les rôles étaient distribués, le spectacle continuait sur les thèmes de la vie de la bourgade dont les tableaux n’avaient besoin d’aucune annonce. Le spectacle devenait échange. Lorsque la terre devenait froide, le maître de la parole entonnait les mots de la séparation.

Les jeunes filles fascinées lui lançaient : « Diali, poète emporte-moi ! Maman est d’accord. Sœur est d’accord frère est d’accord ».

Et le Poète posait la question de confiance rythmée par son tam-tam. « Et que dit père ? » Ce dialogue, comme ceux qui l’ont précédé s’envolait vers la mer Atlantique où des jeunes filles d’une beauté irréelle de la Cour d’Isis s’en emparaient. L’on entendait dire : « C’est par là que passa le rêve pour gagner la mer Atlantique. Celui qui le respirera le premier, ira au paradis ».

Il y avait- il y a encore – les jeux gymniques, comme L. Sédar Senghor les a appelés, au cours desquels se rencontraient les champions de plusieurs villages. A Saint-Louis du Sénégal, à Joal, chez le poète, la cérémonie se déroulait sur la plage. Le cercle formé par les femmes flamboyantes dans leurs atours. Et leurs voix avaient la sonorité des conques marines.

Les champions et leurs compagnons passaient et repassaient devant leur auditoire. Ils proféraient des défis, dans une langue rythmée, esquissaient des pas de danse que le cliquetis des bracelets d’argent des femmes, rendait plus légers, plus fluides. Au moment de la pause, les voix féminines déliaient des poèmes à la gloire des champions. Poèmes alternés soutenus par le rythme du tam-tam et le cliquetis des bracelets.

Lorsque le soleil abordait à sa couche, la séance de lutte commençait. Elle pouvait être longue, chaque champion disposait de sa stratégie consommée lui permettant d’éviter le contact peu avantageux. Cela devenait alors, l’art du simulacre à travers des gestes vifs coupés de séparations qui permettaient de se tourner en dansant, vers son auditoire d’où fusaient les mélopées de la victoire future.

Mais, il y a aussi, le théâtre issu de l’épopée. L’épopée : parole, geste et action portés au sublime. Ce théâtre-là existe depuis que les sociétés humaines, se sont organisées, ont identifié ce qui est devenu leur territoire et décidé de le régir, selon leurs lois. L’on peut dire qu’avec la sédentarisation devait naître l’idée du conflit. La riposte, fille de la susceptibilité créait ce qui est de venu le droit de riposte, reposant sur le sens de l’honneur.

Le sens de l’honneur fait partie des fondements de l’histoire. Les poètes l’ont chanté, les créateurs dans l’art du théâtre l’ont traduit et ont contribué à y rendre sensible le plus grand nombre. En Négritude, nul doute que Chaka, Le Zoulou, avait lié amitié avec eux. En ce moment-là, il incarnait la défense de son peuple. Il constituait pour celui-ci, un rempart contre l’injustice.

Mais, on l’avait mis en garde contre la passion pour le pouvoir. L. S. Senghor, dans « Ethiopiques » le lui fait dire par la voix lointaine du devin Essanoussi.

« Réfléchis bien Chaka, je ne te force pas je ne suis qu’un devin, un technicien.

Le pouvoir ne s’obtient sans sacrifice, le pouvoir absolu exige le sang de l’être le plus cher ».

Rien n’y fit. Chaka donna la mort à Nolivé sa fiancée et fut immédiatement tué à son tour. Fascination du pouvoir ! Folie du pouvoir. Maître, en quittant volontairement le pouvoir, vous avez donné une leçon au monde. Et la poésie s’en trouve honorée. Votre pouvoir n’est-il pas de dire ? Et vous dites si bien ! Continuez de dire. Nous y gagnerions tous.

Le moment est venu de conclure. Permettez-moi de le faire avec « la tragédie du Roi Christophe » d’Aimé Césaire. Il y a longtemps que la consanguinité entre Chaka et Christophe est scellée. C’est le souffre qui relie la tourmente du Sud du Continent au cratère échappé de l’orteil du dieu, ordinateur, la veille du septième jour. Et depuis, le peuple de Chaka qui est celui de Christophe est en quête.

La tentation pouvait être grande pour Jean Marie Serreau à Paris, puis, pour P. Hermantier, au théâtre national Daniel Sorano à Dakar, en partant du plain-chant, de se perdre dans la logomachie. Car, la tragédie du Roi Christophe, c’est d’abord, le plain-chant sublimé. Aimé Césaire a mis dans la bouche du Général haïtien sorti des rangs, les paroles qui distinguaient les prophètes. Une manière de confusion de l’homme quotidien, du rêveur à la tête remplie de grands desseins.

Pendant que le peuple amarré dans le quotidien, vaquera à ses occupations, réunira ses espoirs et son amertume, discutera et plaisantera la vie pour écarter l’angoisse, Christophe rêve. Il est, irrémédiablement, habité par l’avenir.

Un homme seul, affronte la vérité. Il n’a que son vouloir. Son dessein d’être le père de la grande famille haïtienne, « de porter son peuple de plus en plus haut ».

Qu’importe si Christophe n’avait pas l’envergure de Chaka.

Qu’à la manière du Grand Zoulou, il céda à la tentation pour la puissance, qu’il éprouva comme un besoin d’étreindre, de briser. S’il défia le dieu des autres, c’est parce qu’il ne trouvait l’esprit divin que chez Shango, dieu d’Ifé.

S’il céda au délire, c’est parce que sa vision dépassait Haïti, pour embrasser la Négritude et qu’il était terriblement seul. Quoi d’étonnants dés lors, que seul Hugolin le bouffon le comprit ? Ils étaient deux poètes du peuple d’Haïti.

La tragédie du Roi Christophe est un long poème lyrique que traversent les sentences sibyllines mais vigoureuses d’Hugolin, le bouffon, compagnon de rêve du héros, et que ponctuent l’accent inimitable et les gestes du peuple d’Haïti.

A la fin du spectacle du théâtre national Daniel Sarano de Dakar, je me disais : « Après Jean-Marie Serreau, il fallait être doué du don de poésie, pour porter Christophe et son univers sur la scène, loin de la tentation de succomber à la logomachie. Et surtout, par la solitude du héros, éviter à la salle d’être solitaire à travers les escarpes d’une langue dangereusement belle ».

C’est cela qu’a réussi à faire P. Hermantier. Mais, d’abord, le Roi Christophe ! Je suis tenté d’accoupler et la savane du Sahel et les mornes d’Haïti et le sinueux des rivières méridiennes du Continent, pour décrire Christophe-Chaka-Douta-Seck.

Ce qui frappe, c’est le rythme du déroulement de la pièce. Nulle longueur. Les scènes se succèdent sans hiatus. Le décor colle à la situation. L’on a envie de traverser la salle pour participer aux scènes des marchés haïtiens. Nul dépaysement. Il suffit d’ôter les chapeaux de la tête des femmes, pour se retrouver à Ndiagne ou à Coki [1], sur la place du marché en période de commercialisation des récoltes.

A aucun moment, Hugolin n’agace. Celui que mes voisins appelaient tantôt :. « Clown, idiot du village ou bouffon » partage avec Christophe, le pouvoir de vivre hors du temps et d’être insolemment présent. Il n’est point, un vulgaire faiseur de mots et de calembours. Hugolin est poète.

Que dire de l’image exemplaire du démagogue Pétion, des officiers, de la Cour, des paysannes, sinon qu’il s’agit là, d’un monde incarné ?

Mais, Christophe-Douta Seck ? C’est d’abord, une voix, une présence. Il portait le visage de Christophe, tel que nous l’imaginons, buriné par les vents du large, tanné par le Soleil.

Visage tel qu’on le vit à Nok [2] avant la naissance du bronze. Gestes moulés dans la mesure. Ils tenaient davantage de l’Initié, du patriarche que du chef de guerre.

Si Douta Seck est originaire de Nok, Jacqueline Scott, elle, vient tout droit de Bénin [3]. Elle a dû remonter le cours sinueux des rivières qui délimitent actuellement, un Etat en République Fédérale du Nigeria. De ce périple d’eau et de verdure, elle a conservé une intonation d’alluvions fertiles. C’est à Ifé [4] qu’elle choisit de se jouer à Shango [5]. Si urbain dans la simplicité des reines d’Ifé qui bercent le sommeil des dieux et président aux festins des héros !

Mais, voilà que je me suis surpris à rêver sous la protection de Shango dont un jeu de lumières diffuses, en même temps qu’intenses nous a confié en viatique, le visage, sous sa patine de temps sans mémoire. C’était à Dakar, capitale du Sénégal. Mais je suis à Liège, aux 15emes Biennales Internationales de poésie : Le thème, cette année aura été : Poésie et Théâtre.

 

[1] Ndiagne et Coki, deux petites villes de la 8è région du Sénégal (Région de Louga)

 

[2] Nok : ville historique du Nigeria, célèbre pour ses sculptures, en terre cuite (civilisation de Nok).

 

[3] Bénin : ville historique du Nigeria où l’on fondit le bronze (civilisation du bronze)

 

[4] Ifé : Ville historique, île qui selon la tradition Yoruba engendre le Nigéria.

 

[5] Shango : Dieu Yoruba qui présida à la naissance de l’île de l’Ifé