PAROLE PORTEE
Ethiopiques n°88.
Littérature, philosophie et art
1er semestre 2012.
Espaces publics africains, crises et mutations
PAROLE PORTEE
Comme l’enfant que l’on chérit
Le fruit de l’amour ardent dans le foyer
Des heures des délires et douleurs de gésine,
Te voilà née de mes profondeurs abyssales
En une marche lente sinueuse ascendante
Revêtant chaque parcelle chaque ficelle de moi
Pour être la réplique condensée de mon être ;
Moi qui suis et n’est guère et n’est plus
Qui fluctue chancelle mue et demeure !
Je t’ai portée et couvée ô parole poétique !
T’ai tissé serrées des couronnes d’enluminures
En notes homophones plurielles harmoniques
Egrenées sur les cordes le long de tes contours
T’ai insufflé vie et vigueur par rythme et syncope
En toi je suis lorsque de moi tu t’évades.
Va ton chemin, tes viatiques en bandoulière
Si le lecteur t’accueille même indécis dubitatif
Laisse-toi séduire apprivoise-le à ton tour
Love-toi en lui, imprègne ce lieu nouveau
Qu’il te garde et te soit demeure et confident.
Lorsqu’il s’emmurera de solitude pour être à l’écoute
Lorsqu’il descendra dans l’abîme de lui-même
Alors comme je t’ai portée il te couchera
A portée d’appel d’une caresse de main amie
D’un regard complice, à l’orée du cœur !
[1] Extrait de Cadences et lagunes, Dakar, les Editions Feu de brousse, 2003.