Poésie

L’IDENTITE INSURGEE pour Sylvain BEMBA

Ethiopiques numéros 44-45

Revue socialsite de culture négro-africaine

nouvelle série – 2ème trimestre 1987 – volume IV, N° 1.2

Ainsi sommes-nous, somnambules semble-t-il,

Pour longtemps encore tourmentés, torturés,

Mais l’espoir nous porte – alizé dans le sang ! – et

La rage, l’anticipation d’être matins sans maître !

Ainsi sommes-nous veilleurs aux quatre points cardinaux

Du cri d’identité, éveilleurs aux quatre points

Viscéraux du verbe aimer tentant de cerner

La sociologie du soleil refusant de

Masquer le malheur sourd de ces temps aveugles

Ainsi sommes-nous, veilleurs d’ombres et de douleurs

Au bord du fleuve du doute et des angoisses nourricières,

Poseurs de questions qui déplacent les lignes,

Déchireurs de slogans, déterreurs de livres

Ensablés dans le silence des hommes Ô silence

Qui invente le souffle ! Nous parions pour parier

Nous aimons pour aimer dans l’inguérissable

Aventure du Dire. Rien ne nous apaise, rien.

Tout nous pèse : le tourment des origines, le

Tournis des idéologies, la folie où plonge

L’Afrique, la démesure de l’espoir qui y ronge

Les âmes tout et surtout la douleur immortelle

De fonder une liberté nouvelle une douceur…

Nos pas grandissent dans la poussière qui éternue.