Hommage à Cheikh Anta Diop

LES THESES FONDAMENTALES DE CHEIKH ANTA DIOP

Ethiopiques numéros 44-45

Revue socialiste de culture négro-africaine

Nouvelle série – 2ème trimestre 1987 – volume IV, N°1.2

Dakar, le 3 août 1986

« Je vais parler des coryphées ; car à quoi bon faire mention des philosophes médiocres » (Platon, Théétète, 173 c).

Après avoir organisé la première grande émission télévisée [1] sur l’œuvre du regretté professeur Cheikh Anta Diop, je suis heureux de répondre à l’invitation de la revue « Ethiopiques » qui consacre ce numéro spécial au grand savant et érudit sénégalais. Je puis ainsi, profitant de cette occasion, joindre, à l’hommage de l’audiovisuel, celui de l’écrit.

L’œuvre du Professeur Cheikh Anta Diop est, au sens propre du terme, encyclopédique [2], c’est- à dire qu’elle s’étend à toutes les régions du Savoir. Cette dimension « polymathique », pour reprendre le terme consacré des Anciens (cf. note 2, ad finem), est liée au double caractère polémique et scientifique de son entreprise et de son projet. Entreprise polémique parce que, d’une part :

« L’humanité ne doit pas se faire par l’effacement des uns au profit des autres ; renoncer prématurément, et d’une façon unilatérale, à sa culture nationale pour essayer d’adopter celle d’autrui et appeler cela une simplification des relations internationales et un sens du progrès, c’est se condamner au suicide ». [3]

D’autre part, parce que :

« … S’il faut en croire les ouvrages occidentaux, c’est en vain qu’on chercherait jusqu’au cœur de la forêt tropicale, une seule civilisation qui, en dernière analyse, serait l’œuvre des Nègres » [4].

C’est que, à vrai dire, l’une des règles cardinales de toute conquête est de nier l’identité et la personnalité culturelles des peuples conquis, comme le fait César dans « La Guerre des Gaules », III, 2. La puissance coloniale, avec infiniment plus de moyens parmi lesquels on compte souvent une certaine « science », procédera mêmement. Pour mieux nier l’identité des peuples coloniaux, elle leur déniera l’existence de ce qui la constitue : l’Histoire. Les ayant réduits à la Barbarie – ce mot, dont le sens fort, peu à peu dégradé, ne désignait chez les Grecs que le non-hellène par opposition à l’hellène, sans intention péjorative attestée dans l’Antiquité classique -, la puissance coloniale se présentera alors comme civilisatrice. Il ne peut-être question de reconnaître simultanément chez l’Autre ce qu’on prétend lui apporter. Ainsi, c’est la situation coloniale, avec ses conséquences négatives et aliénantes sur le plan culturel, qui impose un inévitable aspect polémique à toute œuvre de réhabilitation et de ressourcement historiques et culturels : œuvre d’ailleurs sans haine puisqu’elle est perçue également comme « un devoir à accomplir à l’égard l’Europe » [5], qu’il faut « aider à se guérir des vieilles habitudes contractées par suite de l’exercice du colonialisme » [6].

Ce combat, engagé dès les années 1930 sur le front culturel et littéraire par ses prestigieux aînés, les Senghor, L.G. Damas et Alii, avec autant de sincérité, de foi et de détermination, Cheikh Anta Diop le poursuit et le systématise, et en accroît du coup l’efficacité, en le transportant sur le terrain de la science [7]. Non que ses prédécesseurs aient mené une bataille de Don Quichottes, condamnés par avance à l’insuccès, mais il s’agissait aussi « d’éclaircir un point précis de l’histoire humaine, d’établir un fait singulier de cette histoire, de le dégager du monceau d’affirmations fausses sous lesquelles il est enseveli » [8].

Une telle entreprise ne pouvait être menée à bonne fin sans le secours d’une immense érudition scientifique permettant de poser et de résoudre correctement, en faisant la critique objective de tous les résultats de la science contemporaine, trois problèmes fondamentaux étroitement liés :

  1. L’antériorité des civilisations nègres, si elles sont attestées, historiquement, est-elle simplement un mythe ou une réalité historique susceptible d’être établie scientifiquement ?
  2. L’unité culturelle de l’Afrique noire est-elle seulement une postulation de l’esprit destinée à satisfaire un besoin idéologique d’identité ou bien un fait sociologique et historique démontrable par des critères pertinents ?
  3. Quelles conséquences culturelles et philosophiques découleraient de la redécouverte, par les Africains, de leur propre passé dûment restitué dans son irréfragable historicité ? C’est en tentant de répondre à ces trois questions centrales que Cheikh Anta Diop élabore ses thèses fondamentales.

« Il ne faut pas écouter les gens qui nous conseillent, hommes que nous sommes, d’avoir des pensée simplement humaines et, mortels que nous sommes, d’avoir des pensées simplement mortelles, mais il faut autant que possible nous rendre immortels ». (Aristote, Eth. Nic., X, 7,)

I DE L’ANTERIORITE DES CIVILISATIONS NEGRES

En principe, il eût été possible que fût né ailleurs qu’en Afrique, qu’il fût leucoderme et que néanmoins les civilisations nègres fussent antérieures. La naissance de la civilisation n’est pas, en droit, concomitante de celle de l’homme.

La civilisation n’es pas naturelle à l’homme, elle est bien plutôt une conquête qui conduit de l’état de nature à l’état de culture, de la physis à la nomos, par la voie obligée du Travail et de l’art. Prométhée a dû dérober, au profil de l’homme, non seulement la « sagesse technique » mais aussi le feu civilisateur qui en commande l’usage ? [9] Le vol symbolise ici et suggère, avec le raccourci qui caractérise le récit mythique, l’idée de conquête – anithèse du don.

1.L’Afrique, berceau de l’homme

Il se trouve, cependant, par le fait du hasard [10], que l’Afrique noire est le berceau de l’humanité. Les premières formes nettement humanoïdes (australopithèques [11] pithécanthropes) surgissent en Afrique méridionale. Le développement de la paléontologie humaine, avec les découvertes de la vallée de l’Omo par le docteur Leakey puis celle de l’homme de Kanjera, véritable homo-sapiens, a établi sur des bases assurées, semble-t-il, que la sapientisation s’est bien effectuée dans la région des Grands lacs en Afrique orientale. Les formes d’art les plus anciennes attestées dans cette région remontent au paléolithique supérieur. Ni le Grimaldien, premier occupant de l’Europe, ni l’Homme de Combe Capelle n’en sont des indigènes [12]. Ils sont, selon toute probabilité, des migrants venus de l’Afrique, au Paléolithique supérieur, essaimant vers des régions nouvelles, notamment l’Europe. Le détroit de Gibraltar, l’isthme de Suez ou l’Italie méridionale, ou même l’Espagne, rattachée à l’Afrique à cette époque lointaine, ont pu être concurremment des voies de passage naturelles, de toute façon praticables sans difficultés insurmontables.

De cette origine africaine de l’Homme, le Professeur Cheikh Anta Diop tire deux conséquences capitales dans le texte remarquablement concis qui constitue le liminaire de « L’Antiquité africaine par l’image » [13] :

« 1. Une humanité née sous la latitude des Grands Lacs, presque sous l’Equateur, est nécessairement pigmentée, et négroïde, d’après la loi de Gloger qui veut que les animaux à sang chaud soient pigmentés en climat chaud et humide ».

« 2. Toutes les autres races sont issues de la race noire par filiation plus ou moins directe, et les autres continents ont été peuplés à partir de l’Afrique tant au stade, de l’Homo « faber » qu’à celui de l’Homo-sapiens, qui apparut il y a environ 150.000 ans : les théories qui faisaient venir les Nègres d’ailleurs sont périmées ».

D’autre part, s’appuyant sur les importants travaux de MM. Boule et Vallois, il montre que du point de vue de l’anthropologie physique,et notamment sur le plan ostéologique, la race grimaldienne [14] est négroïde ou nigritique [15] du fait des caractéristiques suivantes [16] :

* Membres inférieurs développés par rapport aux membres supérieurs,

* Nez platyrrhinien par opposition au nez mésorhinien des leucodermes,

* Prognathisme [17] (proéminence des maxillaires chez l’homme),

* Tête volumineuse et crâne allongé (dolicocéphalie : indice 68 et 69).

Au demeurant, tous les faits paléontologiques avérés attestent à la fois l’étendue et la vivacité du substratum nègre de l’humanité. Les négroïdes ( cheveux frisés et serrés, prognathisme…), se retrouve un peu partout : en Afrique bien sûr (Algérie, Egypte, Somalie), en Europe (Sud du pays de Galles, France, Portugal), en Syrie et sur les Côtes de l’Asie mineure. Le Natoufien, homme à tête ronde, découvert en Palestine et qui remonte au capsien , rappelle étrangement le sorcier dansant – négroïde – de « la grotte des trois frères » dans le Midi de la France, ou encore l’homme d’Afvallinskop en Afrique du Sud. On pourrait multiplier ainsi les données archéologiques et les faits paléontologiques qui viennent, à mesure que la recherche progresse, conforter les trois premières thèses du Prof Ch. A. Diop, qui peuvent se formuler ainsi :

Première thèse  :

L’homme est né en Afrique, où s’est effectuée la sapientisation. De l’Afrique, il a envahi les autres continents. Cette thèse, loin d’être arbitraire, repose sur les données archéologiques et paléontologiques les plus récentes et les plus sûres.

Corollaire : Tous les échafaudages théoriques, notamment ceux d’un Vaufrey [18] ou d’un Cornevin [19], qui faisaient venir l’homme d’ailleurs ou considéraient que les faits paléontologiques africains étaient trop récents pour expliquer le devenir de l’humanité, sont périmés et ne peuvent plus invoquer aucun fait dûment attesté. Bien au contraire, seuls les faits africains peuvent expliquer l’Europe. _ Deuxième thèse  :

Tous les hommes descendent dece rameau unique de l’homo africanus [20].

Troisième thèse  :

L’homo africanus, ancêtre commun et unique de l’Humanité,, né sous un climat quasi-équatorial, chaud et humide, est, conformément à la loi de Gloger, nègre [21].

Corollaire : Toutes les autres races [22] descendent du Nègre, soit par adaptation à de nouvelles conditions climatiques, physiques et physiologiques, soit concurremment, ou non par métissage ultérieur.

Le cromagnoïde, premier leucoderme connu, qui remonte au plus à -20.000 ans, est probablement issu de l’adaptation progressive du Grimaldien (-40.000) – homo africanus niger allogène [23] -, au climat glacial de l’Europe.

2.L’Egypte, berceau de la Civilisation nègre

Que l’Egypte , pays africain, le berceau de la première civilisation humaine n’est plus sérieusement contesté par personne. Que, par voie de conséquence, la première civilisation attestée soit africaine ne l’est pas non plus. Par contre, l’idée même qu’elle eût pu être nègre était, il n’y a guère, catégoriquement rejetée en dehors de tout examen. La thèse de l’occupation primitive de l’Egypte par des Hamites, de race blanche comme de bien entendu, devint un solide lieu commun repris par les manuels scolaires. Indiquons simplement, à titre exemplatif et exemplaire, les termes de ce manuel de P. Hallynck et M. Brunet conforme aux programmes officiels de 1942 et 1943 des classes de sixième classique et moderne [24] : « L’Egypte fut habitée à l’origine par des Hamites de race blanche ; elle devait être envahie à plusieurs reprises par des Noirs venant du Soudan et par des Blancs arrivés d’Asie par l’isthme de Suez ou d’Europe par mer ».

Sans doute, quelques bons esprits, comme P. Jouquet [25] et Alii, soutiennent-ils la thèse inverse et affirment-ils, avec force, « que la Vallée du Nil a été peuplée primitivement par des négroïdes ». Mais ils restent isolés et font figure de marginaux.

D’ailleurs, cette question est loin d’être pour eux de toute première importance. Il fallait qu’un Africain nègre, égyptologue de formation, accédât à l’érudition scientifique et eût le double souci – scientifique de rétablissement des faits historiques, sans aucune préoccupation hagiographique et – polémique de réhabilitation des peuples africains dans leur initiative civilisatrice usurpée, pour que cette question fût mesurée dans toute sa gravité et fit l’objet d’une étude minutieuse et systématique. Car établir scientifiquement le caractère nègre de l’Egypte antique revenait du coup à démontrer l’antériorité des Civilisations nègres sur le plan historique. C’est ce que fera le Prof. Cheikh A. Diop en utilisant plusieurs types d’arguments qui vont de conserve

  1. a) Les arguments de texte

« Supposons [26], écrit-il, avec l’Egyptologie moderne, que les Egyptiens aient été de race blanche ». Aussitôt faite, cette supposition se heurte à deux objections dirimantes. D’abord, leurs contemporains, grecs et romains, témoins oculaires, qui savaient tout de même distinguer le blanc du noir, nous rapportent de façon indubitable que, comme les Ethiopiens [27], les anciens Egyptiens sont des nègres et qu’ils ont civilisé le monde [28]. Ensuite, si l’opinion des Occidentaux modernes selon laquelle le Nègre a toujours été dominé par le Blanc était vraie, elle aurait dû à fortiori être plus vraie dans l’Antiquité, et on n’aurait dû, alors, trouver aucun témoignage de cette nature. Or, ces témoignages foisonnent dans les textes anciens. Par exemple, chez Hérodote, un historien grec du 5e siècle avant J.-C., on trouve au moins quatre textes qui affirment la négritude [29] des Egyptiens. Citons-en seulement deux :

  1. Pour prouver indirectement que les crues du Nil ne peuvent être dues à la fonte des neiges, il allègue, entre autres raisons, que « la chaleur y rend les hommes noirs ». (II. 2)
  2. Pour démontrer que les habitants de la Colchique [30] sont d’origine égyptienne, il dit qu’il le conjecture d’après deux facteurs : « le premier c’est qu’ils sont noirs et qu’ils ont les cheveux crépus… » (II, 104).

On peut aussi rappeler le passage bien connu de Diodore de Sicile, un historien du 1er siècle avant J.-C., qui rapporte la déclaration des Ethiopiens selon laquelle les Egyptiens étaient une de leurs colonies [31].

Or, s’ils n’avaient pas été de même race – noire -, Diodore eût certainement souligné l’impossibilité de la descendance ainsi affirmée [32].

On ne peut passer en revue ici tous les auteurs ou doxographes anciens que cite, à l’appui de son argumentation, le Prof. Ch. A. Diop. Contentons-nous de souligner qu’il sont d’orientations, de disciplines et d’époques diverses : d’Eschyle [33] (-525-456) à Lucien [34] ( 125-1 90 après J.-C.), en passant par Aristote [35] (-385-322), Appolodore [36] (1er siècle avant J.-C.) ou Strabon [Géographie, I, 3, 10.]] (-58 à 25 après J.-C.) jusqu’à un auteur aussi tardif qu’Amien Marcellin [37] (4e siècle après J.-C.).

On aura cependant gardé de ne pas oublier, parmi tous ces témoignages, celui de la Bibliothèque hébraïque. En effet, d’après la Genèse, X, VV. 6sqq, l’Egypte (Mizraïm) aurait été primitivement peuplée par Cham, ancêtre biblique des Noirs [38]. Un argument linguistique vient renforcer ce point : le mot « cham viendrait de « kemi » qui a d’abord signifié « la couleur noire » avant de désigner, par extension, la race noire [39].

  1. b) Les arguments anthropologiques

Ils peuvent être regroupés sous deux chefs : d’une part, ceux qui se rapportent à l’anthropologie historique ou culturelle et, de l’autre, ceux qui ont trait à l’anthropologie physique proprement dite.

Les arguments tirés de l’anthropologie historique sont d’abord exposés dans « Nations » avant d’être complétés dans « Antériorité ». Le quatrième chapitre [40] du premier ouvrage identifie six arguments en faveur d’une origine nègre de la race et de la civilisation égyptiennes :

* Le Totémisme [41], que le prof. Ch.A. Diop s’accorde avec Frazer à considérer comme un trait typiquement nègre, est attesté en Egypte où il coexiste avec l’endogamie comme en Afrique noire. Le totem du Pharaon, par exemple, est le faucon, à l’essence duquel il participe [42].

* La Circoncision : pratiquée en Egypte dès l’époque préhistorique, elle aurait été transmise par la suite, d’après le témoignage d’Hérodote [43], aux peuples sémitiques. D’ailleurs, l’explication biblique de la circoncision d’après laquelle elle serait le signe d’une alliance avec Dieu (alors qu’Abraham était âgé de 90 ans) n’est guère satisfaisante. On trouve par contre dans la cosmogonie nègre, dogon par exemple, une interprétation idoine. Chez les Dogons en effet, elle va de pair avec l’excision de la femme. Il s’agit de retirer à l’homme ce qu’il a de femelle et à la femme ce qu’elle a de mâle. Cette conception est liée à une androgynie originelle aussi bien de Dieu que de l’homme. La circoncision et l’excision permettent de rompre avec l’indétermination qu’enveloppe cette androgynie. La similitude est frappante avec l’androgynie d’Amon, Dieu Suprême du Soudan méroïtique et l’Egypte, dûment établie par Champollion Figeac lors de son passage en Nubie, en 1833.

* La Royauté : En Egypte comme en Afrique noire, elle revêt un caractère sacré qui s’exprime notamment sous la forme typique de la mise à mort rituelle du roi. Sans doute effective à l’origine, elle dut devenir peu à peu symbolique à l’instar de la fête égyptienne du Sed, rituel de rajeunissement du roi, dont on trouve des formes analogues chez les Yorubas, les Dagombas ou les Haoussas du Gobir.

* La Cosmogonie : « Les cosmogonies nègres, africaines et égyptiennes, sont si proches les unes des autres qu’elles se complètent fréquemment ». En témoignent la similitude du Dieu-Serpent Dogon et du Dieu-Serpent égyptien, ou encore celle du Dieu-Chacal Dogon incestueux et du Dieu-Chacal égyptien. On pourrait encore citer, en guise d’exemple, l’importance du signe du Zodiaque dans les deux cosmogomes.

* L’Organisation sociale [44] : On retrouve ici et là, le même type d’organisation sociale avec les mêmes stratifications :

Egypte  Afrique noire

* Paysans           ’’ (castes)

* Ouvriers spécialisés    ’’

* Guerres           ’’

* Prêtres            ’’

* Fonctionnaires            ’’

* Roi     ’’

* Le Matriarcat : Rejetant l’hypothèse d’un matriarcat paléoméditerranien [45] (dans le monde hellénique et dans la latinité notamment), le Prof. Ch.A. Diop le considère comme la base de l’organisation sociale aussi bien en Egypte qu’en Afrique noire. Le matriarcat nègre se caractérise d’une part par le matronymat et, d’autre part, par la dévolution matrilinéaire des droits politiques [46]. L’homme apporte la dot en manière de garantie parce que la femme occupe une position privilégiée.

Cette argumentation, partiellement reprise dans « Antériorité », y est cependant complétée par de nouveaux arguments.

Ce sont des arguments paléographiques et iconographiques. Le nom des Anu, qui s’écrit avec 3 barres, est attesté dès l’époque protohistorique. Premiers occupants de la Vallée du Nil, c’est-à-dire de l’Egypte méridionale, et de la Nubie, les Anu sont toujours représentés dans l’iconographie égyptienne, avec des attributs de chefs : tel Narmer, le Ménès [47] des documents paléographiques, ou encore le roi Khaskhen de la 2e dynastie. Il s’y ajoute que la peinture murale de la tombe S.D.63 d’Hiérakonpolis représente les Noirs en train de vaincre les hommes rouges [48]. D’une manière générale, l’élément indo-européen ou sémite n’est jamais représenté comme un citoyen libre de l’Egypte. De même, sur les rochers du « Mont Sinaï », le type asiatique se trouve dans l’état de captivité.

On ne saurait évidemment oublier le principal document iconographique représentant les races humaines vues par les Egyptiens Sur le tombeau de Ramsès III (1300 avant J.-C.). Les Egyptiens [49] y ont peint le type générique de leur race, en incluant les Nubiens, sous les traits d’un Nègre typique. A l’opposite, l’élément indo-européen ou sémite est toujours représenté par des Blancs [50]. Ainsi, l’anthropologie historique ou culturelle fondée sur l’étude des plus anciens documents ethnographiques et épigraphiques permet de conclure raisonnablement que la population ayant occupé primitivement l’Egypte est nègre [51]. Quelques arguments relatifs à l’anthropologie physique viennent renforcer cette conclusion. D’abord, les deux types de nègres à cheveux lisses comme les Dravidiens ou les Toubous, et à cheveux crépus comme les Ouolofs ou les Sérères, sont attestés en Egypte à l’époque proto-historique [52]. Miss Fawcett a montré, du reste, que les crânes de Negadah se rapprochent des caractéristiques nigritiques (hauteur du crâne indice céphalique, etc… [53]. Ensuite, le fameux canon dit de Lepsius montre que le type parfait de l’Egyptien correspond à la morphologie et à l’ostéologie générales du Nègre : crêpelure des cheveux, [54], bras courts, etc… Enfin, l’argument de taille, auquel, me semble-t-il, on n’a pas suffisamment prêté attention reste le test par la mélanine qui a été réalisé personnellement par le Savant sénégalais dans son laboratoire « C 14 » de l’Iran. Le but de cette expérience scientifique [55] était, d’une part, de montrer que le taux de mélanine constitue une caractéristique raciale fondamentale, et de l’autre, d’établir qu’il peut faire l’objet d’une mesure effective et fiable par des méthodes variées pratiquées en laboratoire pour toutes les races et pour des êtres vivants ou morts. Le Prof. Ch. A. Diop a recouru aux techniques des coupes minces de peau observées ensuite en lumière naturelle ou ultraviolette. Appliquées à quelques momies conservées au laboratoire d’anthropologie du Musée de l’Homme de Paris, ces méthodes ont donné des résultats concluants : « Contrairement à une opinion répandue, les procédés de momification ne détruisent pas l’épiderme au point de rendre la méthode inappliquée cable dans la plupart des cas [56]. L’examen a, d’autre part, révélé un taux de mélanine [57] très élevé, inconnu chez les leucodermes, qui classe ces momies égyptiennes anciennes parmi les Africains Noirs. Comment ne pas s’étonner dans ces conditions, avec le Prof. Ch.A. Diop, du contraste entre la fiabilité scientifique [58] de ces méthodes et la rareté de leur utilisation ? On sait que c’est en vain que l’Egyptologue sénégalais a demandé au Musée du Caire [59], où se trouvent encore en parfait état de conservation les momies royales de Thoutmosis III, fondateur de la XVIIIe dynastie, de Séthi , fondateur de la XIXe dynastie et de son fils Ramsès II entre autres, des échantillons à analyser.

Il reste que cette moisson d’arguments est suffisamment substantielle pour lui permettre de conclure :

« Quoi qu’il en soit, on voit que le moment n’est pas loin où le monde savant admettra que la race noire est la première race d’homo-sapiens à exister ; toutes les autres sont issues d’elle par un processus que la science précisera. Il n’est donc plus nécessaire de peupler l’Afrique noire et l’Egypte à l’origine des temps par de mystérieux blancs ou races non noires » [60].

Au demeurant, le Prof. Ch. A. Diop est allé plus loin en montrant de façon pertinente l’étroite parenté qui lie l’Ethiopie des Anciens [61] et l’Egypte pharaonique, qui s’est toujours donnée et reconnue une origine méridionale. Cette thèse reste inséparable du rejet de la théorie de la « prépondérance du Delta », dont le but semble être d’accréditer [62] l’origine extra-locale de la civilisation égyptienne. C’est dans la Vallée du Nil, c’est-à-dire en Haute-Egypte, au Sud, qu’est née la civilisation égyptienne. Du paléolothique supérieur à nos jours, c’est le Sud Egyptien qui a livré tous les témoins paléontologiques et archéologiques successifs de civilisations tasienne, badarienne, amratienne et protodynastique. Même la civilisation dite gerzéenne n’est connue que par des documents de la Haute-Egypte dont l’histoire ne présente, contrairement au Delta, aucune solution de continuité. L’argument selon lequel l’humanité du Delta accélère la décomposition chimique des documents n’est pas dirimant puisqu’on y trouve des vestiges d’œuvres en bois [63] datant de la 3e dynastie, donc du début du troisième millénaire. D’ailleurs, n’est-ce pas Ménès [64] lui-même qui a aménagé le Delta, foyer permanent de peste autrefois inhabitable, et créé Memphis ? Premier roi connu de l’Histoire [65] universelle, n’est-ce pas lui qui a unifié la Haute et la Basse Egypte ? Même décédés à Memphis, les « Fari » n’en étaient pas moins enterrés à Aby dos, à T. Hèbes ou à Karnak, comme pour signifier la nécessité du retour aux sources ancestrales en cette ultime étape de l’existence, où l’âme du défunt doit entreprendre « le rand voyage » [66]

Sans prétendre avoir passé en revue l’ensemble [67] des arguments du Prof. Ch. A. Diop sur cette question, on peut admettre dûment, semble-t-il, que c’est bien plutôt la prépondérance de la Vallée du Nil qui est établie. La Haute-Egypte apparaît ainsi comme le véritable berceau de toute la civilisation égyptienne, son point de départ et le lieu où elle atteint son acmé. Son caractère nègre n’en est que plus patent et, inversement, plus inconsistantes les diverses théories sur son origine asiatique ou, à la limite, méditerranéenne, en tout cas blanche.

Foyer de la première civilisation connue dans l’histoire de l’humanité, première civilisation nègre, l’Egypte Antique est aussi le berceau des Sciences et des Arts.

  1. L’Egypte, berceau des Sciences et des Arts

Dans le chapitre 16 de son bel ouvrage intitulé « Civilisation ou Barbarie » [68], le Prof. Ch.A. Diop a mis en évidence l’étendue et la profondeur surprenante des connaissances de l’Antiquité égyptienne dans le domaine des sciences et des Arts. On sait ainsi, depuis l’édition du papyrus de Moscou par Struve, que, 2000 ans avant Archimède [69] les savants égyptiens possédaient la formule exacte de la surface de la sphère [70] : S = 4 π R2. Ils connaissaient aussi, comme le montre le Papyrus Rhind, celle du volume du cylindre : V = π R2.h. Le mode de calcul de la surface du cercle leur était connu : S = π R2, avec une de π = 3,16. Ils maîtrisaient des données aussi complexes que le théorème relatif d’un tronc de pyramide [71], soit V = 1/3 h (a2 + ab +b2), ou encore la formule du volume de la pyramide : V = 1/3 a2h. Les Egyptiens étaient fort au courant du problème de la quadrature du cercle [72], de même qu’ils étaient avancés en trigonométrie et savaient notamment le « calcul de la pente d’une pyramide à partir des lignes trigonométriques habituelles : sinus, cosinus, tangente ou cotangente » [73].x

Ils n’étaient pas non plus en reste en Algèbre puisque le problème n° 40 du Papyrus Rhind traite d’une progression arithmétique [74].

Leurs mathématiciens pouvaient parfaitement résoudre des équations du premier et du second degré [75].

En Astronomie, ils avaient, au plus tard en 4236 BC, mis au point le calendrier astronomique de période remarquablement fiable de 1461 ans [76]. Un éminent savant, O. Neugebauer [77], a pu écrire qu’il était le seul calendrier intelligent de l’histoire de l’humanité. L’année était divisée en 365 jours, soit douze mois de trente jours auxquels on ajoute cinq jours supplémentaires. Ce mode d’établissement du calendrier est plus rationnel et plus « économique » que les calendriers « luni-solaires » [78] des Babyloniens [79], qui tentaient de faire correspondre les mois avec les phases lunaires observables.

En médecine, les Egyptiens ne se sont pas contentés de simples recettes de bonne femme. Nous savons, par le célèbre papyrus Edwin Smith qui, quoique datant de 1600 avant J :-C., intègre un matériel bien plus ancien, que leurs médecins utilisaient des procédés taxinomiques et descriptifs assez rationnels. On trouve dans le papyrus Edwin Smith la description des quarante-huit cas cliniques chirurgicaux relatifs notamment à des lésions cérébrales. Chaque cas fait l’objet d’un exposé méthodique intégrant des aspects clinique et théorique : titres, observations, diagnostic, thérapeutique [80] et, enfin, explication de la terminologie médicale [81]. Bien des siècles plus tard, les médecins hippocratiques,reprendront, en les transposant intelligemment mais sans les modifier substantiellement, tous ces procédés cognitifs, heuristiques ou thérapeutiques en vigueur dans la médecine égyptienne.

Les compétences des Egyptiens s’étendaient pareillement à des activités à caractère industriel et technique telle que la « métallurgie » du fer ainsi qu’à l’architecture et aux arts.

Dans un article d’une admirable concision : « la métallurgie du fer sous l’ancien empire égyptien » [82], le Prof. Ch.A. Diop a montré que, contrairement à une idée reçue, « la métallurgie du fer est une invention africaine qui remonte à l’ancien empire, 2700 avant J.-C. » [83]. Pour ce faire, il s’est appuyé sur des données archéologiques et historiques dûment attestées :

  • le 26 mai. 1837, M. Hill découvrit un morceau de fer datant de 2700 ans près de la grande pyramide dans un endroit dont il s’assura qu’il n’avait pas été violé jusque-là. De ce fait, l’hypothèse de visiteurs postérieurs à la IVe dynastie ne pouvait être retenue ; en 1874, Lepsius fit faire l’analyse mécanique et chimique de la pièce [84] reconnue comme du fer de gisement de minerai ;
  • par la suite, d’autres échantillons remontant à la VIe dynastie (-2500) ont été découverts à Abydos et dans la pyramide d’Ounas (notamment des douilles de fer d’outils) .

Ainsi, dès l’époque de l’édification de la grande pyramide du Khéops, les Egyptiens « avaient déjà maîtrisé la technique métallurgique d’extraction du fer à partir du minerai et utilisaient celle-ci pour fabriquer non pas des oBjets votifs ou magiques mais des outils pour travailler dans la vie quotidienne ; l’instrument trouvé dans les interstices de la grande pyramide est une houe [85]. De là, trois importantes conclusions :

  1. a) les Eyptiens ont inventé [86] la métallurgie du fer 1000 ans avant les peuples auxquels (Hittites, Chalybes d’Anatolie…) les Occidentaux les attribuent d’ordinaire ;
  2. b) l’usage du fer se répand ou s’accroît en Egypte sous la XXVE, dynastie soudanaise (à cette époque, le Soudan est le grand pourvoyeur de ce métal).
  3. c) l’idée d’une métallurgie « involontaire » du fer est à rejeter comme non confirme aux données scientifique et archéologiques actuelles.

Quant à l’architecture égyptienne elle est certainement l’une des plus impressionnantes de l’histoire des civilisations humaines. Citons, simplement titre d’exemple la pyramide de Chéops construite sur un plan carré de 230 m [87] de côté. Son édification a nécessité le transport [88] de 2.300.000 blocs de pierre pesant chacun plusieurs tonnes. L’ensemble constitue un bel édifice tout de splendeur et de majesté qui sembIe comme un défi à la puissance corrosive » du temps. Sa perfection géométrique ne laisse pas de subjuguer les savants. Comme l’écrit le grand Egyptologue, J. Vandier, dans son monumental « Manuel d’ archéologie égyptienne » : « Son orientation par rapport aux points cardinaux est si exacte qu ’elle ne peut être due au hasard et qu’elle suppose, chez le maître d’oeuvre, des connaissances astronomiques » [89]. De son côté, G. Jéquier a mis évidence, en des termes vigoureux, l’originalité de la création architecturale égyptienne par rapport à celle d’autres civilisations [90]. On s’en convainc aisément si l’on considère l’intérieur des tombeaux comportant la tombe du « Fari », la descenderie, le puits, les appartements souterrains, les galeries-magasins, les tombes des reines et des enfants royaux [91].

Dans un autre domaine, qui révèle souvent avec plus de justesse le degré de raffinement atteint par une civilisation – la musique -, les anciens Egyptiens semblent avoir atteint un niveau de performance remarquable du moins, si l’on en juge par la richesse et la qualité de leur capital instrumental. On ne dénombre pas en effet moins d’une douzaine d’instruments à vent ou à cordes : flûte [92], double clarinette [93] (Ve dynastie), harpe, lyre (Moyen Empire, luth [94], hautbois et double hautbois,tambourin [95], trompette (Nouvel Empire), sistre [96], sistre arqué généralement en métal ou en terre émaillée, crécelle [97], et castagnettes. Avec cette foison instrumentale, les orchestres ont dû se développer assez tôt, accompagnés sans doute d’une chorégraphie déjà largement conventionnelle. L’iconographie de la tombe d’Akhanat laisse supposer l’existence d’écoles de danse tandis que celle du temple de Louxor révèle une étonnante maîtrise corporelle dans la danse acrobatique [98].

Prodigieuse civilisation, donc, que celle de l’Egypte Antique, qui fut aussi le point de départ de populations nègres essaimant un peu partout vers les régions côtières comme celles de l’intérieur.

  1. Les mouvements migratoires des populations à partir de la Vallée du Nil

On a longtemps considéré que le peuplement africain était allogène. Il n’y a guère, un Delafosse situait l’origine du peuplement africain dans l’Océan, avec lequel il identifiait indûment la « Grande Eau » des légendes africaines. Bien entendu, une telle thèse n’ignore pas seulement l’origine africaine de l’homme, elle méconnait en outre la complexité des mouvements migratoires en Afrique.

Le Prof. Ch.A. Diop a montré, dans le chapitre VI de « Nations », qu’elle était d’abord contredite par toutes les légendes africaines, et a identifié, au contraire de Delafosse, la « Grande Eau » avec le Nil. C’est ainsi que, en Afrique occidentale, les Dogons et les Yorubas situent leur origine à l’Est et que les Fangs la placent au Nord-Est. Et, en quelque sorte « symétriquement », les peuples vivant dans une région méridionale par rapport à la Vallée du Nil, par exemple les Batoutsi du Rwandaourundi, situent leur origine au Nord. Par contre : « Dans toute l’antiquité, Nubiens, Egyptiens ne s’étaient jamais reconnus une autre origine que locale, si ce n’est une plus méridionale [99]. Il est ainsi hautement probable que l’Egypte ait été peuplée à partir de la plaine du Senaar [100], où est née la civilisation méroïtique. On peut constater, en l’occurrence, l’accord entre la légende et l’histoire.

En appui à ces légendes africaines, l’éminent savant sénégalais cite deux témoignages de l’inépuisable Hérodote. Le premier relate la légende des jeunes Nasamons qui partirent de la Cyrte [101], longèrent la méditerranée puis traversèrent le Sahara avant d’arriver sur les bords d’un fleuve [102] et dont la peine fut commuée en périple africain grâce à sa mère, sœur de Darius [103]. Après avoir traversé les colonnes d’Hercule (Gibraltar), il fit voile vers le Sud où il vit aussi des pygmées noirs.

Selon le Prof. Ch.A. Diop, les pygmées habitaient exclusivement les région de l’intérieur tandis que les Nègres de grande taille formaient vraisemblablement des grappes autour de la Vallée du Nil avant d’ essaimer vers toutes les directions ; (. Cette hypothèse trouve une confirmation dans le fonds culturel commun aux Africains noirs. C’est, par exemple, ce que montre l’analyse linguistique des noms totémiques de clans que portent les Africains noirs collectivement ou individuellement. Soit les noms égyptiens que l’on retrouve au Sénégal [104] :

Egypte  Sénégal

Sek-met              Sek

Kéti       Kéti

Kaba     Kaba (Kéba. Kébé)

Fari       Fari

Ba-Ra    Bara- Bari (Peul)

Ramsès, Réama              Rama

Bakari   Bakari

Kara, Kéré          Karé

Les Kara vivent aux confins du Soudan anglo-égyptien et du haut Oubangui tandis que le Karé habitent près du Logone.

On trouve les Karé-Karé [105] dans le Nord-Est nigérian. Le terme Ba est un préfixe Collectif des noms de peuples africains : Ba-Four, Ba-Louba. En somme : « Cette identité des noms propres milite même pour une migration récente. Il est donc préférable d’approfondir l’étude de l’origine de quelques peuples tels que : les Yorubas, les Sérères, les Toucouleurs, les Peuls, les Laobés, et montrer que leur point de départ est bien la Vallée du Nil » [106].

Arrêtons-nous au cas des Peuls, des Toucouleurs [107] et des Sérères qui intéressent plus particulièrement le Sénégal. Selon le Prof. Ch.A. Diop, toutes ces ethnies ont une origine nilotique.

Les Peuls sont venus d’Egypte,comme le montre un fait capital : l’identification des deux seuls noms totémiques qui leur soient propres avec deux concepts également typiques des croyances métaphysiques égyptiennes : le Ka [108] et le Ba. Le Ka est une divinité céleste qui ne se manifeste que post-mortem. Il s’unit au Zet [109] et forme la complétude de l’être en quoi se réalise sa perfection ontologique. Le Ba est figuré par un oiseau à tête humaine. Il signifie « autruche » en valaf et désigne dans l’ancien égyptien usuel un oiseau terrestre à long coup. Si donc ces termes conservent en gros le sens égyptien dans la langue valaf, ils deviennent des noms totémiques [110] chez les Peuls[ [Nègres à l’origine, les Peuls se sont métissés avec un élément leucoderme, sémitique probablement, peut-être au temps de la Dynastie.]]. En Egypte, plusieurs pharaons [111] ont porté ces noms.

A l’instar des Peuls, les Toucouleurs sont originaires du Bassin du Nil comme l’atteste l’identité de leurs noms totémiques avec ceux de Nouers de cette région soudanaise [112].

Soudan dit Anglo-Egyptien         Sénégal (Fouta-Toro)

Kan       kann

Wan      Wann

Ci           Sy

Lith        Ly

Dans la même région, on trouve les tribus des Nyoro et des Toro tout comme, en Abyssinie, il existe une tribu des Tékrouri. Si les Toucouleurs du Sénégal sont une fraction de cette tribu, alors le Tékrour, loin d’avoir donné son nom aux Toucouleurs, l’aurait au contraire reçu de ceux-ci.

Au Soudan français aussi, il existe un Nyoro Massina. Et lorsqu’au 19ème siècle, les Toucouleurs entrèrent dans le Sine Saloum, ils baptisèrent leur capitale Nyoro.

Des observations similaires peuvent être faites à propos des Sérères, dont le passage est jalonné de pierres levées que l’on trouve sur la même latitude à peu près à Tundi-Daro [113], un village du Mali actuel. Correspondant à un cultre agraire [114], les pierres levées symbolisent, avec leur forme phallique, l’union rituelle du Ciel et de la Terre. Or, les Sérères pratiquent encore le culte des pierres levées au Sine-Saloum et sont les seuls faiseurs de pluie au Sénégal. Il est donc hautement probable que Tund-Daro soit le témoignage du passage des Sérères partis du Nil à une date peut-être récente.

D’autres faits plaident d’ailleurs en faveur de l’origine nilotique des Sérères. La ville sacrée qu’ils ont créée dès leur arrivée au Sine s’appelle Kaôn, qui est aussi le nom d’une ville égyptienne où l’on a trouvé des hiéroglyphes. Le terme Rog Sen, nom totémique typique des Sérères, rappelle étrangement l’univers égyptien. Rog viendrait peut-être de Ra ou Ré, Dieu céleste, tandis que Sen est un nom porté par certains pharaons : Osorta-Sen [115] que Taharqa, roi nègre de Nubie considérait comme son aïeul ; Perib-Sen [116]… On peut comparer aussi le radical de « Sen-aar » ou « Sin-aar » avec le terme « Sine ». Du reste, il existe une caste de prêtres du nom de Sen. Plusieurs pharaons des premières dynasties portent des noms typiquement sérères : Pharaon Sar, Sar-Teta… [117].

Tous ces éléments tendent à montrer que le Sénégal constitue bien le point d’aboutissement de plusieurs mouvements migratoires partis de la Vallée du Nil. Il existe cependant d’autres migrations parties de points differents comme le montre « l’Introduction à l’étude des migrations en Afrique occidentale et centrale » [118]. C’est ainsi qu’une migration partie des rives du Lac Albert et des collines de Nubie [119] aurait atteint le Sénégal en se glissant dans le couloir situé entre le 10e et le 20e parallèle au-dessus de l’équateur tandis qu’une autre [120] aurait longé la côte jusqu’au Cameroun et au Delta du Niger, après avoir suivi le cours du Zaïre, jusqu’à l’embouchure. Enfin, les peuples du Golfe du Bénin, du Nigéria méridional au Sud de la Côte d’Ivoire (Ibo, Yoruba, Ogo, Ewé, Akan, Agni, Baoulé), appartiendraient à une migration plus ancienne également venue de l’Est.

Cette unité d’origine ainsi que le brassage de ces multiples tribus au cours de leurs nombreux périples ont fortement contribué à façonner et à modeler l’histoire des peuples africains en engendrant du coup leur profonde unité culturelle et historique.

[1] Il s’agit du premier numéro de l’émission « Dialogue.., diffusée par l’ORTS, le 10 avril 1986 à 21 h 46.

[2] Formé directement du bas-latin « encyclia.., le mot dérive du Grec « egkuklios » (rond, circulaire) parfaitement classique puisqu’il est attesté depuis Euripide (par ex : I.T., 429), auquel on ajoute une simple translittération de paideia (culture, éducation). Plutarque emploie dans Alex, 7, le pluriel neutre « ta egkukli.. pour désigner l’ensemble des sciences constituant une éducation complète tandis que chez Isocrate, 176c, il indique la totalité des occupations quotidiennes. L’expression « egkuklios paideia » se trouve aussi en propres termes chez Plutarque, M., 1135c. Cependant, le terme consacré dans l’Antiquité classique pour signifier ce que nous appelons « esprit encyclopédique » est polymathie.. : cf. Platon, Lois VII, 811b5, 819a5 et passim.

[3] « Nations nègres et Cultures. De l’antiquité négro-égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique noire d’aujourd’hui » , Présence Africaine, 1979, pp. 9-10. Pour renvoyer à cet ouvrage, par la Suite, nous écrirons : « Nations ».

[4] Ibidem, p. 7.

[5] Ibid., p. 13.

[6] ID. 1 c.

[7] Ainsi, en dépit des spécificités, des uns et des autres, qu’il ne s’agit pas de diluer dans un objectivisme incolore et aseptisé au Ccontact d’un académisme, de bon aloi, il semble bien que l’historien, en dehors des querelles partisanes, puisse souligner avec raison la solidarité du combat d’un Senghor et d’un Cheikh Anta Diop

[8] « Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique ? », Présence Africaine, 1967, p. 9. Pour désigner cet ouvrage, nous écrirons désormais : « Antériorité ».

[9] V. Platon, Protagoras, 321 c-d-.

[10] Cheikh Anta Diop, « L’Antiquité africaine par l’Image », Notes africaines, janvier-avril 1975, p. i. Notons toutefois que le hasard n’est pas synonyme d’irrationnel. Au contraire, le hasard est rationnel puisqu’il est calculable.

[11] Il savait travailler la pierre et faire du feu. On note la présence d’australopithèques dans la Vallée de l’Omo depuis 3.300.000 ans : cf. G. Camps in « Les Civilisations préhistoriques de l’Afrique du Nord et du Sahara », Paris, éd. Doin, 1974, p. II.

[12] Cheikh Anta Diop, ib.. p. 3 ; cf. aussi « L’apparition de l’homo sapiens », Bulletin de l ’IF AN, T. XXXII, 3, 1970, p.629 et passim ; « Histoire primitive de l’Humanité », Bulletin de l’IFAN, XXIV, 3-4, 1962, pp. 452 Sqq.

[13] 1. c., p. 3.

[14] 40.000 ans.

[15] La préÎerence du Professeur Cheikh Anta Diop va à ce terme. Il considère le terme « négroïde » comme quelque peu « spécieux » : cf. « Antériorité » : p. 16.

[16] V. « Antériorité », p. 5.

[17] M. Pierre Legoux a tenté d’expliquer le prognathisme de la vieille femme par la perte des molaires. L’objection du Prof. Ch.A. Diop est dirimante : d’une part, sur le plan purement physiologique, on ne voit pas que la perte des molaires puisse expliquer le prognathisme de la face, et d’autre part, l’adolescent trouvé dans la même grotte, grimaldien lui aussi, est prognathe.

[18] V. « Antiquité, p. 3.

[19] « Antériorité… : pp. 20.21 et passim.

[20] L’expression n’est pas de Ch.A. Diop.

[21] Utilisant un vocabulaire bergsonien, le Prof Ch.A. Diop considère que les termes tels que « nègre », « blanc » sont des « données immédiates » de la conscience : cf. « Antériorité », p. 10 ; sur la définition « opératoire » de « nègre », cf. « Nations », P.207 ; voir aussi « Réponses à quelques critiques » in Bulietin de l’IFAN, XXIV, 3-4, 1962, où il précise le statut ou la fonction heuristique de ces termes (p. 542).

[22] Certains biologistes mettent de plus en plus en cause le concept de race (par ex., Jacques Ruffié). Mais la définition de la race doit se situer uniquement au niveau du phénotype et renvoyer à des termes descriptivement pertinents, et de toute façon incontournables, tels que : « leucodermes », « mélanodermes » etc… Un discours sur les races se siitue ainsi d’office sur un plan phénoménologique.. On ne devrait pas, par conséquent, confondant volontairement ou non le phénotype et le génotype, invoquer le second pour suspendre un tel risque, méthodologiquement inadéquat, on se condamne à ne tenir qu’un discours idéologique sur les races.

[23] En fait, l’Europe n’a pas d’indigènes paléontologiquement parlant.

[24] V. « L’Antiquité », T.I. : Orient-Grèce, Masson et Cl e éditeurs, 1943, p.22.

[25] V. « Les premières civilisations », Vol 1 Paris, PUF, 1950, 756 p.

[26] V. « Nations », p. 31.

 

[27] Rappelons que l’Ethiopie des Anciens est le pays qui se trouve au Sud de l’Egypte, c’est-à-dire en gros le Soudan actuel (capitale : Khartoum).

[28] On peut considérer comme hagiographique la double « révélation » faite par le vieux prêtre égyptien à Solon, dans le Timée 22D-23-E, à savoir, d’une part, que la plus belle et la meilleure race a pris naissance en Grèce, et que, d’autre part, les lois égyptiennes ont été recopiées sur les lois athéniennes antiques. En effet, Platon se livre ici à une transposition habituelle en prenant des libertés avec l’Histoire. Sur le rapport de Platon à l’ histoire, nous nous permettons de renvoyer à notre thèse de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, Ve Section : « Ethique et techniques daans l’Alcibiade » Paris, 1983, où se trouvent la bibliographie complète sur la question et notre propre exégèse. Au sens d’appartenance à la race noire (cf. Petit Robert).

[29] Au sens d’appartenance à la race noire (cf. Petit Robert).

[30] Dans l’actuelle Union soviétique.

[31] V. Histoire universelle, livre III.

[32] Pour bien mesurer la portée de cet argument, il importe de connaître le sens exact du terme « colonie » (colonia, ae, en latin : de colonus : paysan). Il désigne étymologiquement un groupe d’hommes ayant quitté leur pays d’origine pour aller habiter un autre. Autrement dit, Diodore veut dire que les Egyptiens sont des Ethiopiens venus s’installer en Egypte. On notera qu’ils sont donc nvenus du Sud de l’Egypte.

[33] Suppliantes,VV. 719-720, 745.

[34] Navig., §§ 2-3.

[35] Physiogn., 6.

[36] La famille d’Inacus, II, §§ 3-4.

[37] Tous ces textes, partiellement utilisés dans « Nations » (18e partie) sont cités dans le premier chapitre de « Antériorité ». Le lecteur spécialisé se reportera directement aux textes grecs ou latins et pourra ainsi apprécier qu’ils sont de pertinence inégale, certains d’entre eux demandant une exégèse moins dépendante du sens obvie. Le but de cet article destiné au grand public ne se prête pas à une discussion technique menée avec trop d’acribie.

[38] On doit cependant souligner qu’il s’agit là simplement de la conclusion d’exégèses ultérieures et non des propres termes de la Bible.

[39] V. « Nation…, p.46. En hébreu aussi « Kam » signifie : « chaleur », « noir » , « brûlé ». Dans cette hypothèse, on comprend l’incongruité qui a pu faire de « Kemit » = « chamite » (noir) une race blanche.

[40] V. « Nations », pp. 204 sqq.

[41] Le totem est généralement un animal considéré comme l’ancêtre ou le protecteur d’un clan pour lequel il fait l’objet de tabous et de devoirs spécifiques. Quelquefois, le totem est un végétal. Le totémisme doit pas être confondu avec la zoolâtrie.Sur le totémisme des Egyptiens : ex. ap. Juvenal, Satire, XV, VV. 1-15, cité in « Antériorité » (p. 86).

[42] Ibidem, p. 206. (45) Livre II.

 

[43] Livre II.

[44] Ibidem, p. 214. Bien entendu, un examen dedétail révélerait maintes particularités, mais le Prof. Ch.A. Diop, qui en est conscient, veut simplement mettre en évidence des traits suffisamment répandus pour prêter à une généralisation prudente.

[45] Selon le savant sénégalais, si un tel système avait existé chez les Indo-Européens leucodermes vivant autour de la Méditerranée, on ne comprendrait pas qu’il ne se soit pas perpétué à travers les époques perse, grecque, romaine et chrétienne.

[46] Le Prof. Ch.A. Diop a noté l’absence de reines dans l’histoire perse, grecque ou romaine, alors qu’elles sont nombreuses dans celle de l’Afrique.

[47] En réalité « Mina » dans l’épigraphie égyptienne. Ménès est certainement une forme grécisée (V. « L’Antériorité », p. 14, fig.9). Ainsi, Narmer = Mina = Ménès. Il vécut vers -3300 et fut le premier grand unificateur (ou réunificateur ?) de l’Egypte ; une dalle de pierre relate sa – ou une de ses victoire(s) sur l’Egypte septentrionale, c’est-à-dire la Basse Egypte.

[48] Cf. aussi les prisonniers européens du tombeau de Horemheb : in « L’Antiquité », P. 26, fig. 36.

[49] Ils portent eux-mêmes un nom fort significatif : Remetou (les hommes) Kemit (Noirs).

[50] Pour le tableau des races, on consultera, « L’Antiquité » (p. 33, fig. 8) ; le même document se trouve également dans « Nations » qui est bien plus accessible au grand public.

[51] Trois facteurs contribuent à la pigmentation de la peau :

  1. La tyrosinase qui catalyse l’oxydation de la tyrosine, amino-acide présent chez les animaux et les végétaux, et le transforme en mélanine ;
  2. Unfacteur endocrinien lié à la sécrétion cortico-surrénalienne ;
  3. Les rayons ultra-violets qui provoquent la réaction d’oxydation conduisant à la formation de la mélanine ; cf. Ch.A. Diop in « Histoire primitive de l’Humanité », Bulletin de l’IFAN, T. XXIV, B, nC8 3-4, 1962 (pp. 449-540, en particulier la partie B).

[52] Ibidem.

[53] « Nations », p. 159.

[54] Décrépés cependant à des degrés divers chez l’élément métissé.

[55] VIe compte-rendu de cette expérience dans « Pigmentation des anciens égyptiens. Test par la mélanine » in Bulletin de l’IFAN. XXXV, no 3, 1973, pp. 515-531.

[56] Ibidem, p. 516.

[57] Remarquer l’extraordinaire stérilité de la mélanine qu’on a retrouvé dans un fossile ayant 150 millions d’années (Ib.). Or, l’on sait que ce sont les mélanocytes – cellules spéciales – qui produisent la mélanine dans le tissu dermique et la couche épidermique. Leur nombre est indépendant de la race, mais la quantité de mélanine qu’elles fabriquent est fonction d’un facteur racial lié au code génétique. Chez les Noirs, les mélanocyaes sont plus actives du fait de la tyrosinage, enzyme contrôlant la formation de la mélanine, et fabriquent ainsi davantage de grains de mélanine. La mélanine est, de ce fait, le principal facteur de différenciation raciale. Cependant, d’autres pigments tels que le carotène (colorant jaune, présent par exemple dans la carotte, et que est chimiquement un mélange isomérique de carbures d’hydrogène) et l’hémoglobine entrent aussi en jeu dans la formation de la couleur de la peau, à un moindre degré il est vrai.

[58] Une autre méthode, également fiable, est la Spectrophotométrie pratiquée dès 1939 sur des Blancs, des Jaunes, des Noirs, avec des,résultats concluants (op. cit., p. 524).

[59] Ad. loc. cit., p. 516.

[60] Ibid., p. 520.

[61] Qui n’a rien à voir avec l’Ethiopie actuelle située beaucoup plus à l’Est (cf. notes 28 et 33) ; cf. aussi « Nations », pp. 221 sqq.

[62] V. « Nations », p. 141.

[63] Or, le bois résiste encore moins contre l’humidité.

[64] 3300 avant J.-C.

[65] V. « L’Antiquité », p. 14 ; cf. aussi « Nations »,,p. 150 et passim. On observera également que le calendrier égyptien n’a pu, dans ces conditions, avoir été créé à Memphis (3300), puisqu’il remonte à 4236 avant J.-C.

[66] Cf. « Le Livre des Morts » des Anciens égyptiens : traduction et notes de G. Kolpaktchy, Stock + plus, 1978 » (1954), 327 p.

[67] Par exemple, sur l’image sudiste, nubienne, même, d’Isis et d’osiris, dont les reliquessont accaparés par la Haute-Egypte, etc… cf. « Nations », pp. 145 sqq.

[68] Présence Africaine, 1981,526 p.

[69] 287-212 avant J.-C. : V.E. Bréhier, « Histoire de la Philosophie », I, PUF, 1981,p2.254

[70] « Civilisation ou Barbarie », p.298.

[71] Ibid., p.325

[72] Op. Cit., p.329

[73] Op. cit., id. Nb : il n’est pas inutile, pour une bonne lecture de notre code abréviatif, de rappeler que, actuellement, on écrit id pour indiquer la même page et ID pour désigner le même auteur.

[74] Op. cit., p. 340.

[75] Toutefois dans ces équations, notre inconnue « x » était exprimée par le chiffre 1, – chiffre privilégié qui était le seul moyen de matérialiser l’idée d’inconnue en écriture hiéroglyphique.

[76] Cf. « L ’Antiquité », p. 9. Ce calendrier n’a certainement pas été inventé à Memphis, qui n’a pas existé avant 3200 BC : V.,« Antériorité », p. ISO, et note 68 (supra).

[77] « The Exact Sciences in Antiquity », 18572, p.81.

[78] Cf. G.E.R. Lloyd, « Les débuts de la science grecque », Maspéro, 1974, p. 16.

[79] Ne parlons pas de ceux des Grecs, bien plus anarchiques : ap. Lloyd, idem.

 

[80] Elle peut comporter des procédés incantatoires et magiques, comme dans le neuvième cas qui associe l’efficacité du remède à la récitation d’un sort. Je me permets de renvoyer le lecteur érudit au « Charmide » 1 55e-156a, où Socrate associe de même l’efficacité de la plante destinée à guérir la céphalée du personnage éponyme du dialogue à la récitation d’une incantation. Il n’est pas excessif de voir là une influence égyptienne ayant transité par Zalmoxis, dont la légende fait un ancien esclave et disciple de Pythagore (ap. Hérodote, V, 97), lui-même instruit par les prêtres égyptiens.

[81] Ce qui laisse penser que la médecine était déjà constituée à la fois comme technique (ou art) centrée sur la solution de cas, individuels et comme discipline scientifique faisant appel à des connaissances connexes telles que l’anatomie, la physiologie ou la biologie.

[82] In Bulletin de l’IFAN, XXXV, 3, 1973, pp.532-547.

[83] O. 1., p. 532.

[84] Elle est conservée au British Museum de Londres avec le rapport de découverte et les certificats d’authenticité (ibid., p. 533).

[85] Ibid., p. 534.

[86] Nous ne saurions oublier de signaler ici le bref mais important article du Prof. Ch.A.Diop, paru dans les « Notes Africaines », nn° 152, octobre 1976 (PP.93-95) sous le titre : « L’usage du fer en Afrique ». Après avoir confirmé l’usage du fer en Egypte vers 2600 BC, il indique que ce métal provenait sans doute de la Nubie et l’Afrique noire. Il n’est pas exclu que des recherches ultérieures aboutissent à une révélation de l’âge du fer en Afrique noire, ce qui aurait des conséquences incalculables.

[87] Pour une hauteur de 146,59 m (ap. Vander, . ref. infra. n° 92 ; p. 32).

[88] Sur le mode de transport de ces immenses blocs de pierre, V.G. Jéquier, « Manuel d’Archéologie égyptienne. Les éléments de l’architecture » ; Ed. Picard 1924, pp. 24-25.

[89] II, 1, Paris, 1952, pp. 28.29.

[90] Op. cit., p. 1. On se reportera, avec profit, au beau travail de René Ginouvès : L’Art grec, Paris, PUF, 1981, 184 p.), pour apprécier le caractère orientalisant de l’art grec dès le 7e s. avant j.-C. par rapport à l’art précédent dit « géométrique » (cf., en particulier, le chap. II, pp. 35-52).

[91] j. Vandier, 1.2 : « L’époque de formation des trois premières dynasties », pp. 880 sqq. Sur l’architecture de la 3e dynastie, cf. , pp. 942-990 ; sur la statuaire égyptienne, V.T. III (1. VVI-701 p.) et sur l’architecture civile et religieuse,V. II, 2. Sur les bas-reliefs et peintures, cf. les tomes IV & V.

[92] En Egyptien : mat.

[93] « Memet ».

[94] Cet instrument se compose d’une caisse de résonnance et d’un manche.

[95] Membranophone composé d’un cadre de bois sur lequel sont fixés deux peaux.

[96] Manche cylindrique terminé par une tête d’Hator.

[97] Moulinet de bois.

 

[98] Cf. Vandier, ib., T. IV, p.449, fig. 241 : noter la pureté du mouvement.

[99] V. « Nations », p. 372.

[100] L’appellation identique attribuée à la plaine de Mésopotamie située entre le Tigre et l’Euphrate ne serait qu’une réplique de la première : ibid.

[101] Cyrénaïque actuelle.

[102] Qui doit être vraisemblablement le Niger. où vivaient exclusivement des pygmées noirs qui les arrêtèrent. Le second raconte le voyage de Sataspes, fils de Téaspis, condamné à la crucifixion par Xerxès [Fils et successeur de Darius mort en 486 BC.

Il mena de sanglantes campagnes contre la Grèce, l’Egypte et Babylone notamment.

[103] Il s’agit bien entendu de Darius 1 (521-486 BC), fils d’Hystaspe. Il appartient à la lignée royale des Achéménides. Certains aspects de son histoire sont connus par sa célèbre inscription de Béhistoun.

[104] Op. cit., p. 377.

[105] Redoublement de Karé composé de a + Ra (ou Ré)

[106] Ibid., p. 378

[107] Les chercheurs sénégalais préfèrent aujourd’hui le terme « Pulaar », mais cf. infra., l’étymologie de « Toucouleur » d’après le Prof. Ch.A. Diop.

[108] Comp. avec le « Kao » des Valafs : en Haut dans le ciel.

[109] Le Zet est le cadavre purifié.

[110] Les autres noms que portent les Peuls (Diallo, etc…) sont d’acquisition postérieure : ibid., p. 390.

[111] A l’époque de la Ve dynastie, le Pharaon seul avait droit à la mort osirienne et donc jouissait pleinement de son Ka et de son Ba. Par la suite, ce privilège s’est en quelque sorte laïcisé.

[112] Il s’agit du Soudan dit « Anglo-Egyptiem ».

[113] De « tund » (colline) + « i » (marque du pluriel) + Dam (euphémisme pour union sexuelle). Tundi-Daro signifie donc : « des Collines de l’Union ». Tundi-Daro est précisément adossé à des collines. Or, cette synthèse des mots ne s’étant pas faite dans la langue locale, on peut en inférer que les Sérères ont dû passer par là. Le seul problème posé par cette interprétation est que l’expression est valaf et non sérère. Le Prof. Ch.A. Diop ne lève pas de manière satisfaisante cette difficulté en déplaçant le berceau des valafs vers l’Est, c’est-à-dire vers la Boucle du Niger et l’ancien Empire du Ghana, ou encore en envisageant une aire d’expansion initiale du Valaf beaucoup plus grande, qui pourrait s’étendre jusqu’au Tchad. C’est la linguistique diachronique qui donnera la solution la plus satisfaisante à cette difficulté. En tout état de cause, le Prof. Ch.A. Diop a raison de récuser l’interprétation du Dr. Maes qui fait venir Daro de l’Arabe « dar » – maison.

[114] Op. cit., p. 394.

 

[115] XVIe dynastie – Noter que le terme « Sérère » désigne ceux qui sont chargés de délimiter les temples.

[116] Celui-là même qui remit en honneur les armoiries de la Haute Egypte.

[117] IIIe Dynastie.

[118] Ch.A. Diop, in Bulletin de l’IFAN, T.XXXV, n° 4, 1973, pp. 769-792.

[119] Nouer, Shillouk, Dinka.

[120] Partie de la même région des Grands Lacs.

-PREFACE

-L’UNIVERS PUISSANT ET MULTIPLE DE CHEIKH ANTA DIOP

-L’IDENTITE CULTURELLE DANS L’OEUVRE DE CHEIKH ANTA DIOP

-HOMMAGE A CHEIKH ANTA DIOP

-CHEIKH ANTA DIOP, FONDATEUR DES THEORIES DE LA CULTURE DES NATIONS NEGRES

-CE QU’IL FAUT RETENIR DES TRAVAUX LINGUISTIQUES DE CHEIKH ANTA DIOP