Littérature

LE ROMAN DES « NOUVELLES GUERRES » AFRICAINES : CORPUS, CHAMPS ET ENJEUX

Éthiopique sn n°90.

Littérature, philosophie et art

Penser et représenter l’ethnie, la région, la nation 1er semestre 2013

Jean-Fernand BÉDIA [1]

 

L’actualité des « nouvelles guerres » [2] désormais bien campée par des écrivains est un nouveau paradigme qui, au-delà des questions d’engagement littéraire, pose dans son sillage la problématique du discours relatif à la réception critique des écritures romanesques prolongeant dans l’imaginaire fictionnel ces « extrêmes contemporains ».

 

  1. LE ROMAN DES GUERRES AFRICAINES : DE SOZABOY À MAIS LE FLEUVE TUERA L’HOMME BLANC

La guerre en tant qu’« exercice systématique de la violence » [3] au détriment de populations civiles prises en otage par des factions armées a suscité de nombreux romans et aussi des prismes d’analyse très différents par les auteurs. Sans vouloir paraître exhaustif, le point littéraire qui suit permet de dresser une carte géopolitique des guerres africaines.

Simple « clonage de la fiction » ?

Avec la parution de Sozaboy, la première décennie qui succède à la période des luttes anticolonialistes devient une date historique pour le roman de guerre relatif au continent. En Afrique de l’Ouest comme partout ailleurs, hormis quelques contrées, les nations venaient d’accéder à des indépendances négociées, parfois acquises dans la violence. Ce climat d’espoir relatif s’obscurcit par une tragédie inédite, qui inaugure une nouvelle catégorie de conflits armés, distincts des guerres de libération de la tutelle des puissances coloniales. Le Nigéria et l’Afrique libre sont secoués alors par une tragédie qui sera portée en écho par plusieurs auteurs dont Chinua Achebe, Ben Okri. Mais le roman de Ken Saro-Wiwa, Sozaboy capte à juste titre l’attention de William Boyd qui y voit « le monument littéraire par excellence sur la guerre » [4].

Derrière les aventures de Méné, apprenti chauffeur devenu un enfant-soldat dans une guerre qui le dépasse, percent les violences, les horreurs et les absurdités de la guerre civile nigériane. La mémoire collective retient que cette guerre s’est soldée par des pogroms interethniques. Le personnage de cette « terrible tragédie » montée de toutes pièces par des acteurs reconnus comme incontournables de la scène géopolitique [5] devient un « mythe littéraire », tant il inspire d’autres romanciers dans l’écriture de l’actualité funeste des guerres en Afrique au lendemain des souverainetés nationales. C’est entre autres le cas du personnage emblématique de Birahima dont le verbe drolatique souligne la relation palimpsestueuse avec le héros de Ken Saro-Wiwa, qui parvient à donner à l’« anglais pourri » une résonance littéraire et esthétique.

Embarqué dans un conflit qui ravage deux pays voisins, le Libéria et la Sierra Léone, Birahima relate avec naïveté les turpitudes et les impudicités d’une belligérance armée qui est loin d’être la répétition souhaitée par les artifices d’un simple « clonage de la fiction » [6]. Son « blablabla » rappelle « ces sornettes de science-fiction » [7] qui dévoilent une réalité sombre à travers l’aberration historique que constituent pour l’Afrique et le monde tous ces « affreux » hommes d’État dont les noms reviennent sous la plume de l’auteur d’Allah n’est pas obligé [8]. À l’instar de Ken Saro-Wiwa, Ahmadou Kourouma choisit la vie d’un combattant « innocent » pour mettre à nu une actualité qui est la conséquence du « gangstérisme » politique tant à l’échelle nationale qu’internationale. Ce regard accusateur qui paraît moins un « blablabla » comme le laisse penser le personnage central d’Allah n’est pas obligé suggère un autre texte majeur du roman des guerres africaines, dont l’une des figures principales est encore un enfant-soldat : Johnny chien méchant [9].

Le parcours narratif de ce personnage éponyme fait voyager le lecteur dans une autre région de l’Afrique balafrée par des tensions et des crises à partir desquelles la vulgate ethnique et tribale distillée dans Les petits-fils nègres de Vercingétorix [10], mais également dans Allah n’est pas obligé et Quand on refuse on dit non souffre de sa propre limite intellectuelle. Vu du prisme historique, ces guerres constituent avec le génocide rwandais les crises les plus achevées relevant d’une géopolitique criminalisée ou encore des politiques nationales meurtrières depuis la fin de la colonisation. La tragédie du Rwanda est pour le continent africain l’apogée d’un cycle de violence qui, longtemps, aura poussé au pied des Grands Lacs [11]. Si pour Patrice Nganang, la littérature en Afrique ne peut plus se concevoir comme si le génocide de 1994 n’avait jamais eu lieu, c’est parce qu’il est aussi le symbole d’une idée qui fait désormais corps avec la terre africaine : l’extermination de masse perpétrée par des Africains sur des Africains [12]. Il faut convenir avec le romancier et philosophe camerounais que l’installation d’une idée dans une culture se mesure aussi aux mille racines qui de toutes les rues du commun renvoient à elle. De sorte que le Rwanda est aujourd’hui une terre des projections autant africaines qu’occidentales, comme le révèle le titre assez anecdotique du roman de Patrick Besson, Mais le fleuve tuera l’homme.

Ce roman noir calqué sur le modèle du polar, comme un fleuve aux rapides mortels, parcourt les sinuosités abyssales de « vastes tueries totales » [13] à la fois épouvantables et spectaculaires à l’arme blanche, à la grenade, au fusil, par enfumage, par flèche, etc. Autour de l’ossuaire rwandais romancé, où s’agitent tueurs à gage de génocidaires en fuite, conseillers occidentaux des dictatures locales, exhalent les vapeurs du pétrole congolais qui démontrent les connexions géopolitiques d « Une saison de machettes » en lien avec d’autres « saisons » tragiques qui constituent les dernières nouvelles d’un continent, carrefour incontournable de la mondialisation. Le roman de Patrick Besson, malgré le salmigondis de clichés sur l’Afrique, semble le premier de cette littérature prolifique sur les guerres africaines à mettre en fiction cette dimension géopolitique de l’Afrique. L’état d’esprit qui anime Blandine, ancienne espionne de la DGSE, trahit ce jeu de pouvoir sans éthique :

 

Elle se sentait flattée, honorée et soulagée de recouvrer son siège sur cet Olympe, parmi cette élite qui, au dessus des humains, dispose des armes, de faux papiers et de l’argent nécessaire pour aller à sa guise, de par le monde, distribuer la mort comme un bonbon empoisonné (p. 151).

 

La critique de l’affligeante bêtise des politiciens africains mêlée à l’obstination paranoïaque de puissance de certaines nations étrangères fait de ce roman en particulier et des fictions romanesques sur les guerres africaines en général des moments littéraires de profondes réflexions sur la géopolitique, en tant que déterminisme des relations internationales.

 

  1. DE LA DIMENSION GÉOPOLITIQUE DES ÉCRITURES ROMANESQUES DES FOYERS DE TENSION

L’évocation de la notion de « géopolitique » dans un domaine où le discours critique n’en est pas forcément coutumier confirme le caractère savant de ces fictions aux imaginaires narratifs complexes. Si le terme « géopolitique » reste quasiment inusité dans la narration, malgré le parcours des personnages politiques et parfois politisés contre leur gré, la production littéraire relative aux « nouvelles guerres » dont l’Afrique constitue un des théâtres contemporains a le mérite de casser cette idée couramment admise qui donne toujours ce concept comme l’apanage de la science politique et de la géographie politique. Mieux, cette écriture spécifique s’est approprié la représentation et l’analyse de l’espace désormais comme un objet de son engagement.

Le rapport entre le champ littéraire des guerres africaines et la géopolitique s’opère en effet à travers un syncrétisme d’observations politiques, économiques, géographiques, sociales, voire environnementales, dont le but recherché auprès des lecteurs est de rendre compte des enjeux de pouvoir sur un territoire. Bien que le cadre esthétique et idéologique de ce syncrétisme demeure l’imaginaire fictionnel, la question de la représentation des acteurs de ce jeu de pouvoir n’exclut pas par sa subjectivité ambiante d’appréhender la relation entre ceux-ci et l’espace, pour ensuite saisir la signification des rivalités de pouvoirs romancées.

À un premier niveau de lecture du caractère géopolitique de ces crises où se découvre la première causalité des guerres fictionnalisées, les représentations les plus clairement visitées sont celles qui convoquent l’histoire, rappelée à travers des marqueurs identitaires et mythiques, pour valider les discours et les parcours narratifs des acteurs pris individuellement ou collectivement. L’exemple des personnages d’Ahmadou Kourouma dans Allah n’est pas obligé [14] et dans Quand on refuse on dit non dévoile cette fonctionnalité de l’histoire dans le roman des guerres africaines. Que le romancier ivoirien s’intéresse aux origines des protagonistes des guerres libérienne et ivoirienne peut paraître l’artifice d’une écriture libérée a priori d’une prise de position géopolitique. Patrick Besson, à travers le narrateur de son récit, privilégie le recours à l’histoire par petites doses à finalité pédagogique. C’est le cas lorsque le prêtre hutu Rwabango demande à Blandine, l’ex-espionne de la DGSE, « Que savez-vous de l’histoire du Rwanda ? », avant de se lancer dans un rappel de l’histoire qui plonge ses racines dans le mythe [15].

Le point commun des « histoires » quasi mythifiées ainsi convoquées par les acteurs des guerres romancées répond le plus souvent à un souci de victimisation et donc de légitimation d’un enjeu de pouvoir dont le point d’orgue est la tragédie. Face à Blandine, Rwabango soutient que « Les Hutus auront connu trente-trois ans de liberté en six siècles ». Dans le roman posthume d’Ahmadou Kourouma, le récit de Birahima construit le discours de la victimisation des Dioulas à travers les nombreux charniers qu’un rescapé a nommé « Kabako », c’est-à-dire l’« horreur des horreurs […] une horreur impensable, incroyable, indicible » [16].

Cette première approche de la relation entre le roman et la géopolitique invite la question ethnique au cœur de la dynamique spatiale de la fiction pour en faire un paradigme de création de sens. Pour Birahima, « Quand on dit qu’il y a guerre tribale dans un pays, ça signifie que des bandits de grand chemin se sont partagé le pays. Ils se sont partagé la richesse ; ils se sont partagé le territoire ; ils se sont partagé les hommes » [17]. À travers cette vérité de Birahima, Ahmadou Kourouma prend le parti de ne pas faire l’économie de l’ethnicisme en tant que grille d’analyse des guerres qu’ils revisitent. Ainsi les contours géopolitiques de celles-ci se dessinent d’abord à l’échelle nationale où les groupes ethniques se repartissent les espaces comme il en ressort de ces propos de Birahima :

 

À mon arrivée [au camp du colonel Papa le bon], on m’a appris qui j’étais. J’étais un Mandingo musulman, un ami des Yacous et des Gyos. Dans le pidgin des Américains noirs, malinké et mandingo c’est la même chose pareille kif-kif. J’étais bien, je n’étais pas un Guéré, j’étais pas un Krahn. Les Guérés et les Krahn, le colonel Papa le bon ne les aimait pas beaucoup. Il les zigouillait [18].

 

Pour les romans que cette assertion rapproche des positions médiatiques [19] très en vogue, la dimension géopolitique tient de l’effort des récits des guerres en Afrique pour mettre à nu les influences déterministes de l’identité ethnique ou de l’appartenance religieuse sur les conflits politico-militaires. Ils postulent ainsi l’existence de mécanisme quasi téléonomique dans cette relation entre ethnie, espace et jeu de pouvoir des acteurs. Ce qui signifie que les antagonismes entre ces derniers peuvent être décrits en leur donnant une cause essentialiste systématique. Dans ce type de roman à tonalité essentialiste, la guerre obéit à un rapport de force ethnique, racial ou civilisationnel, et ce ne sont pas les confidences extraites du journal intime d’Hortense Hiloki, l’épouse de Kimbembé, dans Les petit-fils nègres de Vercingétorix qui prendront à défaut pareille vision :

 

En réalité, et ce n’est pas pour l’absoudre, Kimbembé aussi avait été sonné par la débâcle du président Lebou Kabouya. Toute la région du Sud plongea dans la nuit avec la fuite de leur président. Les sudistes pouvaient tout reprocher à leur leader, mais il restait un homme du Sud et il fallait le soutenir, de sorte que le pouvoir demeura dans la région [20].

 

La « démokarasi ethnique », pour prolonger l’ironie de scholastique Mukansonga qui dénonce les dérives génocidaires de « la dictature raciale d’un seul parti », consacre la dimension géopolitique définie par la mise en récit fictif ou autobiographique de l’espace. Le regard grossissant de cette catégorie esthétique de la narration porte prioritairement sur sa représentation comme lieu d’enjeu politique impliquant des acteurs opposés. Ainsi le discours ethnique qui domine le destin des États-nations postcoloniaux rend plus intelligible les tenants des antagonismes politiques. C’est à l’intérieur d’un tel quadrillage idéologique que le roman de guerre tel, qu’apparu sous les plumes d’Ahmadou Kourouma et d’Alain Mabanckou par exemple, tisse son lien avec la géopolitique. Une géopolitique de type interne foncièrement essentialisée qui, en réalité, demeure le paravent idéal d’une autre stratégie de puissance et de pouvoir dont les territoires africains restent prisonniers.

Cette remarque conduit au second niveau de lecture de la dimension géopolitique, qui trouve son interprétation la plus complète dans le cadre idéologique du roman de Patrick Besson. Il y projette une perception de la géopolitique, où politique internationale et conquête territoriale se mêlent sur fond d’instrumentalisation des différences culturelles locales. L’imaginaire romanesque en l’occurrence montre des acteurs aux identités nationales différentes dans une cohabitation adversative des plus féroces pour un pouvoir convoité non pour l’intérêt du peuple dont le territoire aiguise les appétits géopolitiques, mais pour que ce pouvoir n’échoie à l’« ennemi » atavique. Une vision décadente de la géopolitique portée à maturation dans ces confidences de Pouchkine aux lecteurs de Mais le Fleuve tuera l’homme blanc :

 

L’argent français du pétrole ne servirait plus à acheter des armes aux Français. Quel ndoki avait empoisonné l’ancien patron d’Elf ? Il a payé de sa grande vie la mort de dix mille petits Congolais. […] En 97, Sassou – Ses Sous – disposait d’avions gros porteurs, de munitions et d’armes de guerre de tous calibres, de carburant, de valises satellitaires, le tout mis à sa disposition par Elf pour renverser le raide et récalcitrant Lissouba23.

 

Pour Pouchkine, la géopolitique au service des seuls intérêts des pouvoirs locaux tribalisés alliés aux puissances étrangères par le biais de leurs multinationales inspire le dégoût, tant elle suggère l’image de son pays ou de son continent « sodomisé » par des « pédés à diplômes qui viennent d’Europe ou d’Amérique » et pour certains d’Asie [21]. Ce ressentiment est symptomatique d’une prise de conscience relative aux territoires africains devenus des terrains de jeu dépourvu d’éthique, où des réseaux agissent en liaison avec le pouvoir politique d’État mais par des moyens illégaux, illégitimes voire criminels [22]. Toute la sémiotique de la géopolitique dans le roman de Patrick Besson est ainsi résumée dans le « mépris des peuples » qui voient leurs territoires transformés en centre d’intérêt nécessitant le crime au nom de la raison d’État. De sorte que quand la guerre éclate comme c’est le cas au Congo, en Côte d’Ivoire, au Libéria, en Sierra Léone ou au Nigéria, personne ne semble comprendre pourquoi l’on se bat ou contre qui. Pas même les enfants soldats pour qui la « communauté internationale » éprouve autant de compassion, alors même qu’ils sont victimes de la duplicité des réseaux pétroliers dont parle le personnage Pouchkine.

Derrière ces vapeurs de pétrole qui obscurcissent l’imaginaire du roman de Patrick Besson, les romanciers des guerres contemporaines balafrant le continent ont le mérite de superposer à la géopolitique des conflits la géopolitique des ressources. Ainsi de la sous-région ouest-africaine à la région des Grands Lacs, les guerres romancées dessinent en réalité la carte des richesses énergétiques, minières, minéralières et agricoles qui font de l’Afrique l’un des continents les plus convoités depuis des siècles. Dans Allah n’est pas obligé ce n’est donc pas un hasard si les répliques « sismiques » du conflit libérien se trouvent en territoire sierra léonais tant les « diamants de sang » y abondent. De même dans Quand on refuse on dit non, l’appropriation des terres arables propices à la culture du cacao justifie les nombreux conflits fonciers entre « Bétés » et « Dioulas » d’une part et entre Ivoiriens et cultivateurs burkinabés d’autre part. Sur cette question, Ahmadou Kourouma et Patrick Besson semblent accordés leurs analyses avec celles des théoriciens de la géopolitique à propos des enjeux liés à la possession des dominions pétroliers ou agricoles. Par les revenus qu’ils génèrent et par la façon dont en disposent les parties belligérantes, ces lieux de richesses « maudites » contribuent à financer et à entretenir les rivalités de pouvoir portant sur le contrôle des territoires [23].

La véritable valeur géostratégique clairement mise en lumière dans le roman des guerres africaines ruine implicitement ou explicitement le discours stéréotypé tendant à développer exclusivement ou prioritairement les thèses ethniques, tribales. Cette problématique de la géopolitique dont il appartient aux exégètes de la littérature d’intégrer et d’illustrer la pertinence dans l’imaginaire romanesque en se rapportant à la sociologie et à l’historicité des conflits permet de soulever la diversité des positions et des regards propres aux romanciers au sein d’un possible champ romanesque émergeant, s’il n’est déjà constitué.

 

  1. À PROPOS DU CHAMP LITTÉRAIRE DES GUERRES AFRICAINES

La thématique de la guerre n’est certes pas récente en littérature. Hier en Europe et plus précisément en France, la guerre a fait fortune au sens comparatiste du terme, en tant que préoccupation d’une génération d’écrivains et de philosophes. En proie à la dimension collective et anonyme à la fois d’une histoire qui a dépris l’homme en le rapportant avec violence à sa propre extériorité [24], nombreuses figures du panthéon littéraire français, dont Albert Camus, Céline, Jean-Paul Sartre, André Malraux ou encore Claude Simon, ont tissé à partir de la guerre les portraits de l’échec, de la chute, parfois de la dématérialisation sauvage de l’homme. Aujourd’hui, la résurgence et l’ampleur des guerres en Afrique suscitent une écriture qui reste quasiment inexplorée au regard de l’importance des travaux consacrés à la littérature de guerre en France et sur le continent européen. Sans prétention aucune ni exhaustivité, le propos suivant entend poser les jalons d’une réflexion autour du champ littéraire des guerres africaines.

 

Le champ romanesque de la guerre et l’influence du champ de pouvoir

 

Par les premières caractéristiques et observations qu’il dégage, le corpus des romans portés sur les guerres en Afrique se définit théoriquement par la notion de champ et plus pertinemment par celle de champ littéraire au sens que propose Pierre Bourdieu [25]. Pour dire simplement sa vision à propos du champ, il s’agit d’un réseau de producteurs culturels où les prises de positions correspondant à des œuvres artistiques et littéraires, à des manifestes ou à des manifestations politiques, doivent être traitées comme un système d’oppositions. Aussi, faut-il comprendre l’opposition d’abord comme une résistance menée contre le politique, ensuite telle une divergence possible de regards sur les causes des guerres en tant que problématique de ralliement du roman sur l’Afrique ces dernières décennies.

En précisant que c’est dans l’intérêt spécifique associé aux différentes positions dans le champ littéraire qu’il faut chercher le principe des prises de position littéraire, voire des prises de positions politiques à l’extérieur du champ, Pierre Bourdieu ramène à la nécessité de rappeler les conséquences liées directement ou indirectement aux points de vue des romanciers relativement à ces moments ternes de l’histoire de l’Afrique qu’ils portent en fiction. Dans Climat de peur, Wolé Soyinka révèle comment son compatriote et homologue Ken Saro-Wiwa a payé de sa vie son engagement politique et littéraire. S’inquiétant pour le destin des arts et des artistes à une époque où pullulaient les dictateurs et les gouvernements de la peur dans son pays, Wolé Soyinka, dans un témoignage accablant, a dénoncé la pendaison, publique de Ken Saro-Wiwa [26].

Écrivain aux « pensées impérissables venues du fond du cœur », Ken Saro-Wiwa est l’allégorie universelle de la plume pensée comme contre-pouvoir à la fois politique et géopolitique. Considéré comme un des précurseurs du roman des « nouvelles guerres » en Afrique, Ken Saro-Wiwa, par son expérience cruelle, montre que ce champ littéraire focalise l’attention des détenteurs de pouvoirs (politique, économique et culturel) mondialisés. C’est sans doute aussi les enseignements que livre le roman posthume d’Ahmadou Kourouma après sa parution en pleine guerre ivoirienne. L’espace public littéraire en Côte d’Ivoire et dans le monde garde en mémoire la distance affichée par les autorités politiques d’alors à l’égard de Quand on refuse on dit non [27], tandis qu’une certaine critique menée par son éditeur Gilles Carpentier s’efforçait d’inscrire dans la « république mondiale de littérature » ce récit dictée par l’« urgence » et qui, plus encore que les romans précédents de l’Ivoirien, se projette dans une perspective politique et civique [28]. Mais c’est le politologue Christian Bouquet qui, à l’égard de ce roman, se montrera plus dithyrambique dans un essai intitulé Géopolitique de la Côte d’Ivoire. Le désespoir de Kourouma [29].

La lecture de l’ouvrage de Christian Bouquet soulève deux remarques. La première enregistre la convergence systématique entre le point de vue du géographe-politologue et celui du romancier. Ce dernier voit apparemment son récit servir d’hypotexte à un livre qui devient à son tour le métatexte du roman. Ce qui signifie que Christian Bouquet s’érige en exégète en essayant de justifier la relation entre la fiction d’Ahmadou Kourouma et le contexte historico-sociologique qui l’inspire. Les illustrations de ce lien viennent des extraits d’En attendant le vote des bêtes sauvages et de Quand on refuse on dit non qui explicitent respectivement les titres des chapitres 1 et 2. La deuxième observation est plutôt motivée par le sous-titre de l’essai de Christian Bouquet, « le désespoir de Kourouma ». Alors qu’aucune partie de l’ouvrage, ni même les rares allusions à l’œuvre romanesque, ne consacrent des lignes autobiographiques à l’auteur de Quand on refuse on dit non, le lecteur avisé est en droit de se demander le rapport entre le sous-titre et le contenu de l’essai du géographe français. La réponse à cette préoccupation vient d’une réflexion empruntée à Pierre Bourdieu au sujet de la relation qu’entretient le champ littéraire avec le champ de pouvoir. En substance, Pierre Bourdieu fait noter que nombre de pratiques et de représentations des artistes et des écrivains ne se laissent expliquer que par référence au champ de pouvoir, à l’intérieur duquel le champ littéraire occupe lui-même une position dominée [30]. Le lien intrinsèque que Christian Bouquet tisse de manière tacite entre son ouvrage et l’œuvre littéraire d’Ahmadou Kourouma renvoie en réalité à la relation champ littéraire/champ de pouvoir, qu’il convient d’analyser non plus seulement sous le prisme du local mais aussi sur un plan plus global.

Cette démarche n’est pas uniquement guidée par les indices de la « désespérance » [31] de la guerre ivoirienne qui accumule toutes les difficultés de l’analyse géopolitique africaine, comme le confesse Christian Bouquet. L’on veut bien comprendre en effet les efforts de ce géographe auréolé de son statut de « spécialiste de l’Afrique » pour baliser la réception de l’œuvre d’Ahmadou Kourouma marquée par les conflits libérien, sierra léonais et ivoirien. Mais cet effort comporte les risques de sa propre déconstruction parce que l’effet de l’ouvrage de Bouquet ne fait que confirmer, à travers cette convocation aux forceps des positions d’Ahmadou Kourouma, la récupération, sinon l’instrumentalisation du regard de l’auteur par un politologue au service d’institutions extérieures a priori au champ littéraire.

L’analyse de l’enjeu géopolitique de production culturelle et singulièrement du contenu d’œuvre romanesque sur les guerres en Afrique, pour sa pertinence ne peut se limiter, au regard de ce qui précède, aux seules positions des auteurs. En effet, dans un univers aussi peu institutionnalisé que le champ littéraire, comme le fait remarquer Pierre Bourdieu, les positions des producteurs correspondent à des courants de pensée de structures politiques, économiques, et médiatiques, derrière qui, s’organise le champ de pouvoir. Cette subordination ou ralliement idéologique a, sans doute, des explications en partie dévoilées par la contribution de Jean-Émile Charlier à la problématique du financement des œuvres culturelles. Les moyens complémentaires qu’apportent ces institutions du champ de pouvoir (maisons d’édition, prix littéraires, coopération, etc.) aux écrivains bénéficiaires réclament toujours une contrepartie, qui peut être plus idéologique que matérielle. Ceux-ci doivent participer à la diffusion d’une représentation du monde conforme aux intérêts ou convictions de leurs bailleurs de fonds, sans que cette collusion d’intérêts qui prend des formes secrètes pour se réaliser ne s’assimile à un achat de conscience [32].

 

Dualisme et divergences des positions au sein du champ romanesque

 

Au sein du champ littéraire qui s’est constitué autour de l’actualité des guerres en Afrique, s’est produit un brusque renversement de perspective idéologique, illustré par la mise en scène d’une figure des victimes non combattante à travers le personnage de Laokolé. L’envergure narrative jusqu’ici consacrée au personnage de l’enfant- soldat chez Ahmadou Kourouma, Ken Saro-Wiwa, Ismaël Beah, etc., est partagée dans Johnny Chien Méchant d’Emmanuel Dongala par deux victimes des « nouvelles guerres » africaines. La première désormais connue dans l’espace public littéraire mondialisé est un enfant-soldat. L’oxymore qui entoure ce terme est suggestif d’un personnage à la fois victime et bourreau. La seconde, rendue à ce jour invisible par les producteurs d’œuvres de guerre, est une civile, une lycéenne, une jeune fille. En faisant de Laokolé une héroïne emblématique, et qui plus est co-narratrice de son récit, Emmanuel Dongala a le mérite de donner la parole à une « subalterne » au sens où l’entend Gayatri Spivak [33].

Cette innovation dans la conception narrative et dans l’imaginaire du roman sur les guerres opère une remise en question des assertions jusque-là développées autour des conflits africains, auxquelles les derniers romans d’Ahmadou Kourouma ont fait largement écho. De ce point de vue Johnny Chien Méchant n’est pas seulement une écriture sur la guerre du Congo-Brazzaville. C’est une écriture de renoncement au discours de la pensée unique sur les crises armées en Afrique. Dès lors, le roman du Congolais inaugure un dualisme marquant la structure idéologique du champ romanesque de la guerre. Le renoncement concerne au premier chef le primordialisme critique persistant à travers l’ethnicisation des origines des guerres sur le continent. C’est le sens des ethnonymes fictifs « Mayi-dogo » et « Dogo-Mayi » adoptés par l’auteur de Johnny Chien Méchant. Cette onomastique rappelant le dicton populaire « blanc bonnet, bonnet blanc » ruine ironiquement une idée bien répandue par les thèses médiatiques et politiques. Selon ces thèses courantes, les guerres africaines sont à mettre au compte des différences « tribales » [34] qui, par ailleurs, rendent utopique l’avènement de nations africaines politiquement et durablement stables [35].

Touchant au fondement de la pensée unique à laquelle bien des romanciers succombent pour échapper au risque de l’anonymat mortifère ou simplement de l’échec littéraire, le roman d’Emmanuel Dongala conduit à s’intéresser à une perspective néo-discursive désormais émergente dans l’espace public littéraire avec certains épisodes d’histoire comme la conférence de la Baule (p. 253-254), l’occupation de la France (p. 170 ; p. 175), revisités par le roman de Patrick Besson. La mise en procès des institutions héritées de la géopolitique coloniale et postindépendance produit nécessairement un rééquilibrage idéologique des textes fictionnels sur la guerre en Afrique.

Le rééquilibrage idéologique à partir de Johnny Chien Méchant, puis de Mais le fleuve tuera l’homme blanc suppose une prise en charge fictionnelle décomplexée de l’actualité tragique des guerres et non un traitement dogmatique par des romanciers de talent « obligés » d’un point de vue éditorial. Le romancier français lève d’ailleurs ce coin de voile des « contrats » qui régentent la relation entre le champ littéraire et le champ de pouvoir :

 

Il y a deux œuvres de Sony Labou Tansi : celle qui arrive chez l’éditeur et celle qui en ressort. Ce sera peut-être l’un des plus grands scandales intellectuels du XXe siècle, quand l’Afrique et sa littérature seront à leur place et compteront leurs mots : comment les romans de Sony furent revus, corrigés, nettoyés et retaillés par le personnel littéraire français. […] L’auteur faisait de la couleur locale afin de plaire aux éditeurs, critiques, libraires et lecteurs de gauche racistes, leur passion pour l’Afrique n’étant qu’une nostalgie travestie des colonies. Romans où tous les Noirs et surtout leurs dirigeants sont des fous sanguinaires anthropophages et violeurs. Sa pensée ? Bougies et ancêtres ? (p. 229-231).

 

La relation entre champ littéraire et champ de pouvoir préfigure l’enjeu géopolitique et partant le dualisme idéologique opérant au sein de cette littérature inspirée par les nouvelles guerres en Afrique. Edward Saïd traduit le mieux cette fonctionnalité des œuvres culturelles et littéraires en particulier, en donnant celles-ci comme une sorte de théâtre où diverses causes politiques et idéologique s’apostrophent [36]. Ainsi dans le prolongement de cette idée, les récits fictionnels tramés autour des conflits ivoirien, libérien, congolais, nigérian, etc., se muent en champ clos où ces causes vont s’affronter. Une manière pour les bailleurs d’afficher leur position idéologique sans l’énoncer ; laissant cette tâche aux romanciers dont les textes servent de médias à des opinions qui, globalement, articulent de façon dualiste les « catégories explicatives des nouvelles guerres » [37]. Une première catégorie dont l’auteur le plus représentatif à ce jour reste Ahmadou Kourouma, met l’accent sur des déterminismes d’ordre culturels qui opposeraient certains groupes sociaux les uns aux autres. Ces déterminismes sont le socle, argumente Jean-Bernard Véron, de toutes les explications fondées sur des considérations identitaires, de type ethnique ou religieux.

Une deuxième catégorie combinant des considérations socio-économiques et politiques insiste, suivant le modèle idéologique du roman de Ken Saro-Wiwa, sur l’inégal accès aux richesses entre groupes d’une même société d’une part, et sur l’État et son fonctionnement, d’autre part. Sont alors en cause, pour citer une fois de plus Jean-Bernard Véron, les modalités d’accès au pouvoir ainsi que les conditions de son exercice. Ce qui pose la question de la légitimité du pouvoir comme s’interrogent les personnages de Laokolé (Johnny : 250) et Pouchkine (Mais le fleuve : 369).

 

Au total, l’actualité des guerres postindépendances africaines est depuis presque trois décennies un nouveau paradigme qui non seulement inspire les romanciers, mais est en passe de devenir, après le colonialisme et l’illusion des soleils des indépendances, la nouvelle thématique de l’écriture en Afrique. Elle convoque les notions de géopolitique à travers une connexion des champs de la littérature et du pouvoir pour un repositionnement discursif et idéologique des écritures suscitées par l’état d’urgence de l’Afrique dans le débat postcolonial.

 

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

BÉDIA, Jean-Fernand, Risques-pays, risques-images : limites des stratégies de communication et d’information dans les manuels scolaires français et ivoiriens (1975-2005), thèse pour l’obtention du doctorat de communication en sciences de l’information et de la communication, Université Michel de Montaigne, 2010, 443 p.

– « En attendant le vote des bêtes sauvages : un roman de la démocratie postcoloniale », in Eidôlon, « Le monstrueux et l’humain », n° 100, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2012, p. 359-367.

– « Donsomana pour Koyaga ou la mise à nu de la logique de la démocratie postmoderne », in Ethiopiques, n° 86, Dakar, premier semestre 2011.

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[1] Université de Bouaké, Côte d’Ivoire

 

[2] Ces conflits opposant dans un cadre national donné deux ou plusieurs factions se partageant le territoire et la même nationalité sont des guerres internes, malgré leurs débordements transfrontaliers. Cf. VÉRON, Jean-Bernard, « Introduction thématique », in Afrique contemporaine, n° 218, Bruxelles, Éditions de Boeck Université, 2006, p. 21.

 

[3] SYLLA, Lanciné, Anthropologie de la paix. De la contribution de l’Afrique à la culture de la paix, Abidjan, Les Éditions du CERAP, 2007, p. 60.

 

[4] BOYD, William, « Introduction » au roman Sozaboy de Ken Saro-Wiwa, op. cit.

 

[5] VERSCHAVE, François-Xavier, op. cit., p. 137-154.

 

[6] SOYINKA, Wolé, Climat de peur, traduit de l’anglais (Nigeria) par Etienne Galle, sl, Actes Sud, 2005, p. 26.

 

[7] SOYINKA, Wolé, op. cit., p. 26.

 

[8] KOUROUMA, Ahmadou, Allah n’est pas obligé, Paris, Éditions du Seuil, 2000, p. 70-71.

 

[9] DONGALA, Emmanuel, Johnny Chien Méchant, Paris, Le Serpent à Plumes, 2002, 360 p.

 

[10] MABANCKOU, Alain, Les petits-fils nègres de Vercingétorix, coll. « Points », Paris, Éditions Le serpent à plumes, 2002, 248 p.

 

[11] NGANANG, Patrice, Manifeste d’une nouvelle littérature africaine, Paris, Homnisphères, 2007, p. 29.

 

[12] NGANANG, Patrice, op. cit., p. 24.

 

[13] HATZFELD, Jean, Une saison de machettes, coll. « Fiction & Cie », Paris, Seuil, 2003, p. 28.

 

[14] KOUROUMA, Ahmadou, Allah n’st pas obligé, Paris, Éditions du Seuil, 2000, p. 103-108.

 

[15] BESSON, Patrick, op. cit., p. 121.

 

[16] KOUROUMA, Ahmadou, Quand on refuse on dit non, coll. « Opus Seuil », Paris, 2010, p. 936

 

[17] KOUROUMA, Ahmadou, Allah n’est pas obligé, coll. « Opus Seuil », op. cit., p. 764.

 

[18] KOUROUMA, Ahmadou, Allah n’est pas obligé, coll. « Opus Seuil », op. cit., p.784

 

[19] Comme l’indique cette Une du Courrier international qui a couvert les débordements postélectoraux de 2000 en Côte d’Ivoire : « Côte d’Ivoire : Chrétiens contre musulmans ». Cf. Courrier international, n° 522, 2 au 8 novembre 2000, p. 40-44. Lorsque Quand on refuse on dit non est publié en 2004, deux ans après l’éclatement de la guerre, des similitudes troublantes existent entre le prisme d’analyse du Courrier international et les grilles d’approche de la crise ivoirienne proposées par Ahmadou Kourouma.

 

[20] Comme l’indique cette Une du Courrier international qui a couvert les débordements postélectoraux de 2000 en Côte d’Ivoire : « Côte d’Ivoire : Chrétiens contre musulmans ». Cf. Courrier international, n° 522, 2 au 8 novembre 2000, p. 40-44. Lorsque Quand on refuse on dit non est publié en 2004, deux ans après l’éclatement de la guerre, des similitudes troublantes existent entre le prisme d’analyse du Courrier international et les grilles d’approche de la crise ivoirienne proposées par Ahmadou Kourouma.

 

[21] BESSON, Patrick, op. cit., p. 327.

 

[22] VERSCHAVE, François-Xavier et HAUSER, Philippe, Au mépris des peuples, Paris, La Fabrique Éditions, 2004, p. 62.

 

[23] LASSERRE, Frédéric et GONON, Emmanuel, Manuel de géopolitique. Enjeux de pouvoirs sur des territoires, Paris, Armand Colin, 2009, p. 225.

 

[24] SABOT, Philippe, Littérature et guerres, coll. « Lignes d’art », Paris, Presses Universitaires de France, 2010, p.7.

 

[25] BOURDIEU, Pierre, Les règles de l’art, coll. « Points/Essais », Paris, Seuil, 1998, p. 381.

 

[26] SOYINKA, Wolé, Climat de peur, essai traduit de l’anglais (Nigeria) par Étienne Galle, Paris, Actes Sud, 2005, p.16.

 

[27] KADI, Germain-Arsène, Le champ littéraire africain depuis 1960. Romans, écrivains et sociétés ivoiriennes, Paris, L’Harmattan, 2010, p. 74.

 

[28] CARPENTIER, Gilles, « Note sur la présente édition », in Quand on refuse on dit non, coll. « Opus Seuil », op. cit., p. 978.

 

[29] BOUQUET, Christian, Géopolitique de la Côte d’Ivoire. Le désespoir de Kourouma, coll. « Perspectives géopolitiques », 2ème édition, Paris, Armand Colin, 2008, 274 p.

 

[30] BOURDIEU, Pierre, op. cit., p. 353.

 

[31] Ibid., p. 5.

 

[32] CHARLIER, Jean-Émile, « Les démiurges. Le gouvernement des hommes par la construction de références culturelles et morales », in Pouvoirs et financement en éducation. Qui paye décide ?, coordonné par Annie Vinokur, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 113.

 

[33] SPIVAK, Gayatri Chakravorty, Les subalternes peuvent-elles parler ?, traduit de l’anglais par Jérôme Vidal, Paris, Éditions Amsterdam, 2009, 109 p.

 

[34] « La pax africana n’aurait-elle été qu’une parenthèse de quelques décennies dans l’histoire du monde ? C’est un bien étrange paradoxe, en effet, que de se retrouver à l’entame du troisième millénaire dans la situation des explorateurs du XIXe siècle lorsqu’ils rencontraient constamment sur les pistes africaines des tribus belliqueuses et des coupeurs de routes. […] si l’on additionne les pays en guerre et les zones de non-droit dans les pays en paix, on peut presque redessiner la terra incognita des cartes médiévales », cf. BOUQUET, Christian, op. cit., p. 6.

 

[35] BEDIA, Jean-Fernand, Risques-pays, risques-images : limites des stratégies de communication et d’information dans les manuels scolaires français et ivoiriens (1975-2005), thèse pour l’obtention du doctorat de communication en sciences de l’information et de la communication, Université Michel de Montaigne, 2010, 443 p.

 

[36] SAÏD, Edward, W., Culture et impérialisme, Paris, Librairie Arthème Fayard, Le monde diplomatique, 2008, p.14.

 

[37] VÉRON, Jean-Bernard, op. cit., p. 23