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ASPECTS SYMÉTRIQUES DE LA SPATIALITÉ DANS LA FEMME DU BLANC DE MURIEL DIALLO

Éthiopiques n°99.

Littérature, philosophie, sociologie, anthropologie et art.

2nd semestre 2017.

ASPECTS SYMÉTRIQUES DE LA SPATIALITÉ DANS LA FEMME DU BLANC DE MURIEL DIALLO

INTRODUCTION

La thématique de l’errance préoccupe au plus haut point les romanciers africains [2] d’expression française. Davantage illustrée par les écrivains noirs hors d’Afrique, elle fonde l’architecture des textes dans lesquels les personnages, mus par la quête de solution d’un déficit culturel ou social, se comportent en véritables nomades. Le roman La femme du Blanc de la romancière ivoirienne installée en France, Muriel Diallo s’inscrit dans cette catégorie d’œuvres picaresques.

Dans ce roman de vingt-sept chapitres, comme pour informer sur la multitude des lieux investis par l’héroïne Astaï, alias Beautiful, l’auteure trace le parcours d’une fille à la recherche d’indices et de témoignages pour cerner la figure emblématique de sa grand-mère Beautiful, la femme du Blanc. Dès lors, ce personnage effectuera des pérégrinations entre les continents africain et européen, plus exactement l’Afrique de l’Ouest et la France. Ces périples induisent un réel intérêt pour la problématique de la spatialité dans cette œuvre.

Perçu comme un ‘opérateur de lisibilité’ [3] de la fiction, l’espace littérarisé dans La femme du Blanc laisse apprécier une dualité oppositionnelle. Cadres de l’infect et de l’immoralité, certains lieux décrits par la narratrice homodiégétique sont des ‘espaces de vie’ dans lesquels survivent des personnages-fantômes. D’autres, plus confortables, se présentent comme des ‘espaces vécus’. Reprenant à leur compte les réflexions d’Armand Frémont, les auteurs du Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés définissent ainsi ces concepts :

Frémont distingue ‘l’espace de vie’, qui est ‘l’ensemble des lieux fréquentés par une personne ou par un groupe’, ‘l’espace social’, qui est l’espace de vie plus les ‘interrelations sociales’ qui le sous-tendent et ‘l’espace vécu’, qui est l’espace social plus ‘les valeurs psychologiques qui s’attachent aux lieux et qui unissent les hommes à ceux-ci par des liens matériels’ [4].

L’espace social, l’espace de vie et l’espace vécu entretiennent ainsi des relations de dépendance. Bien plus, ce sont des lieux de commerce entre les individus et leur environnement social.

La présente étude ambitionne de questionner les représentations textuelles des ‘espaces de vie’ et des ‘espaces vécus’ dans le texte de Muriel Diallo, afin de mettre en lumière la vision antinomique qui les sous-tend. Elle s’attèlera à l’exploration des lieux de la déchéance et des sphères de la restauration, respectivement espaces de vie et espaces vécus, et à l’examen de la territorialité dans les mondes africain et européen.

  1. DES ESPACES DE VIE : LIEUX DE LA DÉCHÉANCE

Pour Henri Mitterrand, l’espace littérarisé se distingue par ses « coordonnées topographiques » [5], qui fonctionnent comme des éléments descriptifs de sa configuration. Dans La femme du Blanc, plusieurs indices topographiques renvoient à quelques espaces de vie. Ces derniers sont le bidonville flottant, le marché et la maison du Blanc.

C’est dans le chapitre 13 du roman de Muriel Diallo qu’une narratrice, dénommée Mamie Fantasme invite le lecteur à faire une incursion au sein du bidonville flottant, habitation de fortune, où elle vit dans « une pièce bondée et enfumée, improvisée en chambrette » (p.100), une sorte de « cabane » (p.102). En termes de vie, Mamie Fantasme y mène, en réalité, une existence de dissolution :

Prostituée célèbre d’un port célèbre, j’ouvrais mes cuisses flétries à qui m’offrait un peu de rhum. Dans l’immense bidonville flottant qui était amarré à quai aux côtés des frégates étrangères de passage, j’accueillais tous les soirs les bites des marins et officiers de la marine en mal de mer. Mais c’était au cours des cérémonies de bizutage que je me faisais surtout un nom […] Le visage fermé, la bouche sans dents ouverte, l’anus et le vagin offert au rhum qui coulait du ciel, je sentais que je ne chômerais pas ce soir. Mon sexe informe avait déjà reçu pendant des heures d’autres pénis en érection. Ne rien sentir, respirer seulement […] C’était ma vie qui voulait ça. Ma vie ainsi faite. (pp.99-100)

Le dévergondage textuel, dans ce passage, plante le décor licencieux d’un espace de vie où viennent se soulager des matelots avides d’activités libidinales. En raison de sa réputation, Mamie Fantasme s’offre un nombre considérable de clients. À longueur de journée, elle reçoit de nombreuses « bites bleues », du haut de ses soixante ans, dans son ‘trou du cul qui était aussi grand qu’une grotte’ (p.101). Certains de ses clients, des garçons, flottent même dans son « intérieur comme une algue dans un océan » (p.101). Les indices spatiaux « intérieur » et « océan » symbolisent des micro-espaces charnels, qui répondent en échos au macro-espace du bidonville flottant. Espace de vie, le bidonville flottant figure, à la vérité, le vice, l’immoralité et l’avilissement. La déchéance de cette sexagénaire se trouve justifiée par son milieu flottant, signe de l’instabilité d’une vieille vie encore frivole, et en rupture de ban avec la sagesse et la vertu.

C’est à travers le récit enchâssé de Rosa May que le lecteur découvre le marché, espace de vie et autre lieu de déchéance. Pensionnaire d’un foyer de femmes, Rosa May raconte à Astaï son séjour dans ce lieu fréquenté. Elle le présente ainsi : « Ma maison. C’était ma maison » (p.130). Folle à l’époque, Rosa May passait ses nuits sur le sol de terre glaise de ce « marché coloré et bruyant, au milieu des odeurs fortes et ensorcelantes » (p.131). Une nuit, un préfet de région eut des relations charnelles avec elle sur le dépotoir du marché, après lui avoir tenu un discours flatteur :

– Je vais m’étendre doucement sur toi de tout mon long. Voilàààà, c’est ça, c’est bien, pendant que toi tu comptes les étoiles. Un… deux… trois… Lààààà. Ouvre un peu les cuisses, pour que ça marche… Une porte… pour elles, les étoiles… a-t-il continué. (p.133)

Respectable serviteur de l’État, ce préfet pervers descend de son piédestal pour mettre les pieds dans les bas-¬fonds de l’indignité. Sa présence dans ce lieu de vie, exclusivement réservé aux échanges commerciaux non charnels, montre une image déglinguée de l’État. L’espace fictionnel devient par conséquent un lieu de dégradation, de chute des valeurs morales et républicaines, de décrépitude des hauts fonctionnaires étatiques.

Pareillement au marché, la « grande maison du Blanc » est de même décrite comme un espace de vie, le « territoire des personnages » [6] où l’agir des occupants rime avec la dégénérescence morale. C’est la maison de monsieur René, le patron du grand comptoir de bois de l’AOF (p.37). Des qualificatifs dépréciatifs sont utilisés par la narratrice Beautiful pour la caractériser : « la maison hantée » (p.28), « lieu nauséabond » (p.76), « le lieu parfait pour des infidélités » (p.26). C’est le théâtre des bagarres domestiques (p.39). À l’intérieur de cette maison atypique se trouve le cagibi, habitation du père de la narratrice. Faisant sa découverte pour la première fois, loin des regards fureteurs de monsieur René, Beautiful marque sa surprise et sa résignation :

Je me détourne de lui [René] pour découvrir le cagibi sombre qui m’abritera désormais. Alors, c’est ici que je vivrai ? Dans ce cagibi sombre et malodorant qui sert de demeure à mon père ? Une tombe. Une tombe. (p.16).

Les épithètes « sombre » et « malodorant », associées au substantif spatial ‘tombe’, donnent à ce topomorphème [7] les traits d’un lieu lugubre et annoncent implicitement les basses manœuvres de ses locataires. En effet, objet de désir de son géniteur, la narratrice y subit l’expérience dégoutante du viol (p.77). Dès cet instant, elle sera constamment habitée par ‘la peur de vivre à jamais emmurée dans ce corps maintes fois violé, abimé’ (p.79), et porteuse d’une haine viscérale contre son père. Ce cagibi est donc un sépulcre, un lieu de deuil ; celui de la virginité et de l’honneur d’Astaï. Un transfert de sens s’opère ici. L’espace de vie se métamorphose en espace de souillure et de mort. Mieux, il devient ‘le lieu de toutes les négations’ [8] des rapports vertueux qui unissent les géniteurs à leurs progénitures. Cependant, cette grande maison du Blanc subira l’épreuve du feu, ainsi que le rapporte Beautiful dans ces lignes : « Dans la nuit, nous fûmes réveillés par une odeur de brûlé. Le feu, le feu, le feu. ‘La grande maison du Blanc était en feu’. » (p.40). La symbolique du feu fait éclore la destruction d’un lieu de vie immonde en vue de sa purification. L’épreuve du feu s’érige de la sorte en mode de transformation de l’espace de vie, de sa mutation en espace plus confortable, traduisant par la même occasion la vision antinomique de la spatialité chez Muriel Diallo. Cet espace de vie agréable renvoie, finalement, à l’espace vécu.

  1. DES ESPACES VÉCUS, SPHÈRES DE LA RESTAURATION

Dans son analyse géocritique de l’œuvre de Louis Hamelin, Sandra Breux corrobore les thèses des auteurs du Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, en confirmant l’existence des trois types d‘espaces que sont l’espace de vie, l’espace social et l’espace vécu. Ce dernier « constitue une voie d’accès aux sentiments, affects et symboles qu’un individu ou un groupe rattache à un lieu précis. » [9]

Contrairement à l’espace de vie, l’espace vécu s’accommode parfaitement d’une forte charge affective. Il maintient des liens d’extrême dépendance psychologique avec ses résidents car c’est le lieu de la catharsis, l’endroit où viennent se mettre à neuf des vies ravagées par la misère.

L’une des sphères de cette restauration reste la demeure de Térésa où Beautiful, Anémone et d’autres femmes passent ‘des instants inoubliables et des heures de délices’ (p.109) autour des tasses de thé. En fait, pour échapper à l’ennui et à la solitude, ces femmes se retrouvent chez Térésa. Chacune met à profit sa présence pour relater des pans exquis de sa vie, les moments fastes de son existence. Ainsi, Térésa fait-elle partager le souvenir de son voisin, un homme ordinaire et gentil dont la main experte l’avait maintes fois fait jouir (p.111). Anémone, pour sa part, raconte ses instants de bonheur, en compagnie d’Aimé, son homme et premier amour, son « jumeau d’esprit » (pp.112-113). Quant à la narratrice principale Beautiful, elle fait cette confidence qui en dit long sur son confort psychologique, devant l’accueil chaleureux de son hôte : « Térésa m’accueille avec effusion comme elle le fait à chaque fois. J’aime venir ici, je me sens comme chez moi » (p.109).À l’opposé du cagibi répugnant et détestable de son père, la demeure de Térésa procure la joie de vivre à Astaï.

C’est dans cette excellente disposition d’esprit qu’elle relate son passage à la Maison de Lucy, un foyer « où l’on accueillait des femmes, des cœurs brisés. » (p.125) Ce foyer est presque un paradis, au regard des vocables appréciatifs employés par cette narratrice, pour en faire la description : « lieu bienveillant », « lieu propice à la sérénité », « murs trop propres », « la belle peinture blanche » (p.109). Une visite guidée effectuée par Beautiful permet au lecteur de se rendre compte de son état d’esprit :

Félicitations, bel accueil, non vraiment ! J’ai même droit, la classe, à une petite visite guidée des lieux. Je traverse une allée à la senteur de printemps, bordée de fleurs et d’arbustes impeccablement rangés au millimètre près. Le petit immeuble dont la façade vient d’être ravalée brille d’un blanc immaculé. (…) La bibliothèque sent encore le neuf même après des années de service. Les pages du livre que j’ouvre pour la première fois craquent de plaisir sous mes doigts ! La buanderie, l’ascenseur, les escaliers, la réception, le personnel, tous trop bien astiqués (p.126).

L’émotion de Beautiful repose sur l’atmosphère printanière qui règne dans ce lieu vécu de la perfection. Un contraste saisissant apparait ici entre la grande maison du Blanc et la Maison de Lucy. La première exhale l’odeur du dégout et de l’abjection, résonne de l’écho de la haine contre un monde immoral. La deuxième dégage l’attirante senteur de l’univers paradisiaque, fait renaitre la joie de vivre, à la suite des déconvenues du territoire de la déchéance. Partant, la perspective symétrique de l’espace de vie et de l’espace vécu se trouve justifiée.

Au-delà de l’exposé de ce couple oppositionnel de la spatialité, le roman de Muriel Diallo montre une vision plus dynamique de l’espace fictionnel. Loin de fonctionner exclusivement comme une scène sur laquelle se joue le destin des personnages, l’espace littérarisé « donne accès à la signification totale » [10] de ce roman et s’assimile à un ressort de l’intrigue. Sa dualité et sa ramification en plusieurs espaces de vie et vécus, dénote l’hétérogénéité diégétique dans la mesure où, au fil de ses déplacements dans ces territoires éclatés, la narratrice fait découvrir des séquences de l’intrigue. À un lieu donné correspondent un certain nombre de personnages dont les témoignages contribuent à donner du relief à l’action romanesque. Beautiful parcourt des lieux et rencontre des vies. La diégèse s’en porte mieux. Par ailleurs, la symétrie des espaces de vie et des espaces vécus exprime un trait de l’esthétique romanesque, au sens où l’entend Muriel Diallo. Dans un monde contemporain de contrastes, où les antonymes bien/mal, vertu/vice, bonheur/malheur entonnent à l’unisson l’hymne de l’abolition des frontières, l’antinomie devient une marque de fabrique du roman, sous le sceau du réalisme littéraire. Cette référence au monde réel transparait davantage dans l’emploi de nombreuses références toponymiques des univers africain et européen.

DE LA TERRITORIALITÉ DANS LES UNIVERS AFRICAIN ET EUROPÉEN

Le concept de ‘territorialité’ est à appréhender ici au sens où l’entend Sandra Breux, dans ses commentaires sur la notion de ‘dé/reterrioralisation’ de Westphal Bertrand : « […] tout rapport qu’un individu ou un groupe d’individus entretient avec son environnement est appelé territorialité » [11]. Dans le texte de Muriel Diallo, des liens de diverses natures unissent les personnages à l’Afrique et à l’Europe.

De nombreux toponymes légitiment la référentialité dans La femme du Blanc. Pris au sens où l’emploie Diandué Bi Kacou Parfait, à savoir « la manifestation de la re-présentation » [12], le terme de la référentialité consolide le lien entre le réel et la fiction. Ainsi, le lecteur découvre, pour ce qui est du monde africain, une référence toponymique d’Abidjan, capitale économique d’un pays de l’Afrique de l’ouest : la Côte d’Ivoire. Il s’agit de Port-Bouet, un quartier d’Abidjan mais présenté en ces termes par la narratrice : « Port-Bouet ! Nouvelle ville d’adoption, ville côtière et commerciale » (p.154). L’évocation de Port-Bouet est loin d’être anodine. En effet, cette ville côtière est le lieu d’habitation d’Ana, seconde grand-mère de Beautiful, à qui cette dernière s’identifie. Potière dans l’âme, et bien que décédée depuis vingt ans (p.149), Ana continue de meubler les nuits de Beautiful et de l’influencer :

Nouvelle ville. Aucune ambiance poussiéreuse, si loin des plages et de la mer. De quoi m’inspirer de nouveau. Pourquoi ne pas y refaire vivre le métier de mon cœur : potière. (p.159)

Lieu du souvenir et de la renaissance, Port-Bouet traduit le rapport d’affection avec le métier, le lien étroit avec la terre de la poterie. Au-delà de l’argile de la poterie, cette terre évoque le lien ombilical avec la source, l’origine. Cela est d’autant plus juste que dans l’incipit, Beautiful affiche l’objet de sa quête : « suivre le chemin de ce père inconnu » (p.14). Pour y parvenir, elle entreprendra d’investir plusieurs lieux. Ces errances indiquent clairement sa soif de découvrir ses origines. Associée à l’Afrique, la territorialité induite par ‘Port-Bouet’ insinue la quête identitaire, le retour vers la source génétique.

Les toponymes suggérant le monde européen sont exclusivement des noms de lieux français : « La Seine » (p.56), « la rue du Belvédère » (p.59), « le carrefour du bled d’Alcazar » (p.63), les stations de métro « Ségur » (p.85), « Duroc » et « Vanneau » (p.86). Ces différents toponymes sous-tendent la symbolique du déplacement, de la mobilité, du voyage. Concernant les stations de métro, en particulier, ils expriment le rapport de l’amitié entre Astaï et le transsexuel Andréas, ou plus exactement la transsexuelle Andréa. La rencontre, dans ces stations, entre la narratrice et cette femme-homme, lui laisse le souvenir d’une personne aimable, d’un être hybride :

Andréas ne perd pas de temps. Il se lance dans une discussion riche sur tout et n’importe quoi. Il est tout simplement charmant et j’avoue que j’apprécie d’être aussi agréablement accompagnée. (…) Je viens de discuter avec une femme emprisonnée dans le corps d’un homme. (pp.85-88)

À travers l’hybridité générique d’Andréas se lit la double appartenance génétique de la narratrice Beautiful. Petite fille d’une femme peule (p.15), tombée amoureuse d’un colon (p.36), elle est la fille d’un « sang mêlé » (p.36). Elle est donc le produit du métissage entre le blanc et le noir, le lieu de rencontre des mondes européen et africain. Si son pèlerinage en Afrique illustre une quête identitaire, son retour en France, dans le dernier chapitre du roman, n’est pas moins le signe d’un autre retour à ses sources occidentales. En substance, dans La femme du Blanc, la question de la territorialité figure la logique de l’appartenance, le motif des origines.

CONCLUSION

L’analyse de la spatialité, dans La femme du Blanc, repose sur une vision antithétique. Deux types d’espaces littérarisés se côtoient : les espaces de vie et les espaces vécus. Les premiers figurent le vice, l’immoralité, l’avilissement, la souillure et le deuil de la dignité des personnages. Les seconds, plus confortables, renvoient aux paradigmes de la restauration, de la renaissance et de la joie de vivre retrouvée. Cette vision contrastée de la spatialité illustre l’ambivalence d’un monde contemporain où le bien et le mal, la vertu et le vice, le bonheur et le malheur ont des frontières non étanches.

Par ailleurs, comme le note si bien Mbal Zé Barnabé, « Tout individu placé dans un environnement donné, éprouve soit de l’attraction, soit de la répulsion » [13]. Cette influence de la spatialité, traduite ici par le concept de la territorialité, fait surgir des rapports d’affection entre les personnages et leur territoire, et les pousse in fine, au rivage du retour vers la source génétique, de la quête identitaire.

L’approche de Muriel Diallo sur la problématique de la spatialité met en lumière une esthétique romanesque qui installe le dynamisme au cœur de la diégèse. Plus les personnages investissent de nombreux lieux, mieux cela vaut pour la fiction qui gagne en densité.

BIBLIOGRAPHIE

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ZE MBALA Barnabé, La narratologie revisitée. Entre Antée et Protée, Yaoundé, P.U.Y., 2001.

[1] Université Félix Houphouët Boigny Abidjan-Cocody, Côte d’Ivoire

[2] BONN, Charles, GARNIER, Xavier, LECAME, Jacques, (dir.), Littérature francophone 1. Le roman, Paris, Hatier, 1997, pp.241-285.

[3] HAMON, Philippe, Du Descriptif, Paris, Hachette, 1993, p.108.

[4] LEVY, Jacques et LUSSAULT, Michel, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, 2003, p.24.

[5] MITTERRAND, Henri, Le discours du roman, Paris, PUF, 1980, p.192.

[6] HAMON, Philippe, « Pour un statut sémiologique du Personnage », in Poétique du récit, Paris, Seuil, 1977, p. 76.

[7] DIANDUE BI KACOU Parfait, « Une géocritique de la dictature dans l’imaginaire d’Ahmadou Kourouma ». Article en ligne : http://www.epistemocritique.org/spip.php ?article244, page ouverte le 28/04/2013. Pour lui, le topomorphème désigne un endroit respectant le caractère de la spatialité qui particularise tout espace.

[8] PARAVY, Florence, « Espace carcéral, espace littéraire. Dans Juliette Vion-Dury, Jean-Marie Grassin, Bertrand Westphal », (dir.) Littérature et espaces : Actes du XXXe Congrès de la Société Française de Littérature Générale et Comparée. SFLGC, Limoges, Presses Universitaires de Limoges, 2003, p.150. Dans cette réflexion portant sur l’univers carcéral, Florence Paravy présente la prison comme le lieu de toutes les négations : ni vie, ni mort, mais une non-vie, dans un non-lieu et un non-temps. Par analogie, la maison du Blanc est présentée ici comme un milieu carcéral, vu les restrictions imposées à Beautiful par son père (p. 16).

[9] BREUX, Sandra, « Ces spectres agités (Louis Hamelin, 1991) : analyse géocritique ». Article en ligne : http://www.erudit.org/apropos/utlis…, page ouverte le 22 /04/2013.

[10] WEISGERBER, Jean, L’Espace romanesque, Lausanne, l’Âge d’homme, 1978, p. 227.

[11] BREUX, Sandra, « Ces spectres agités (Louis Hamelin, 1991) : analyse géocritique », Article en ligne : http://www.erudit.org/apropos/utlis…, page ouverte le 22 /04/2013.

[12] BI KACOU, Parfait, Diandué, « Une géocritique de la dictature dans l’imaginaire d’Ahmadou Kourouma ». Article en ligne : http://www.epistemocritique.org/spip.php ?article244, page ouverte le 28/04/2013.

[13] ZÉ MBALA, Barnabé, La narratologie revisitée. Entre Antée et Protée, Yaoundé, P.U.Y., 2001, p.160.