A LA NEGRESSE D’UN SONGE MAGHREBIN
Ethiopiques n°60 revue négro-africaine
de littérature et de philosohpie
1er semestre 1998
« Nigra sum sed formosa »
Voyageur d’un rêve aux versets ivres
J’ai surpris ta nudité, mon Amour
Et j’ai bu tes lèvres gourmandes
De grenade ouverte.
Or ma négresse reprenait,
Prise au goût d’un soleil pourpre
Les étreintes et la souplesse
Du velours doux.
En foules des arcs-en-ciel parés de fête
S’allumaient sur le cristal obscur de sa peau…
Voyageur arrivé aux berges
D’un rêve sans limites,
J’ai surpris la couleur de mon secret
Sur l’ébène allumé où la lumière sait s’aimer.
Et voici, je nomme ton nom mon Aimée,
Et m’est révélée une autre saveur de toi,
Une autre rencontre
Avec une éternité de toi…
Linguère, ma Sopé aimée, j’ai surpris dans tes yeux
La mer infinie de la paix qui éprend.
Elle mêle la mort et la vie
Jusque sous l’ombre
Des longs calames de tes cils.
Elle a moissonné le vécu et le rêve
De la pure sculpture de tes grâces
Parmi les songes colorés qu’éclôt l’aurore
Et les fastes mystérieux par le soir réconciliés…
Voyageur d’un songe aux ailes libres
J’ai surpris les couleurs de ton amour nu, ma Négresse :
La lumière sur le lisse ébène de ta beauté
S’est éblouie dans un rêve qui ne s’éteint plus. »
(Rabat. le 13 janvier 1997)
-CREPUSCULE
-MINUIT